Je crois que dans cette intéressante discussion, tout le monde a raison selon le point de vue duquel il regarde la chose, selon les définitions qu’il adopte et le contexte. Ensuite, il faut tenir compte de l’usage.
Ce qui me semble capital à comprendre, c’est que, au fil des années et des siècles, les définitions initiales tant du tréma que du umlaut ont pu évoluer pour finalement se rejoindre dans un usage commun lorsqu’il s’agit juste de désigner le signe des deux points surmontant une lettre. Mais naturellement, la fonction de ces deux points n’est pas la même dans la langue française et dans la langue allemande, diérèse dans le premier cas, inflexion vocalique dans le second. Je néglige les variations de forme de l’umlaut, ses deux petits traits, maintenant remplacés dans les livres par deux points. Par ailleurs, même pour les deux points du tréma français, je suppose que quand il est apparu au Moyen-Âge, il a pu aussi être tracé de deux traits de plume plutôt que deux points (c’est dur de faire deux points ronds avec une plume).
Dans sa première apparition au dictionnaire de l’Académie (4e édition, 1762), le tréma « [Il] se dit d’Une voyelle accentuée de deux points qui avertissent que cette voyelle forme seule une syllabe, & ne doit pas s’unir avec une autre. Ces deux points ne se mettent que sur trois voyelles, ë, ï, ü. Poëte, naïf, ïambe, Saül. » La définition concerne donc d’abord la voyelle diérésique, comme le dictionnaire de Richelet qui dit : « Ce mot est un terme d’imprimerie qui se dit de trois lettres de l’a, de l’i et de l’u, sur lesquelles on met deux points. »
Mais une petite remarque ouvre déjà la possibilité que le nom désigne aussi le signe lui-même des deux points : « On le fait quelquefois substantif. Il faut mettre un tréma sur cette voyelle. »
La 6e édition (1835) est encore plus claire : « Il est quelquefois substantif masculin ; et alors il se dit de Ces deux points. Mettez un tréma sur cet i. »
En 1935, la définition devient : « Signe formé de deux points qui se place au-dessus d’un e, d’un i, d’un u, pour indiquer qu’il forme une voyelle séparée de la précédente ou de la suivante. Naïf, ciguë, Saül, ïambe s’écrivent avec des trémas. Il faut mettre un tréma sur l’e d’aiguë. Par apposition, Un ï tréma. »
Et dans l’édition actuelle, elle est :
« ■ Signe orthographique formé de deux points disposés horizontalement qui, en français, se place au-dessus des voyelles e, i ou u, pour indiquer que celles-ci ne forment pas un phonème unique avec la voyelle ou le groupe de lettres qui précède. « Noël », « canoë », « naïf », « ambiguïté », « Saül » s’écrivent avec des trémas. En apposition. Un i tréma (ï), qui porte un tréma. Le i tréma sert, dans quelques mots, à transcrire un yod, comme dans « aïeul », « raï ».
▪ Désigne aussi un signe identique qui, dans d’autres langues, se place sur une voyelle à laquelle il confère une prononciation particulière. Le mot espagnol « vergüenza », qui signifie « honte », porte un tréma. » (déjà cité par 'chover')
https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9T2076
On voit que toutes ces définitions sont maintenant centrées sur le signe lui-même. On parle néanmoins de sa fonction dans la langue française, naturellement, mais la dernière définition ouvre la porte pour accepter que le tréma désigne l’umlaut (en langue allemande).
Le « Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage » (Larousse, Dubois et al, 1994 ) définit ainsi le tréma : « Le tréma est un signe graphique constitué de deux petits points juxtaposés que l’on place sur les voyelles e, i, u pour indiquer que la voyelle qui précède a une prononciation indépendante. […] Cet usage du tréma est particulier au français ; en allemand, il indique une modification du timbre de la voyelle sur laquelle il est placé (umlaut). »
Il me semble donc que ‘chover’ est tout à fait fondé à parler de tréma en français pour ce signe utilisé pour l’umlaut.
En revanche, je ne saurais prendre parti dans les usages scolaires ou universitaires en cette matière, que j’ignore entièrement. Je comprends parfaitement qu’on puisse préférer l’un au détriment de l’autre, pour éviter les confusions.
Néanmoins, je note que la "Grammaire méthodique de l’allemand moderne" (Ophrys, J. M. Pastré, 1979) écrit page 18 : « Voyelles infléchies : Elles présentent un tréma dans la graphie, appelé inflexion (umlaut). »
Je ne me rappelle malheureusement absolument pas ce que m’ont enseigné mes professeurs d’allemand à l’école.
Autres exemples :
https://books.google.fr/books?id=4mgZAA … mp;f=false
https://books.google.fr/books?id=GK7_EA … mp;f=false