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forum abclf » Réflexions linguistiques » conjugaison de s'assoir
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Bonjour,
Dans la phrase suivante, la conjugaison du verbe "s'assoir" est-elle correcte ?
"Premiers arrivés, il s'asseillèrent à la même table que la veille."
Je trouve cette forme à plusieurs endroits sur le net et "ils s'assirent" ne me plait pas vraiment... Mais j'ai un doute, tous les correcteurs m'indiquant une erreur.
Merci de me renseigner.
Non, asseillèrent est incorrect pour deux raisons.
D'abord, parce que la forme enseignée par les grammairiens est bien assirent, il faut s'y habituer.
Ensuite, parce que la forme phonétique incorrecte que vous tentez de représenter, forme qu'on entend souvent et dont on peut se demander si elle n'est pas une variante qu'il faudra un jour reconnaître, cette forme se transcrit généralement par "asseyèrent" pour des raisons de morphologie et de cohérence avec le reste de la conjugaison.
Vous n'êtes pas le premier à vous poser la question ici :
http://languefrancaise.net/forum/viewtopic.php?id=3849
Vous pouvez lire cette page :
http://parler-francais.eklablog.com/s-a … r-a4046916
et celle-ci
http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=3841
Ensuite, parce que la forme phonétique incorrecte que vous tentez de représenter, forme qu'on entend souvent et dont on peut se demander si elle n'est pas une variante qu'il faudra un jour reconnaître, cette forme se transcrit généralement par "asseyèrent" pour des raisons de morphologie et de cohérence avec le reste de la conjugaison.
Constituerait une régularisation bienvenue du passé simple sur la base du radical de l'imparfait. Je l'ai déjà évoqué sur ce forum : j'ai vu une fois une pièce religieuse qui utilisait systématiquement ce passé simple "régularisé", on ne s'en apercevait pas immédiatement et de toute façon ça ne choquait pas. Cela permettrait d'avoir deux grands sous-systèmes pour les temps simples de notre système verbal :
Présent, imparfait de l'indicatif, présents du subjonctif et de l'impératif, participe présent, passé simple, imparfait du subjonctif : basé sur les radicaux du pluriel du présent de l'indicatif
Futur de l'indicatif, présent du conditionnel, infinitif présent : basé sur l'infinitif
Ne subsisterait ensuite qu'un sous-système fossile ne comprenant que le participe passé (alors qu'il est actuellement composé du participe passé, du passé simple et de l'imparfait du subjonctif). Mais cela bouleverserait évidemment également notre imparfait du subjonctif ("que je faisasse" au lieu de "que je fisse").
Il est probable que ces variantes n'apparaissent que pour les verbes aux radicaux les moins évidents et les moins utilisés au passé simple et qu'elles ne se généraliseront jamais à tous les verbes. Elles ne sont pas à condamner en tout cas, tellement logiques et naturelles 
Je précise également que la deuxième forme de la conjugaison ("je m'assois") est (était ?) celle du Sud de la France (va falloir refaire la croisade des chocolatines). Et est plus logique (présent de l'indicatif, futur, conditionnel présent). Toc. Agaçant cette distinction en forme de jugement littéraire/populaire.
Merci Abel, j'avais déjà lu le poste de Tisla sans y trouver ma réponse et les autres liens confirment mes recherches.
Merci éponymie pour cette analyse approfondie.
Vos avis me confortent dans l'utilisation de cette forme encore "non régularisée" -- asseyèrent -- dont je trouve la sonorité plus adéquate pour les récits.
Cordialement.
PS : le seul terme qui convienne est "pain au chocolat" ;o)
Je précise également que la deuxième forme de la conjugaison ("je m'assois") est (était ?) celle du Sud de la France
Je l'ai pourtant entendu utiliser, cette deuxième forme, par une dame d'origine sarthoise. Cette forme ne serait-elle pas bien plus généralisée que vous ne le pensez ?
Je l'ai pourtant entendue utiliser, cette deuxième forme, par une dame d'origine sarthoise. Cette forme ne serait-elle pas bien plus généralisée que vous ne le pensez ?
Ce sera la croisade des Albigeois à l'envers et en plus discret. Ou alors c'est que les Sarthois sont moins snobs que les Parigots. Mais bon ce que j'en disais, c'était surtout pour le qualificatif populaire lu dans le blog de notre coforumeur. Le rejet de cette forme m'a autant agacé au temps de ma période parisienne que celui de la chocolatine. Je n'ai pas trouvé d'études sur la répartition géographique des formes de ce verbe alors qu'on en trouve pour les pains au chocolat/chocolatine.
éponymie a écrit:Je précise également que la deuxième forme de la conjugaison ("je m'assois") est (était ?) celle du Sud de la France
Je l'ai pourtant entendu utiliser, cette deuxième forme, par une dame d'origine sarthoise. Cette forme ne serait-elle pas bien plus généralisée que vous ne le pensez ?
Parisien de naissance, j'utilise "je m'assois" et "je m'assieds", mais probablement plutôt la première. En revanche, aux formes du pluriel, c'est différent. Je dis "nous nous asseyons" et jamais "nous nous assoyons" ; de même qu'à l'impératif, je dis exclusivement "asseyez-vous" et non "assoyez-vous", au pluriel, et au singulier, il me semble que je dis généralement "assieds-toi" plutôt que "assois-toi".
Natif de la région parisienne, je dis également « je m'assois » et « je m'assieds » ; je dis au pluriel « nous nous asseyons », et à l'impératif « assieds-toi » et « asseyez-vous ». Il me semble que ma grand-mère et ma grand-tante, toutes deux vraies Parisiennes intramuros, disaient « assois-toi », et j'ai donc toujours perçu la forme avec -oi comme vieillotte (ou provinciale car entendue lors de vacances loin de Paris). Mon père était du Nord, où on ignore la forme « assois », me semble-t-il (la forme patoisante de l'infinitif est « s'assir »).
Il me semble que ma grand-mère et ma grand-tante, toutes deux vraies Parisiennes intramuros, disaient « assois-toi »,
Et elles mangeaient des chocolatines.
Ah non ! Pas de chocolatines à Paris !
Vivant dans le sud-est, j'entends très fréquemment "Assis toi !" -- Restez calmes, je vous en prie -- que l'on pourrait prendre pour "Assis, toi !", mais qui n'est autre que "Assis-toi !"
Issu de parisien bon teint, j'use et abuse de la forme "je m'assieds" d'où ma préférence pour "ils s'asseyèrent".
Les croissants sont biens aussi...
Le conjugueur ne prend en compte que la forme en oi.
À noter : le subjonctif imparfait. Qui le connaissait ?
Assis-toi est répandu un peu partout. Considéré par la grammaire normative comme incorrect, il faut noter qu'il a été une forme classique de la conjugaison, encore vivace dans l'Hexagone ou ailleurs, comme au Québec :
http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=3838
Je viens de remarquer que mon Petit Robert de 1976 donne l'indication « littéraire » pour la première forme (je m'assieds, etc.), et que le Lexis de la même date et mes dictionnaires bilingues donnent les deux conjugaisons sans distinction de registre.
Bescherelle (éd. 1997) quant à lui écrit :
Les formes en ie et ey sont préférables aux formes en oi.
Il précise :
Le futur et le conditionnel : j'asseyerai..., j'asseyerais... sont actuellement sortis de l'usage.
Il ajoute enfin :
L'infinitif asseoir s'orthographie avec un e étymologique, à la différence de l'indicatif présent : j'assois et futur : j'assoirai. Depuis les rectifications orthographiques de 1990, il est possible d'écrire assoir (sans e) au lieu d'asseoir.
Que de savantes et intéressantes explications autour de ce verbe assoir.
Que dire pour conclure ?
Ah, si ! Cela me scie et j'en reste assis, c'est ainsi... Merci.
À noter : le subjonctif imparfait. Qui le connaissait ?
Bé moi... C'est grave ? C'est un des cas dans notre troisième sous-système fossile où le participe passé, le passé simple (et bien entendu l'imparfait du subjonctif, toujours formé sur le passé simple) vont de pair : assis - j'assis - que j'assisse.
Faut-il y voir un début d'explication pour le assis-toi ?
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