Le verbe écaler a de nombreux équivalents régionaux, dont l'un, échaluper, est répandu dans tout le centre de la France. Une jolie page nous apprend tout sur l'échalupage :
L'échalupage est le travail qui consiste à écaler les noix (les dépouiller de leur brou équivalent de la bogue pour les marrons et les châtaignes), briser les coquilles et trier les amandes. Les amandes ainsi dégagées sont appelées cerneaux. C'est une opération délicate car il convient de ne pas mêler d'éclats de coquilles aux cerneaux. Dans le cas où l'on veut destiner les cerneaux à une utilisation en pâtisserie ou en confiserie, il faut casser la coquille en laissant l'amande intacte.
Vous avez tous entendu parler ou lu des textes sur les veillées d'autrefois. L'échalupage des noix était une occasion de réunions indispensables. En effet, lorsqu'on veut faire faire de l'huile, il faut livrer une quantité de cerneaux appréciable et si possible l'ensemble de sa récolte. Mais d'un autre côté, les cerneaux ne se conservent pas bien hors de leurs coquilles. Ainsi, les gros propriétaires pouvaient réunir jusqu'à 25 personnes par soirée, en fait la principale limite était la taille de la pièce où l'on pouvait travailler. Les uns étaient casseurs et brisaient les coquilles, les autres triaient les cerneaux des coquilles. On imagine bien cette activité paysanne.
Mais on ignore souvent que, dans les villes, de petites gens pouvaient aussi échaluper des noix.
On pourrait croire que chaque bout de terre avait son verbe propre pour échaluper, puisque le Glossaire des vieux parlers du département de la Vienne donne aussi les verbes échaffrer, décaler, écaler, échaler, énoiser, énougeler, énugeler, noujaler, écalauder, déchafrer, déchaquier, échailler, décaclucher, sans compter des écalofer, écalofrer, écalopper, décalofrer, écacoler, écholer, écacofer qu'on trouve ailleurs. Bon nombre de ces mots se rapportent à la caloffe, chalofre, chalupe, chalope, la coquille de noix. Hum, ça ne vous rappelle rien ? Eh bien, c'est une des origines possibles, quoique discutée, de la chaloupe :
emploi fig. du dial. chalope, m. fr. chaloppe « coquille de noix, pellicule du noyau » (1578, Bl.-W.1-5; 1611, Cotgr.; cf. chalouppe de mer « coquillage », Encyclop. t. 11, p. 678b), issu par aphérèse de l'a. fr. eschalope « coquille (de noix) » (1224, G. de Coincy, éd. F. Koenig, I, Mir., 44, 563 : escalophe), lui-même dér. de eschale (écale*) avec finale de enveloppe (Sainéan ds Z. rom. Philol., t. 30, p. 561; FEW t. 17, p. 86a; Bl.-W.5; Dauzat 1973)
Au passage, on voit aussi une parenté possible avec l'escalope.