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forum abclf » Pratiques linguistiques » Ça pose problème et autant pour moi

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Messages [ 33 ]

Sujet : Ça pose problème et autant pour moi

Bonjour à tous et à toutes, je me présente rapidement avant de vous poser une question :  je suis un jeune étudiant de 17 ans, j'habite à Tours ( en Indre et Loire ) et je dois dire que j'apprecie lorsque notre langue est bien utilisée.
Je voulais donc savoir si vous pouviez repondre à ces deux questions :

-L'expression " ça pose problème " ou sa variante ( ma preferée ) " ça pose question " ( si appreciées dans l'Education Nationale et dans les Administrations ) est elle correcte ?

-Je souhaiterais aussi trancher définitivement sur la question du "autant pour moi" ou "au temps pour moi" ?


Merci infiniment de vos reponses...



Antoine.

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Re : Ça pose problème et autant pour moi

Bonjour Antoine,

comme tu as probablement pu le lire, l'expression au temps / autant pour moi, a posé probléme et question sur ce forum, et fait couler beaucoup de bits (de l'encre électronique).
Au passage, je ne vois pas ce qui pourrait être incorect dans "poser probléme" pas plus que dans "poser question": on pose un problème, on pose une question. Mais attendons les avis de nos spécialistes velus wink

Bien que j'accepte l'origine de l'expression au temps (je reviens au temps), j'ai bien du mal à l'écrire ainsi et je préfère autant, ayant pour sous-entendu "j'en fais autant, je le refais". Je sais que ça ne correspond pas à l'évolution du sens originel, mais sur ce coup-ci je ne suis plus du tout puriste mad

Chaque hun porte sa croix ici bas lol

oarsman a écrit:

un killer tourangeau!

Rassure-toi, il ne mord pas smile

Re : Ça pose problème et autant pour moi

...

et fait couler beaucoup de bits (de l'encre électronique).

ptdr !

Ce qu'omet une liste d'interdictions est libre. L'énoncé de droits condamne ce qui n'est pas cité.

4

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Ecirbaf,

ptdr, ques' aco s'il te plaît ?

5

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Sur «au temps pour moi», voir cette page sur langue-fr : http://www.langue-fr.net/index/A/au_temps-autant.htm sans oublier de lire celle-ci qui est beaucoup plus amusante : http://www.langue-fr.net/index/A/au_temps-bis.htm
Le sujet sera savamment tranché et tu auras tout un paquet de plaisanteries culturelles pour briller en soirée. L'intelligence et l'humour, elles vont craquer...
--
Pour ce qui est de «poser problème» : tout le monde le dit, ou presque, et tout le monde le comprend. C'est donc licite. Je veux dire que la communication est réussie.
Quant à se demander si c'est grammaticalement juste, c'est peut-être voir les choses à l'envers : nous n'avons pas à respecter la grammaire, c'est à la grammaire de s'adapter à la langue. Puisque ça se dit, la grammaire doit nous dire pourquoi. J'exagère un peu, mais pas totalement.
«Poser problème», ça me semble valide. «Poser question» est peut-être plus nouveau, mais je marche.
Pour ce qui est du style, (c'est un autre niveau que la grammaire) ça dépend des goûts, donc des situations sociales, des oppositions ressenties. Tu peux être sûr qu'il y a des gens qui n'aiment pas, et que ce sont peut-être les mêmes qui n'aiment pas non plus :«ça m'interpelle» et autres tics de langage du même niveau. Des goûts et des couleurs...

6

Re : Ça pose problème et autant pour moi

pierot a écrit:

Ecirbaf,

ptdr, ques' aco s'il te plaît ?

Pété de rire, c'est du langage SMS.

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Donc si on pouvait associer verbe et nom sans y ajouter article je vais m'empresser d'utiliser formule pour parler ça...
Si ca vous pose problème, ou vous pose interrogations...
Quelqu'un pourrait il soit me prouver par a+b que cette formule est abusive ou que je me trompe ?
Si tout le monde le fait est ce que ça veut dire que c'est juste ? Personne ne respecte les limitations de vitesses est ce que ca rend l'inverse licite ?
Les gouts viennent ils vraiment des situations sociales ?
Le franglais rend la communication possible et pourtant où mene t-il ?
Je vous remercie.

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Re : Ça pose problème et autant pour moi

Pour ce qui est de «poser problème», je suis toujours d'accord avec mon précédent message : c'est licite. D'ailleurs, s'il fallait une garantie institutionnelle pour prouver ce qui est flagrant, l'expression se trouve dans le TLFi (art. «doute»).
Ce qui est notable, c'est que le TLFi donne un synonyme : «faire doute». Dans les deux cas (poser problème, faire doute), on s'est dispensé de l'article. En cherchant un peu, pas bien loin, on doit pouvoir trouver un grand nombre de formules de ce genre.
Il faudrait être meilleur en grammaire que je le ne suis pour expliquer la construction (peut-être la fonction des mots?), mais elle est valide (ama).
On ne peut évidemment pas se dispenser de l'article dans tous les cas mais si on ne peut pas «parler ça» on peut «parler syntaxe». Peut-être que ces analogies te montreront que la formule n'est pas extraordinaire et que, dans d'autres situations, tu l'utilises probablement sans la remarquer (peut-être que si tu l'identifies dans le cas de «poser problème», c'est que c'est un tic, une fausse élégance, ou qu'on l'emploie à tort et à travers, bref une question de sensibilité plutôt qu'une question de grammaire).
--
Pour le reste, j'ai probablement un peu exagéré. Disons que j'ai voulu tordre le bâton dans l'autre sens (cliché) et suggérer qu'il ne faut pas toujours regarder dans la grammaire si une construction usuelle est juste et d'un emploi autorisé ou, c'est le même raisonnement, qu'il ne faut pas regarder dans le dictionnaire si un mot usuel s'y trouve pour s'autoriser à l'employer. Si le mot ou la formule sont usuels, alors on peut les employer (mais rien d'obligatoire).
(pour ce qui est dictionnaires, on devine très facilement qu'ils n'enregistrent qu'une très petite partie du lexique, et ça peut se prouver en faisant des dépouillages ; donc l'argument classique : «ce mot n'est pas dans le dictionnaire, donc il n'existe pas» est absurde et fait état d'une conception totalement factice de la langue (ou du lexique) qui consiste à dire que la langue, ou le lexique, grosso modo, c'est ce qu'il y a dans les le dictionnaire qu'on a sous la main et dans sa grammaire. C'est ce raisonnement que j'ai voulu reproduire : on devine bien que «poser problème» est une formule valide et que si les grammaires ne l'enregistraient pas, c'est qu'elles ne voient qu'une petite surface de la langue (ou qu'elles considèrent qu'il s'agit d'autre chose que de grammaire). On ne peut pas dépendre linguistiquement du travail routinier de quelques lexicographes ou de quelques grammairiens dès lors que ni les uns ni les autres ne s'intéressent vraiment à la langue vivante (par exemple, on ne trouvera pas les mots récents dans le TLFi, alors qu'on y trouvera un tout paquet de mots anciens ou spéciaux que personne ne connaît et qui sont exactement comme le serait le latin en français, des fossiles ; c'est d'ailleurs la même chose avec les dictionnaires d'usage) cf. http://www.languefrancaise.net/news/ind … d_news=282 et les liens en bas de page.
Et puis il ne faudrait pas renverser la charge de preuve : ce ne devrait pas être à celui qui emploie telle ou telle formule/mot de montrer qu'il en a le droit, mais à celui qui conteste ce droit de prouver qu'on ne le doit pas.
--
Par réalisme, je crois que l'usage crée le droit et que si tout le monde emploie une forme, un mot, alors c'est qu'ils sont licites (mais on peut ne pas les employer par choix personnel) (ex. «conséquent» dans le sens d'important : personnellement je n'aime pas, je ne l'emploie pas et je le remarque à chaque fois : n'empêche que ça existe et que c'est devenu licite (en droit, je pense qu'on appellerait ça la prescription acquisitive)). Car ni langue ni le lexique ne dépendent d'une institution officielle, heureusement.
Non ?

Pour le franglais, crée plutôt, si cela t'intéresse, un fil dans la rubrique «Promotion», pour plus de facilité. Ce serait intéressant.
Oublions mes digressions inutiles sur les goûts.

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Re : Ça pose problème et autant pour moi

Antoine, avoue, c'est le nouveau credo du lycée Descartes que tu nous refourgues!
(de mon temps, ceux de Descartes prononçaient "faisait" avec deux "ê" comme dans "forêt", pour se distinguer des roturiers du lycée Balzac!)

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Re : Ça pose problème et autant pour moi

Oui c'est juste...La nouvelle mode, a part ça , dans ce lycée c'est " Réssemble" ---> ressemble avec un accent aigu....

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Re : Ça pose problème et autant pour moi

Ah, ça, je connais, ça n'est pas nouveau et typique du bahut!  Une enseignante de français, très compétente d'ailleurs (auteur d'une thèse sur la maternité chez Balzac) et pas encore partie à la retraite m'a-t-on dit - bref, elle s'appelle sans doute encore Melle d...La..G...  - ne prononçait pas autrement smile 

Je veux dire cela: tous ces gens sont charmants et très compétents dans leurs domaines. Hélas, ils vous transmettent une idée biaisée de l'acceptabilité en langue.
Il se trouve simplement que, pure contingence, on n'enseigne pas la linguistique dans les lycées (ni la philatélie, comme le remarquait malicieusement Barthe!) Et on considère toujours la langue comme un joli bibelot..

Aboli bibelot d'inanité sonore...

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Re : Ça pose problème et autant pour moi

gb a écrit:

Disons que j'ai voulu tordre le bâton dans l'autre sens (cliché) et suggérer qu'il ne faut pas toujours regarder dans la grammaire si une construction usuelle est juste et d'un emploi autorisé ou, c'est le même raisonnement, qu'il ne faut pas regarder dans le dictionnaire si un mot usuel s'y trouve pour s'autoriser à l'employer. Si le mot ou la formule sont usuels, alors on peut les employer (mais rien d'obligatoire).

et aussi

Par réalisme, je crois que l'usage crée le droit et que si tout le monde emploie une forme, un mot, alors c'est qu'ils sont licites (mais on peut ne pas les employer par choix personnel)

peut-être, gb, peut-être, mais il y en a qui ne croivent que ce qu'ils voyent, et c'est pas pour autant qu'ils sont cleans, et etc.   mad

Tu as raison de dire que tu as tordu la bâton dans l'autre sens, et même tordu de chez tordu !
Ceci dit, l'usage précède-t-il la règle, la jurisprudence la loi ? C'est une vraie question, pas nouvelle, mais on ne peut pas aller trop vite en besogne.
Comme tu le précises justement, il faut éliminer les initiatives personnelles  (douteuses, infondées ?), mais qui fera avancer la langue ? Il y a bien un  pingouin qui, le premier, a utilisé un mot dans un sens allégorique. Cette fronde (par exemple) a été féconde, donc reprise, puis justifiée par l'usage.
Donc nous dirons limiter les initiatives personnelles.

On ne peut pas non plus [*] s'affranchir des règles de grammaire ni d'orthographe. Chacun ne peut pas dire , écrire, faire ce qu'il veut, et pourtant c'est quelquefois tellement expressif, efficace (cf. · Formes incorrectes... mais tellement parlantes!).

Bien, mais quelle Anastasia sera la gardienne de cette limitation ? Quel Cerbère et quel Charon laisseront passer les néologismes ?  L'Académie, l'Educ. Nat., des bénévoles sur un site Internet de trrrès haute tenue intellectuelle et morale ?

J'ai problème mais pas solution, et en plus j'ai bobo à ma tête de moi  sad


[*] c'est pas une double négation, ça ?

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Ça pose problème et autant pour moi

piotr a écrit:

peut-être, gb, peut-être, mais il y en a qui ne croivent que ce qu'ils voyent, et c'est pas pour autant qu'ils sont cleans, et etc.   mad

Oui, mais ils se trompent : il n'y a rien de révolutionnaire à dire que ni la grammaire ni les dictionnaires ne font ni ne sont toute la langue ; les dicos ne font foi qu'aux Chiffres et aux lettres.

Ceci dit, l'usage précède-t-il la règle, la jurisprudence la loi ?

À vue de nez, je dirais oui sans hésiter. D'abord tout ce qui est institutionnalisé est toujours lent, et conservateur : des appareils avec administration, paperasserie, experts, centres de décision, etc. ne peuvent pas être «dans le train». Ils seraient plutôt à la remorque. (Si la langue se créait à l'ENA, ça se saurait). Les dicos et les grammaires ne créent pas la langue : ils enregistrent une partie de sa surface, ils s'intéressent à des évolutions lentes et ignorent le bouillonnement quotidien.

Comme tu le précises justement, il faut éliminer les initiatives personnelles

Non, non, surtout pas ; je ne dis pas cela ou je me suis mal exprimé smile

On ne peut pas non plus s'affranchir des règles de grammaire ni d'orthographe.

Bien sûr que non ; ce n'est pas non plus que ce que je voulais dire qui est que la grammaire d'une langue, à mon avis, n'est pas toute enfermée dans un livre (ne serait-ce que pour cette raison que les grammaires ou les dicos visent un bon usage, et qu'on le viole constamment dans la vie quotidienne). Ce qui n'enlève rien à leur utilité.

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Re : Ça pose problème et autant pour moi

Bonsoir

L'expression "autant pour moi" n'existe pas, on doit toujours écrire "au temps pour moi" : il s'agit d'une expression tirée probablement (dixit l'Académie) du vocabulaire de la Marine, qui est heureusement plus souvent dite qu'écrite car à l'écrit bcp font la faute. Mais il est  vrai que cette orthographe a eu ses adversaires, il apparaît plus raisonnable toutefois de l'écrire ainsi.

Quant à "ça pose problème" je l'ai pour moi tout à fait bouter de mon langage sans savoir si elle est vraiment fautive.

15 Dernière modification par yd (16-11-2011 20:50:04)

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Bonsoir.

C'était nettement moins tranché dans ce sujet :
http://www.languefrancaise.net/forum/vi … 00&p=1.

Quant à moi, si on me fait des problèmes avec autant pour moi, je dis autant contre moi, ce qui veut dire exactement pareil, et règle du même coup la question.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Hubert G. a écrit:

L'expression "autant pour moi" n'existe pas, on doit toujours écrire "au temps pour moi" : il s'agit d'une expression tirée probablement (dixit l'Académie) du vocabulaire de la Marine, qui est heureusement plus souvent dite qu'écrite car à l'écrit bcp font la faute. Mais il est  vrai que cette orthographe a eu ses adversaires, il apparaît plus raisonnable toutefois de l'écrire ainsi.

Comme quoi les préjugés ont la vie dure malgré les évidences :

http://books.google.com/ngrams/chart?content=autant%20pour%20moi%2Cau%20temps%20pour%20moi&corpus=7&smoothing=3&year_start=1800&year_end=2008

Ngram est impitoyable avec votre "au temps pour moi".

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

17 Dernière modification par glop (16-11-2011 22:32:37)

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Histoire de mettre mon grain de sel.

Je trouve un peu excessif de vouloir interdire l’expression « autant pour moi ».
Bien sur le sens est très différent de « au temps pour moi ».
Comme par hasard, je disais, tout à l’heure à mon épouse :
J’ai acheté six paires de chaussettes ! Il y en a trois pour toi, et autant pour moi.:P

Quant à  "au temps pour moi", je suis surpris  que sur ce fil,, la « théorie du chef d’orchestre », ne soit pas prise en considération.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

18 Dernière modification par Alco (16-11-2011 22:38:51)

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Personnellement, je trouve tirée par les cheveux l'explication de « au temps pour moi ». Il est bien plus logique, si on s'est trompé, de dire « autant pour moi », c'est à dire que tout ce que j'ai dit est à mettre à mon compte, j'assume mon erreur. D'ailleurs l'expression militaire « au temps » est attestée, mais pas avec son complément.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

19 Dernière modification par glop (17-11-2011 01:03:38)

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Résumé de ce que j’ai lu et entendu, ça et la, sur le sujet.

Lors des premières répétitions d’une œuvre musicale, le chef d’orchestre n’est pas toujours au point.
Si il donne une indication erronée à un (ou plusieurs) musicien, celui-ci, face à sa partitions, se trouve confronté une contradiction.
Il en informe le chef, qui fait reprendre (au temps, pour lui), c'est-à-dire pour lui remettre en mémoire le passage qui pose problème.

De fait, l’expression au « temps pour moi » est généralement utilisée par un supérieur hiérarchique, s’adressant à ses subordonnés, lorsqu’il a omis quelque chose.

Si cette théorie est juste, cela suggère que l’expression dont il est question n’est pas une formule pour présenter des excuses ; elle sous entend plutôt : « on n’s’arête pas d’bosser pour si peu ! »

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Serions-nous au jour du Jugement ?
Car nous assistons à la résurrection des morts, morts depuis 2005.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

21 Dernière modification par Andreas (08-03-2012 21:32:15)

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Lisez les journaux ! cool
Juste en passage : je vous signale que ce fil-ci (et notamment la première réponse de notre cher admin) a été cité dans Le Monde, daté dimanche 4 - lundi 5 mars, p. 23, dans la chronique "Juste un mot" de Didier Pourquery. La chronique est aussi en ligne ici.

Avec le fil "Définitions fantaisistes" (cité il y a cinq ans dans Libération), en voilà deux ! (ça va mettre la pression sur le Figaro, héhé big_smile)

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

22 Dernière modification par yd (09-03-2012 00:18:39)

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Qui décrète que poser problème voudrait dire exactement la même chose que poser un problème, qui peut légitimement se permettre de contester poser problème en se dispensant de démontrer l'identité de sens avec poser un problème ? Quand on veut décréter comment parler en langue, le minimum voudrait qu'on entende en cette langue, et si on n'entend pas de nuance entre poser problème et poser un problème, à mon sens c'est qu'on n'entend rien à la langue, car ces nuances sont au cœur de la langue.

Et dans un deuxième temps, même dans des cas voisins où l'on démontrerait l'identité de sens, comment condamner une tournure au profit de l'autre sans apporter le moindre argument à cette condamnation ? Sur ce cas de poser problème, ils n'apportent aucun argument, ils ne parviennent qu'à biaiser en cascade ou en dégradé sur d'autres cas.

Leur attitude pose problème, bien mieux qu'elle ne pose un problème.

Fille légère ne peut bêcher.

23 Dernière modification par yd (04-05-2012 21:10:21)

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Alco a écrit:

Personnellement, je trouve tirée par les cheveux l'explication de « au temps pour moi ». Il est bien plus logique, si on s'est trompé, de dire « autant pour moi », c'est à dire que tout ce que j'ai dit est à mettre à mon compte, j'assume mon erreur. D'ailleurs l'expression militaire « au temps » est attestée, mais pas avec son complément.

Je repars de ce message d'Alco plus haut, et du texte de Claude Duneton dans le Figaro cité au message 7 du sujet
http://www.languefrancaise.net/forum/vi … hp?id=1600, en essayant de réfléchir à ce qu'aurait pu signifier l'expression « au temps !» en musique, car j'entrevois une chance de retrouver là l'origine de ce qui serait une confusion somme toute compréhensible.

En musique, sauf pour des solistes ou à la rigueur des tous petits ensembles, un petit groupe de jazz par exemple, on ne peut reprendre un morceau n'importe où : j'envisage que la mesure à partir de laquelle on reprend pendant une répétition, quand il faut reprendre, ait pu être appelée en quelque sorte « au temps !». Je rejoins un peu Duneton... en essayant de le rapprocher lui-même de Colignon : au tempo, à la mesure du début, ou de reprise.

Le chef de chœur ou le chef d'orchestre ou le directeur de fanfare a la responsabilité de lancer la première mesure, ou la mesure de reprise, sur tel tempo, et de tenir ce tempo. Si donc les musiciens ou les choristes n'ont pu tenir le tempo, nécessairement celui qui dirige prend sur lui : il est là pour ça, si l'on veut.

Pour cette raison, si toutefois les choses ont bien pu se passer ainsi, il aurait été inévitable que les deux expressions « au temps !» et « autant pour moi », bien que tout à fait distinctes au départ, arrivent parfois à être confondues.

L'hypothèse dans mon esprit ne présenterait d'intérêt que si elle pouvait être corroborée par des témoignages de musiciens ou relatifs à des musiciens.

Fille légère ne peut bêcher.

24 Dernière modification par glop (04-05-2012 22:40:50)

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Alco a écrit:

Personnellement, je trouve tirée par les cheveux l'explication de « au temps pour moi ». Il est bien plus logique, si on s'est trompé, de dire « autant pour moi », c'est à dire que tout ce que j'ai dit est à mettre à mon compte, j'assume mon erreur. D'ailleurs l'expression militaire « au temps » est attestée, mais pas avec son complément.

Je crois comprendre que vous faites un rapprochement avec le «autant» de :
—j'en ai autant à votre service.

D’après vous, "autant pour moi" signifierait donc :
—Si nous devions attribuer à chacun, sa part d’erreur, il y en aurait  autant pour moi que pour vous.

Plus j’essaye de rationaliser cette hypothèse, plus je la trouve, encore plus que l’autre, tirée par les cheveux.
Il me semble en tout cas que cette expression est le plus souvent employée dans le cadre d’une activité professionnelle pour éviter de se confondre en excuses.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

25 Dernière modification par yd (05-05-2012 01:45:46)

Re : Ça pose problème et autant pour moi

J'entends autant pour moi comme si l'on disait autant à mon débit, autant à imputer sur mon compte, à cette différence que autant pour moi est nettement plus élégant.

Dans un cadre professionnel, certainement, mais surtout, d'une façon générale, dés qu'on parle un peu sérieusement ou avec un peu de respect, comme sur ce forum, et qu'on convient de s'être trompé. Ce n'est pas directement pour éviter de s'excuser : le fait de prendre son erreur sur soi revient pratiquement à s'excuser, puisqu'on assume, et si besoin on pourrait toujours dire autant pour moi, et excusez-moi.

Fille légère ne peut bêcher.

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Re : Ça pose problème et autant pour moi

yd a écrit:

En musique, sauf pour des solistes ou à la rigueur des tous petits ensembles, un petit groupe de jazz par exemple, on ne peut reprendre un morceau n'importe où : j'envisage que la mesure à partir de laquelle on reprend pendant une répétition, quand il faut reprendre, ait pu être appelée en quelque sorte « au temps !». Je rejoins un peu Duneton... en essayant de le rapprocher lui-même de Colignon : au tempo, à la mesure du début, ou de reprise.

Le chef de chœur ou le chef d'orchestre ou le directeur de fanfare a la responsabilité de lancer la première mesure, ou la mesure de reprise, sur tel tempo, et de tenir ce tempo. Si donc les musiciens ou les choristes n'ont pu tenir le tempo, nécessairement celui qui dirige prend sur lui : il est là pour ça, si l'on veut.

Pour cette raison, si toutefois les choses ont bien pu se passer ainsi, il aurait été inévitable que les deux expressions « au temps !» et « autant pour moi », bien que tout à fait distinctes au départ, arrivent parfois à être confondues.

L'hypothèse dans mon esprit ne présenterait d'intérêt que si elle pouvait être corroborée par des témoignages de musiciens ou relatifs à des musiciens.

Reprendre au temps n'a aucun sens en musique, puisque le temps est l'unité de base de la mesure, chaque mesure pouvant en contenir plusieurs, et ainsi pour toutes les mesures du morceau. On parle plutôt de reprendre à telle mesure, en en précisant le numéro. Reprendre au temps n'a aucun sens ; dans la lecture d'un texte, l'équivalent serait reprendre au mot : on voit que la consigne ne peut être exécutée faute de désignation d'un mot. C'est la même chose pour le temps en musique.
La remarque de Colignon (au tempo, à la mesure du début, ou de reprise. ) montre une ignorance du vocabulaire musical : le tempo, ce n'est pas le temps, mais la vitesse à laquelle vous exécutez un morceau. La mesure du début, ou de reprise, c'est tout autre chose ; c'est un endroit précis du morceau, et là, on sait de quoi on parle.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Alco a écrit:

La remarque de Colignon (au tempo, à la mesure du début, ou de reprise. ) montre une ignorance du vocabulaire musical : le tempo, ce n'est pas le temps, mais la vitesse à laquelle vous exécutez un morceau. La mesure du début, ou de reprise, c'est tout autre chose ; c'est un endroit précis du morceau, et là, on sait de quoi on parle.

Pour ma part, je suis et reste partisan de la formule "autant pour moi". "Au temps pour moi" me paraît être une légende moderne qui a inondé les forums, mais qui ne repose que sur du vent.
Cela dit, je vous trouve sévère pour Colignon ou pour yd (je n'ai pas pris le soin de vérifier qui a parlé de au tempo, à la mesure du début, ou de reprise). Pour être musicien moi-même, je puis vous dire que l'expression reprendre au tempo (sous-entendu initial) est très fréquente, en variante de "revenir au tempo" plus usuelle. Les partitions indiquent même souvent un tel retour au mouvement initial par l'expression a tempo. Quand ce a tempo est marqué, il sert souvent de point de repère pour reprendre, recommencer un passage ; on entend donc souvent reprendre sur le a tempo, ou au a tempo.
On peut aussi, quand on sait à quelle mesure on veut reprendre, préciser : sur le temps, un temps avant, etc.
Mais tout cela n'expliquerait en rien l'extravagant "au temps pour moi".

28

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Abel Boyer a écrit:

Quand ce a tempo est marqué, il sert souvent de point de repère pour reprendre, recommencer un passage ; on entend donc souvent reprendre sur le a tempo, ou au a tempo.

C'est un cas particulier, et la reprise peut aussi se faire au tutti, au point d'orgue, au changement de mesure, etc. Et a tempo n'est pas l'équivalent du français « au temps ». Bref, si tant est que la graphie « au temps pour moi » soit fondée, elle ne semble pas avoir son origine dans le domaine musical. J'y vois plutôt, moi aussi, une pure fantaisie relayée et amplifiée de forum en forum.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

29

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Je propose "OTAN pour moi". (pour les pays membres). tongue

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : Ça pose problème et autant pour moi

Copieur !
http://www.langue-fr.net/spip.php?article28

31 Dernière modification par yd (05-05-2012 11:07:48)

Re : Ça pose problème et autant pour moi

C'est moi-même qui avais parlé de tempo : c'est en lançant la première mesure - ou la mesure que j'appelle de reprise, celle où l'on reprend la partie qu'on est en train de répéter - que le chef donne ce tempo. Je n'ai rien prétendu, j'envisage seulement que dans certains orchestres ou chœurs, ou pour certaines musiques telles que les musiques militaires, ou à d'autres époques, l'expression « au temps !», que l'on dit bel et bien attestée, aurait pu prendre la valeur de « on reprend à la mesure du début, ou de reprise, parce que nous avons perdu le tempo, et nous dirons que c'est de ma faute ». Il n'y a pas que la cadence qui intervient, mais aussi l'attaque des notes et le relief entre les notes qu'on frappe et celles qu'on retient.

Il me semble que si l'expression « au temps !» a vraiment été pratiquée en musique, il faudrait pouvoir retrouver ce qu'elle voulait dire et que ce pourrait être utile à la discussion entre autant pour moi et au temps pour moi.

Fille légère ne peut bêcher.

32

Re : Ça pose problème et autant pour moi

yd a écrit:

« on reprend à la mesure du début, ou de reprise, parce que nous avons perdu le tempo, et nous dirons que c'est de ma faute ».

S'il y a un chef, on ne perd pas le tempo, et si tel était le cas, je ne vois pas pourquoi il faudrait reprendre au début.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

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Re : Ça pose problème et autant pour moi

Nous ne nous comprenons pas, pourtant nous en sommes à deux doigts : si tout va bien entre la musique, le chef et les musiciens ou les choristes, en effet on ne perd pas le tempo. Tout ce que j'ajoute c'est que si néanmoins on l'a perdu le chef prenne sur lui, justement parce qu'il est là pour qu'on ne le perde pas.

C'est très délicat dans la réalité, car la fonction du chef est à la fois de tenir un tempo et de le faire varier... sans le perdre. Or le risque quand on fait varier le tempo c'est de perdre celui qui a été lancé au début. C'est là où rien ne va plus, et c'est aussi ce qui explique qu'on ne puisse reprendre à n'importe quelle mesure. Si on ne faisait pas varier le tempo, on ne le perdrait jamais, or un vrai chef, un maestro, va lui imprimer des variations telles qu'il les sent. En artiste, il force le trait juste ce qu'il faut, mais il ne cesse de le forcer, donc il ne cesse de faire varier le tempo, le même tempo, et il se doit d'y réussir par sa façon de tenir ses musiciens. Un chef tient à la fois la musique et les musiciens, et c'est ce qui fait toute la différence. Ce n'est pas du tout mécanique, c'est l'antithèse du métronome. Le métronome vous barbe après trois mesures, le vrai chef vous saisit de la première à la dernière mesure : il est un anti-robot, il n'est pas une marionnette agitée par le tempo, c'est bien lui qui tient l'autre.

Fille légère ne peut bêcher.

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