Si l'on veut revenir à la logique, le problème ne sera pas de septante, octante et nonante, mais de onze, douze, treize, quatorze, quinze et seize : quel jeune se réjouira qu'on lui fête ses dix-deux ans, ses dix-cinq ans, ses dix-six ans ? On pourrait même se demander si l'attachement au système vicésimal ne viendrait pas en tout ou partie d'un véto de toute la population en ce qui concerne ces âges entre dix et vingt ans : pour 18 et 19 ans on y avait sans doute été préparé par la numérotation en latin, consistant à dire, si j'ai bien compris, deux de vingt et un de vingt. Et l'on comprend encore qu'il n'était pas question de descendre au-dessous de trois de vingt. La pilule aurait été moins amère, donc, à faire avaler dix-sept, dix-huit et dix-neuf ans, vingt ans étant considéré - jusqu'à nos jours - comme l'âge même de la jeunesse, l'âge de rêve.
Personnellement je m'étais déjà dit ici favorable à une promotion, en commençant par l'école, de septante, octante et nonante ; je crois vraiment qu'on réussirait à s'y faire, et c'est déjà le cas, de longue date, dans des métiers financiers en particulier. Dix-deux ans, je n'y suis pas du tout favorable, et je n'y crois absolument pas.
On a vu dans un autre sujet en cours qu'on ne pourrait pas facilement toucher au Françaises, Français. La langue est sensible, et elle a de la mémoire. Je parierais fort que s'il se confirme que les ducs de Bourgogne avaient opté pour le système décimal intégral, un jour sera arrivé où il fallut transiger. En trouver des preuves historiques n'est pas évident, car a-t-on pu écrire noir sur blanc tous les tenants et aboutissants de ces éventuelles tractations ? Personne - Vaugelas pas plus que les autres - n'a fait tout ce qu'il a voulu, j'en mettrais ma main à côté du feu.
Fille légère ne peut bêcher.