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Messages [ 29 ]

Sujet : phonétique historique du français

Alors c'est parti pour une aventure complémentaire du fil sur les doublets (qui s'ajoute au fil recensant les différentes langues mentionnées via abréviations dans le TLFi).

Je me contente dans ce premier message de mettre un classique tableau des consonnes

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/36/Table_of_IPA_consonants_in_French.png

et le tout aussi classique triangle vocalique (je reprends celui du site canadien SFU maintes fois utilisé dans le fil sur les diphtongues, c'est le seul que je trouve en français avec les nasales mais il ne comprend pas les voyelles d'autres langues)

http://www.sfu.ca/fren270/images/new_graphs/trapeze.jpg

et de signaler un excellent document de base cité par oliglesias en juillet dernier.

2 Dernière modification par éponymie (14-09-2015 20:42:01)

Re : phonétique historique du français

Me demandant comment commencer tout en sachant où je veux arriver - un tableau chronologique comprenant toutes les évolutions phonétiques du latin au français (avec toutes les explications et exemples nécessaires) - je me suis dit que le mieux était de partir du très classique "un cheval" / "des chevaux" puisqu'il illustre 6 évolutions phonétiques principales (au moins) :

  • 1) la palatalisation du [k] en ʃ : le point  d'articulation se dèplace vers l'avant

  • 2) passage du [b] au [v]

  • -- dans ces deux premiers cas, il y a passage de l'occlusive à la fricative --

  • 3) fermeture du [a] en [ə]

  • 4) évolution du [l] alvéolaire en [u]

  • 5) amuïssement de la voyelle finale

  • 6) amuïssement de la consonne finale

Le document de base est celui-ci, déjà cité au moins 3 fois sur ABC : http://lecourrierdesetatsunis.files.wor … vaux22.pdf

L'objectif étant bien entendu que ceux qui s'intéressent aux doublets aient  une vision plus claire de l'évolution phonétique et de sa chronologie, au moins pour les doublets français d'origine latine, ceux qui viennent du moyen français, ont alimenté l'anglo-normand et nous reviennent via l'anglais. Pour ceux qui nouis viennent de l'italien, de l'espagnol et du portugais, il faudrait aussi débroussailler l'évolution phonétique de ces langues. On verra plus tard (rien ne nous presse smile ).

Histoire de rendre plus lisible un futur bilan 4 des doublets qui intègrerait langues de transit, dates, étymons et diférentes phases d'évolution. J'ai peur de voir trop grand mais là aussi, on verra bien.

3 Dernière modification par éponymie (14-09-2015 20:43:08)

Re : phonétique historique du français

Rappelons ce qu'est une consonne : un son qui pour être produit fait obstacle au passage de l'air, quand il y a obstacle total nous avons des occlusives, quand l'obstacle n'est pas total nous avons d'abord les fricatives ensuite les spirantes.

Nous avons vu  dans le fil sur les diphtongues que parmi les spirantes il y a les semi-consonnes/ semi-voyelles qui sont des sons à la limite entre les consonnes et les voyelles (qui laissent l'air passer librement) les plus fermées, celles qui sont en haut du trapèze vocalique  : le [j] s'altère facilement en [i], le [ɥ], en [y] et le le [w], en [u].

Je constate que dans les deux documents de base, il n'y a pas accord sur les dates. J'ai retenu celles du document 2 (de caballus à cheval/chevaux) par commodité (ce ne sont pas celles qui semblent faire l'unanimité) puisque c'est ce document qui me permet de dresser une toute première ébauche de tableau et de recenser les premières évolutions phonétiques.

Le premier phénomène est l'évolution des consonnes intervocaliques : sonorisation (ou voisement) puis spirantisation puis amuïssement (entre voyelles vélaires) ou dentalisation (entre voyelles palatales). Le fait que la voyelle latine soit tonique ou non entre également en jeu.

Les voyelles [i], [e], [ɛ], [y], [ø][œ], [a], [ɛ̃] et [œ̃] (à gauche du trapèze vocalique) sont palatales, les autres sont vélaires. Le schwa ([ə]) est probablement entre les deux, il faudra que je vérifie.

Ier siècle ap. J.-C.

  • glissement du [b] (occlusive) au [β] (fricative), spirantisation

IIIe siècle ap. J.-C.

  • glissement du [β] au [v] (recul du point d'articulation, dentalisation)

  • le [l] entre voyelle et consonne intermédiaire devient un [ł] vélaire

Ve siècle ap. J.-C.

  • ouverture du [u] final en [ɔ]

  • palatalisation du [k] de la suite ka – avec [a] non entravé (non suivi de 2 consonnes) -  qui devient [tʃe]

VIIe siècle ap. J.-C.

  • chute [ɔ] final

VIIIe siècle ap. J.-C.

  • le [l] entre voyelle et [s] final devient un [ł] vélaire

IXe siècle ap. J.-C.

  • le [ł] entre voyelle et [s] final devient un [w]

XIe siècle ap. J.-C.

  • le [e] précédé d'une affriquée devient un [ə]

  • le [w] entre voyelle et [s] final devient un [u]

XIIIe siècle ap. J.-C.

  • l'affriquée [tʃ] devient un [ʃ] (fricative)

XVe siècle ap. J.-C.

  • le [ə] devient un [ø]

XVIe siècle ap. J.-C.

  • la diphtongue [au] devient un [o]

  • amuïssement des consonnes finales

Dès que je peux je détaille un peu mieux ce premier phénomène.

4 Dernière modification par éponymie (24-10-2014 20:27:54)

Re : phonétique historique du français

Voilà ce que ça donne pour l'évolution des consonnes intervocaliques, je suis allé chercher de ci de là des exemples de mots (il m'en manque encore quelques-uns pour tout traiter) dont la prononciation est notée en API et ai repris la chronologie de Quentel qui semble plus consensuelle.

En attribuant une couleur à chaque phénomène, on devrait à la longue avoir un tableau clair et complet et reconstituer l'évolution de tous les mots choisis en exemple : tout mot entré dans la liste pour illustrer un phénomène d'évolution phonétique devant les subir tous jusqu'à la forme moderne.

Ier siècle ap. J.-C.

  • [awena] glissement du [w](spirante labio-vélaire) au  [β] (fricative), sonorisation [aβena]

IIIe siècle ap. J.-C.

  • [aβena] glissement du β (fricative) au [v] (recul du point d'articulation, dentalisation) [avena]

IVe siècle ap. J.-C.

  • [ripam] glissement du [p](sourde) au  [b] (sonore), sonorisation [ribam]

  • [vita] glissement du [t](sourde) au  [d] (sonore), sonorisation [vida]

  • [rosa] glissement du [s](sourde) au  [z] (sonore), sonorisation [rozam]

Ve siècle ap. J.-C.

  • [ribam] glissement du [b] (occlusive) au [β] (fricative), spirantisation [riβam]

  • [vida] glissement du [d](occlusive) au  [ð] (fricative), spirantisation [viða]

  • [kaballu] glissement du [b] (occlusive) au [β] (fricative), spirantisation [kaβallu]

  • [riβam] glissement du β (fricative) au [v] (dentalisation) [rivam]

  • [kaβallu] glissement du [β] au [v] (dentalisation) [kavallu]

VIe siècle ap. J.-C.

    XIe siècle ap. J.-C.

    • [viða]/[viðe] amuïssement du [ð] [vie]

    5 Dernière modification par éponymie (05-11-2014 09:53:41)

    Re : phonétique historique du français

    Je crois que je vais pouvoir introduire le cas de l'évier/aquarium, il me faut identifier tous les phénomènes phonétiques en jeu, l'effacement de la consonne intervocalique étant le premier et le plus évident :

    En effet, l'aquarium était au départ un réservoir contenant de l'eau (creusé dans la pierre). Il a fallu de très nombreuses déformations phonétiques pour  passer d'aquarium à évier  :

    aqwaryo, agwaryo, awwaryo, awaryo, awyèro, awyèr(e), euwier (au 13ème siècle), puis évier.

    Au 13ème siècle, il désignait un "égout pour l'écoulement des eaux usées".

    (blog. "Origine des mots")

    P.S.: l'auteur de l'article ne donne pas une transcription phonétique mais graphique de l'évolution du mot, je le précise parce que la lettre y peut générer la confusion (en API elle symbolise la voyelle française u alors que le son qui entre en jeu ici est [j]).

    Re : phonétique historique du français

    Quel courage!
    Je connais une prof de Barcelone qui avait fait cela pour l'espagnol... personne ne l'a fait pour le français?
    C'est extrêmement intéressant de faire ce type de travail mais il faut bien être conscient qu'il est impossible d'arriver à quelque chose de "vrai"... il y a toujours beaucoup d'hypothèses, de conjectures, etc. en ce qui concerne la phonétique historique difficilement vérifiables.

    Re : phonétique historique du français

    Ce fil n'est que le dernier du genre, après le fil sur les doublets, et d'autres du même genre. Ce n'est que question de patience et de persévérance. Et de temps, la dernière fois que j'en ai eu, je l'ai dépensé sur le fil de mercattore ("bosser aux 7 discos"), il m'en faut une bonne dose pour bien lancer le processus.

    Je n'ai rien vu de tel en ligne, je suis bien conscient que le résultat final - que je suis curieux de voir lol - sera un assemblage d'infos plus ou moins contradictoires (ne serait-ce que pour les dates) mais - comme pour les doublets - j'ai envie de me faire une religion sur le sujet.

    Re : phonétique historique du français

    Je me note ici ce lien du projet Babel sur les notations du latin :

    http://projetbabel.org/romanisations/latin.html

    9

    Re : phonétique historique du français

    éponymie a écrit:

    Je crois que je vais pouvoir introduire le cas de l'évier/aquarium, il me faut identifier tous les phénomènes phonétiques en jeu, l'effacement de la consonne intervocalique étant le premier et le plus évident :

    En effet, l'aquarium était au départ un réservoir contenant de l'eau (creusé dans la pierre). Il a fallu de très nombreuses déformations phonétiques pour  passer d'aquarium à évier  :

    aqwaryo, agwaryo, awwaryo, awaryo, awyèro, awyèr(e), euwier (au 13ème siècle), puis évier.

    Au 13ème siècle, il désignait un "égout pour l'écoulement des eaux usées".

    (blog. "Origine des mots")

    P.S.: l'auteur de l'article ne donne pas une transcription phonétique mais graphique de l'évolution du mot, je le précise parce que la lettre y peut générer la confusion (en API elle symbolise la voyelle française u alors que le son qui entre en jeu ici est [j]).

    C'est compliqué de reconstruire aquariumévier.
    Plus compliqué que aquaeau qui est déjà pas de la tarte : ya des tas de variantes graphiques pour notre eau moderne → ewe iawe eigue etc.
    Sans compter que aquariumévier est peut-être faux dès le départ si la suffixation (i)er est juste d'Oïl et non pas reçue du latin.




    Quoi qu'il en soit, on a trois entrées dans le Gaffiot.
    L'adjectif variable en genre.
    Un substantif masculin pour les animés.
    Un substantif neutre pour les inanimés.

    http://img11.hostingpics.net/pics/272917aquariusgaffiot.png




    Même topo dans le Wartburg, Französisches Etymologisches Wörterbuch.
    Sauf que le nom neutre, en tête de liste, est pris dans son acception "moderne" (truc pour poissons) : il ne s'agit donc pas de l'adjectif neutre substantivé latin mais de l'emprunt français masculin piqué à du latin de forme neutre.


    (gauche puis droite)
    http://img11.hostingpics.net/pics/898090491.png
    (gauche puis droite)
    http://img11.hostingpics.net/pics/228390282.png

    J'ai parcouru les deux pages du FEW en diagonale mais il semble que Wartburg ne fasse pas le départ entre la lexie porteuse du sémantème {eau} et le suffixe.
    Est-ce à dire qu'il fait dériver évier de aquarius ?

    10 Dernière modification par éponymie (10-08-2015 10:49:46)

    Re : phonétique historique du français

    Un autre document de base : Histoire des systèmes phonique et graphique du français, Yves Charles Morin, 2006.

    Ne pas oublier non plus l'HLF d'ABClf.

    Autres publications de l'auteur : http://ycmorin.net/liste-des-publications/

    Le FEW, cité par greg dans le message précédent et une des sources du TLF dans sa version partielle en ligne (ici la date de 1160 pour l'étymon ancien français de brelan) : https://apps.atilf.fr/lecteurFEW/index. … /lire/e/87

    P.S.: en fait non, j'ai fait la recherche sur brelenc à partir d'une autre page et l'URL reste celle de la page d'origine. La bonne page est celle-ci : https://apps.atilf.fr/lecteurFEW/index. … re/e/41096 que l'on l'obtient en indiquant l'étymon dans l'entrée (https://apps.atilf.fr/lecteurFEW/).

    11 Dernière modification par éponymie (14-09-2015 20:42:34)

    Re : phonétique historique du français

    La page wikipédia qui me documente la palatalisation - de apia à ache (il faudrait anticiper d'un siècle le phénomène du tableau du message 3).

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Étymologi … n_français

    12 Dernière modification par éponymie (16-08-2015 12:58:44)

    Re : phonétique historique du français

    greg message 9 a écrit:

    C'est compliqué de reconstruire aquariumévier.
    Plus compliqué que aquaeau qui est déjà pas de la tarte : ya des tas de variantes graphiques pour notre eau moderne → ewe iawe eigue etc.
    Sans compter que aquariumévier est peut-être faux dès le départ si la suffixation (i)er est juste d'Oïl et non pas reçue du latin.

    Quoi qu'il en soit, on a trois entrées dans le Gaffiot.
    L'adjectif variable en genre.
    Un substantif masculin pour les animés.
    Un substantif neutre pour les inanimés.

    Même topo dans le Wartburg, Französisches Etymologisches Wörterbuch.
    Sauf que le nom neutre, en tête de liste, est pris dans son acception "moderne" (truc pour poissons) : il ne s'agit donc pas de l'adjectif neutre substantivé latin mais de l'emprunt français masculin piqué à du latin de forme neutre.

    J'ai parcouru les deux pages du FEW en diagonale mais il semble que Wartburg ne fasse pas le départ entre la lexie porteuse du sémantème {eau} et le suffixe.
    Est-ce à dire qu'il fait dériver évier de aquarius ?

    J'ai fait le ménage dans la série aiguière/aquarium/évier. Nous avions :

    aiguière (latin populaire aquaria substantivation de l'adjectif aquarius) / aquarium (latin vulgaire aquarium substantivation de l'adjectif aquarius)
    aiguière (latin populaire aquaria substantivation de l'adjectif aquarius) / évier (latin vulgaire aquarium substantivation de l'adjectif aquarius)
    aquarium / évier (latin vulgaire aquarium substantivation de l'adjectif aquarius)
    aquarium cf. aiguière
    évier cf. aquarium
    évier cf. aiguière

    J'ai eu un peu de mal à me dépatouiller des notices du TLFi mais j'ai fini par éliminer l'aquarium du vieux Caton, emprunté en français pour notre moderne aquarium. Et je suppose que le Gaffiot n'est d'aucun secours dans ce cas puisque l'étymon supposé est du latin populaire non documenté : on a déduit une substantivation de l'adjectif du Gaffiot - un aquarium plus jeune d'au moins 5 siècles que le premier donc - dont le masculin à donné évier et le pluriel - plus tard pris pour féminin, comme d'hab - aiguière.

    Et ça  nous donne donc,

    *► aiguière (latin populaire aquaria pluriel de aquarium) / *► évier (latin populaire aquarium)
    Le latin archaïque aquarium - au sens de « réservoir d'eau », rencontré chez Caton – n'a pas de descendance en français si ce n'est l'emprunt moderne. Le latin populaire non attesté aquarium, « relatif à l'eau », est issu de la substantivation de l'adjectif aquarius.

    • 1 – latin populaire - ancien provençal aiguiera (XIVe) – moyen français (XIVe)

    • 2 – latin populaire - ancien français (euwier , eviere XIIIe)

    évier cf. aiguière

    J'ai découvert au passage que évier (ou son étymon ancien français ) a donné en anglais ewer. Ya des anglophones zet des anglophiles qui sont durs de la réactionnette sur ce forum (les latinistes ne font guère mieux). Faut tout faire.

    Donc pas de Gaffiot qui vaille dans cette histoire et il s'agit bien de l'adjectif latin substantivé selon la seconde déclinaison des noms (aquarium/aquaria).

    Pour le reste, je ne fais que reporter ce que dit le TLFi.

    Re : phonétique historique du français

    éponymie a écrit:

    J'ai découvert au passage que évier (ou son étymon ancien français ) a donné en anglais ewer. Ya des anglophones zet des anglophiles qui sont durs de la réactionnette sur ce forum (les latinistes ne font guère mieux). Faut tout faire.

    En effet, OED donne :
    ewer (n.) "water pitcher with a wide spout," early 14c., from Anglo-French *ewiere, Old French eviere "water pitcher," parallel form of aiguiere (Modern French aiguière), from fem. of Latin aquarius "of or for water," as a noun, "water-carrier" (see aquarium).
    Notez que cet anglophone-ci vous lit avec beaucoup de plaisir et d'admiration, mais qu'il est quand même content de vous laisser tout faire. big_smile

    L'escrivaillerie semble estre quelque symptome d'un siecle desbordé

    Re : phonétique historique du français

    trevor a écrit:

    En effet, OED donne

    L'aviez pas vu mais ça aussi je l'avais déjà fait smile

    Un site que je trouve bien fait sur l'ancien français : http://ancien-francais.blogspot.fr

    15 Dernière modification par éponymie (23-08-2015 19:33:12)

    Re : phonétique historique du français

    On sait que la plupart des mots français issus du latin viennent de l'accusatif, le cas régime en ancien français, je me demandais quels sont ceux qui viennent du nominatif. Un début de réponse ici

    En français moderne, le cas sujet ne subsiste que dans quelques noms communs, qui désignent tous des personnes : sœur < latin sŏrŏr (le cas régime était soror, sereur < latin sŏrōrem), fils < latin filius (le cas régime était fil, normalement prononcé [fi] dans fi de garce), et un certain nombre de mots en -re issus de noms latins en -or : pâtre (latin pastor), chantre (latin cantor), ancêtre (latin antecessor), etc.

    Par contre, le cas sujet s'est plus souvent maintenu pour les noms propres, et tout particulièrment dans les prénoms : c'est là l'origine du -s final de Charles, Jacques, Georges, Gilles où il est étymologique (latin Carolus, Jacobus, Georgius, Ægidius), mais aussi de Hugues ou Yves, où il est analogique (Hugo, Ivo, formes latinisées de noms germaniques). Dans certains cas, le -s a disparu : Jean, Pierre, Philippe s'écrivaient autrefois Jeans, Pierres, Philippes (en latin médiéval Johannes, Petrus, Philippus).

    Du coup je suis allé chercher parmi les carrés vert clair les nominatifs (ou les cas sujets ancien français). Ces séries sont environ 80 (167 mots) mais une bonne partie sont formées à cause d'un pluriel latin tardivement interprété comme féminin ou bien d'un féminin, plus rarement encore d'un datif ou d'un génitif. Du nominatif il ne reste parmi les doublets recensés à ce jour que : chantre, faction (acception A), fiasco, flasque (2), gars, on, iléus, imago, je, jeun, nonne, union, pâtre, praire, pute, quart, qui, quint, ratio, réal, senior, sire, silex, tu.

    24 mots seulement, à noter que j'ai souvent fait comme les dicos, c'est-à-dire indiqué un étymon latin au nominatif alors qu'en toute rigueur on devrait mettre l'accusatif. On remarque qu'il y a quelques emprunts plus ou moins directs au latin, 10. Il faudra que je vérifie pour faction, flasque, union et réal (c'est noté). De nominatif réel ne restent que les 10 mots en gras.

    C'est pas beaucoup smile Mais c'est normal.

    Je découvre (ou redécouvre, il s'agit d'une des toutes premières séries recensées) et note qu'il faudra que je revoie la couleur de carré pour compagnon/copain

    Re : phonétique historique du français

    Du proto-gallo-roman à l'ancien français (1)

    Pour perche et perque, notre latin était pěrtĭca.

    Les deux voyelles étaient brèves et je suppose que l'accent était sur la première syllabe (le ĭ du suffixe -ĭca s'étant amuï dans nombre de mots).

    Que s'est-il passé ? Attention, pour des raisons de commodité, je fais un joyeux mélange entre alphabet latin et API :

    1. de pěrtĭca à pěrdĭca (IIIe-IVe siècle)

    2. de pěrdĭca à pɛrðika, roman-nord-occidental, pɛrðiʧe, gallo-roman (Ve)

      1. de pɛrðika à pɛrkə, roman-nord-occidental, (avant le IXe), perque au XIIe

      2. de pɛrðiʧe à pɛrʧə, gallo-roman, (avant le IXe), perche au XIIe

    Notre PPEC (plus proche étymon commun) proto-gallo-roman est donc pěrdĭca.

    17

    Re : phonétique historique du français

    Salut, j’ai lu votre sujet et malgré vos nombreuses explications je n’arrive toujours pas à faire l’évolution historique d’un mot pour un devoir. Le mot est mutáre . Pourriez vous m’aider ? Merci

    18 Dernière modification par Lévine (27-04-2020 14:37:25)

    Re : phonétique historique du français

    Je veux bien vous aider, non vous donner la "solution", vous comprenez bien pourquoi.

    Vous devez expliquer le passage de mūtāre à muer. Je vous donne déjà un élément.

    A partir de là, dites ce qui vous "bloque" ; vous avez à expliquer :

    - Le processus de la "disparition" du t (vous l'avez sûrement vu en cours).
    - Le changement du [a] accentué à [e] dans la terminaison de l'infinitif.
    - Le passage de[u ] à [y]
    - Il faut aussi parler de ce qui ne change pas (piège classique, qui peut vous faire perdre des points) et, dans la mesure du possible, dater les changements.

    A vous ; je vous aiderai, mais dans votre intérêt, il faut mettre du vôtre.

    Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

    19 Dernière modification par Lévine (21-05-2020 09:16:30)

    Re : phonétique historique du français

    De galbĭnŭm à jaune


    Époque républicaine : galbĭnŭm > galbĭnŭ : le m final derrière voyelle ne se prononce plus.

    IIIème : galbĭnŭ  > galbẹnŭ : le i bref latin prend le timbre du e fermé.

    IVème : galbẹnu > galbẹnọ : le u bref latin prend le timbre du o fermé. Les anciennes oppositions de quantité ont disparu.

    IV-Vème : galbẹnọ > galbnọ > galnọ : la voyelle qui suit la voyelle acentuée subit la syncope ; il en résulte un groupe de trois consonnes : celle du milieu, plus faible, chute. 

    Vème - VIème : galnọ > alnọ > d̬žalnọ > alnọ : le g initial devant a et e subit une palatalisation, puis une avancée de son articulation pour aboutir à l'affriquée dentale + chuintante sonores. Ce traitement complexe est régulier en « francien(1) », mais absent en picard. Cf. gamba > jambe ; gaudia > joie, etc…
       
    VIIème : džalnọ > džalne̥ : affaiblissement du o final, qui ne disparaît malgré tout pas car il fournit un appui au groupe -ln-.

    VIIIème : džalne̥ > džałne̥ : vélarisation du l devant une consonne (sans doute ébauchée bien avant, cf. le l « pinguis » dont parlent les grammairiens anciens). 

    XIIème : džałne̥  > džaune̥  (vocalisation complète du l vélaire ; cf. le ł polonais, fixé au stade [w])

    XIIIème : džaune̥  > žaune̥ (simplification de l’affriquée).

    XVème : žaune̥ > žaunə (l’affaiblissement du e final se poursuit)

    XVIème : žaunə >  žaunə > žnə (réduction de la diphtongue après déplacement probable de l'accentuation ; le résultat est un o fermé)

    XVIIème :  žnə > žn(ə) (jaune) (le e final devient caduc).

    Graphie :

    Pour noter le son (d)ž, inconnu du latin, les scribes ont eu d’abord recours au i (j dans les éditions modernes) qui servait à noter le ž provenant du yod initial latin (jugum > joug, jam > ja, etc…). On lit donc jalne dans la CdR (écrit ialne), puis jaune (iaune) chez CdT.

    Puis, par souci étymologique, ils ont maintenu le g latin, mais avec le risque qu’on lise [gone], ce qu’il ne faut évidemment pas faire. On trouve donc gaune, surtout  à partir du XIIIème.

    Le i de giaune, que l’on trouve parfois, est un moyen d’éviter de confondre les sonorités, de même que le h de ghaune, qui correspond à la graphie ch- provenant du traitement corrélatif de c + a (canem > chien); il ne saurait provenir de la loi de Bartsch du fait de l’entrave ancienne du a (alors que canem > chien). 

    Les formes ganne, gane sont dialectales : assimilation du l dans un cas, disparition du l dans l’autre ou simplification de la géminée.

    Le j n'est devenu d'usage courant qu'au XVIème, avec l'introduction de la lettre j ; le mot aurait pu aussi être écrit « geaune », comme dans gageure.

    (1) N'en déplaise à M. Cerquiglini, je maintiens l'usage du terme appliqué à la langue littéraire "commune" forgée peu à peu par les clercs à partir d'éléments dialectaux divers. C'est cette langue que l'on étudie principalement dans les manuels spécialisés, et qui est à l'origine du français standard actuel. Le mot "français" est évidemment possible, mais il prête à confusion.
    Les dialectes anciens les plus "éloignés" du francien sont le picard et l'anglo-normand, mais ceux-ci ont eux-mêmes subi des influences qui les ont éloignés des parlers populaires. C'est ainsi que les traits anglo-normands présents dans le texte de la Chanson de Roland peuvent paraître bien discrets...

    Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

    20

    Re : phonétique historique du français

    Passionnant.

    Lévine a écrit:

    Époque républicaine : galbĭnŭm > galbĭnŭ : le m final derrière voyelle ne se prononce plus.

    La disparition de ce m final aura peut-être été facilitée par la brièveté du u (ŭ) ? Ainsi que par la présence de l'accent tonique (a) sur la première syllabe ? Et la terminaison -um du neutre n'était-elle pas ressentie comme plus instable que le reste du mot, puisque en concurrence avec -us et -a pour le masculin et le féminin ?

    Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

    21

    Re : phonétique historique du français

    La forme galbĭnŭm  n'est pas un neutre, mais un accusatif masculin. On part traditionnellement de ce cas puisque c'est de lui que dérivent les formes romanes qui onr fini par s'imposer. Le cas sujet est en partie artificiel pour nombre de mots.
    Le -m final de l'accusatif est caduc depuis la haute époque du latin, au point que la plupart des manuels ne le portent même pas dans l'étymon. Je ne sais pas si vous avez fait du latin, mais dans la scansion, le m devant voyelle chute, entraînant l'élision de la voyelle qui le précède : c'est la preuve de sa faiblesse. Par contre, il se maintient devant consonne.
    Et ce m est caduc derrière toutes les voyelles, comme en témoignent les inscriptions (Ex : die Jovis pour diem Jovis, cu amecis pour cum amicis à Pompéi (époque impériale).
    On explique cette débilité du -m final par son caractère implosif qui, dans le cas d'une nasale, fait que le son ne "sort" plus des organes phonatoires, il est en quelque sorte absorbé par la voyelle. Väänänen (Introduction au latin vulgaire, Klincksieck) doute cependant qu'une nasalisation se soit produite en latin, comme le pensent certains. Il est à signaler que le vieux-slave connaît exactement le même phénomène.   
    Même le -s final n'était pas aussi nette qu'on peut le croire, comme en témoignent des élisions que l'on trouve chez Plaute...
    Tout cela nous fait conclure que la langue écrite, celle des auteurs, était sensiblement différente de la langue vulgaire dès l'origine de la littérature latine...

    Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

    22

    Re : phonétique historique du français

    Lévine a écrit:

    La forme galbĭnŭm  n'est pas un neutre, mais un accusatif masculin. On part traditionnellement de ce cas puisque c'est de lui que dérivent les formes romanes qui ont fini par s'imposer. Le cas sujet est en partie artificiel pour nombre de mots.
    Le -m final de l'accusatif est caduc depuis la haute époque du latin, au point que la plupart des manuels ne le portent même pas dans l'étymon. Je ne sais pas si vous avez fait du latin

    J'en ai fait... un peu. Et je m'en veux de ne pas avoir pensé à l'accusatif masculin, ayant effectivement appris jadis qu'on part traditionnellement de ce genre et de ce cas pour beaucoup d'étymons de langues romanes.
    Merci.

    Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

    23 Dernière modification par Lévine (27-05-2020 10:14:18)

    Re : phonétique historique du français

    Comment passe-t-on de rubeum à rouge ?

    Époque républicaine :
    a) rŭbĕum > *rŭbĕu : le m final derrière voyelle ne se prononce plus.
    b) *rŭbĕu > *rŭbyu : le ĕ et le ĭ en hiatus perdent leur valeur vocalique en se palatalisant pour donner un yod.

    IIIème siècle :
    a) *rŭbyu > *rŭbd̬u : le yod, attiré vers l’avant par la labiale, se transforme en une dentale palatalisée.
    b) *rŭbd̬u > *rŭbdžu : l’articulation palatale, instable, se consolide en donnant une chuintante sonore.

    IVème siècle : *rŭbdžu > *rbdžọ : l’ancien u bref latin prend le son du o fermé.

    VIème - VIIème siècles :
    a) *rbdžọ > *rβdžọ > *rvdžọ : l’occlusive labiale devient une fricative labio-dentale sous l’effet du d, en passant par un intermédiaire fricatif bilabial.
    b) *rvdžọ > *rvdže̥ : la voyelle finale s’affaiblit, mais persiste sous la forme du e « moyen » pour servir d’appui au groupe consonantique complexe.   

    IXème siècle : *rvdže̥ > rdže̥ (graphié roge au XIIème siècle) : le premier élément du groupe disparaît (1).

    XIIIème siècle :
    a) rdže̥ > rudže̥ : le o fermé en entrave évolue vers [u ] (cf. cọrte > cort > cour, etc…)   
    b) rudže̥ > ruže̥ (graphié rouge) : c’est au tour de l’élément dental de disparaître (cf. JAUNE).

    XVIIème siècle :
    a) ruže̥ > ruž(ə) : le e moyen final devient caduc.
    b) ruž(ə) > Ruž(ə) : le r « roulé » devient grasseyé dans le parler urbain.

    Graphie :
    a) Le son ž restera graphié « g » devant e (et i), le « j » notant celui provenant du yod initial latin (cf. JAUNE).
    b) Le son [u ] ne pouvait être graphié « u », comme en latin, étant donné que cette lettre avait servi à noter le [ü] provenant du [u ] long latin. On a donc inventé le digramme « ou » au XIIIème siècle quand le [u ] « français » a fait son apparition.

    (1) Je me fonde ici sur Gaston Zink, Phonétique historique du français, PUF.

    Traitements comparables :
    a) Avec by : tibia > tige (tiens, des doublets !), gubia > gouge, gobionem > goujon, cambiare > changer…
    b) Avec py : apia > ache, sapiam > sache (vbe), Clippiacum > Clichy...

    On peut là encore observer la parfaite corrélation des traitements : occlusive labiale sonore > chuintante sonore / occlusive labiale sourde > chuintante sourde.

    Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

    Re : phonétique historique du français

    Merci infiniment. Je reprends à mon compte ce qu'écrivait le regretté Trevor.

    trevor, dans le message 13 a écrit:

    [éponymie] vous lit avec beaucoup de plaisir et d'admiration, mais qu'il est quand même content de vous laisser tout faire. big_smile

    Vous comprendrez bien que, pour le dilettante que je suis, alimenter un fil pareil a nécessité recherches, lectures et relectures. Maintenant encore, je suis obligé de prendre ma tête à deux mains pour suivre ma prose de l'époque. Pour vous, ce ne sera qu'une allègre ballade, sautillant de phones en phones, des divers latins aux variés romans et consorts.

    Soyez assurés que vous aurez des lecteurs attentifs sur ABC même si ce fil semble tourner au monologue. Merci encore.

    25

    Re : phonétique historique du français

    Merci beaucoup de vos paroles si aimables. Ne me survalorisez tout de même pas ! Je ne suis qu'un amateur dans le domaine de la phonétique historique romane.   

    J'ai lu ce que vous aviez écrit, ce sont de très bonnes mises au point, accessibles à tous sans être superficielles. Mes explications de mots sont trop "pointues", je pense.
    Je me suis constitué des fiches de datation des phénomènes à partir de plusieurs ouvrages, il faudra que je les publie, je crois que cela n'a pas encore été fait sous cette forme. Je m'en tiens aux datations les plus récentes (Zink, Joly) : il y a parfois des écarts de deux siècles entre eux ! J'ai souvent tendance à choisir la datation la plus ancienne : plus j'avance dans ce domaine, plus je me dis que le "français", pour l'ensemble, était quasiment constitué dès les V-VIème siècles.

    Pardon pour le décousu !

    PS : J'ai redécouvert le doublet tibia/tige dans ma dernière étude, mais j'ai vu qu'il figurait dans votre recension.

    Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

    26

    Re : phonétique historique du français

    éponymie a écrit:

    Soyez assurés que vous aurez des lecteurs attentifs sur ABC même si ce fil semble tourner au monologue. Merci encore.

    Je confirme parce que je fais partie des lecteurs intéressés par le sujet.

    Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

    27

    Re : phonétique historique du français

    Merci beaucoup.

    Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

    28 Dernière modification par éponymie (27-05-2020 19:08:26)

    Re : phonétique historique du français

    Alco a écrit:
    éponymie a écrit:

    Soyez assurés que vous aurez des lecteurs attentifs sur ABC même si ce fil semble tourner au monologue. Merci encore.

    Je confirme parce que je fais partie des lecteurs intéressés par le sujet.

    Ne pas oublier non plus que tout ce qui peut s'écrire de vraiment  intéressant sur Internet tombe rarement dans les yeux d'aveugles. Qui, par contre, ne savent probablement pas écrire parce que je n'ai jamais vu de remerciements lol Je l'ai constaté plusieurs fois.

    29

    Re : phonétique historique du français

    noir/nègre : des doublets ?

    En apparence, c’est simple : noir(e) et nègre sont des doublets, le premier populaire, le second savant, et qui dérivent au masculin du latin nĭgrum, accusatif de nĭger et au féminin, de nĭgra.

    Sauf que la réalité est plus complexe.

    Non parce que le nom « nègre », apparu dans le sens moderne au XVIème siècle,  est en fait un emprunt à l’espagnol ou au portugais (Bloch-Warburg) : negro provient bien de nĭgrum, et nous avons établi ici-même la possibilité du détour par une langue étrangère d’un des éléments du couple.

    Mais parce qu’il existe un mot nègre, nigre ou nècre, attesté en 1313 (Greimas) qui, comme neir ou noir, signifie « noir ». L’emploi comme noms de ces deux adjectifs est possible, mais seulement dans le sens de « couleur noire ».

    Voilà donc des doublets purement français cette fois.

    Restent deux remarques à faire :
    a) Que nègre ait des variantes n’est pas étonnant : les mots savants formés anciennement sont soumis à des variations phonétiques qui altèrent parfois sensiblement la forme latine classique (nigre est en l’occurrence la forme la plus fidèle au latin).

    b) Bourciez estime que la forme populaire neir, puis noir et l’italien nero, en face de l’espagnol negro, suppose le passage de nĭgrum à *nĭrum dès l’époque latine dans les domaines italien et gallo-romain. Le ĭ tonique, placé en syllabe libre, donne le son ẹ (GBV), ce son ayant ensuite évolué vers -ei- puis -oi- (prononcé [wɛ], puis [wa]).
    Fouché, sans évoquer le cas de l’italien, s’en tient à la forme nĭgrum qui donne à peu près le même résultat en français : dans le groupe gr-, le g- passe à yod (cf. flagrare > flairer), ce yod se combine avec le ẹ qui évolue ensuite comme le ẹ libre tonique : [ei] > [oi] > [wɛ], puis [wa] .
    Bourciez pense, sans doute justement, que le groupe gr-, passé à yr- après la chute de la voyelle finale, aurait dû amener le maintien de cette dernière comme voyelle d’appui, sous la forme du « e » muet ; on aurait dû avoir ainsi la forme **noire, comme par exemple dans fièvre < *fĕbrem (class. febrim).

    Rien n'est simple en philologie romane.

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