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Messages [ 101 à 150 sur 334 ]

101 Dernière modification par JOURDAN (27-06-2012 12:03:08)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Ce n'est probablement pas exactement la même prononciation (où  avez-vous trouvé ce “exactement” ?) :

Je l'ai ajouté, rappelons que la description phonétique de SFU est la même. Exactement la même. Donc je me suis autorisé à ajouter le "exactement".

De façon générale, les voyelles sont produites avec un écoulement nettement plus libre de l’air à travers l’appareil phonatoire (ICI)

Cette phrase compare les voyelles aux consonnes, pas aux semi-consonnes.

éponymie a écrit:

Je crois que la différence entre voyelle et semi-voyelle est là : à un moment donné, ça bloque.


Et moi je suis comme Saint Thomas... je ne "crois" que ce que je peux vérifier

éponymie a écrit:

Parce que ces tableaux ne représentent que les occlusives :

oui, là vous avez raison, je me suis laissé emporter par mon élan, mais reste qu'il ne démontre pas que ces sons accèdent au statut de phonèmes (séparation phonétique/phonologie, qu'il explique très bien d'ailleurs)

éponymie a écrit:

il illustre le mécanisme d'opposition d'un son par rapport à un autre. C'est tout.

Il est probable que – en français – tous les sons n'ont pas leur opposé. Hypothèse (à confirmer ou infirmer, le problème n'est pas là) : les glides font partie de ces sons.

Les glides font partie de tous les sons que vous voulez, mais si vous ne pouvez les opposer, ne serait-ce que par un seul trait articulatoire, inutile de songer à en faire des phonèmes, par définition.

éponymie a écrit:

CONCLUSION : AUCUNE  de vos objections par rapport aux documents de ce site ne tient la route. Que la notion de glide puisse être contestée, pourquoi pas : ce n'est pas votre tentative de ce fil qui va ébranler l'édifice. Et s'ìl y a des erreurs ou des maladresses, il n'y a pas d'incohérences dans la présentation des concepts.

Votre conclusion est hâtive, et reste la vôtre. La notion de glide, quelle "notion" de glide ? Je n'ai pas besoin de la contester, j'ai montré qu'il s'agissait du plus pur flou artistique. Une description phonétique tout au plus mais qui ne peut se transformer en concept phonologique, car il s'agit d'une description ad hoc, reposant sur tout un tas d'aménagements assez coûteux et injustifiés. Vous, vous êtes très critique quand il s'agit de quelque chose qui vous parait étranger, mais pas du tout lorsque vous regardez ce site, ou un autre exposé. Tiens je vous demande un peu, si la prononciation de ces semi-consonnes est si proches des voyelles avec lesquelles elles sont réunies, pourquoi il ne cherche pas à les représenter dans le trapèze des voyelles ?

éponymie a écrit:

Encore une fois, merci de m'avoir fourni l'occasion de me documenter de nouveau (c'est un aspect de la langue qui m'intéresse beaucoup mais je n'ai que peu de temps à consacrer à l'étude et la substance qui m'est concrètement utile n'est pas si importante) mais apprenez à lire et soyez rigoureux. Je vous pardonne votre mordante ironie à part ça, je suis parfaitement conscient que je peux la provoquer. Bonne nuit.

Vos remerciement (à propos de vous avoir dirigé sur la SFU) m'amusent, allez remercier la SFU plutôt, je ne cautionne aucunement leur prose. Attention, si vous y retournez souvent, vous risquez à la longue d'y buter sur des erreurs grossières que vous serez obligé de voir (euh, à moins que vous ne les voyiez jamais, je suis pris d'un doute ?).  Merci de me pardonner ma mordante ironie, je ne connaissais pas cette contrepèterie là. Par contre quand vous remerciez quelqu'un, ne lui conseillez pas juste ensuite d'apprendre à lire, ou d'être rigoureux, ça jette un doute sur votre sincérité. Moi je ne conseille à personne d'apprendre à lire. Je ne remercie pas souvent non plus. Quant à pardonner, pourquoi ? Au fait on dirait quand même que vous avez lu la page 4 2, à laquelle vous m'avez re-référé, sans voir l'énaurme erreur de débutant qu'elle contient.

102 Dernière modification par greg (27-06-2012 10:48:07)

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

Au niveau de mes exigences scientifiques à géométrie variable, peut-être, comme tout un chacun, mais j'ai admis dans cette phrase citée qu'il ne fallait pas tout chercher à expliquer.

Mais c'est précisément ce qui donne cette impression de décalage : des revendications épistémologiques hardies aussitôt démenties par de prudentes esquives face aux faits qui pointent le bout de leur nez. À quoi bon une posture positiviste (confinant au fétichisme scientiste) quand on renonce par avance à rendre compte ?



JOURDAN a écrit:

Pour finir, j'ai bien souligné je pense que l'absence de liaison en elle même n'est pas une preuve que le mot ne commence pas par une voyelle, car de nombreux mots commençant par des voyelles ne sont effectivement pas liés, quand la liaison n'est pas obligatoire. Par contre quand la liaison se produit, elle est un fort signe de la présence d'une voyelle. Dans la comparaison de notre camarade, entre yeux et yémènite, il a un indice que le premier se comporte comme s'il commençait par une voyelle. La théorie des semi-trucs explique très mal ce contraste frappant.

Tu fais bien de dissocier la liaison de la nature du phonème aval lié.



Il suffit en effet de comparer :

     lə·ɛ·tʁə          le·ɛ·tʁə       
     le hêtre           les hêtres     

à :

     lɛ·tʁə              le·zɛ·tʁə   
     l'être               les êtres

pour s'en convaincre.





Et pourquoi la liaison serait-elle un signe fort de la présence d'une voyelle alors que nos trois consonnes

          =    j
          =   ɥ
     oué   =   w

suivent volontiers d'autres consonnes ?

     vision, dix-huit, zouave
     tian, étui, toile
     niaise, nuire, noyer
     rien, ruine, roi
     puis, pied, point
     déduire, diable, doigt

103 Dernière modification par JOURDAN (27-06-2012 12:00:37)

Re : les diphtongues

greg a écrit:

Mais c'est précisément ce qui donne cette impression de décalage : des revendications épistémologiques hardies aussitôt démenties par de prudentes esquives face aux faits qui pointent le bout de leur nez. À quoi bon une posture positiviste (confinant au fétichisme scientiste) quand on renonce par avance à rendre compte ?

Je ne renonce pas à rendre compte, je suis conscient que la linguistique est une science structurale, pas une science exacte. Je n'esquive rien, je n'ai pas de posture. Regardez vous plutôt, plusieurs à qui je réponds, qui m'attaquez à bras raccourcis. Mes articles, ou mes posts, ne sont pas des attaques. C'est vous qui attaquez sans cesse, et c'est ça qui vous donne une impression d'esquive. A toute question dont nous parlons, j'ai cherché, je cherche et je chercherai une réponse sincère. Et je le fais sans parler des personnes, autant que faire se peut, je ne parle que des phrases, des sites, etc.


greg a écrit:

Tu fais bien de dissocier la liaison de la nature du phonème aval lié.




Il suffit en effet de comparer :

     lə·ɛ·tʁə          le·ɛ·tʁə       
     le hêtre           les hêtres     

à :

     lɛ·tʁə              le·zɛ·tʁə   
     l'être               les êtres

pour s'en convaincre.

Oui, c'est le fameux problème du (dit) h aspiré du français. Mais comme on est obligé de constater le même phonème en début de être et de hètre, ce serait trop couteux d'en voir plusieurs. Il faut donc postuler un phénomène prosodique ? Je pense effectivement que le h aspiré ne peut être vu que comme prosodique (il est phonémisé par certains locuteurs qui prononcent effectivement une occlusive glottale, pas en français standard).





greg a écrit:

Et pourquoi la liaison serait-elle un signe fort de la présence d'une voyelle alors que nos trois consonnes

          =    j
          =   ɥ
     oué   =   w

suivent volontiers d'autres consonnes ?

     vision, dix-huit, zouave
     tian, étui, toile
     niaise, nuire, noyer
     rien, ruine, roi
     puis, pied, point
     déduire, diable, doigt

Je n'ai pas compris ton raisonnement. Éponymie a produit "yeux" et "yéménite" comme deux mots commençant par la semi-consonne [j] (pourquoi pas) représentant tous les deux le phonème /j/ (d'après l'intention que je lui prête, il n'utilise pas les notations linguistiques). Pourquoi le premier provoque-t-il la liaison obligatoire après un article et pas le second ? Est-ce que yéménite a un h aspiré ? Je rappelle que c'est juste une observation, pas une théorie que je baserais sur ce seul fait.

Re : les diphtongues

A toute question dont nous parlons, j'ai cherché, je cherche et je chercherai une réponse sincère.

Une réponse sincère peut être erronée.
La sincérité n'a rien à voir ici.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

105 Dernière modification par éponymie (27-06-2012 20:54:37)

Re : les diphtongues

Je trouve que ça part un peu dans tous les sens et si je commence à répondre à tout ce qui appelle ou mérite réponse, on ne va plus s'en sortir. Je me concentre sur les semi-machins pour espérer retourner plus tard aux diphtongues.

C'est vrai que la doc francophone n'est pas idéale. Un extrait d'un de mes bouquins (la Prononciation du français, Monique et Pierre Léon). J'y ai mis en rouge les traits consonnantiques :

On appelle semi-consonnes ou semi-voyelles 3 phones dont l'articulation est plus fermée que celle des voyelles [i], [y], [u] qui leur correspondent. Elles ne sont pas aussi aussi ouvertes que ces voyelles mais elles ne sont pas aussi fermées que les consonnes constrictives dont elles ont un peu les bruits de friction.

Elles apparaissent lorsque [i], [y], [u] sont suivies d'une autre voyelle :

yod [j] est un  [i] très fermé médio-palatal ([pje])

[ɥ] est un  [y] très fermé dont l'articulation est plus vocalique que celle du yod et s'en différencie par la labialité ([lɥi])

digamma ou oué [w] est un  [u] très fermé postérieur, labial ([lwi])

Les semi-consonnes ne peuvent jamais être prononcées isolément comme les voyelles.

Certains phonologues appellent les semi-consonnes des glides du mot anglais signifiant glissement. Ce terme donne mieux l'idée de transition que celui de semi-consonne.

Donc les glides/semi-consonnes/semi-voyelles sont proches des

3 voyelles les plus fermées  [i], [y], [u] : celles qui ont l'aperture la plus réduite.

consonnes constrictives (ou fricatives) qui laissent passer l'air (au contraire des occlusives)

Mais le wikipedia italien est infiniment plus clair et nous donne une terminologie qui devrait déjà plus plaire à Jourdan. Traduction :

En phonétique articulatoire, une consonne approximante est une consonne, classée suivant son mode d'articulation. Elle est aussi parfois appelée semi-consonne ou semi-voyelle, s'agissant d'une phone à la limite entre l'articulation consonnantique et l'articulation vocalique.

Une consonne approximante est articulée en resserrant certains organes de la cavité buccale, en rapprochant lèvres ou langue, des dents, des alvéoles ou du palais.

Imaginons de prononcer des voyelles de plus en plus haut, c'est-à-dire en positionnant la langue toujours plus haut dans la bouche, à un certain moment la distance entre la bouche et le palais se réduit au point qu'un bruit de friction commence à se produire. En rehaussant encore la langue, nous arriverons à produire une consonne fricative (constrictive). De ce point de vue, l'articulation des sons qu'ils soient voyelles ou consonnes apparait un continuum dans lequel il est ardu de trouver une limite nette entre les premières et le secondes. C'est autour de cette limite que se situent les consonnes approximantes, produites avec les organes articulatoires très rapprochés mais pas autant qu'avec les constrictives (ou fricatives), de façon à ce que le passage de l'air ne produise quasiment aucune rumeur : les phones approximants tendent en effet à se confondre avec les voyelles.

[ … ]

Les consonnes approximantes sont toujours sonores (voisées), c'est-à-dire que leur production s'accompagne toujours de la vibration des cordes vocales; de plus ce sont des consonnes continues, prolongeables à volonté. Selon leur lieu d'articulation, elles sont réparties en labio-dentales, alvéolaires, rétroflexes [dessous de la langue vers la voute du palais, ce n'est pas pour nous], palatales et velaires.

Côté phonologie, je n'y relève qu'une toute petite phrase mais d'importance :

Il n'est pas toujours facile de trouver des phonèmes en se basant sur les paires minimales.

On se doute bien qu'avec nos approximantes, il est difficile de construire des paires minimales évidentes à l'écoute du style père/mère et donc les contrepéteux ne se précipiteront pas sur doigt/drap.

Ces consonnes sont également appelées spirantes et notre wikipédia national nous en donne la liste : on en recense 16. Attention : on signale ici que ces consonnes sont presque-toujours voisées (sonores).

Une première et très superficielle impression en cherchant avec paire minimales spirantes est qu'il est difficile de trouver ces paires minimales, ce qui ne veut pas dire que les oppositions n'existent pas bien entendu, mais il est ardu de trouver des oppositions sur la seule spirante (définition de la paire minimale).

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

106 Dernière modification par éponymie (27-06-2012 20:57:17)

Re : les diphtongues

Maintenant je vais re-relire tout ce qui a été dit sur les spirantes (c'est le terme que je préfère smile ) depuis le début de ce fil.

Une illustration avec légende pour l'interlude (désolé je n'ai pas la petite musique qui va bien).

CONSONNES points d'articulation

1    lèvres    (labiales)
2    dents    (dentales)
3    alvéoles (alvéolaires)
4    palais dur (pré-palatales)
5    palais dur médio-palatales
6    palais dur post-palatales
7    voile du palais (pré-vélaires)
8    voile du palais (post-vélaires)
9    luette ou uvula (uvulaires)
10    pharynx (pharyngales)
11    larynx    (laryngales)
12    glotte    (glottales)
13    apex de la langue (apicales - pré-dorsales)
14    dos de la langue (médio-dorsales)
15    racine    de la langue radicales (post-dorsales)


http://alis.isoc.org/glossaire/pho.consonnes.gif

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

107

Re : les diphtongues

Je suis tombé sur des paires minimales à écouter - très artificiellement fabriquées je suppose - pour 4 spirantes (dont les 3 du français, je ne sais pas si la première est une spirante) :

http://www.unil.ch/Jahia/site/ling/cach … 4EEF5.jvm1

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

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Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

A toute question dont nous parlons, j'ai cherché, je cherche et je chercherai une réponse sincère.

Une réponse sincère peut être erronée.
La sincérité n'a rien à voir ici.

Absolument, d'ailleurs le site de la SFU (et bien d'autres) sont sincères, apparemment. Curieusement, personne ne leur saute dessus en leur disant qu'ils sont peut-être dans l'erreur. Je répondais seulement aux accusations un peu hystériques de je ne sais plus qui (pardon, je fais aussi d'autres choses) disant que je me défilais. Je ne me défile jamais. Je réponds toujours, avec sincérité DANS MA RECHERCHE (pas seulement dans ma réponse).

109

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Je trouve que ça part un peu dans tous les sens et si je commence à répondre à tout ce qui appelle ou mérite réponse, on ne va plus s'en sortir. Je me concentre sur les semi-machins pour espérer retourner plus tard aux diphtongues.

Bravo, concentrons nous, et puis on retournera aux diphtongues, ce projet m'agrée complètement.

éponymie a écrit:

C'est vrai que la doc francophone n'est pas idéale. Un extrait d'un de mes bouquins (la Prononciation du français, Monique et Pierre Léon). J'y ai mis en rouge les traits consonnantiques :

On appelle semi-consonnes ou semi-voyelles 3 phones dont l'articulation est plus fermée que celle des voyelles [i], [y], [u] qui leur correspondent. Elles ne sont pas aussi aussi ouvertes que ces voyelles mais elles ne sont pas aussi fermées que les consonnes constrictives dont elles ont un peu les bruits de friction.

Elles apparaissent lorsque [i], [y], [u] sont suivies d'une autre voyelle :

yod [j] est un  [i] très fermé médio-palatal ([pje])

[ɥ] est un  [y] très fermé dont l'articulation est plus vocalique que celle du yod et s'en différencie par la labialité ([lɥi])

digamma ou oué [w] est un  [u] très fermé postérieur, labial ([lwi])

Les semi-consonnes ne peuvent jamais être prononcées isolément comme les voyelles.

Certains phonologues appellent les semi-consonnes des glides du mot anglais signifiant glissement. Ce terme donne mieux l'idée de transition que celui de semi-consonne.

Donc les glides/semi-consonnes/semi-voyelles sont proches des

3 voyelles les plus fermées  [i], [y], [u] : celles qui ont l'aperture la plus réduite.

consonnes constrictives (ou fricatives) qui laissent passer l'air (au contraire des occlusives)

C'est une introduction BIEN plus claire que celle de SFU, je trouve, elle ne cache d'ailleurs pas ses propres difficultés. Ce qui me plait c'est le terme de "phone", il situe clairement l'analyse sur le terrain phonétique. Reste à savoir quoi en faire au niveau phonologique ? L'ouvrage traite de ça plus loin ? Et avant de passer à ce stade, représente-t-il les glides dans tel ou tel tableau, tel ou tel trapèze ?

110 Dernière modification par éponymie (27-06-2012 23:59:22)

Re : les diphtongues

Jusqu'à présent je n'ai jamais vu les spirantes (glides) dans un trapèze vocalique. Toujours dans un tableau des consonnes mais dans ce livre, elles n'y sont pas intégrées.

Une partie du livre est consacrée à la phonologie et il signale - parce que le cas est rare - une magnifique paire minimale entre spirantes :

JUIN / JOINT

(je suis en train de travailler sur le /w/ et je ne l'avais pas trouvé)

Mais il n'en disent guère plus.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

111 Dernière modification par JOURDAN (27-06-2012 23:35:04)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Mais le wikipedia italien est infiniment plus clair et nous donne une terminologie qui devrait déjà plus plaire à Jourdan. Traduction :

En phonétique articulatoire, une consonne approximante est une consonne, classée suivant son mode d'articulation. Elle est aussi parfois appelée semi-consonne ou semi-voyelle, s'agissant d'une phone à la limite entre l'articulation consonnantique et l'articulation vocalique.

Une consonne approximante est articulée en resserrant certains organes de la cavité buccale, en rapprochant lèvres ou langue, des dents, des alvéoles ou du palais.

Imaginons de prononcer des voyelles de plus en plus haut, c'est-à-dire en positionnant la langue toujours plus haut dans la bouche, à un certain moment la distance entre la bouche et le palais se réduit au point qu'un bruit de friction commence à se produire. En rehaussant encore la langue, nous arriverons à produire une consonne fricative (constrictive). De ce point de vue, l'articulation des sons qu'ils soient voyelles ou consonnes apparait un continuum dans lequel il est ardu de trouver une limite nette entre les premières et le secondes. C'est autour de cette limite que se situent les consonnes approximantes, produites avec les organes articulatoires très rapprochés mais pas autant qu'avec les constrictives (ou fricatives), de façon à ce que le passage de l'air ne produise quasiment aucune rumeur : les phones approximants tendent en effet à se confondre avec les voyelles.

[ … ]

Les consonnes approximantes sont toujours sonores (voisées), c'est-à-dire que leur production s'accompagne toujours de la vibration des cordes vocales; de plus ce sont des consonnes continues, prolongeables à volonté. Selon leur lieu d'articulation, elles sont réparties en labio-dentales, alvéolaires, rétroflexes [dessous de la langue vers la voute du palais, ce n'est pas pour nous], palatales et velaires.

Côté phonologie, je n'y relève qu'une toute petite phrase mais d'importance :

Il n'est pas toujours facile de trouver des phonèmes en se basant sur les paires minimales.

On se doute bien qu'avec nos approximantes, il est difficile de construire des paires minimales évidentes à l'écoute du style père/mère et donc les contrepéteux ne se précipiteront pas sur doigt/drap.

Ces consonnes sont également appelées spirantes et notre wikipédia national nous en donne la liste : on en recense 16. Attention : on signale ici que ces consonnes sont presque-toujours voisées (sonores).

Une première et très superficielle impression en cherchant avec paire minimales spirantes est qu'il est difficile de trouver ces paires minimales, ce qui ne veut pas dire que les oppositions n'existent pas bien entendu, mais il est ardu de trouver des oppositions sur la seule spirante (définition de la paire minimale).

Eh bien je ne vois pas pourquoi ce texte italien (merci pour la traduction, je lis l'italien mais peut-être que c'est plus laborieux) me plairait ? Franchement j'ai préféré l'extrait précédent. Ca commence assez mal " une consonne approximante est une consonne..." bon ne soyons pas méchant. La longue discussion technico-phonétique ne nous apprend rien de plus, non vraiment, je préfère la première explication. Surtout qu'ici, la définition repart sur l'idée que ces choses sont forcément voisées, alors qu'on a vu que certains en voient des variétés non-voisées.

La petite phrase sur la "difficulté de trouver des phonèmes en se basant sur les paires minimales", c'est quoi ? Une réflexion de philosophie générale ? ou bien une remarque appliquée aux SC dans le contexte de cet article. Ca ressemble à une remarque que j'avais trouvé dans un cours (oui, bien un cours) de linguistique et qui disait à peu près : (titre) Le français standard : (texte du paragraphe) le français standard est une notion en réalité difficile à définir...

Comme je l'ai déjà affirmé plus haut, les paires minimales, c'est bien, mais ce n'est pas la SEULE méthode à appliquer pour trouver les phonèmes. C'est plutôt une méthode pour illustrer/vérifier leur bon fonctionnement. Je donnerai un exemple concret en reprenant la méthode de CAO pour illustrer l'invalidité de la méthode des paires minimales prise seule pour TROUVER un phonème. Par contre il reste vrai que, une fois les phonèmes trouvés, si les paires minimales ont du mal à apparaître, c'est gênant.

112

Re : les diphtongues

J'ai commencé ce message bien avant les dernières interventions de Jourdan auxquelles je réponds en partie à la fin.

Si je m'amuse avec le digamma à noter entre crochets les réalisations phonétiques possibles (je ne prétends pas être exhaustif) :

il cloua : [ilklua], [ilklwa]

il loua : [illua], [illwa]

trois : [trwa], [troa]

troua : [trua], [trwa]

boa : [boa], [bwa]

croate : [kroat], [krwat]

bois : [bwa], [boa]

ouate : [uat], [wat]

poil : [pwal]

poêle : [pual], [poal], [pwal]

Je suppose que dans la représentation phonologique il y a /wa/ seulement quand nous avons le diagramme oi (si c'est vérifié, un bon point pour notre convention d'écriture mais j'ai un doute pour poêle) et certaines prononciations de qu et gu. Dans tous les autres cas [wa] est allophone de /ua/ ou /oa/.

Et j'ai donc essayé de faire des paires minimales, en reprenant en partie ce qui a été fait plus haut :

aloi – alpha /alwa/ - /alfa/
arroi – arqua /arwa/ - /arka/
bois - bras /bwa/ - /bra/
doigt – drap /dwa/ - /dra/
kawa – kappa /kawa/ - /kapa/
oie – bas – cas – fa – las – ma – pas – ras – sa – tas – va /wa/ - /ba/ - etc.
poids – plat /pwa/ - /pla/

J'ai continué avec les autres voyelles :

bafoué – bafré /bafwe/ - /bafre/
bouée – blé /bwe/ - /ble/

mais ici, je me demande si je travaille avec /we/ ou avec /ue/. Stop.

couic – clic /kwik/ - /klik/
couine – clean /kwin/ - /klin/
twist – triste /twist/ - /triste/

J'ai aussi trouvé :

out – halte /awt/ - /alt/ un peu tiré par les cheveux
oint – bain – daim – faim – gain - lin – main – nain - pin – saint – teint – vin
oui – etc, etc.
watt – batte – datte – fat – latte- mat – natte – patte – rate  /wat/ - /bat/ - etc.


Remarques :

1)l'impression est toujours de faire une commutation voyelle-consonne, et c'est encore plus choquant si la consonne est une occlusive (/arwa/ - /arka/).
2)MAIS impossible de commuter avec une voyelle
3)Difficile de trouver des commutations le /w/ étant souvent précédé d'une consonne admettant difficilement d'être suivi d'une autre consonne, comme dans moi. Beaucoup de v, de l, etc.
4)impossible à faire avec /wu/, /wo/ (à moins que vous ne trouviez quelque chose pour squaw), /wy/

Très personnellement, la conclusion que j'en tire est que la méthode des paires minimales n'est pas  idéale pour démontrer l'existence du phonème /w/. Mais d'autres l'ont tirée avant moi smile, désolé, je relis le fil au fur et à mesure mais pris entre ce que j'ai envie de bien comprendre, ce que je trouve, ce à quoi j'ai envie de réagir, des choses m'échappent. Comme à tout le monde.

Quant à moi, je préfère l'explication italienne : elle ne vous apprendra rien de plus, je l'admets. Dit-elle quelque chose de faux ?

J'ai l'impression que vous préférez le texte français parce qu'il insiste plus sur l'aspect vocalique des glides. Au contraire de l'italien.

Dans une discussion de ce genre, je pars du principe que

1)pour être fructueuse – et en particulier sur un forum – elle devrait consister à formuler et reformuler, et illustrer, ce que l'on sait, que l'on croit savoir et que l'on découvre. Ce qui est du déjà vu pour l'un, ne l'est pas, ou pas de la même manière pour les autres.
2)Il y a bien plus de lecteurs que de contributeurs à une discussion, rien de plus déplaisant que d'avoir l'impression de lire une discussion entre spécialistes

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

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Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Jusqu'à présent je n'ai jamais vu les spirantes (glides) dans un trapèze vocalique. Toujours dans un tableau des consonnes mais dans ce livre, elles n'y sont pas intégrées.

Une partie du livre est consacrée à la phonologie et il signale - parce que le cas est rare - une magnifique paire minimale entre spirantes :

JUIN / JOINT

(je suis en train de travailler sur le /w/ et je ne l'avais pas trouvé)

Mais il n'en disent guère plus.

Oui, comme je l'ai montré dans mon article, les trapèzes vocaliques ne montrent (à 99%) que des voyelles stables. Il y a une sorte de tabou de montrer autre chose. A propos, si je reviens brièvement au site SFU, il parle un peu des consonnes affriquées du français canadien, mais évite totalement de mentionner les diphtongues bien connues du français canadien, et bien sûr de les représenter.... le tabou en action. Un comble sur un site canadien.

TRES bonne paire effectivement , à condition de l'utiliser à bon escient. Elle démontre que :

après la consonne /z/, phonème que personne ne discute en français (pardon ne n'ai pas le z qui va bien) les deux mots sont différents parce que soit :

i ils ont le même nombre de phonèmes, mais au moins un phonème différent :

mais l'opposition elle-même ne nous livre pas le nombre de leurs phonèmes

ii ils n'ont pas le même nombre de phonèmes

dans ce cas non-plus l'opposition à elle toute seule ne nous dit pas quel phonème serait en plus ou en moins

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Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

J'ai commencé ce message bien avant les dernières interventions de Jourdan auxquelles je réponds en partie à la fin.

Si je m'amuse avec le digamma à noter entre crochets les réalisations phonétiques possibles (je ne prétends pas être exhaustif) :

il cloua : [ilklua], [ilklwa]

il loua : [illua], [illwa]

trois : [trwa], [troa]

troua : [trua], [trwa]

boa : [boa], [bwa]

croate : [kroat], [krwat]

bois : [bwa], [boa]

ouate : [uat], [wat]

poil : [pwal]

poêle : [pual], [poal], [pwal]

Je suppose que dans la représentation phonologique il y a /wa/ seulement quand nous avons le diagramme oi (si c'est vérifié, un bon point pour notre convention d'écriture mais j'ai un doute pour poêle) et certaines prononciations de qu et gu. Dans tous les autres cas [wa] est allophone de /ua/ ou /oa/.

Et j'ai donc essayé de faire des paires minimales, en reprenant en partie ce qui a été fait plus haut :

aloi – alpha /alwa/ - /alfa/
arroi – arqua /arwa/ - /arka/
bois - bras /bwa/ - /bra/
doigt – drap /dwa/ - /dra/
kawa – kappa /kawa/ - /kapa/
oie – bas – cas – fa – las – ma – pas – ras – sa – tas – va /wa/ - /ba/ - etc.
poids – plat /pwa/ - /pla/

J'ai continué avec les autres voyelles :

bafoué – bafré /bafwe/ - /bafre/
bouée – blé /bwe/ - /ble/

mais ici, je me demande si je travaille avec /we/ ou avec /ue/. Stop.

couic – clic /kwik/ - /klik/
couine – clean /kwin/ - /klin/
twist – triste /twist/ - /triste/

J'ai aussi trouvé :

out – halte /awt/ - /alt/ un peu tiré par les cheveux
oint – bain – daim – faim – gain - lin – main – nain - pin – saint – teint – vin
oui – etc, etc.
watt – batte – datte – fat – latte- mat – natte – patte – rate  /wat/ - /bat/ - etc.


Remarques :

1)l'impression est toujours de faire une commutation voyelle-consonne, et c'est encore plus choquant si la consonne est une occlusive (/arwa/ - /arka/).
2)MAIS impossible de commuter avec une voyelle
3)Difficile de trouver des commutations le /w/ étant souvent précédé d'une consonne admettant difficilement d'être suivi d'une autre consonne, comme dans moi. Beaucoup de v, de l, etc.
4)impossible à faire avec /wu/, /wo/ (à moins que vous ne trouviez quelque chose pour squaw), /wy/

Très personnellement, la conclusion que j'en tire est que la méthode des paires minimales n'est pas  idéale pour démontrer l'existence du phonème /w/. Mais d'autres l'ont tirée avant moi smile, désolé, je relis le fil au fur et à mesure mais pris entre ce que j'ai envie de bien comprendre, ce que je trouve, ce à quoi j'ai envie de réagir, des choses m'échappent. Comme à tout le monde.

Quant à moi, je préfère l'explication italienne : elle ne vous apprendra rien de plus, je l'admets. Dit-elle quelque chose de faux ?

J'ai l'impression que vous préférez le texte français parce qu'il insiste plus sur l'aspect vocalique des glides. Au contraire de l'italien.

Dans une discussion de ce genre, je pars du principe que

1)pour être fructueuse – et en particulier sur un forum – elle devrait consister à formuler et reformuler, et illustrer, ce que l'on sait, que l'on croit savoir et que l'on découvre. Ce qui est du déjà vu pour l'un, ne l'est pas, ou pas de la même manière pour les autres.
2)Il y a bien plus de lecteurs que de contributeurs à une discussion, rien de plus déplaisant que d'avoir l'impression de lire une discussion entre spécialistes

Travail très intéressant, honnêtement je ne pensais pas qu'on pouvait aller si loin, en trouver tant. Vous faites gratuitement le travail qu'aurait dû faire le prof de la SFU sur son site... Je vais le relire plusieurs fois.

Je préfère le texte français car il est synthétique, il explique bien comment le glide se situe, du point de vue de la prononciation, à mi-chemin. Le texte italien, pour moi, va bien trop loin dans la description, à la limite de la subjectivité. Je ne préfère pas que les glides soient plus des voyelles ou des consonnes, ça m'est égal. Ce qui m'importe, c'est de travailler logiquement, comme j'en ai déjà parlé : on ne peut pas tantôt les considérer comme des variantes de phonèmes, et tantôt comme des phonèmes distincts.

115

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

Oui, comme je l'ai montré dans mon article, les trapèzes vocaliques ne montrent (à 99%) que des voyelles stables. Il y a une sorte de tabou de montrer autre chose.

Quand je dis que vous semblez avoir une très fortes propension à ranger les glides dans les voyelles. C'est scientifique de partir avec un tel présupposé ? Je taquine.

JOURDAN a écrit:

TRES bonne paire effectivement , à condition de l'utiliser à bon escient. Elle démontre que :

après la consonne /z/, phonème que personne ne discute en français (pardon ne n'ai pas le z qui va bien) les deux mots sont différents parce que soit :

1) ils ont le même nombre de phonèmes, mais au moins un phonème différent : mais l'opposition elle-même ne nous livre pas le nombre de leurs phonèmes

2) ils n'ont pas le même nombre de phonèmes, dans ce cas non-plus l'opposition à elle toute seule ne nous dit pas quel phonème serait en plus ou en moins

TRES intéressant. Parce qu'entre la consonne et la voyelle nasale, et en français dit standard, vous avez l'impression qu'il peut y avoir un nombre de phonèmes différents d'un mot à l'autre.

Je vous livre cette série :

GEINT (verbe geindre) - JUIN - JOINT - JOVIEN - JULIEN

Donnez-moi, quand vous estimez pouvoir le faire, votre transcription phonologique et dites-moi, qiuand vous ne le faites pas, pourquoi vous ne le faites pas.

Vous pouvez copier le caractère Ʒ, ce epsilon n'est pas tildé mais vous pouvez l'utiliser aussi : έ

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

116

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

Travail très intéressant, honnêtement je ne pensais pas qu'on pouvait aller si loin, en trouver tant. Vous faites gratuitement le travail qu'aurait dû faire le prof de la SFU sur son site... Je vais le relire plusieurs fois.

Profitez, usez et abusez, c'est gratuit. J'aurais plutôt eu l'impression que vous saviez déjà tout des commutations possibles avec les spirantes.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

117

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Quand je dis que vous semblez avoir une très fortes propension à ranger les glides dans les voyelles. C'est scientifique de partir avec un tel présupposé ? Je taquine.

Non, je jure que c'est la première fois de ma vie que je propose de mettre des glides dans un trapèze des voyelles, par contre oui dans mon article, je me demande extensivement pourquoi on n'y rencontre pas plus souvent des diphtongues ??? Les profs de linguistique ne sont pas censés enseigner seulement le français - qui n'en compte plus, elles ont toutes disparues, l'ancien français en avait énormément, mais elles se sont mangées entre elles, comme les dinosaures...etc. - mais n'importe quelle langue, n'est-ce pas. Comme il y a des langues qui comprennent des diphtongues (je crois), est-ce que les profs ne devraient pas les présenter ?

Autre idée, tant qu'à faire, s'ils les présentaient phonétiquement, ils pourraient continuer en montrant (toujours dans l'absolu) comment elles se manifesteraient. Je veux dire un exercice du genre (on va le suggérer à SFU) : soit une langue qui aurait des diphtongues, au sens phonologique, des "unités vocaliques" qui auraient la propriété d'être des bien des phonèmes de la langue, mais qui du point de vue phonétique, donneraient une impression d'instabilité, de dualité, etc.

IMAGINEZ où, quand et comment, ces phonèmes apparaitraient ? Vous avez une heure et puis je ramasse les copies.

118

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:
JOURDAN a écrit:

Travail très intéressant, honnêtement je ne pensais pas qu'on pouvait aller si loin, en trouver tant. Vous faites gratuitement le travail qu'aurait dû faire le prof de la SFU sur son site... Je vais le relire plusieurs fois.

Profitez, usez et abusez, c'est gratuit. J'aurais plutôt eu l'impression que vous saviez déjà tout des commutations possibles avec les spirantes.

Comme je l'ai déjà dit, la commutation est une fausse bonne méthode. Mais j'étudierai en détail votre liste, j'ai déjà dit que les profs ne faisaient pas leur boulot. Moi, je suis comme vous, bénévole, donc on ne peut pas me reprocher de ne pas avoir fait ci ou ça. Si je suis sur ce forum, c'est pour progresser.

119

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:
JOURDAN a écrit:

TRES bonne paire effectivement , à condition de l'utiliser à bon escient. Elle démontre que :

après la consonne /z/, phonème que personne ne discute en français (pardon ne n'ai pas le z qui va bien) les deux mots sont différents parce que soit :

1) ils ont le même nombre de phonèmes, mais au moins un phonème différent : mais l'opposition elle-même ne nous livre pas le nombre de leurs phonèmes

2) ils n'ont pas le même nombre de phonèmes, dans ce cas non-plus l'opposition à elle toute seule ne nous dit pas quel phonème serait en plus ou en moins

TRES intéressant. Parce qu'entre la consonne et la voyelle nasale, et en français dit standard, vous avez l'impression qu'il peut y avoir un nombre de phonèmes différents d'un mot à l'autre.

Je vous livre cette série :

GEINT (verbe geindre) - JUIN - JOINT - JOVIEN - JULIEN

Donnez-moi, quand vous estimez pouvoir le faire, votre transcription phonologique et dites-moi, qiuand vous ne le faites pas, pourquoi vous ne le faites pas.

J'ai compris en voyant votre message 45 - que je cite ci-dessous - ce que vous vouliez dire (ce qui ne vous dispense pas de répondre à ma question).

Phonologie de l'anglais pour que l'on s'y retrouve : chip /tʃɪp/ - trip /trɪp/ - cheap /tʃiːp/ - sheep /ʃiːp/

JOURDAN a écrit:

je reviens sur les commutations : une "commutation" à elle seule ou même une petite série ne peuvent pas prouver l'existence d'un phonème. Quand j'ai pris cheap et sheep et que je dis que ça parait commuter, ce qui de fait pourrait étonner une oreille francophone, la plupart des linguistes me donneront raison car ils s'accordent à considérer le son [tch] de cheap comme représentant un seul phonème en anglais, donc c'est un coup de bol (ou j'ai choisi cette paire minimale car je connaissais un peu la phonologie de l'anglais...).

Supposons au contraire que j'aie pris (de bonne foi) chip et trip comme cobayes (car ils ont une bonne tête, à l'oreille, de paire minimale, non ?). Je pourrais en déduire qu'entre ces deux mots il y une commutation entre le 2ème son [ch] du premier, et le 2ème son [r] du second. Je serais encouragé à le penser car le son [ch] existe d'ailleurs en anglais et bien sûr j'aurais en plus la confirmation d'avoir le son [t] représentant le phonème tout à fait établi /t/ de l'anglais. Malheureusement cette "commutation" ne prouverait ni qu'il y a 4 phonèmes dans chip (comme dans trip) ni que l'un deux est un /ch/ comme dans ship (avec lequel je serais aussi fortement tenté de le comparer).

C'est pourquoi la commutation phonétique [wazo] / [nazo] ne prouve pas qu'il y a 4 phonèmes dans oiseau, ni que l'un d'eux est un /a/ comme dans /nazo/ et que l'autre est la même consonne qu'on a dans les water....

Une fois qu'on a l'inventaire phonétique d'une langue, on peut l'illustrer par des paires minimales, mais tant qu'on n'a pas cette liste magique, on peut toujours former des paires mais sont-elles minimales ? Je pense qu'il y a une ambiguïté pédagogique dans la plupart des manuels à ce sujet du POUVOIR des paires mini pour découvrir les phonèmes d'une langue.

La réalité phonologique des phonèmes supposés par les commutations ne commence à prendre corps que lorsque ces phonèmes trouvent une place logique dans un TABLEAU d'oppositions. C'est pourquoi Martinet résout le problème posé par chip:ship:trip ou cheap:sheep en recourant à l'analyse de ce qui se passe dans :  Jeep.

Et si, plutôt que de vouloir à toute force nous orienter vers la conclusion que les glides forment un seul phonème (ou une diphtongue) avec la voyelle qui suit (parce que c'est l'impression que vous donnez), vous acceptiez de faire comme si un glide est bien un phonème distinct ?

Jusqu'à ce que l'on trouve éventuellement le cas qui tue. Donnez-nous donc la méthode complémentaire de celle des paires minimales, qui pèche effectivement pour les glides/spirantes/semi-consonnes/semi-voyelles/consonnes approximantes (je suis arrivé à cette conclusion de mon côté).

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

120 Dernière modification par JOURDAN (28-06-2012 23:05:15)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

TRES intéressant. Parce qu'entre la consonne et la voyelle nasale, et en français dit standard, vous avez l'impression qu'il peut y avoir un nombre de phonèmes différents d'un mot à l'autre.

Je n'ai pas "l'impression", c'est une donnée de départ entre paires minimales : sont paires minimales deux mots qui ne diffèrent que par un phonème, cette "différence" pouvant être en fait une absence, c'est dans les bouquins je pense (mais les profs hâtifs oublient quelquefois d'en parler)

Donc quand on rencontre une "supposée" paire, il faut prendre en compte cette hypothèse.

éponymie a écrit:

Je vous livre cette série :

GEINT (verbe geindre) - JUIN - JOINT - JOVIEN - JULIEN

Donnez-moi, quand vous estimez pouvoir le faire, votre transcription phonologique et dites-moi, qiuand vous ne le faites pas, pourquoi vous ne le faites pas.

Vous pouvez copier le caractère Ʒ, ce epsilon n'est pas tildé mais vous pouvez l'utiliser aussi : έ

Merci, je ne ferai que Geint-joint, je vous laisse faire les autres vous-même, il faut aussi que je sorte mes poubelles...

Geint parait simple, tout le monde sera d'accord pour y voir deux phonèmes : /Ʒέ/ mot qui forme aisément des paires minimales avec : jonc, je, jeu, geai, gens, joue, etc. etc. (un mot court doit normalement produire assez facilement tout un tas de "pairs", en substituant une voyelle, y compris des homophones : la joue et je joue, c'est typique)

Maintenant prenons joint, si j'y isole la voyelle nasale [έ] parce que j'entends le même son, autrement dit que je l'écrit : [Ʒxέ] alors il apparaît (pince mi et pince moi...) un "son" x que je serai amener à comparer à celui que j'entends dans "joie" notée [Ʒwa]. Pourquoi pas, si c'était prouvé que joie a un phonème /w/....ça serait une bonne piste, et j'aurais une paire minimale, fondée sur l'absence/présence (intercalée) d'un phonème supplémentaire, ce qui revient d'ailleurs à une commutation avec 0.

Mais bien sûr ce ne serait pas du bon travail phonologique, si on s'en tenait là, il faut aussi considérer l'autre possibilité, que joint n'aurait pas de phonèmes supplémentaires par rapport à geint. En effet, si vous voulez isoler les phonèmes, vous ne pouvez les compter AVANT de les avoir isolés. Cela ferait penser trop à la police qui arrête quelquefois les suspects parce qu'elle sait déjà qu'ils sont coupables n'est-ce pas ? Je ne trouve pas de meilleur exemple, imaginez voyons, que vous vouliez compter les mots en russe, en écoutant des gens qui parlent russe, eh bien tant que vous n'auriez pas appris le russe, vous ne pourriez pas les compter, et pour apprendre le russe (sans bouquin), on va vous séparer les mots. Je ne sais pas si c'est meilleur ?

Donc, l'autre possibilité, c'est que joint serait [Ʒx], deux phonèmes, notre consonne de geint et un phonème complexe.

Qu'est-ce qui va départager les deux hypothèses alors maintenant ?

Eh bien c'est la vraisemblance des deux cas, si on les replace dans la morphologie de la langue en question, et les autres tests dont j'ai déjà parlés, y compris les contrepèteries.

Par exemple on prend n'importe quel mot qui contient [wέ] et on cherche quelle commutation est plus facile, notamment s'il y a des mots la même famille, en coupant entre le [w] et le [έ] ou en prenant les deux comme un bloc ?

Je prends pointe : [p(wέ)t] et je constate qu'il commute très facilement avec des mots de tous les jours : patte, pote (argot), pute, ponte, pente, pète, bon ça me suffit

En coupant entre le supposé /w/ et le connu /έ/ (mais qui n'augmente pas la probabilité de l'analyse, comme on l'a vu en anglais), je m'aperçois alorsque j'ai LE PLUS GRAND mal à remplacer la voyelle nasale par une autre voyelle pour obtenir quoi que ce soit de français. En substituant au [w] une autre consonne, c'est vrai que j'obtiens les homophones plainte = plinthe, rien d'autre en vue toutefois.

Maintenant j'ouvre mon Littré, et c'est vrai que pour pointe, il ne donne que des équivalents dans d'autres langues latines (qui seraient à analyser, je n'ai pas le temps aujourd'hui, je remarque très vite que là où nous cherchons ce que nous entendons, ils ont en général une voyelle et une consonne nasale....quand on a une telle paire dans une langue latine, que trouve-t-on en général en français au même endroit ?) mais le mot très proche "point" est intéressant et Littré nous en donne une version dialectale, en wallon, sous la graphie "pont" (à interpréter comme [pont] ? surement plutôt comme [põt] ou même très probablement comme [põ], Littré notant "à la française", avec des lettres qui ne se prononcent pas). Ce "pont" me dit que dans un autre dialecte de la langue d'oil, ce son complexe du français n'est représenté dans le cognat que par une banale voyelle nasale, apparemment...

Allez un troisième mot, pour la route : foin. De mon expérience personnelle en milieu rural (ça veut dire à la campagne en langage savant) je sais que ceux qui font les foins... fanent, chose inconnue des urbains, qui ne voient se faner que les fleurs en vase, les pauvres. Autrement dit, je constate que dans ces deux mots de la même famille (j'ai vérifié) et tous deux populaires (car je me méfie des mots latins déguisés en français) on a dans l'un une voyelle et une consonne nasale, ce qu'on trouvait dans l'espagnol ou l'italien tout à l'heure, exactement là où j'ai mon complexe [glide+nasale] à analyser en français...je remarque en passant que le picard a "fein" (merci Littré), c'est l'écriture bien sûr, mais quelle est sa prononciation ? Je ne trouve une forme en [fw] nulle part allieurs qu'en français car pour tout dire, toute les autres langues romanes ont des mots [fVn], sans nul [fwVn] ou [fuVn]

Conclusion provisoire pour geint-joint : j'ai affaire à une paire minimale, CV dans les deux cas, la voyelle de geint est nasale, la voyelle de joint est relativement exotique : une diphtongue nasalisée (qui s'adjoindra naturellement aux autres diphtongues (pensez au canadien si vous n'en connaissez pas d'autre, pour le moment) du français, et aux autres nasales.

En procédant de la même manière et de proche en proche, sans découpage préconçu, et en voyant au cours d'une synthèse  progressive (prenant en compte tout ce dont j'ai parlé) quelles sont les hypothèses les plus "économiques", celles qui exigent le moins d'ajustements ad hoc, c'est comme ça qu'on finit par extraire la panoplie des phonèmes d'une langue, selon les principes posés au départ par la phonologie (la technique immédiate de la "paire minimale qui donne la réponse", comme dans certains sites, n'en étant qu'une version mal assimilée).

Par exemple, si ma démonstration ne mène qu'à une seule diphtongue nasalisée en français, c'est lourd et couteux, il faudra faire une colonne de tableau rien que pour elle, etc. mais s'il y en a plusieurs, alors on est dans un système logique. Naturellement, il faudra tenir compte aussi du coût, en lui même, d'une telle voyelle complexe, comparé au très simple /w/.

121

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Et si, plutôt que de vouloir à toute force nous orienter vers la conclusion que les glides forment un seul phonème (ou une diphtongue) avec la voyelle qui suit (parce que c'est l'impression que vous donnez), vous acceptiez de faire comme si un glide est bien un phonème distinct ?

Si vous avez cette impression, elle est très mauvaise. C'est un site comme SFU (et tous les autres) qui "veulent à toute force" vous faire croire qu'il font une analyse.

Moi je vous montre comment on fait la VRAIE analyse phonologique, je l'ai apprise de CAO notamment. C'est LEUR analyse qui ne mène qu'à un seul résultat. La mienne ne veut pas "à toute force vous orienter" etc. puisque la mienne mène à DEUX résultats....

Ensuite, il y a une phase d'appréciation, à vous de voir.

122

Re : les diphtongues

Pour étoffer la liste d'éponymie :

fwɛ̃               foin
fʁɛ̃                frein

lwɛ̃               loin
ljɛ̃                 lien

swa              soie
ska               ska
spa               spa

sɥi                suie
ski                ski
spi                spi

wi                 oui
ɥi                  huis
ʒi                  gît
gi                  gui
li                   lit

ɑ̃·fwi            enfoui
ɑ̃·fɥi            enfui

bʁa·je         brailler
bʁa·de        brader
bʁa·me       bramer
bʁa·ve        braver
bʁa·ke        braquer


JOURDAN a écrit:

Je ne renonce pas à rendre compte, je suis conscient que la linguistique est une science structurale, pas une science exacte. Je n'esquive rien, je n'ai pas de posture. Regardez vous plutôt, plusieurs à qui je réponds, qui m'attaquez à bras raccourcis. Mes articles, ou mes posts, ne sont pas des attaques. C'est vous qui attaquez sans cesse, et c'est ça qui vous donne une impression d'esquive. A toute question dont nous parlons, j'ai cherché, je cherche et je chercherai une réponse sincère. Et je le fais sans parler des personnes, autant que faire se peut, je ne parle que des phrases, des sites, etc.

Si, si — tu renonces : message 46 tu disais que « dans la langue il ne faut pas tout chercher à expliquer ».

Mais message 35 : « Bien sûr que c'est [ LA LINGUISTIQUE ] une discipline différente des maths, je fais des maths et de la physique à mes heures perdues [...], mais elle essaie tout de même d'être une science. Si son projet était de ne PAS être une science, où irait-elle ? » À rapprocher du « rôle subliminal » joué par le <h> graphique et télépathe → 3e réponse du message 46.

Personne ne doute de ta sincérité et, comme P'tit prof le faisait remarquer, ce n'est même pas le problème. Quant aux erreurs (étourderie, méthode, concepts...), c'est le lot commun de tous ceux qui se frottent à l'étude de la langue et du discours. Bref, ce n'est pas le problème non plus. D'autant que le point vue que tu soutiens n'est ni vrai ni faux : il est simplement, et dans une certaine mesure, partagé par d'autres (dont Martinet) qui considèrent et oué comme de simples allophones des monophtongues associées — c'est-à-dire comme des non-phonèmes = des phones. Le cas de est spécial : il serait alternativement phonème et non-phonème...

Si la contradiction te paraît vive, c'est sans doute que tu seras tombé sur un marronier de la phonématique. Les tartes à la crème envoyées et reçues se croisent à une cadence inversement proportionnelle au carré de l'étendue des certitudes "scientifiques"...

Pour en revenir à ce dont éponymie et toi discutiez juste un peu plus haut, il ne faut certes pas confondre la commutation avec l'opposition : deux phonèmes clairement distingués peuvent ne jamais commuter. Pour ceux des francophones qui distinguent les nasales /œ̃/ et /ɛ̃/, l'occasion de manifester cette opposition ne se présente pas tous les jours.

123 Dernière modification par JOURDAN (28-06-2012 04:03:49)

Re : les diphtongues

greg a écrit:

Pour étoffer la liste d'éponymie :

fwɛ̃               foin
fʁɛ̃                frein

lwɛ̃               loin
ljɛ̃                 lien

swa              soie
ska               ska
spa               spa

sɥi                suie
ski                ski
spi                spi

wi                 oui
ɥi                  huis
ʒi                  gît
gi                  gui
li                   lit

ɑ̃·fwi            enfoui
ɑ̃·fɥi            enfui

bʁa·je         brailler
bʁa·de        brader
bʁa·me       bramer
bʁa·ve        braver
bʁa·ke        braquer

Si, si — tu renonces : message 46 tu disais que « dans la langue il ne faut pas tout chercher à expliquer ».

Mais message 35 : « Bien sûr que c'est [ LA LINGUISTIQUE ] une discipline différente des maths, je fais des maths et de la physique à mes heures perdues [...], mais elle essaie tout de même d'être une science. Si son projet était de ne PAS être une science, où irait-elle ? » À rapprocher du « rôle subliminal » joué par le <h> graphique et télépathe → 3e réponse du message 46.

Personne ne doute de ta sincérité et, comme P'tit prof le faisait remarquer, ce n'est même pas le problème. Quant aux erreurs (étourderie, méthode, concepts...), c'est le lot commun de tous ceux qui se frottent à l'étude de la langue et du discours. Bref, ce n'est pas le problème non plus. D'autant que le point vue que tu soutiens n'est ni vrai ni faux : il est simplement, et dans une certaine mesure, partagé par d'autres (dont Martinet) qui considèrent et oué comme de simples allophones des monophtongues associées — c'est-à-dire comme des non-phonèmes = des phones. Le cas de est spécial : il serait alternativement phonème et non-phonème...

Si la contradiction te paraît vive, c'est sans doute que tu seras tombé sur un marronier de la phonématique. Les tartes à la crème envoyées et reçues se croisent à une cadence inversement proportionnelle au carré de l'étendue des certitudes "scientifiques"...

Pour en revenir à ce dont éponymie et toi discutiez juste un peu plus haut, il ne faut certes pas confondre la commutation avec l'opposition : deux phonèmes clairement distingués peuvent ne jamais commuter. Pour ceux des francophones qui distinguent les nasales /œ̃/ et /ɛ̃/, l'occasion de manifester cette opposition ne se présente pas tous les jours.

NON, définitivement, je ne renonce jamais. Si j'écris qu'on ne peut pas tout expliquer, c'est parce qu'on ne peut pas tout expliquer, en phonologie, notamment parce que tous les jours des nouveaux emprunts bouleversent le statu-quo, et bien sûr parce que le temps produit le vieillissement de nombreux faits de langue. Le français étant typiquement bourré d'archaïsmes, la liaison obligatoire notamment étant nettement une survivance localisée d'une situation plus ancienne.

Je cite Martinet quand je suis AU MOINS PARTIELLEMENT d'accord avec lui, je ne partage ou ne cautionne pas tout ce qu'il enseigne. Martinet est remarquablement peu disert sur les diphtongues, et la manière de les repérer, je l'ai déjà dit. La contradiction ne me dérange pas, je prie juste mes contradicteurs de ne pas me faire de procès, ni d'intention ("je suppose que tu vas dire çi ou ça", ni d'ignorance (rigueur, apprendre à lire). Ou des analyses para-psychanalitiques avec des "À rapprocher du « rôle subliminal » joué par le <h> graphique et télépathe → 3e réponse du message 46."

Deux phonèmes qui s'opposent sans jamais commuter. Je pense que Jamais est exagéré, mais il y a certes des cas limite, la confusion de ces deux nasales en français "standard" est citée en exemple un peu partout. Personnellement, je la "manifeste" tous les lundis, et bien plus souvent dans l'article indéfini. Pour moi, elle n'est pas caractéristique du français standard, mais plutôt des français qui se déstandardisent (avec pertes d'oppositions bien plus centrales qui ne font pourtant pas l'objet d'une page de cours). Mais c'est vrai que tout système phonologique a des parties moribondes, probablement. Je commenterai ta liste en même temps que celle d'Eponymie, j'espère.

124

Re : les diphtongues

Merci pour avoir étoffé la liste.

greg a écrit:

Pour en revenir à ce dont éponymie et toi discutiez juste un peu plus haut, il ne faut certes pas confondre la commutation avec l'opposition : deux phonèmes clairement distingués peuvent ne jamais commuter. Pour ceux des francophones qui distinguent les nasales /œ̃/ et /ɛ̃/, l'occasion de manifester cette opposition ne se présente pas tous les jours.

Donc la recherche des paires minimales n'est pas la méthode pour distinguer les phonèmes, donc dire que ça n'est pas très efficace pour les spirantes n'est en rien un argument pour avancer que les spirantes ne sont que des phones et non des phonèmes.

J'espère avoir compris.

Et comme je n'ai aucune certitude bien que je tente d'assimiler et d'employer correctement le vocabulaire classique en usage, il y aura encore pour un certain temps des escadrilles de tartes à la crème en vol. Je ne sais pas si je vais pouvoir participer aussi intensément dans les 2 jours qui viennent mais je vais continuer à tout lire attentivement (je connais le fil presque par cœur smile )

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

125 Dernière modification par JOURDAN (29-06-2012 00:15:54)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Donc la recherche des paires minimales n'est pas la méthode pour distinguer les phonèmes, donc dire que ça n'est pas très efficace pour les spirantes n'est en rien un argument pour avancer que les spirantes ne sont que des phones et non des phonèmes.


D'après moi, la commutation, c'est comme la soufflerie où on met la maquette. Avant la construction de l'avion (le système phonologique), c'est une méthode centrale mais pas la seule (elle ne peut pas donner d'indication sur la résistance des matériaux et a fortiori, sur le comportement du train, puiqu'on n'atterrit pas en soufflerie...). Après la construction de l'avion, on peut toujours s'y référer, montrer la circulation des filets d'air colorés autour du profil, aux visiteurs passionnés d'aviation. Et leur dire que c'est comme ça qu'on a construit le zinc, mais en réalité, ce n'est pas vrai bien sûr. Les secrets des ingénieurs ne sont pas dans la maquette. Le génie de la langue n'est pas pas les commutations pour étudiants de première année.

Maintenant votre "contre raisonnement". Vous avez oublié d'intégrer qu'il y a une BONNE méthode des commutations, et une mauvaise méthode des commutations.

La bonne méthode, qui consiste à faire commuter des phonèmes putatifs en restant conscient "en amont" que si on cherche où sont les phonèmes, on ne peut pas connaitre leur nombre à l'avance. Cette méthode là donne PLUSIEURS résultats, à évaluer par d'autres critères. Elle ne peut donc servir à construire d'un côté et à démolir d'un autre. Elle OFFRE des possiblités. Elle ne peut servir à nier les spirantes.

La mauvaise méthode, celle qui est illustrée dans le site de la SFU par exemple, consiste à faire croire que les commutations DONNENT les phonèmes. Ceux qui l'emploieront construiront ou détruiront exactement les phonèmes qu'ils ont eu le projet de construire ou de détruire, même inconsciemment, par leur prédécoupage phonétique en particulier.

126

Re : les diphtongues

Dès que j'ai une longue soirée disponible, je relis votre message 120 et applique votre méthode ou ce que j'en aurai compris. Nous verrons bien. A plus tard donc.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

127 Dernière modification par JOURDAN (29-06-2012 01:14:54)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

J'ai commencé ce message bien avant les dernières interventions de Jourdan auxquelles je réponds en partie à la fin.


il cloua : [ilklua], [ilklwa]

il loua : [illua], [illwa]

trois : [trwa], [troa]

troua : [trua], [trwa]

boa : [boa], [bwa]

croate : [kroat], [krwat]

bois : [bwa], [boa]

ouate : [uat], [wat]

poil : [pwal]

poêle : [pual], [poal], [pwal]

Je suppose que dans la représentation phonologique il y a /wa/ seulement quand nous avons le diagramme oi (si c'est vérifié, un bon point pour notre convention d'écriture mais j'ai un doute pour poêle) et certaines prononciations de qu et gu. Dans tous les autres cas [wa] est allophone de /ua/ ou /oa/.

Ce que je crois comprendre dans votre phrase, c'est que vous observez un comportement spécial des mots qui sont écrits <oi> (ou quelquefois <oe>). C'est très bien, même si je ne vois pas bien comment. La même notation phonétique pour bois et pour boa montre la limite de cette technique descriptive.

En tout cas je peux pas être d'accord avec la fin de votre phrase : un allophone ne peut être allophone que d'un seul phonème, pas d'une paire de phonèmes.

128 Dernière modification par JOURDAN (29-06-2012 00:54:25)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Et j'ai donc essayé de faire des paires minimales, en reprenant en partie ce qui a été fait plus haut :

aloi – alpha /alwa/ - /alfa/
arroi – arqua /arwa/ - /arka/
bois - bras /bwa/ - /bra/
doigt – drap /dwa/ - /dra/
kawa – kappa /kawa/ - /kapa/
oie – bas – cas – fa – las – ma – pas – ras – sa – tas – va /wa/ - /ba/ - etc.
poids – plat /pwa/ - /pla/

Très bon travail. Bon, alpha est un mot savant, kawa et kappa aussi sont exotiques, mais dans l'ensemble, c'est excellent. Maintenant sont-ce des paires minimales ? La réponse est  : oui, s'ils ne diffèrent que par un phonème, à la même place qu'un autre, ou en plus ou en moins. Mais rappelez vous, on ne peut pas compter les phonèmes avant de les avoir établis. Si vous "décidez à l'avance" que "oie" a deux phonèmes, comme "ma", vous "injectez" la réponse dans votre question. C'est comme si vous posiez comme paire minimale, je l'ai déjà dit : chip et trip, ce qui vous amènera inévitablement à faire surgir un [t] dans chip, ce qui est vrai d'ailleurs, je ne dis pas que le raisonnement est faux, je dis qu'il est incomplet. Arrivé là, soit chip a son [t] qui représente un phonème /t/ (comme trip), soit chip et trip n'étaient pas en réalité une paire minimale, parce qu'ils n'ont pas le même nombre de phonèmes.

éponymie a écrit:

J'ai continué avec les autres voyelles :

bafoué – bafré /bafwe/ - /bafre/
bouée – blé /bwe/ - /ble/

mais ici, je me demande si je travaille avec /we/ ou avec /ue/. Stop.

Euh ? Evitez d'employer ces notations phonologiques, ça me donne de l'urticaire, merci.

éponymie a écrit:

couic – clic /kwik/ - /klik/
couine – clean /kwin/ - /klin/
twist – triste /twist/ - /triste/

Oui, c'est cool, comme disait ma grand-mère.

éponymie a écrit:

J'ai aussi trouvé :

out – halte /awt/ - /alt/ un peu tiré par les cheveux

really?

éponymie a écrit:

oint – bain – daim – faim – gain - lin – main – nain - pin – saint – teint – vin
oui – etc, etc.
watt – batte – datte – fat – latte- mat – natte – patte – rate  /wat/ - /bat/ - etc.

Très bien, ces commutations sont bonnes, si ce sont des paires minimales.

éponymie a écrit:

Remarques :

1)l'impression est toujours de faire une commutation voyelle-consonne, et c'est encore plus choquant si la consonne est une occlusive (/arwa/ - /arka/).

ce n'est pas gênant, la "théorie" des semi-consonnes est là pour vous aider, la semi-consonne, qui se prononce comme une voyelle, EST une consonne, quand cela m'arrange, donc aucun problème pour commuter avec une consonne....

éponymie a écrit:

2)MAIS impossible de commuter avec une voyelle

Vraiment ? et vos autres moteurs, ils sont aussi en feu ? ne tentez pas de ramener l'avion à toute force, éjectez vous !


éponymie a écrit:

3)Difficile de trouver des commutations le /w/ étant souvent précédé d'une consonne admettant difficilement d'être suivi d'une autre consonne, comme dans moi. Beaucoup de v, de l, etc.

no problème, souvenez vous que la semi-consonne EST une voyelle.

éponymie a écrit:

4)impossible à faire avec /wu/, /wo/ (à moins que vous ne trouviez quelque chose pour squaw), /wy/

Très personnellement, la conclusion que j'en tire est que la méthode des paires minimales n'est pas idéale pour démontrer l'existence du phonème /w/. Mais d'autres l'ont tirée avant moi smile, désolé, je relis le fil au fur et à mesure mais pris entre ce que j'ai envie de bien comprendre, ce que je trouve, ce à quoi j'ai envie de réagir, des choses m'échappent. Comme à tout le monde.

La méthode des paires minimale ne sert pas à "démontrer" la présence des phonèmes, ni celui-là, ni aucun autre. Cette capacité de "démonstration" n'est qu'une vision simplifiée à l'usage des étudiants (même si certains profs y croient aussi). Elle ne peut révéler les phonèmes que si on a une paire minimale, mais pour avoir la paire, il faut savoir quels phonèmes les mots contiennent (c'est la dernière fois que j'y reviens). Dans les cas simples, ça marche bien et facilement, dans les cas de phonèmes complexes, c'est beaucoup moins évident et on est obligé de faire appel au contexte. Si vous voulez analyser le son ou les sons consonantiques à l'initiale de cha-cha-cha, votre raisonnement sera différent en français, en espagnol et en anglais, car chacune de ces langues a un système phonologique différent des deux autres.

En français, on commencera par remarquer utilement que le français n'a pas de mots en Tcha, à part ces quelques emprunts comme le cha-cha(-cha), le chat sur internet, le tchou-tchou de locomotives qui est plutôt une onomatopée et ça ne va guère plus loin....

129

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Je suis tombé sur des paires minimales à écouter - très artificiellement fabriquées je suppose - pour 4 spirantes (dont les 3 du français, je ne sais pas si la première est une spirante) :

http://www.unil.ch/Jahia/site/ling/cach … 4EEF5.jvm1

Je suis allé voir, euh, on dirait qu'ils distinguent eux d'emblée des variétés sourdes et sonores de leur "semi-voyelles". La précision, la trop grande précision en fait, de leur "analyse" phonétique va très certainement les handicaper beaucoup s'il veulent faire de la phonologie.

Le non emploi des notations phonétiques (les symboles géants ne dispensent pas des crochets) dégage une forte odeur d'amateurisme.

130 Dernière modification par JOURDAN (29-06-2012 05:37:06)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Dès que j'ai une longue soirée disponible, je relis votre message 120 et applique votre méthode ou ce que j'en aurai compris. Nous verrons bien. A plus tard donc.

"Ma" méthode, oui si vous voulez. Elle découle de la question que j'ai posé plus haut : si des phonèmes sont des diphtongues dans une langue, alors que va-t-il se passer ? (on suppose que la langue en question comporte aussi des phonèmes voyelles qui sont des monophtongues. Il y a-t-il des langues n'ayant QUE des diphtongues ? question théorique, oui bien sûr l'anglais, qui n'a aucune voyelle ni consonne, que des diphtongues les unes à la suite des autres, non je blague).

Réponse : on l'a vu, alors que les consonnes IE tendent à se comporter en charpente des mots, les voyelles sont particulièrement utilisées dans les flexions. Donc si dans une langue IE, la panoplie de voyelles (phonologiques) disponibles comprend des diphtongues, on va trouver des variations dans les mots notamment :

- mots de même famille
- mots déclinés ou conjugués
- dans les variantes dialectales, au pire dans les langues proches

...
(parce que ces "espèces" gardent des traits que je n'observe plus dans mon sujet d'étude mais qui restent pertinents. Par exemple, si j'étudie les cervidés, je vais trouver que la plupart des espèces n'ont des bois que chez le mâle, toutefois chez certaines espèces, il n'y a plus de bois. Enfin, en cherchant bien, on trouve une espèce chez qui les femelles ont aussi des bois ! Je peux en déduire (même sans fossile à me mettre sous la dent) que l'ancêtre de tous les cervidés avait probablement des bois, mais pas forcément que chez les mâles même si c'est le schéma dominant aujourd'hui. Une fois que le renne a attiré mon attention sur la corne chez les femelles, il se pourrait bien que je m'aperçoive que - de temps en temps - on rencontre une biche qui porte des bois, même petits.... Autrement dit, le renne m'a permis de mieux comprendre les cerfs...)

....dans lesquels des diphtongues apparaîtront A LA MEME PLACE que des voyelles simples, et c'est bien normal car dans cette langue, CE SONT des voyelles, par hypothèse.

Étudions un peu d'anglais, je prends les paires proposées par Wikipedia, le premier site proposé par Google en cherchant "minimal pair"

Voyons, la paire minimale : let-lit,  OK, bla-bla-bla....

Tiens, les 4 paires minimales suivantes (je saute les paires illustrant une opposition de consonnes) illustrent aussi des oppositions de monophtongues, juste que certaines sont longues et d'autres courtes.

Pourquoi Wikipedia, comme de très nombreux autres site pédagogiques ou encyclopédiques, n'incluez vous pas la diphtongue dans votre description, vous la gardez pour plus tard, les étudiants sont si stupides qu'il vaut mieux leur montrer des trucs simples ? (je parle à Wikipedia). Comme je l'ai signalé dans mon article, ce mutisme à propos des diphtongues s'étend bizarrement aux exemples dans les langues où elles sont pourtant bien établies, pourquoi, why, porque?

A moi les commandes : très tôt, il faudrait s'apercevoir qu'en anglais, on dirait bien qu'il y a des oppositions du type : gill- gale (mono-di) et même gale-goal (di-di)...

Donc ma méthode, pour commencer, ça serait de ne pas mettre ça sous le tapis, pour employer une expression que j'ai vue récemment.

Donc voilà, gale-goal, c'est très joli, mais on est toujours dans la bête commutation NON-SEMANTIQUE ou NON-MORPHOLOGIQUE, je veux dire sans s'occuper du fait que les mots ont un sens et une "racine", en général. Pour pouvoir utiliser l'info de ces deux mots dont le sens, l'origine n'ont évidemment rien à voir, il va me falloir étudier un peu plus profondément leur "genèse" (zut l'étymologie de gale est en fait peu sûre, re-zut pour goal, un mot isolé également). Finalement si j'arrivais à trouver plein de mots qui se prononcent comme gale et plein d'autres qui se prononcent comme goal, je pourrais me rapprocher péniblement de la confirmation de l'idée qu'ils forment bien une paire minimale.

Mais la vie est courte, je propose donc d'étudier plutôt :

to live-life  (verbe et nom de même famille/racine)
come-came (même verbe conjugué)

Ces nouvelles paires minimales ne sont pas comme gale-goal, car elles nous montre que ces commutations sont REELLES dans la langue, pas des exercices de linguistes. Parce que le son [ai] de life prend la place du son [ici le graphème i] de to live (aussi dans "alive"), je peux être pratiquement certain que c'est une voyelle de l'anglais, qui a la propriété phonétique d'être une diphtongue. Même raisonnement pour le second couple, qui fait apparaître une autre diphtongue, A LUI SEUL.

Bien sûr dans les deux cas, l'orthographe de l'anglais moderne suggère ces diphtongues en tant qu'unités linguistiques car il n'utilise qu'une lettre à chaque fois (dans le premier cas la même d'ailleurs que la monophtongue avec laquelle il y a alternance).

Dernière remarque, je ne suis pas allé chercher des mots au fond des tiroirs de mon dictionnaire, j'ai pris des mots qu'on apprend le lundi de la première semaine de cours.

J'en ai fini avec l'anglais, ma question maintenant est : observons nous quelque-chose de semblable en français ? et si oui est-ce de façon exceptionnelle, assez commune ou généralisée ?

131 Dernière modification par JOURDAN (29-06-2012 13:30:49)

Re : les diphtongues

greg a écrit:

Pour étoffer la liste d'éponymie :

fwɛ̃               foin
fʁɛ̃                frein

lwɛ̃               loin
ljɛ̃                 lien

swa              soie
ska               ska
spa               spa

sɥi                suie
ski                ski
spi                spi

wi                 oui
ɥi                  huis
ʒi                  gît
gi                  gui
li                   lit

ɑ̃·fwi            enfoui
ɑ̃·fɥi            enfui

bʁa·je         brailler
bʁa·de        brader
bʁa·me       bramer
bʁa·ve        braver
bʁa·ke        braquer

Bon, voyons voir cette fameuse liste. Il va y avoir beaucoup de redites.

Tout d'abord, les notations phonétiques se mettent entre crochets, pas en bleu. Je ne travaillerai plus sur des listes ou autres idées écrites comme ça. Sans les crochets, l'utilisation de l'API ne veut rien dire. Le point entre les syllabes appartient peut-être à telle ou telle tradition mais je ne vois personne l'utiliser en linguistique.

swa              soie
ska               ska
spa               spa
sɥi                suie
ski                ski
spi                spi

On ne peut construire ou vérifier la structure profonde du français en étudiant ces mots exotiques. Aucun mot français ne commence par ski en dehors de ski et de ses composés. La combinaison n'étant toutefois pas interdite, le mot a pu s'introduire tel quel dans notre vocabulaire. Même chose pour spa même s'il y a des Trotski qui font de la vespa.

wi                 oui
ɥi                  huis
ʒi                  gît
gi                  gui
li                   lit

une meilleure liste, toute la question, comme on l'a déjà vu, est de savoir comment l'utiliser. Soit les mots ont le même nombre de phonèmes et sont alors des paires minimales, soit ils n'en ont pas le même nombre et peuvent tout de même en être (des paires) ou encore ne pas en être car plus d'une différence. Pour chaque paire il faut faire ce travail. Cinq mots font 24 paires? J'ai déjà discuté de oui et huis. Le premier est "un peu trop spécial" car trop fréquent, le deuxième un peu trop rare dans la langue. Les linguistes évitent de prendre leurs exemples dans des mots aussi courts, dans une phase exploratoire du moins.

fwɛ̃               foin
fʁɛ̃                frein

J'ai traité de foin par ailleurs, il est plus intéressant de le comparer à un mot de sa famille, pour moi, qu'à un mot quelconque. Même remarque sur le nombre de phonèmes. Le [w] n’apparaît que si on décide par avance que foin a le même nombre de phonèmes que frein. Donc le raisonnement serait bon S'IL était complet : il faut considérer AUSSI l'autre possibilité : nombre de phonèmes différents.

ɑ̃fwi            enfoui
ɑ̃fɥi            enfui

Cette comparaison intéressante me donne l'occasion de faire une remarque : quand une langue connait une opposition de traits, elle a tendance à être réutilisée dans le tableau des phonèmes, c'est un des principes d'économie de la langue. Donc nous savons que l'opposition des traits : antérieur/postérieur existe, et nous savons qu'il existe déjà des phonèmes arrondis en français. Entre ces deux mots, de fait, la seule opposition qu'il y a est cette profondeur différente et l'arrondissement est présent dans les deux après  le [f].(les deux mots pourraient certes avoir le même nombre de phonènes et former une PM)
Mais rien ne nous oblige à penser que cela signe la présence des phonèmes /y/-/u/ (ou d'un phonème /w/ qui partage incroyablement cette même postérieurité+arr.). Je pense aux diphtongues, tout à fait par hasard, certaines pourrait avoir une trajectoire postérieure et d'autres antérieure, tout en étant arrondies à un point de cette trajectoire, car quand les diphtongues existent, elles traversent l'espace des voyelles simples (donc elles ressemblent forcément à une ou plusieurs de ces voyelles quand elles passent à côté). Ainsi la diphtongue anglaise qu'il y a dans le mot gale ressemble au début de sa trajectoire à un [ɛ] et à la fin à un [ici le graphème i] ce qui fait que les phonéticiens (anglais) la note [ei] (il n'y a pas d'opposition entre le e ouvert et le e fermé en anglais, plutôt un continuum). De façon amusante, puisqu'on admet qu'il n'y a qu'un seul phonème dans cette diphtongue, il faudrait noter phonologiquement le mot comme /gxl/ (x représentant n'importe quel signe au choix non utilisé par un autre phonème) puisque la règle dit: un signe par phonème. Curieusement on le trouve souvent noté /geil/ ???? (mais il y a aussi plein de gens qui croient noter la prononciation entre barres obliques....)


bʁa·je         brailler
bʁa·de        brader
bʁa·me       bramer
bʁa·ve        braver
bʁa·ke        braquer

cette liste est différente des autres, car tous ces mots comportent une évidente frontière morphologique. D'ailleurs le point qui ne sert à rien serait plus utile (ou autre signe, il y en a peut-être un plus officiel) pour séparer, dans tous ces verbes, la racine de la désinence. Comme : [braj-e]. Le [j] ne peut donc absolument pas former une association profonde avec le [e] et c'est pourquoi je suis donc pas contre la présence dans le premier mot d'une "semi-consonne", simple avatar (ou à la rigueur allophone) de la voyelle /i/, donc [braie] m'irait aussi bien. Ces 5 mots forment entre eux des paires minimales (on devrait inventer un nom pour le "groupe de paires minimales"...) sauf à se compliquer la vie.

132 Dernière modification par greg (29-06-2012 14:56:59)

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

En français, on commencera par remarquer utilement que le français n'a pas de mots en Tcha, à part ces quelques emprunts comme le cha-cha(-cha), le chat sur internet, le tchou-tchou de locomotives qui est plutôt une onomatopée et ça ne va guère plus loin....

message 128

Notre langue dispose aussi de :

bɔʁtʃ                           bortsch
da·tʃa                         datcha
ka·u·tʃu                     caoutchouc
gas·pa·tʃo                 gaspacho
kitʃ                             kitsch
li·tʃi                            litchi
lu·ba·vitʃ                  loubavitch
ma·tʃo                       macho
matʃ                          match
na·tʃo                        nacho
putʃ                           putsch
pɔ̃·tʃo                         poncho
sɑ̃·witʃ / sɑ̃·dwitʃ   sandwich / sandwitch
sko·tʃe                      scotcher
tsa·ʁe·vitʃ                tsarévitch
tʃa·djɛ̃                       tchadien
tʃa·miʁ                      tchamir
tʃa·o / tʃaʊ̯               tchao / ciao
tʃa·tʃe                       tchatcher
tʃe·tʃɛ·nə                 tchétchène
tʃɛ·kə                        tchèque
tʃin                            tchin
tʃuk·tʃə                    tchouktche
tʃu·ʁe                       tchourer
tʃu·va·ʃə                  tchouvache





JOURDAN a écrit:

je reviens sur les commutations : une "commutation" à elle seule ou même une petite série ne peuvent pas prouver l'existence d'un phonème. Quand j'ai pris cheap et sheep et que je dis que ça parait commuter, ce qui de fait pourrait étonner une oreille francophone, la plupart des linguistes me donneront raison car ils s'accordent à considérer le son [tch] de cheap comme représentant un seul phonème en anglais, donc c'est un coup de bol (ou j'ai choisi cette paire minimale car je connaissais un peu la phonologie de l'anglais...).

Supposons au contraire que j'aie pris (de bonne foi) chip et trip comme cobayes (car ils ont une bonne tête, à l'oreille, de paire minimale, non ?). Je pourrais en déduire qu'entre ces deux mots il y une commutation entre le 2ème son [ch] du premier, et le 2ème son [r] du second. Je serais encouragé à le penser car le son [ch] existe d'ailleurs en anglais et bien sûr j'aurais en plus la confirmation d'avoir le son [t] représentant le phonème tout à fait établi /t/ de l'anglais. Malheureusement cette "commutation" ne prouverait ni qu'il y a 4 phonèmes dans chip (comme dans trip) ni que l'un deux est un /ch/ comme dans ship (avec lequel je serais aussi fortement tenté de le comparer).

C'est pourquoi la commutation phonétique [wazo] / [nazo] ne prouve pas qu'il y a 4 phonèmes dans oiseau, ni que l'un d'eux est un /a/ comme dans /nazo/ et que l'autre est la même consonne qu'on a dans les water....

message 45

Eh non, le phonème anglais ʧ et la succession de deux phonèmes anglais n'ont pas une bonne tête de paire minimale dans les mots :
     ʧɪp            chip={puce, frite, chips}
et :
     tɹɪp           trip={voyage, tour, trip}.



Ne serait-ce qu'en raison, primo, de la réalisation courante [ʧɹɪp] de <trip> où le phonème occlusif initial subit fréquemment une affrication.



Ensuite parce que, à l'initiale, <chip> se distingue de <gyp>={arnaque} donnant lieu à une commutation de deux affriquées qui s'opposent sur le seul critère du voisement :
     ʧɪp            chip={puce, frite, chips}
     ʤɪp           gyp={arnaque, douleur}.

Lequel critère de voisement fonctionne aussi avec :
     tɹɪp            trip={voyage, tour, trip}                        [tɹɪp] / [ʧɹɪp]
     dɹɪp           drip={goutte, goutte-à-goutte}            [dɹɪp] / [ʤɹɪp].



Et franchement je vois pas le rapport avec wa·zo et na·zo.





éponymie a écrit:

Donc la recherche des paires minimales n'est pas la méthode pour distinguer les phonèmes, donc dire que ça n'est pas très efficace pour les spirantes n'est en rien un argument pour avancer que les spirantes ne sont que des phones et non des phonèmes.

message 124

gʁa·mə                gramme                [gʁa·mə] / [gʁam]
kʁa·mə                crame                    [kχa·mə] / [kχam]

gʁy·mə                grume                   [gʁy·mə] / [gʁym]
kʁy·mə                crûmes                  [kχy·mə] / [kχym]

gʁi·mə                grime                     [gʁi·mə] / [gʁim]
kʁi·mə                crime                      [kχi·mə] / [kχim]

En fait la commutation (recherche de paires minimales) permet d'identifier des phonèmes. C'est le cas des phonèmes g et k dans les exemples ci-dessus. Mais deux sons oppositifs ne sont pas nécessairement commutants : les phones français [ʁ] et [χ] s'opposent sur le critère du voisement mais leur commutation, si elle était possible (ici elle ne l'est pas en raison des occlusives qui les précèdent), ne donnerait lieu à aucune altération sémantique. En ce sens leur permutation (en position initiale par ex.) n'est pas phonématique (phonologique) mais phonétique.

Le phonème que je note ʁ est une abstraction de langue qui en discours sera manifestée sous la forme [ʁ] ou [χ] — sachant que d'autres formes sont possibles : [r], [x], [ʀ] etc.

Le phonème que je note ʁ (ou /ʁ/ pour ne pas mécontenter JOURDAN), je pourrais aussi le noter χ ou r ou x ou ʀ ou smile ou colargol52 — soit /χ/ ou /r/ ou /x/ ou /ʀ/ ou / smile / ou /colargol52/.

L'essentiel étant que l'ensemble des phones de discours { [ʁ] ; [χ] ; [r] ; [x] ; [ʀ] ; ... } soit identifié au phonème de langue /colargol52/ (vulgairement appelé "r" en français) dont il dérive.





JOURDAN a écrit:

Tout d'abord, les notations phonétiques se mettent entre crochets, pas en bleu. Je ne travaillerai plus sur des listes ou autres idées écrites comme ça. Sans les crochets, l'utilisation de l'API ne veut rien dire. Le point entre les syllabes appartient peut-être à telle ou telle tradition mais je ne vois personne l'utiliser en linguistique.


message 131

La démarcation intersyllabique est très courante. Renseigne-toi. Tu peux choisir ce que tu veux : un point (en bas, au milieu, en haut), un tiret, un espace etc.

Les crochets et les barres obliques s'utilisent si besoin est. Surtout dans un forum généraliste...

Quand à l'API, c'est une notation très peu "scientifique". Vois par exemple les travaux de Luciano Canepari.





JOURDAN a écrit:

On ne peut construire ou vérifier la structure profonde du français en étudiant ces mots exotiques.

message 131

Affirmation gratuite et opportuniste déjà démontée plus haut : le coup des liaisons — message 89, le <h> télépathe quand ça lui prend.






JOURDAN a écrit:

Ainsi la diphtongue anglaise qu'il y a dans le mot gale ressemble au début de sa trajectoire à un [ɛ] et à la fin à un [ici le graphème i] ce qui fait que les phonéticiens (anglais) la note [ei] (il n'y a pas d'opposition entre le e ouvert et le e fermé en anglais, plutôt un continuum). De façon amusante, puisqu'on admet qu'il n'y a qu'un seul phonème dans cette diphtongue, il faudrait noter phonologiquement le mot comme /gxl/ (x représentant n'importe quel signe au choix non utilisé par un autre phonème) puisque la règle dit: un signe par phonème. Curieusement on le trouve souvent noté /geil/ ???? (mais il y a aussi plein de gens qui croient noter la prononciation entre barres obliques....)

message 131

La notation geil est un pis-aller qui signifie ɡeɪ̯l quand on pas l'attirail nécessaire pour coller le demi-cercle souscrit. Lequel symbole, par convention, veut dire que les deux signes alphabétiques n'en forment qu'un.





JOURDAN a écrit:

D'ailleurs le point qui ne sert à rien serait plus utile (ou autre signe, il y en a peut-être un plus officiel) pour séparer, dans tous ces verbes, la racine de la désinence. Comme : [braj-e]. Le [j] ne peut donc absolument pas former une association profonde avec le [e] et c'est pourquoi je suis donc pas contre la présence dans le premier mot d'une "semi-consonne", simple avatar (ou à la rigueur allophone) de la voyelle /i/, donc [braie] m'irait aussi bien. Ces 5 mots forment entre eux des paires minimales (on devrait inventer un nom pour le "groupe de paires minimales"...) sauf à se compliquer la vie.

message 131

Tu manques affreusement de rigueur. La syllabe je de <brailler> est absolument indissociable et signifie en profondeur l'affinité de la désinence avec la consonne-pivot du radical.

De même que les syllabes va (pseudonorme méridionale) et vam (pseudonorme septentrionale) de <brames> et <bravâmes> (respectivement) matérialisent le rôle de pivot avec la désinence que joue la finale radicale. Essaie-toi d'abord à la transcription phonématique de la conjugaison française à toutes les personnes, à tous les modes et à tous les temps. On en reparlera après...

133 Dernière modification par éponymie (30-06-2012 00:37:15)

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:
éponymie a écrit:

J'ai continué avec les autres voyelles :

bafoué – bafré /bafwe/ - /bafre/
bouée – blé /bwe/ - /ble/

mais ici, je me demande si je travaille avec /we/ ou avec /ue/. Stop.

Euh ? Evitez d'employer ces notations phonologiques, ça me donne de l'urticaire, merci.

Vous êtes bien sensible. Je vais continuer ainsi. Si la forme et/ou le fond de certains aspects de vos interventions agacent certains, on n'a encore vu personne vous demander de les effacer. Contester en argumentant pour le fond, si. Réagir ou pas sur la forme selon l'humeur et l'intérêt de le faire, aussi. Je vois que greg est plus conciliant que moi mais je trouve plus pratique d'écrire /w/ au lieu de phonème w. Idem pour les phones.

Comment décider du phone-symbole qui va représenter tous les phones réalisables ? Comme /R/ pour { ( [ʁ] fric. uvulaire; [R] vibr. uvulaire; [r] vibr. apico-aléolaire ) }

Donc /w/ pour les réalisations  { ( [w] ; [u] ) } ? Je me demandais si c'est la réalisation la plus fréquente, étant un adepte du [u] dans ma prononciation. Telle était la question que je me posais : /w/ ou /u/ ? D'après les messages suivant le mien que j'ai survolé il semble que ce soit /w/. Mais d'après le message 134 de greg ce pourrait aussi être /u/ ou /totor/ (pour autant que phonème il y ait avant le /e/ de bouée et doué). Et j'aurais pu ajouter un beau paquet de commutations à la liste.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

134 Dernière modification par éponymie (30-06-2012 00:39:15)

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:
éponymie a écrit:

GEINT (verbe geindre) - JUIN - JOINT - JOVIEN - JULIEN

Merci, je ne ferai que Geint-joint, je vous laisse faire les autres vous-même,  [ … ]

Geint parait simple, tout le monde sera d'accord pour y voir deux phonèmes : /Ʒέ/ mot qui forme aisément des paires minimales avec : jonc, je, jeu, geai, gens, joue, etc. etc. (un mot court doit normalement produire assez facilement tout un tas de "pairs", en substituant une voyelle, y compris des homophones : la joue et je joue, c'est typique)

Maintenant prenons joint, si j'y isole la voyelle nasale [έ] parce que j'entends le même son, autrement dit que je l'écrit : [Ʒxέ] alors il apparaît (pince mi et pince moi...) un "son" x que je serai amener à comparer à celui que j'entends dans "joie" notée [Ʒwa]. Pourquoi pas, si c'était prouvé que joie a un phonème /w/....ça serait une bonne piste, et j'aurais une paire minimale, fondée sur l'absence/présence (intercalée) d'un phonème supplémentaire, ce qui revient d'ailleurs à une commutation avec 0.

Mais bien sûr ce ne serait pas du bon travail phonologique, si on s'en tenait là, il faut aussi considérer l'autre possibilité, que joint n'aurait pas de phonèmes supplémentaires par rapport à geint. En effet, si vous voulez isoler les phonèmes, vous ne pouvez les compter AVANT de les avoir isolés. [ … ]

Donc, l'autre possibilité, c'est que joint serait [Ʒx], deux phonèmes, notre consonne de geint et un phonème complexe.

Qu'est-ce qui va départager les deux hypothèses alors maintenant ?

Eh bien c'est la vraisemblance des deux cas, si on les replace dans la morphologie de la langue en question, et les autres tests dont j'ai déjà parlés, y compris les contrepèteries.

Par exemple on prend n'importe quel mot qui contient [wέ] et on cherche quelle commutation est plus facile, notamment s'il y a des mots la même famille, en coupant entre le [w] et le [έ] ou en prenant les deux comme un bloc ?

Je prends pointe : [p(wέ)t] et je constate qu'il commute très facilement avec des mots de tous les jours : patte, pote, pute, ponte, pente, pète, bon ça me suffit

En coupant entre le supposé /w/ et le connu /έ/ (mais qui n'augmente pas la probabilité de l'analyse, comme on l'a vu en anglais), je m'aperçois alorsque j'ai LE PLUS GRAND mal à remplacer la voyelle nasale par une autre voyelle pour obtenir quoi que ce soit de français. En substituant au [w] une autre consonne, c'est vrai que j'obtiens les homophones plainte = plinthe, rien d'autre en vue toutefois.

Jusqu'ici, rien à dire.

Mais ensuite :

JOURDAN a écrit:

Maintenant j'ouvre mon Littré, et c'est vrai que pour pointe, il ne donne que des équivalents dans d'autres langues latines (qui seraient à analyser, je n'ai pas le temps aujourd'hui, je remarque très vite que là où nous cherchons ce que nous entendons, ils ont en général une voyelle et une consonne nasale....quand on a une telle paire dans une langue latine, que trouve-t-on en général en français au même endroit ?) mais le mot très proche "point" est intéressant et Littré nous en donne une version dialectale, en wallon, sous la graphie "pont" (à interpréter comme [pont] ? surement plutôt comme [põt] ou même très probablement comme [põ], Littré notant "à la française", avec des lettres qui ne se prononcent pas). Ce "pont" me dit que dans un autre dialecte de la langue d'oil, ce son complexe du français n'est représenté dans le cognat que par une banale voyelle nasale, apparemment...

ÉTYMOLOGIE ET ANALYSE COMPARATIVE AVEC DES DIALECTES D'OIL

JOURDAN a écrit:

Allez un troisième mot, pour la route : foin. De mon expérience personnelle en milieu rural (ça veut dire à la campagne en langage savant) je sais que ceux qui font les foins... fanent, chose inconnue des urbains, qui ne voient se faner que les fleurs en vase, les pauvres. Autrement dit, je constate que dans ces deux mots de la même famille (j'ai vérifié) et tous deux populaires (car je me méfie des mots latins déguisés en français) on a dans l'un une voyelle et une consonne nasale, ce qu'on trouvait dans l'espagnol ou l'italien tout à l'heure, exactement là où j'ai mon complexe [glide+nasale] à analyser en français...je remarque en passant que le picard a "fein" (merci Littré), c'est l'écriture bien sûr, mais quelle est sa prononciation ? Je ne trouve une forme en [fw] nulle part allieurs qu'en français car pour tout dire, toute les autres langues romanes ont des mots [fVn], sans nul [fwVn] ou [fuVn]

ANALYSE COMPARATIVE AVEC D'AUTRES LANGUES

C'est très intéressant effectivement. Mais cela sert surtout à justifier votre conclusion provisoire ci-dessous :

JOURDAN a écrit:

Conclusion provisoire pour geint-joint : j'ai affaire à une paire minimale, CV dans les deux cas, la voyelle de geint est nasale, la voyelle de joint est relativement exotique : une diphtongue nasalisée (qui s'adjoindra naturellement aux autres diphtongues (pensez au canadien si vous n'en connaissez pas d'autre, pour le moment) du français, et aux autres nasales.

Vous pourriez avoir raison mais votre démonstration gagnerait à ne se baser que sur ce que j'ai mis en rouge dans la première partie de votre message. Le reste, pour intéressant qu'il soit n'est que du bla-bla qui vous entrainera dans des sables aussi mouvants que ceux que l'on peut rencontrer dans certains débats sur la réforme de l'orthographe.

Alors c'est parti, je me lance dans la recherche des commutations avec le /w/ ou un machin – qui serait une diphtongue contenant [w] et on va voir ce qu'on va voir, en tout cas ce qu'on n'a pas vu jusqu'à présent ici : une illustration de ce que vous dites.

aloi – alpha /alwa/ - /alfa/
aloi – allô – ali -  alu - allez – allant - Alain – allons – alun/alwa/ - /alo/ - /ali/ - /aly/ - /ale/ - /alɑ̃/ - /alɛ̃/ - /alõ/ - /al-/

Impressionnant

arroi – arqua /arwa/ - /arka/
arroi – haras- haro – arrhes (ou art) – arrêt – arc – hardes - arme – harpe /arwa/ - /ara/- /aro/ - /ar/ - /are/ - /arc/ - /ard/ - /arm/ - /arp/

Ho neutral

Je fais le troisième  sans symboles phonologiques :

bois - bras /bwa/ - /bra/
bois – bas – bé – bi – beau – bu – bout – bœufs – ban - bain – bon

Impressionnant.

Je fais la même chose avec bras

1) avec le phonème /ra/ (et alors ?)
bras – bois – bas – bé – bi – beau – bu – bout – bœufs – ban - bain – bon

2) avec le phonème /a/
bras -  braies - brie – broc – bru

3) avec le phonème /r/
bras - bas

Je fais la même chose avec brin

1) avec le phonème /rɛ̃/ (et alors ?)
brin - bois – bas – bé – bi – beau – bu – bout – bœufs – ban - bain – bon

2) avec le phonème /ɛ̃/
brin - bras – braies – brie – broc – bru – brun

3) avec le phonème /r/
brin - bain

Certes les stats portent sur les grands nombres mais je constate que le phonème /r/ laisse peu de champ à la commutation, que le phonème /rv/ commute bien plus que le phonème /v/ (pour voyelle).

Constatation identique pour /r/ et /w/ donc. Je provoque certes et je n'ai pas lu attentivement les messages du début de cette sixième page de discussion : qui me dit clairement

1) ce qui ne va pas dans mon raisonnement provocateur, pour que je puisse faire plus intelligemment cet exercice stupide ?
2) plus accessoirement (la réponse à (1) pourrait suffire), pourquoi /r/ serait à coup sûr un phonème en français et /w/,  peut-être pas ?
3) si l'étude phonologique peut avoir des raisons valables de ne pas être strictement interne à la langue (comparaisons avec d'autres langues et dialectes) et de de ne pas être synchronique (étymologie et histoire de la langue) ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

135

Re : les diphtongues

greg a écrit:
JOURDAN a écrit:

En français, on commencera par remarquer utilement que le français n'a pas de mots en Tcha, à part ces quelques emprunts comme le cha-cha(-cha), le chat sur internet, le tchou-tchou de locomotives qui est plutôt une onomatopée et ça ne va guère plus loin....

message 128

Notre langue dispose aussi de :

bɔʁtʃ                           bortsch
da·tʃa                         datcha
ka·u·tʃu                     caoutchouc
gas·pa·tʃo                 gaspacho
kitʃ                             kitsch
li·tʃi                            litchi
lu·ba·vitʃ                  loubavitch
ma·tʃo                       macho
matʃ                          match
na·tʃo                        nacho
putʃ                           putsch
pɔ̃·tʃo                         poncho
sɑ̃·witʃ / sɑ̃·dwitʃ   sandwich / sandwitch
sko·tʃe                      scotcher
tsa·ʁe·vitʃ                tsarévitch
tʃa·djɛ̃                       tchadien
tʃa·miʁ                      tchamir
tʃa·o / tʃaʊ̯               tchao / ciao
tʃa·tʃe                       tchatcher
tʃe·tʃɛ·nə                 tchétchène
tʃɛ·kə                        tchèque
tʃin                            tchin
tʃuk·tʃə                    tchouktche
tʃu·ʁe                       tchourer
tʃu·va·ʃə                  tchouvache

Oui, très bien, cette liste pourrait s'intituler : type de mots étrangers.

Pas le temps de travailler plus aujourd'hui.

136

Re : les diphtongues

Le fond de ma pensée est que la diphtongue est une réalité intellectuelle, une idéation du son-voyelle, avant d'être une réalité phonétique réduite à la pure analyse de la voix ; par exemple, il n'y a pas de diphtongue à la fin de "travail", parce qu'il y a trois syllabes au verbe "tra-va-iller". L'impossibilité de faire la diérèse à la fin de "travail" est d'accident, non d'essence.

137 Dernière modification par éponymie (30-06-2012 16:31:58)

Re : les diphtongues

Maginhard a écrit:

Le fond de ma pensée est que la diphtongue est une réalité intellectuelle, une idéation du son-voyelle, avant d'être une réalité phonétique réduite à la pure analyse de la voix ; par exemple, il n'y a pas de diphtongue à la fin de "travail", parce qu'il y a trois syllabes au verbe "tra-va-iller". L'impossibilité de faire la diérèse à la fin de "travail" est d'accident, non d'essence.

Vous voulez dire dans le français parlé en France ? Je suppose que c'est implicite dans votre message mais, dans ce fil, il faudrait probablement préciser.

Et vous pensez aussi à la diphtongue qui serait constituée d'un glide et d'une voyelle ? Effectivement, idée ou réalité ? C'est à démontrer.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

Revenons à la doxa.
J'ouvre L'Introduction à la phonétique du français de Fernand Carton (Bordas). L'auteur est agrégé de grammaire, professeur à l'Université de Nancy II, ce qui signifie qu'il jouit de la confiance de ses pairs et de celle d'une maison d'édition connue pour  son sérieux.

Je permute l'ordre (alphabétique) de son lexique, pour commencer par le commencement :

DIPHTONGUE : si le point de départ et le point d'arrivée rappellent assez nettement les timbres de deux voyelles différentes de la langue, sans qu'il y ait deux syllabes, c'est une diphtongue : ex. angl. boy. Il n'y a pas de diphtongue en français moderne.

DIPHTONGAISON : si les organes articulatoires changent constamment de position pendant la tenue d'une voyelle allongée, le timbre change graduellement, la voyelle est diphtonguée : ex. le é qui tend vers i dans des patois lorrains.

Je laisse à l'auteur la responsabilité du terme patois, et je note la contradiction entre l'absence de diphtongues en français moderne, et la présence de diphtongues en lorrain qui est pourtant du français, et moderne !

Nous avons là un point de départ : une définition du résultat, une description du processus.
Je retiens que la diphtongaison se produit par la tenue d'une voyelle allongée, et le changement de position des organes articulatoires, ce par quoi il eût fallu commencer.
A mon humble avis, cela signifie aussi que les glides n'y sont absolument pour rien.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

139

Re : les diphtongues

Il s'agit donc de voir s'il y a une faille quelque part dans le raisonnement de quelqu'un. Et comme c'est Jourdan qui avance une théorie, entrons-y et voyons ce que ça donne.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

140 Dernière modification par JOURDAN (01-07-2012 00:11:04)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Revenons à la doxa

DIPHTONGUE : si le point de départ et le point d'arrivée rappellent assez nettement les timbres de deux voyelles différentes de la langue, sans qu'il y ait deux syllabes, c'est une diphtongue : ex. angl. boy. Il n'y a pas de diphtongue en français moderne.

DIPHTONGAISON : si les organes articulatoires changent constamment de position pendant la tenue d'une voyelle allongée, le timbre change graduellement, la voyelle est diphtonguée : ex. le é qui tend vers i dans des patois lorrains.

Je laisse à l'auteur la responsabilité du terme patois, et je note la contradiction entre l'absence de diphtongues en français moderne, et la présence de diphtongues en lorrain qui est pourtant du français, et moderne !

Nous avons là un point de départ : une définition du résultat, une description du processus.
Je retiens que la diphtongaison se produit par la tenue d'une voyelle allongée, et le changement de position des organes articulatoires, ce par quoi il eût fallu commencer.
A mon humble avis, cela signifie aussi que les glides n'y sont absolument pour rien.

Ce n'est pas bon de retourner TELLEMENT en arrière ! Ce monsieur ne peut pas nous aider. Il ne se contredit pas vraiment lui-même, car il parle des patois qu'il ne considère pas comme du français. Mais on a déjà noté la stupidité de la phrase que vous mettez en gras, alors qu'il existe un certain nombre d'articles scientifiques décrivant les diphtongues en français du Canada.

Pour savoir si ses définitions, qu'il ne reprend pas, sont un peu utilisables, disons au moins critiquables,  il faudrait en savoir plus sur sa vision de la "voyelle", ce qu'il entend par là, juste une réalité phonétique, ou une unité de la langue : un phonème ? En fait, ses définitions ne sont pas cadrées :
- en phonétique, on appelle ceci comme ça
- en grammaire, on appelle... ? etc

Passons à ses deux définitions, une pour la diphtongue, une pour la diphtongaison, d'ailleurs on ne voit pas bien la différence, juste deux paraphrases. En réalité, dans mes lectures,"diphtongaison" est plutôt utilisé pour parler du processus évolutif qui conduit d'une monophtongue à une diphtongue DANS DEUX ETATS DE LANGUE DIFFERENTS (successifs).

Donc, confusion, confusion, confusion. "ce par quoi il aurait fallu commencer" : on l'a fait, mais tous ceux qui ont essayé de définir la diphtongue phonétiquement n'y sont pas arrivés, la phonétique ne donne tout simplement pas les outils qui permettent de comprendre globalement ce que c'est, quelle que soit la langue.

Surtout pas en donnant un seul exemple en anglais qui débouche sans prévenir sur une vérité toute faite en français (donnée comme d'habitude sans aucune référence à la démonstration de d'origine).

Re : les diphtongues

Pour savoir si ses définitions, qu'il ne reprend pas, sont un peu utilisables, disons au moins critiquables,  il faudrait en savoir plus sur sa vision de la "voyelle", ce qu'il entend par là, juste une réalité phonétique, ou une unité de la langue : un phonème ? En fait, ses définitions ne sont pas cadrées :
- en phonétique, on appelle ceci comme ça
- en grammaire, on appelle... ? etc

Pour en savoir plus, vous n'avez qu'à lire son ouvrage, dont je vous ai donné la référence.
Comme cet ouvrage s'intitule Introduction à la phonétique, il va de soi que ce point de vue est phonétique.

Passons à ses deux définitions, une pour la diphtongue, une pour la diphtongaison, d'ailleurs on ne voit pas bien la différence

Parlez pour vous.
C'est clair : il donne SA définition de ce qu'est une diphtongue de son point de vue de phonéticien (c'est écrit sur sa couverture, donc quand il en arrive à l'index des notions, le lecteur sait qu'il lit un ouvrage de phonétique) puis il explique comment les organes articulatoires forment une diphtongue dans la bouche humaine.
Si vous trouvez cette explication insuffisante, ou erronée, démontez-la, ne vous contentez pas de l'écarter d'un pied négligent.

Quant à dire que ce n'est pas la phonétique qui peut permettre de savoir comment se forment les sons des langues, rassurez-nous, c'est de l'humour ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

142 Dernière modification par JOURDAN (01-07-2012 07:27:09)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Vous pourriez avoir raison mais votre démonstration gagnerait à ne se baser que sur ce que j'ai mis en rouge dans la première partie de votre message. Le reste, pour intéressant qu'il soit n'est que du bla-bla qui vous entrainera dans des sables aussi mouvants que ceux que l'on peut rencontrer dans certains débats sur la réforme de l'orthographe.

La partie en rouge est la partie que mon protocole apporte en plus, il ne nie pas la possibilité d'autres découpages. Il montre qu'il y a plusieurs découpage possibles, au phonologue de composer ensuite un tableau logique. Ma démonstration ne consiste pas à partir bille en tête dans une direction.

éponymie a écrit:

Alors c'est parti, je me lance dans la recherche des commutations avec le /w/ ou un machin – qui serait une diphtongue contenant [w] et on va voir ce qu'on va voir, en tout cas ce qu'on n'a pas vu jusqu'à présent ici : une illustration de ce que vous dites.

aloi – alpha /alwa/ - /alfa/
aloi – allô – ali -  alu - allez – allant - Alain – allons – alun/alwa/ - /alo/ - /ali/ - /aly/ - /ale/ - /alɑ̃/ - /alɛ̃/ - /alõ/ - /al-/

Impressionnant

arroi – arqua /arwa/ - /arka/
arroi – haras- haro – arrhes (ou art) – arrêt – arc – hardes - arme – harpe /arwa/ - /ara/- /aro/ - /ar/ - /are/ - /arc/ - /ard/ - /arm/ - /arp/

Ho neutral

Je fais le troisième  sans symboles phonologiques :

bois - bras /bwa/ - /bra/
bois – bas – bé – bi – beau – bu – bout – bœufs – ban - bain – bon

Impressionnant.

Oh, ne soyons pas si grandiose, c'est peu, l'exercice avec un mot de deux phonèmes est presque trop facile. Il ne prouve rien de façon absolue, il montre juste une grande facilité de commutation, si on prend la diphtongue phonétique comme unité de permutation, comparée aux difficultés de l'autre coupure.

éponymie a écrit:

Je fais la même chose avec bras

1) avec le phonème /ra/ (et alors ?)
bras – bois – bas – bé – bi – beau – bu – bout – bœufs – ban - bain – bon

2) avec le phonème /a/
bras -  braies - brie – broc – bru

3) avec le phonème /r/
bras - bas

Je fais la même chose avec brin

1) avec le phonème /rɛ̃/ (et alors ?)
brin - bois – bas – bé – bi – beau – bu – bout – bœufs – ban - bain – bon

2) avec le phonème /ɛ̃/
brin - bras – braies – brie – broc – bru – brun

3) avec le phonème /r/
brin - bain

Certes les stats portent sur les grands nombres mais je constate que le phonème /r/ laisse peu de champ à la commutation, que le phonème /rv/ commute bien plus que le phonème /v/ (pour voyelle).

ah je comprends votre méthode, vous voulez démontrer par l'absurde que n'importe quel découpage peut donner beaucoup de permutations, y compris en supposant des phonèmes improbables, pour ne pas écrire "idiots" comme /ra/ ou /rin/ et même plus que des permutations bien classiques. C'est une bonne idée, je ne la réfute pas. Des sons complexes pourraient se cacher dans le français. Cette langue exotique du fond des bois amazoniens....

Depuis le début, je répète que les commutations ne DONNENT pas les phonèmes, si vous me lisez bien. Donc commutez ce que vous voulez, c'est la cohérence structurale du système auquel vous allez arriver qui vous indique si vous êtes sur la bonne route. Un phonème /ra/ n'est pas impossible dans une langue quelque part (et effectivement ça existe), mais cette langue aura normalement d'autres complexes /cv/ insécables donc je vous engage à trouver tous les autres en français et à faire l'analyse finale. Ah oui, ce que vous n'avez pas prévu : l'existence du phonème /ra/ signifie que les sous-parties seront non-isolables, donc que [ar] est impossible * (ou la même chose que [ra] dans cette langue), voir CAO pour la démonstration complète, un peu longue (et dure pour moi).

* à moins qu'il y ait aussi un phonème /r/ et un phonème /a/, auquel cas /ar/ peut c'est vrai s'opposer simultanément au couple /ra/ /r/+/a/, mais ça devient lourd, toujours possible, mais lourd.

     [rab][bar][bra][arb] (dans [ja~uarbofõdmõ3ard~€] (y'a un "arb" au fond d'mon jardin) semble montrer la totale autonomie des trois phones. (non, pas un arabe, même si la terre est arable)



éponymie a écrit:

Constatation identique pour /r/ et /w/ donc. Je provoque certes et je n'ai pas lu attentivement les messages du début de cette sixième page de discussion : qui me dit clairement

1) ce qui ne va pas dans mon raisonnement provocateur, pour que je puisse faire plus intelligemment cet exercice stupide ?

Je viens de vous le dire, a) la nécessité de trouver alors d'autres phonèmes "rigides" /cv/, pas un seulement, b) la perte de liberté qui en découlerait pour le son [r], pour le son [a] et conséquemment pour tous les autres couples phonèmiques cv que vous isoleriez. Ces langues existent,  qui ne comportent que des syllabes V ou CV, elles sont même très communes. Les syllabes VC n'y existent pas. Japonais par exemple. Le fait d'y isoler des voyelles en utilisant l'alphabet latin pour les noter n'est qu'un artifice car les voyelles n'y ont qu'une autonomie très relative et les consonnes pas du tout. Impossibilité de former des suites de consonnes donc par exemple.

éponymie a écrit:

2) plus accessoirement (la réponse à (1) pourrait suffire), pourquoi /r/ serait à coup sûr un phonème en français et /w/,  peut-être pas ?

Analyse morphologique/sémantique *, analyse des dialectes et langues apparentées, contrepèteries, commutations aussi bien sûr >>>>mise en comparaison d'avec d'autres hypothèses comme /ra/ (ce que personne n'a jamais eu besoin de faire bien sûr, car c'est un son simple, présent avec des variantes, dans de nombreuses langues latines) >>>> rasoir d'Occam

* au pied levé, le phonème /r/, à lui tout seul, forme quelquefois un morphème qui signifie "faire à nouveau" dans les formes : [rturne], [rparti] etc. Un morphème ne peut être composé de quelque chose de plus petit qu'un phonème. Donc [r] (peut-être décomposable ?) est un ou plusieurs phonèmes en français CQFD. En toute logique, cela n'empêcherait pas que [ra] soit quelque chose de différent et que la ressemblance avec [r] ne soit qu'une coïncidence de traits pertinents, un phone complexe donc, comme on l'a vu en anglais, l'existence de /t/, de /ch/ ne signifie pas que les [tch] de cette langue soient à prendre comme des /t/+/ch/. Surprenant, même pour moi, mais c'est dans plein de bouquins, question de cohérence du système. Dans les mêmes bouquins les exemples qui vont bien pour démontrer l'existence des diphtongues de l'anglais, ou même pour démontrer l'existence d'une diphtongue dans n'importe quelle langue, eh bien ils n'y sont pas.


éponymie a écrit:

3) si l'étude phonologique peut avoir des raisons valables de ne pas être strictement interne à la langue (comparaisons avec d'autres langues et dialectes) et de de ne pas être synchronique (étymologie et histoire de la langue) ?

La raison VALABLE de la phonologie, d'être uniquement et absolument intérieure et synchronique est qu'elle doit fonctionner comme un système, à tout moment. Les phonèmes n'ont officiellement pas d'existence réelle, ils ne fonctionnent qu'en opposition etc. Donc le droit de la phonologie à sortir un peu de l'analyse interne, à travailler sur des variantes dialectales, voire des langues très proches est "à négocier".

Je trouve deux arguments pour cela :

toute langue contient déjà en elle-même des variantes dialectales intégrées. Le français a "campagne" et "champagne", "loup" et "leu", "peux" et "puis", de très nombreux autres cas qu'on peut exploiter en restant en interne. Les exemples en langue d'oïl que j'ai montré, picard, normand, chti, ne sont qu'une extension de ce procédé.

Les phonèmes sont intérieurs à la langue, donc on ne peut jamais comparer aucun phonème d'une langue avec aucun phonème d'une autre langue. Hum, oui c'est la théorie. En pratique, si un anglais prononce un Th comme dans that,  l'oreille française non entraînée est bien en peine de le situer, et de le répéter... autrement que [zat] souvent mais par ailleurs il existe de nombreux phonèmes de l'anglais que le français, même non entrainé, répétera très bien, le son [f] par exemple (et cela même si tous les /f/ des mots germaniques en anglais proviennent d'un ancien *p indo-européen, donc n'ont pas la même origine que les [f] français. D'ailleurs quand l'anglais a emprunté à la langue d'oïl il n'a pas hésité à ranger ses [f] dans sa propre catégorie du /f/ Exemple : family se prononce comme fat. Dans des langues beaucoup plus proches que le français et l'anglais, comme dans le trio Français-espagnol-italien, de fait de très nombreux phonèmes communiquent et non parce qu'il se sont trouvés rangés dans la même catégorie par réajustement, comme ci-dessus, mais bien parce qu'ils descendent tout simplement du même phonème ancêtre.

Donc si on compare phonologiquement famille et family, c'est une sorte de barbarisme mais si on compare (sans les mélanger, juste pour étudier leur devenir à partir de leur ancêtres commun dans le mot ancestral) les phonèmes qu'il y a dans le français montagne et ceux qu'il y a dans l'espagnol montaña, j'espère que vous fermerez les yeux.

Maintenant, travailler en diachronie, définitivement non, c'est trop dangereux, pour des raisons évidentes. Comme je l'ai déjà souligné je pense, c'est la comparaison dialectale, jointe à l'étude des flexions qui permet (je propose) de contourner cette difficulté. Elle permet je crois d'extraire de l'information étymologique sans recourir aux fossiles, comme l'étude des cornes chez les cervidés actuels. Bosquet diminutif de bois me dit que [bos] ou [bosc] sont des formes de [bwa] sans besoin de remonter au latin boscus (oups, je me suis trahi).

143 Dernière modification par JOURDAN (01-07-2012 07:09:21)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Pour en savoir plus, vous n'avez qu'à lire son ouvrage, dont je vous ai donné la référence.
Comme cet ouvrage s'intitule Introduction à la phonétique, il va de soi que ce point de vue est phonétique.

même quand un ouvrage a un titre, une couverture, au niveau des définitions, il vaut mieux recadrer : "en phonétique....", en "décalcomanie...", "en grammaire...."


P'tit prof a écrit:

Parlez pour vous.

Je parle pour moi

P'tit prof a écrit:

C'est clair : il donne SA définition de ce qu'est une diphtongue de son point de vue de phonéticien (c'est écrit sur sa couverture, donc quand il en arrive à l'index des notions, le lecteur sait qu'il lit un ouvrage de phonétique)

C'est clair comme de l'eau de roche, mais pourquoi tous ces auteurs donnent-ils chacun leur propre définition, sans jamais rappeler celle de quelqu'un d'autre ?  et là je ne parle pas que des auteurs phonéticiens, la plupart des phonologues font pareil ??? (voir mon article)

P'tit prof a écrit:

puis il explique comment les organes articulatoires forment une diphtongue dans la bouche humaine.
Si vous trouvez cette explication insuffisante, ou erronée, démontez-la, ne vous contentez pas de l'écarter d'un pied négligent.

Je ne l'écarte pas d'un pied négligent, je l'écrase comme une punaise malsaine. C'est comme si je vous expliquais le mouvement pédalatoire et guidonnatoire des membres humains qui forme le principe de la conduite du vélo. Vous n'en sauriez pas plus sur la bicyclette, la manière de la conduire, ni pourquoi elle tient debout.


P'tit prof a écrit:

Quant à dire que ce n'est pas la phonétique qui peut permettre de savoir comment se forment les sons des langues, rassurez-nous, c'est de l'humour ?

Non, ce n'est pas de l'humour, c'est une découverte du XIXème siècle, très récente. Les langues ne sont qu’apparemment  formées de "sons" séparés, les sons que vous segmentez dans votre propre langue sont des structurations mentales acquises dans la petite enfance, beaucoup de gens cherchent à savoir comment c'est apparu chez nos ancêtres. Dans une langue étrangère, vous n'entendrez aucun "son" individuel, juste une bouillie, c'est clairement présenté comme ça sur le site de la SFU dont nous avons abondamment parlé en mal, mais ici je trouve que cette partie de son enseignement est parfaitement valable (bien qu'il eut pu prendre une langue plus éloignée encore que le russe. Un russe "entend encore" de nombreux mots prononcés en français, notamment tous les emprunts du russe au français, et ils sont légions. Et c'est de la première main, j'ai des russophones chez moi et ils comprennent pas mal de trucs dans ce que je dis, l'inverse est moins vrai) :

"Afin de présenter la phonologie, plaçons-nous dans les souliers d’un locuteur du Russe par exemple (ou d’un locuteur d’une langue autre que le français) qui viendrait apprendre le français sans avoir aucune notion de cette langue. La seule chose qu’il entendra sera une suite de sons continue sans aucun sens. Comme il possède déjà une langue maternelle (le russe par exemple), il percevrait toutes les variations que nous faisons selon sa langue première. Cependant, il ne saurait lesquelles de ces variations sont pertinentes. Par exemple, notre locuteur du russe ne pourrait déterminer si les variantes affriquées des consonnes dentales du français canadien sont des sons qui créent des variations de sens. Une étude purement physique de ces sons (phonétique), toute intéressante qu’elle soit, doit être jumelée avec une analyse qui tient compte des variations significatives et qui créent des oppositions sémantiques." (sfu.ca/fren270/phonologie/index.html#start)

Le raccourci entre le russe, qui y entrave que pouic, et le phonéticien, qui trouvera une infinité de variations dans chaque réalisation, personnelle et contextuelle, est un peu rapide quand même, il me semble finalement. EST-CE qu'un jour UN SEUL paragraphe de ce site trouvera grâce /g(ra)s/ à mes yeux ?

144

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

arroi – haras- haro – arrhes (ou art) – arrêt – arc – hardes - arme – harpe /arwa/ - /ara/- /aro/ - /ar/ - /are/ - /arc/ - /ard/ - /arm/ - /arp/

il y avait aussi : ari, comme dans ari potère (un film que j'ai vu)

145 Dernière modification par JOURDAN (01-07-2012 09:37:04)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Vous êtes bien sensible. Je vais continuer ainsi. Si la forme et/ou le fond de certains aspects de vos interventions agacent certains, on n'a encore vu personne vous demander de les effacer. Contester en argumentant pour le fond, si. Réagir ou pas sur la forme selon l'humeur et l'intérêt de le faire, aussi. Je vois que greg est plus conciliant que moi mais je trouve plus pratique d'écrire /w/ au lieu de phonème w. Idem pour les phones.

Oui, mais il n'y pas plus de phonèmes tant qu'ils ne sont pas établis que de beurre en broche. Comme on l'a vu le phonème /w/ dans des mots comme les vôtres sort (pour le moment) de la plus que douteuse théorie qui n'en est pas une des semi-consonnes appliquée à n'importe quel mot contenant phonétiquement [w]. Par ailleurs, je n'ai rien contre l'existence de ce phonème en français, notamment quand le complexe se comporte comme débutant par une consonne. Je m'oppose juste à sa généralisation par la voie phonétique (le recopiage de ce qu'il y a entre crochets dans des barres et hop, c'est l'analyse phonologique).



Je ne suis donc pas allergique à l'écriture avec barres, je la réclame, mais à condition de ne pas mettre n'importe quoi n'importe quand dedans. Je ne dis pas que c'est ce que vous faites, mais ici j'aurais préféré des notations phonétiques. Continuez comme vous voulez, je n'ai demandé moi non-plus à personne de rien effacer, mais la notation de phonèmes là où il n'y pas de preuve est toujours mauvaise méthodologiquement, à moins de bien préciser que c'est une forme hypothétique (il devrait d'ailleurs y avoir une notation pour un phonème supposé). que pensez vous de ?/w/? (ou comme en espagnol, ça serait encore mieux, je suis sur qu'Antonio Bandera(s) en met et que tout Hollywood se pâme).

?

146 Dernière modification par glop (01-07-2012 13:18:37)

Re : les diphtongues

Juste un mot!
Et si certaines diphtongues du temps jadis  avaient  été ré-orthographiées en doubles voyelles !
Pourquoi Saint-Hubert de Marolles est il devenu Saint-Hubert de Maroilles?

[L’origine du fromage est indéniablement liée à l’abbaye Saint-Humbert de Maroilles, fondée au VIIe siècle et dont les possessions étaient situées pour l’essentiel dans les actuels arrondissements d’Avesnes (département du Nord) et de Vervins (département de l’Aisne). Les moines bénédictins ont favorisé très tôt une production fromagère comme en témoignent plusieurs textes médiévaux comme la charte de Le Favril (1174) ou l’Escrit des Paturaiges (1245) qui fixe les obligations des habitants de quatre villages proches de l’abbaye en matière de mise à l’herbe et de livraison de fromages. Il paraît cependant assez conjectural d’affirmer qu’il s’agit déjà à cette époque du fromage actuel à pâte molle et à croûte lavée. Le « Maroilles » apparaît comme un produit spécifique dès 1723 dans le Dictionnaire universel du commerce, d’histoire naturelle, d’arts et de métiers de Savary des Brûlons sous la forme « marolles » qu’on trouve toujours dans le dictionnaire de Littré en 1877.]

https://www.inao.gouv.fr/fichier/PNODoc … oilles.pdf

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

147

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

Depuis le début, je répète que les commutations ne DONNENT pas les phonèmes, si vous me lisez bien.

Oui, c'est enfin clair (les commutations qui ne donnent pas forcément des phonèmes, pas le fait que vous le disiez depuis le début smile ). Et ce n'est pas vous qui me l'avez fait comprendre alors que cela aurait été si simple. Je ne vous reproche pas de ne pas être foutu d'entrer dans les arcanes de mes raisonnements tordus moi smile.

JOURDAN a écrit:

Depuis le début, je répète que les commutations ne DONNENT pas les phonèmes, si vous me lisez bien. Donc commutez ce que vous voulez, c'est la cohérence structurale du système auquel vous allez arriver qui vous indique si vous êtes sur la bonne route.

Vous pouvez répéter autant que vous voulez, je n'y comprends goutte (et parce que je suis complètement crétin, formuler et re-formuler vous ai-je dit) : je devine que vous voulez dire qu'il faut parvenir à un ensemble fini de phonèmes qui permette de symboliser de manière univoque tous les mots d'une langue sans aucune ambiguïté de sens. Si je devais comprendre autre chose, prenez-vous-en à vous-même.

JOURDAN a écrit:

Un phonème /ra/ n'est pas impossible dans une langue quelque part (et effectivement ça existe), mais cette langue aura normalement d'autres complexes /cv/ insécables donc je vous engage à trouver tous les autres en français et à faire l'analyse finale. Ah oui, ce que vous n'avez pas prévu : l'existence du phonème /ra/ signifie que les sous-parties seront non-isolables, donc que [ar] est impossible * (ou la même chose que [ra] dans cette langue), voir CAO pour la démonstration complète, un peu longue (et dure pour moi).

Un élément supplémentaire clairement énoncé, enfin. Il faut tout vous arracher.

Sous-parties non isolables : développer et illustrer le concept. Parce que votre discours ci-dessous en vert semble contredire ce que vous avez dit jusqu'à présent sur ce supposé non-phonème /w/ :

JOURDAN a écrit:

Oui, mais il n'y pas plus de phonèmes tant qu'ils ne sont pas établis que de beurre en broche. Comme on l'a vu le phonème /w/ dans des mots comme les vôtres sort (pour le moment) de la plus que douteuse théorie qui n'en est pas une des semi-consonnes appliquée à n'importe quel mot contenant phonétiquement [w]. Par ailleurs, je n'ai rien contre l'existence de ce phonème en français, notamment quand le complexe se comporte comme débutant par une consonne. Je m'oppose juste à sa généralisation par la voie phonétique (le recopiage de ce qu'il y a entre crochets dans des barres et hop, c'est l'analyse phonologique).

Mais enfin, il me semble bien avoir compris que, dans l'usage courant, pour noter un phonème donné, le symbole entre barres est le recopiage de celui entre crochets associé au phone correspondant à la réalisation la plus courante. Et j'ai compris aussi que c'est un machin théorique, par définition imprononçable a priori.

QUAND allez-vous illustrer ce phonème complexe, qui comprendrait dans ses allophones un [w] + quelque chose d'autre et MONTRER votre raisonnement avec des barres, des crochets, des mots, des commutations, des contrepèteries, tout ce que vous voulez.

voir CAO pour la démonstration complète, un peu longue (et dure pour moi).

OÙ  ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

148 Dernière modification par greg (01-07-2012 22:17:37)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Revenons à la doxa.
J'ouvre L'Introduction à la phonétique du français de Fernand Carton (Bordas). L'auteur est agrégé de grammaire, professeur à l'Université de Nancy II, ce qui signifie qu'il jouit de la confiance de ses pairs et de celle d'une maison d'édition connue pour  son sérieux.

Je permute l'ordre (alphabétique) de son lexique, pour commencer par le commencement :

DIPHTONGUE : si le point de départ et le point d'arrivée rappellent assez nettement les timbres de deux voyelles différentes de la langue, sans qu'il y ait deux syllabes, c'est une diphtongue : ex. angl. boy. Il n'y a pas de diphtongue en français moderne.

message 138

Carton a raison pour le français hexagonal sous ses deux formes principales : les grandes pseudonormes méridionale et septentrionale.

Si j'ai bien compris la position de JOURDAN, il prétend que les mots pied, roi et huit devraient être appréhendés comme suit :
     pi̯e
     ʁu̯a
     y̯it
et non ainsi que le fait la tradition :
     pje
     ʁwa
     ɥit.

Ce qui signifie que les trois consonnes j (yé), w (oué) et ɥ (ué)   — les trois consonnes qui portent l'étiquette "semi-consonnes" ou "semi-voyelles" —   sont pour lui les trois voyelles i, u et y sous une forme altérée (initiale de diphtongue)   ET   extrêmement brève + totalement inaccentuée (diphtongues montantes).



On retrouve ce genre de vue dans le Wikipédia francophone sur les diphtongues, au sein d'une longue section intitulée « Une théorie concurrente ». Il s'agit ni plus ni moins que de la thèse de JOURDAN.



Même chose dans le Wikipédia anglophone au sujet des "diphtongues" françaises (hors français nord-américain, s'entend) :
« In French, /wa/, /wɛ̃/, and /ɥi/ may be considered true diphthongs (that is, fully contained in the syllable nucleus: [u̯a], [u̯ɛ̃], [y̯i]). Other sequences are considered part of a glide formation process that turns a high vowel into a semivowel (and part of the syllable onset) when followed by another vowel. »
En français, /wa/, /wɛ̃/, and /ɥi/ sont assimilables à de vraies diphtongues — en raison de leur inclusion dans le noyau syllabique : [u̯a], [u̯ɛ̃], [y̯i]. Les autres combinaisons sont dotées d'une glissante issue d'une voyelle fermée et prévocalique changée en semi-voyelle (élément de l'attaque syllabique).
Inutile de préciser que le Wikipédia anglophone oscille entre argument d'autorité et authentique gloubi-boulga circulaire.



Les Wikipédias catalan, castillan et italien arborent des idées très voisines. Tous font la distinction entre diphtongues descendantes — type :
     ɛi̯ / direi
     ai̯ / paisaje
et "diphtongues" montantes — dont :
      / nuoto
     je / tierra.
Ce faisant, ils commettent une grossière erreur de transcription puisque si l'on fait l'hypothèse que nuoto et tierra possèdent chacun une diphtongue, alors la transcription doit être la suivante :
     u̯ɔ / nuoto
     i̯e / tierra.

Le Wikipédia castillan est le moins faux : à part les "diphtongues" transcrites comme des séquences dotées d'un yé (donc fausses : yé est une consonne, pas une voyelle), le reste est correctement transcrit (bien qu'étant faux au niveau de l'analyse). Le Wikipédia catalan est le plus comique : toutes les prétendues "diphtongues" sont transcrites avec des symboles de glissantes !!!...



On retrouve encore cette dichotomie pour la transcription du roumain qui connaîtrait à la fois la vraie diphthongue   o̯a / floare   et la fausse "dipthongue"   wa / steaua . Ne connaissant pas le roumain, impossible de dire s'il s'agit d'une erreur de transcription et/ou d'analyse de la chaîne phon(émat)ique. En revanche voici une belle horreur : une "triphtongue" notée avec deux glissantes (!)   →   waj / înșeuai ...



Plutôt que Wikipédia, autant s'en remettre à Luciano Canepari, phonéticien. Pour l'italien, il affirme que les séquences type et ne sont pas des diphthongues et encore moins des diphtongues ascendantes.



Pour le français, Canepari pense  que les séquences traditionellement présentées avec yé, ué et oué ne sont nullement des diphtongues. En revanche il entend des diphthongues non phonémiques dans :
     [lɪ̯i·vʁə]     /     li·vʁə     /     livre
     [ʁʊ̯u·ʒə]     /     ʁu·ʒə     /     rouge.
Donc aucun rapport avec la thèse de JOURDAN.

149

Re : les diphtongues

glop a écrit:

Juste un mot!
Et si certaines diphtongues du temps jadis  avaient  été ré-orthographiées en doubles voyelles !
Pourquoi Saint-Hubert de Marolles est il devenu Saint-Hubert de Maroilles?

oui, bien sûr, il y a une histoire de la prononciation qui a laissé des traces dans les orthographes, mais il est dangereux de s'en servir pour raisonner.

150 Dernière modification par JOURDAN (02-07-2012 05:18:48)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Oui, c'est enfin clair (les commutations qui ne donnent pas forcément des phonèmes, pas le fait que vous le disiez depuis le début smile ). Et ce n'est pas vous qui me l'avez fait comprendre alors que cela aurait été si simple. Je ne vous reproche pas de ne pas être foutu d'entrer dans les arcanes de mes raisonnements tordus moi smile.

Vous pouvez répéter autant que vous voulez, je n'y comprends goutte (et parce que je suis complètement crétin, formuler et re-formuler vous ai-je dit) : je devine que vous voulez dire qu'il faut parvenir à un ensemble fini de phonèmes qui permette de symboliser de manière univoque tous les mots d'une langue sans aucune ambiguïté de sens. Si je devais comprendre autre chose, prenez-vous-en à vous-même.

On doit parvenir à un ensemble logique de phonèmes, suffisemment parcimonieux, mais pas forcément le plus restreint non plus. Il doit permettre d'expliquer tous les mots, oui certes, enfin presque tous, il peut toujours y avoir une ou deux exceptions. Mais il doit respecter aussi la morphologie de la langue.

En pratique aucun linguiste n'a probablement jamais dégagé les phonèmes d'aucune langue un a un en partant de zéro, "bêtement". C'est seulement les cas un peu complexes qui lui demandent du vrai travail. *

Pour nos langues IE, les bases de la décomposition en phonèmes ont été jetées il y a longtemps, quand les grecs ont inventé l'alphabet (avant lui aucun "alphabet" ne notait aussi bien consonnes que voyelles).

*  (Au moment de l'apprentissage de la langue la structuration d'ensemble se fait "toute seule", plus ou moins difficilement en fait selon la langue "de départ" et l'âge linguistique de l'impétrant. Comme l'expliquait notre chère SFU, l'élève va structurer les sons en fonction de sa propre carte phonologique, surtout au début. Un certain nombre de 'sons' vont "coïncider" plus ou moins, certaines distinctions auxquelles il est habitué vont se révéler inutiles, de nouvelles distinctions vont au contraire se révéler INDISPENSABLES. Le pire scenario, presque toujours réalisé, étant un allègre mélange de ces difficultés, incluant le recyclage de certains traits dans des utilisations complètement différentes et autres permutations circulaires). Le linguiste arrivera normalement au bout de ces difficultés, avec son calepin et son bagage théorique, sur le papier. L'apprenant sur le tas, pas toujours, d'autant que l'exoticité des traits distinctifs dans la langue cible se manifestera à DEUX niveaux, le premier étant de les entendre (pouvoir les répérer/répéter) et le deuxième niveau de les RETENIR (difficultés souvent mal distinguées).

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