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forum abclf » Réflexions linguistiques » Accord du verbe avec un auteur féminin

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Messages [ 26 ]

Sujet : Accord du verbe avec un auteur féminin

Bonjour,

Une petite question grammaticale:

L'auteur = Mme XYZ

Pourrions-nous accorder le verbe au féminin comme si le sujet était féminin alors que "auteur" est un substantif masculin?
Autrement dit, pouvons-nous avoir:

L'auteur s'est installée avec son fils. L'auteur est arrivée dans ce pays en 2000.

Quelle est la règle?
Merci pour votre aide.
Ysa

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Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Salut, isabil,

Chez nous, il y a longtemps que nous écrivons l'auteure, ce qui  règle la question.

Les Français ayant creusé leur tombe en ce domaine, je leur laisse le soin de s'en sortir...

Verbum

In principio erat Verbum

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Les Français estiment que les auteurs n'ont pas de sexe, car les cerveaux n'ont pas de sexe, et la création non plus.
Ce n'est pas l'auteur qui est arrivé dans le pays, mais une  femme qui a un fils.
On ne parlera de l'auteur que dans l'étude de son texte : « l'auteur préfère systématiquement le passé composé... »

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

J'ajouterai qu'un auteur est à l'origine d'une chose qui n'est pas exclusivement une création littéraire.

Rien ne vous empêche donc d'employer écrivaine, compositrice, sculptrice, conceptrice, créatrice, styliste...

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

5 Dernière modification par yd (03-04-2012 11:41:35)

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Entre ces trois formulations, laquelle conseilleriez-vous à des élèves :
(1) notre professeur est enceint, car il est une femme,
(2) notre professeur est enceinte, car il est une femme,
(3) notre professeur est enceinte, car elle est une femme ?

Ne serait-il pas plus simple d'admettre que des noms masculins, lorsqu'ils s'appliquent à des femmes, deviennent - ou peuvent devenir - féminins ? Ne disons-nous pas aussi bien une élève qu'un élève, une enfant qu'un enfant, sans nous poser aucune question, alors qu'élève et enfant sont par défaut des noms masculins ? Pourquoi traiter autrement des noms comme auteur et professeur ?

Si la notion de masculin par défaut n'existe pas en grammaire, ne serait-il pas temps de l'officialiser pour tous les noms réputés masculins et qui n'ont pas de version au féminin mais qui s'appliquent aussi bien à des femmes ?

11h30 - Il est vrai que pour une femme on peut dire un professeur aussi bien qu'une professeur sans vraie raison d'anonymat, mais simplement parce qu'on ne juge pas utile de préciser qu'il s'agit d'une femme. Or justement, la notion de masculin par défaut paraît autoriser cette souplesse. Si je dis un / mon / son professeur, j'accorde tout au masculin, si je dis une / ma / sa professeur, j'accorde tout au féminin.

Une auteur, je l'utiliserais moins facilement qu'une professeur, mais de la même manière, si j'opte pour un auteur, j'accorde tout au masculin, si j'opte pour une auteur, j'accorde tout au féminin.

Pour moi, donc, je ne peux répondre directement à la question posée par Isabil, mais seulement à la question entre un auteur et une auteur, et si j'opte pour un auteur - et seulement dans ce cas -, je rejoins la réponse de P'tit prof.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

J'ai toujours été surpris de voir dans un texte "auteure" ou "écrivaine", même si au fond c'est logique. Je serais aussi partisan d'une féminisation simple et systématique de ce genre de noms, même si j'ignore si c'est encore bien accepté partout... Qu'en dit l'Académie ?

"Amo tanto a España porque la conozco" (Gregorio Marañón)

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

écrivain => écrivaine est une formation légitime

professeur = professeure ou auteur => auteure ne le sont pas.

Je n'aurais rien contre une professeuse ou une autrice.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

8 Dernière modification par palomar (03-04-2012 20:49:20)

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Viacrucis a écrit:

J'ai toujours été surpris de voir dans un texte "auteure" ou "écrivaine"

Moi je suis surpris de voir "auteure", tout comme "professeure".
Par contre, je trouve que "écrivaine" est logique.
Doit-on dire "instituteure", ou "institutrice" ?
Doit-on dire "directeure", ou "directrice" ?
Dans le premier cas, je devrais me résoudre à dire que les automobiles ont les roues avant directeures, et, pour la majorité, moteures.

9 Dernière modification par yd (03-04-2012 22:04:51)

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Mais les quatre roues moteuses seraient parfaites pour désigner les quatre-quatre de la plus authentique frime...

Une autrice parviendra-t-il à valoir, pour une femme, le nom d'auteur ? C'est un peu la même question entre professoresse et professeur, quand on sait que doctoresse, un temps assez pratiqué, a quasiment disparu. Écrivaine me parait à moi aussi avoir bien plus de chances.

On recevrait tout de même positivement, je pense, quelques recommandations pensées, souples et prudentes de l'Académie, je trouve qu'elles manquent. On peut recommander tel féminin tout en reconnaissant parfaitement, par exemple, pour une femme un professeur tout aussi bien qu'une professeur, en expliquant un peu le cadre de chacun des trois choix. Ce ne serait pas brusquer l'usage, mais plutôt l'accompagner.

Fille légère ne peut bêcher.

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Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Je vous prie de m'excuser d'insister, mais quelqu'un qui vit de sa plume ne dira pas "je suis auteur" (en dehors des films américains doublés où ce mot correspond mieux au mouvement des lèvres provoqué par la prononciation de writer) ; il dira "je suis écrivain".

"Auteur" n'est pas le métier d'écrire ; ce n'est pas un métier.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

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Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Perkele a écrit:

Je vous prie de m'excuser d'insister, mais quelqu'un qui vit de sa plume ne dira pas "je suis auteur".

Je suis d'accord avec vous. Mais combien d'auteurs qui ne vivent pas de leur plume se présentent pourtant comme des écrivains !

12 Dernière modification par Perkele (05-04-2012 08:00:29)

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

coco47 a écrit:
Perkele a écrit:

Je vous prie de m'excuser d'insister, mais quelqu'un qui vit de sa plume ne dira pas "je suis auteur".

Je suis d'accord avec vous. Mais combien d'auteurs qui ne vivent pas de leur plume se présentent pourtant comme des écrivains !

Vous parlez d'auteurs de textes ?
S'ils écrivent (et sont publiés) ne sont-ils pas écrivains ?

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

13 Dernière modification par yd (05-04-2012 11:41:51)

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Je reformule ma question plus haut en remplaçant professeur par auteur :
Dans un commentaire d'un livre écrit par une femme, devrai-je écrire
- (1) cet auteur nous raconte que du temps où il était enceint etc.,
- (2) cet auteur nous raconte que du temps où il était enceinte etc.,
- (3) cet auteur nous raconte que du temps où elle était enceinte etc.,
- (4) cette auteur nous raconte que du temps où elle était enceinte etc.?

Ce n'est pas parce que la question ne se pose pas toujours qu'elle ne se pose jamais. J'insiste, car il est de nombreuses occasions où l'on ne saurait s'en tirer avec le masculin. Il reste alors trois vrais choix, soit auteur au féminin, soit auteure, soit autrice, et si on ne veut ni d'auteure ni d'autrice, il faudra bien accepter auteur au féminin. C'est butane ou c'est propane, pardon à toutes et à tous les auteurs.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

On écrira :
George Sand, ou Colette, ou Françoise Mallet-Joris  nous raconte que du temps où elle était enceinte....
Par contre on écrira :
George Sand, ou Colette, ou Françoise Mallet-Joris est l'auteur d'une œuvre romanesque très dense.

Marina Yaguello, linguiste (cest bien, linguiste, c'est épicène comme helléniste...) traite cette question, et d'autres, dans les Mots et les femmes. On le lit tous, et on revient en discuter après !

Cela dit,  je ne me lasse pas de répéter que cette féminisation des noms de profession et de fonction rabaisse les femmes au rang de femelles de l'espèce. Non, la femme auteur n'est pas la femelle de l'homme auteur, elle est un auteur. Sans compter que cette dérivation à partir de la forme masculine installe l'homme dans une position dominante : l'homme est, la femme dérive de l'homme.
Pas très féministe, AMHA.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Il va falloir penser à interdire les docteurs de père en fils, pour n'avoir pas à reconnaître les docteurs de mère en fille, donc que docteur peut prendre le genre féminin.

Fille légère ne peut bêcher.

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Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Il faudrait se demander pourquoi "doctoresse" ne prend pas. Si les francophones avaient tant besoin de souligner qu'ils se font soigner par une femme ils l'auraient adopté : c'était reconnu, c'était correctement formé.

Ceux qui actuellement s'appliquent a employer les formes féminines (anarchiquement formées) croient, pour la plupart, qu'une loi quelconque les y oblige.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

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Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

"Ceux qui actuellement s'appliquent a employer les formes féminines (anarchiquement formées) croient, pour la plupart, qu'une loi quelconque les y oblige."

Absolument!
A commencer par les enseignants qui ne sont jamais en retard d'un combat...

On veut bien féminiser mais à condition que cela sonne masculin : auteure (que l'on devrait prononcer du reste avec un "eu" fermé pour cause de syllabe finale.) et non auteuse ou autrice.

Le féminin de peintre existe. C'est peintresse (utilisé couramment dans l'entre deux guerres). Mais on préfère une peintre (alors que "une femme peintre" est si élégant).

Je ne dis rien du "sapeuse-pompière" recommandé très officiellement sur un ancien site faisant la promotion de la féminisation des noms de métiers.

Je note que pour les métiers vraiment féminins, mais ayant une aura de prestige, la revendication ne semble pas se faire jour. Personne ne revendique l'usage de "mannequine" à la place de mannequin.
Ce qui semble bien démontrer que derrière cette volonté, il y a surtout une revendication d'ordre social et idéologique qui n'a que faire de la logique de la langue et ne craint pas de l'utiliser à des fins partisanes.

"Le mot chien ne mord pas" et la fonction sociale n'a pas de sexe. Tout ceci participe d'une vision animiste ou magique du monde qui se nomme le nominalisme.

"Omnes stulti omnia tentant." Saint Thomas d'Aquin

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Je plussoie, je trisse, je quadrisse...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Merci P'tit prof.

Je plussoie, trisse et quadrisse également à ce que vous écriviez :

"Cela dit,  je ne me lasse pas de répéter que cette féminisation des noms de profession et de fonction rabaisse les femmes au rang de femelles de l'espèce. Non, la femme auteur n'est pas la femelle de l'homme auteur, elle est un auteur. Sans compter que cette dérivation à partir de la forme masculine installe l'homme dans une position dominante : l'homme est, la femme dérive de l'homme."

Et si dans cette affaire l'on recommande des féminins de fantaisie (docteure, au lieu de doctoresse ; auteure, au lieu d'auteuse), c'est que cette entreprise idéologique se double d'une volonté de miner la langue perçue comme porteuse de valeurs, vecteur de culture... et facteur d'intelligence.

Ce qui explique également pourquoi les zélés enseignants sont majoritairement à l'avant garde de ce combat où la langue est sacrifiée sur l'autel de la démagogie.

Pour les enseignants de bonne volonté, ne voyez aucune volonté polémique à mes propos.

Mais sur un forum consacré à la langue française, on me permettra de prendre avant tout la défense de cette dernière.

Et pour tout dire, je doute fort que la plus grande menace qui pèse sur la cause des femmes ce soit un hypothétique mépris résultant d'un hypothétique manque de reconnaissance sociale pour manque de vocables féminins pour désigner des métiers jusque-là majoritairement exercés par des hommes.

Si menace il y a, elle est ailleurs et comme les théologiens byzantins, nous sommes en train discuter du sexe des anges...

"Omnes stulti omnia tentant." Saint Thomas d'Aquin

20 Dernière modification par yd (06-04-2012 13:17:14)

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Tout ce que je dis, c'est qu'en refusant de reconnaître les cas où une professeur, une auteur, une docteur se justifient, on ne peut que se faire déborder par des féminins allant dans tous les sens : entre auteuse et autrice, je n'aime pas plus l'un que l'autre, et surtout je ne vois pas que l'un se justifie plus que l'autre.

Il faudrait tout de même prendre garde à ceci : grammaticalement, la langue française à classé tous les noms, ou pratiquement tous les noms, entre masculin et féminin. Le féminin ne saurait donc en français être réservé, concernant la femme, qu'aux seuls cas où le caractère féminin est exclusif ou explicite, c'est l'évidence même, et cela reviendrait, sous prétexte de labourer la langue en voulant la sauver de l'état sauvage, à la terrasser au bulldozer : de la structure-même du sol il ne resterait plus rien.

Mannequin est en en effet masculin, mais d'une part c'est un emprunt au néerlandais, et d'autre part en néerlandais cela veut dire petit homme : on est aux antipodes des grandes et fines silhouettes des femmes mannequins actuelles. C'est un magnifique exemple d'appropriation et d'élévation féminine du masculin, mais peut-être pas de ce que tout masculin français convienne dans tous les cas à la femme.

13h15 oubli de pas rectifié

Fille légère ne peut bêcher.

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Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

yd a écrit:

Tout ce que je dis, c'est qu'en refusant de reconnaître les cas où une professeur, une auteur, une docteur se justifient, on ne peut que se faire déborder par des féminins allant dans tous les sens : entre auteuse et autrice, je n'aime pas plus l'un que l'autre, et surtout je ne vois que l'un se justifie plus que l'autre.

Et si l'on appliquait une règle simple que tout le monde connaït ?

Les noms masculins se terminant par EUR (ils font généralement partie de la famille d'un verbe de même forme) font leur féminin en EUSE :
- accoucheur (accoucher) => accoucheuse
- accordeur (accorder) => accordeuse
- chauffeur (chauffer) => chauffeuse
- chercheur (chercher) => chercheuse
- professeur (professer) => professeuse
- procureur (procurer) => procureuse
- chanteur (chanter) => chanteuse
- acheteur (acheter) => acheteuse
- ingénieur (ingénier) => ingénieuse
- gouverneur (gouverner) => gouverneuse
- brocanteur (brocanter) => brocanteuse
- rapporteur (rapporter) => rapporteuse
- successeur ( - ) => successeuse ?

Font leur féminin en TRICE, les noms masculin finissant par TEUR dont la forme ne correspond à aucun verbe de même sens :
- admirateur => admiratrice
- auditeur => auditrice
- éditeur => éditrice
- aviateur => aviatrice
- facteur => factrice
- auteur (il n'y a pas de verbe auter) => autrice
- docteur (pas de verbe docter) => doctrice
- procurateur (pas de verbe procurater) => procuratrice
- conducteur (pas de verbe conducter) => conductrice
- administrateur (administrater ?) => administratrice

Cela dit, l'argument de la beauté n'a rien à voir avec la grammaire et, comme le dit le proverbe, "n'est pas beau ce qui es beau, est beau ce qui plaît".

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

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Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Et si on continuait de faire comme avant, plutôt que de charcuter la langue?

L'évolution de la langue ne se décrète pas. Seule son évolution naturelle peut être entérinée par l'usage. Et encore pas dans tous les cas.

La beauté peut ne rien avoir à faire avec la grammaire.  Mais l'élégance, avec l'usage de la langue, certainement...

"Omnes stulti omnia tentant." Saint Thomas d'Aquin

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Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Majesté a écrit:

Et si on continuait de faire comme avant, plutôt que de charcuter la langue?

Euh... la règle que j'ai énoncée m'a été enseignée à l'école primaire.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

24

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Majesté a écrit:

La beauté peut ne rien avoir à faire avec la grammaire.  Mais l'élégance, avec l'usage de la langue, certainement...

Les canons de la beauté et de l'élégance varient...

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

Mannequin est en en effet masculin, mais d'une part c'est un emprunt au néerlandais, et d'autre part en néerlandais cela veut dire petit homme

Emprunt ancien, qui date du Moyen-Age : Philippe de Rémy est l'auteur de la Mannekine, un roman qui retrace les aventures d'une jeune fille.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Accord du verbe avec un auteur féminin

C'est à l'école primaire que l'on enseigne ces belles choses ?

Les noms masculins se terminant par EUR (ils font généralement partie de la famille d'un verbe de même forme) font leur féminin en EUSE :
- accoucheur (accoucher) => accoucheuse
- accordeur (accorder) => accordeuse
- chauffeur (chauffer) => chauffeuse
- chercheur (chercher) => chercheuse
- professeur (professer) => professeuse
- procureur (procurer) => procureuse
- chanteur (chanter) => chanteuse
- acheteur (acheter) => acheteuse
- ingénieur (ingénier) => ingénieuse

Ingénieur ne vient pas de s'ingénier, mais du mot engin, machine de guerre, mot qui a donné aussi enginer,, tendre un piège : « Tel cuide enginer autrui qui s'engine soi-même. »

- gouverneur (gouverner) => gouverneuse

Le féminin existe : au gouverneur des enfants de grande famille faisait pendant la gouvernante. Ceci précisé, madame de Genlis, quand le duc d'Orléans lui confia l'éducation de ses enfants, réclama d'être le gouverneur, et non la gouvernante. La sphère d'intervention du gouverneur était plus large, incluant l'éducation intellectuelle, quand celle de la gouvernante se limitait au
« mouche ton nez, dis bonjour à la dame».

- brocanteur (brocanter) => brocanteuse
- rapporteur (rapporter) => rapporteuse
- successeur ( - ) => successeuse ?

Successeur vient de succéder. Son féminin naturel serait successeresse, comme demanderesse est le féminin de demandeur, et défenderesse, celui de défendeur, deux termes juridiques toujours en usage.

Font leur féminin en TRICE, les noms masculin finissant par TEUR dont la forme ne correspond à aucun verbe de même sens :

A aucun verbe ? vraiment ? on vous a dit ça ? On ne vous a pas dit que le suffixe -teur, venant du latin -tor/ -trix sert  former des noms d'agent à partir de verbes ? Faire, facteur, agir, acteur.


- admirateur => admiratrice

de admirer.

- auditeur => auditrice

du fond du latin audire, entendre.

- éditeur => éditrice

du fond du latin edere, faire sortir.

- aviateur => aviatrice
- facteur => factrice

Pas de verbe *aviater, mais un verbe faire : le facteur fait.

- auteur (il n'y a pas de verbe auter) => autrice

Là, non, mais un verbe augere, en latin, signifiant augmenter, d'où auctor, celui qui fait pousser.

- docteur (pas de verbe docter) => doctrice

Non, mais un verbe docere latin, qui signifie enseigner, d'où doctor, celui qui enseigne.


- procurateur (pas de verbe procurater) => procuratrice

Du latin procurator, comme Ponce Pilate, de procurare, s'occuper de.

- - conducteur (pas de verbe conducter) => conductrice
- administrateur (administrater ?) => administratrice

Conduire et administrer, vous connaissez ?

Tout n'est pas faux, dans cette liste. Elle révèle la grande misère de l'enseignement : le manque de formation des maitres. Ils ne vous ont pas donné les bonnes étymologies, car ils les ignoraient, et ils les ignoraient car nul n'avait jugé bon de les leur enseigner : à petites classes, petites connaissances...
Pourtant, Diderot disait déjà que seuls les maitres peuvent enseigner le rudiment, car pour guider un débutant, il faut dominer la question.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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