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forum abclf » Réflexions linguistiques » Injustice de sexe

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Messages [ 36 ]

Sujet : Injustice de sexe

J'ai toujours été étonné qu'on conserve encore des habitudes anciennes qui privilégiaient le masculin dans notre langue française.

- Si je croise un groupe de 5 femmes et un homme, le masculin l'emporte.
- De nombreux métiers ne trouvent pas leur équivalence au féminin.
- On dit "mademoiselle" à une femme non-mariée et "monsieur" à un homme marié ou pas.

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Re : Injustice de sexe

katsoura a écrit:

- Si je croise un groupe de 5 femmes et un homme, le masculin l'emporte.
- De nombreux métiers ne trouvent pas leur équivalence au féminin.
- On dit "mademoiselle" à une femme non-mariée et "monsieur" à un homme marié ou pas.

Pour le premier thème (et un peu aussi le deuxième), ça vient du fait que le GENRE GRAMMATICAL masculin est "non marqué". Si vous croisez cinq recrues et un mannequin, c'est le mannequin qui prime. Pour l'équité, les langues finno-ougriennes (finnois, estonien, hongrois) sont imbattables: pas de genre.

Pour le deuxième, j'en conviens, il y a une part d'arbitraire, mais là aussi au genre non marqué, mais ça donne des résultats curieux: "Ce professeur est devenu directrice (?)" Ce sujet avais déjà été abordé dans ce forum, mais je n'ai pas retrouvé dans quelle rubrique, sinon, j'aurais tâché de vous envoyer un lien.

Pour le troisième, l'arbitraire est beaucoup plus dû à l'état civil qu'à la langue elle-même, et pas uniquement en français: exemples

Es................D................Nl
Señor.........Herr...........Meneer
Señora.......Frau...........Mevrouw
Señorita.....Fräulein.....Juffrouw

Et cætera

Solution possible pour applanir tout ça:

Citoyen(ne) ou bien encore... Camarade!  wink

3 Dernière modification par Perkele (09-04-2005 08:26:23)

Re : Injustice de sexe

Et pour le troisième point, la solution appartient aux femmes. Pourquoi certaines d'entre-elles revendiquent-elles ce "Mademoiselle" que le monde professionnel a supprimé ?

Pourquoi d'ailleurs continuent-elles a abandonner leur nom de famille au profit de celui de l'homme qu'elles épousent alors que la loi ne les y a jamais obligées ?

Pourquoi ne souhaitent-elles pas transmettre leur nom de famille à leurs enfants comme la nouvelle loi le leur permet ?

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

4 Dernière modification par aymon (09-04-2005 08:02:08)

Re : Injustice de sexe

Je commence par le troisième point, j'ai remarqué que les femmes non mariées sont ravies quand on les appelle madame, et les mariées enchantées quand on les appelle mademoiselle !
Pour le reste : je ne veux pas piétiner les plates-bandes de Lakroutt, qui a brillamment répondu. Je donne juste la position de l'Académie. Les noms de fonctions sont asexués, ils sont neutres. Mais le genre neutre n'existe pas en français dans les articles ou les pronoms, on lui substitue par défaut le masculin. Ce n'est pas du machisme, du sexisme. De nombreuses fonctions ou professions n'ont pas de féminin, ou pas de masculin, parce que jusqu'à une époque récente certaines étaient toujours exercées par des hommes ou des femmes. Aujourd'hui ce n'est plus le cas, il y a des hommes qui sont sages-femmes (on n'a pas trouvé d'équivalent masculin) et des femmes qui sont médecin (pas d'équivalent féminin). Quand on dit d'une  femme que c'est un cordon-bleu c'est parce que cordon est un nom masculin.
Pour l'exemple de Lakroutt, le professeur devenu directrice, reportons-nous à l'Académie : il ne faut pas confondre le genre de la personne avec celui de la fonction. Professeur est neutre (masculin par défaut à cause du vide grammatical), mais c'est la personne humaine qui est directrice. Dans ce cas on doit indiquer le sexe par une référence, du genre : madame le professeur est absente, elle reviendra la semaine prochaine. C'est madame qui est absente, personne physique matérialisée, pas le professeur, notion intangible. Chaque fois que le genre de la personne est indiqué ou connu, il se distingue de celui de la fonction dans l'accord du pronom ou de l'article. Et rappelons que certains noms de fonctions concernant uniquement des hommes sont de genre féminin : une recrue, une vigie, une estafette, une sentinelle, une ordonnance... de même une canaille, une fripouille ne se disent pas pour des femmes.

Aymon

Re : Injustice de sexe

Et le machisme n'existe que dans la formule "le masculin l'emporte sur le féminin" employée par les institueurs pour donner un réflexe d'accord correct aux enfants.

Formule qui n'est pas une règle grammaticale, la règle étant plus complexe à énoncer.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

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Re : Injustice de sexe

Perkele a écrit:

Et le machisme n'existe que dans la formule "le masculin l'emporte sur le féminin" employée par les institueurs pour donner un réflexe d'accord correct aux enfants.

Formule qui n'est pas une règle grammaticale, la règle étant plus complexe à énoncer.

beaucoup d'instituteurs ont abandoné cette formule qui est en contradiction avec leur cours d'éducation civique. ma fille dit : quand on a le choix , on écrit au plus simple (l'orthographe au masculin est plus simple que l'orthographe au féminin)

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Re : Injustice de sexe

luciel a écrit:
Perkele a écrit:

Et le machisme n'existe que dans la formule "le masculin l'emporte sur le féminin" employée par les institueurs pour donner un réflexe d'accord correct aux enfants.

Formule qui n'est pas une règle grammaticale, la règle étant plus complexe à énoncer.

beaucoup d'instituteurs ont abandoné cette formule qui est en contradiction avec leur cours d'éducation civique. ma fille dit : quand on a le choix , on écrit au plus simple (l'orthographe au masculin est plus simple que l'orthographe au féminin)

C'est une idée comme une autre, et qui fait certainement mouche dans l'esprit de l'enfant. L'essentiel est de s'affranchir des affirmations qui peuvent laisser un doute sur l'égalité des sexes, comme celle citée par Perkele, qui crée une idée reçue pernicieuse.

Aymon

Re : Injustice de sexe

katsoura a écrit:

- De nombreux métiers ne trouvent pas leur équivalence au féminin.

Je crois qu'une bonne façon d'analyser ce problème serait, selon un protocole qui donne de bons résultats en linguistique, de commencer par établir une règle simple et d'examiner ensuite les raisons pour lesquelles certains noms ou classes de noms échappent à la règle. Je proposerais :
règle 1 : Les noms de professions, métiers, titres et fonctions sont masculins, le genre non marqué.
règle 2 : Quand il est nécessaire de pouvoir désigner l'épouse d'un titulaire masculin, un féminin est formé pour cet usage :
- la boulangère vend le pain que son mari a boulangé ;
- la colonelle, la duchesse accompagnent leur mari dans ses fonctions représentatives ;
- en Grèce et à Rome anciennes, l'épouse du roi avait des fonctions religieuses spécifiques, sur basileus on a formé basilina, sur rex, regina, sur imperator, imperatrix.

Examinons maintenant quelques exceptions.
Quand l'évolution de la société a permis à des femmes de porter un titre de plein droit, on a utilisé ce « nom d'épouse » pour les désigner : la reine Victoria, l'impératrice Catherine II.
Quand le titre ou la fonction est un ancien adjectif substantivé, on continue à l'accorder : régente, directrice, députée.
Les métiers ou activités qui étaient spécifiquement féminins portent des noms uniquement féminins, lavandière, sage-femme, ou à masculins peu usités, fileuse, brodeuse.
Les activités de loisirs de la noblesse (théorie médiévale de l'otium) pouvaient être des deux genres, lecteur, lectrice, chasseur, chasseuse ou chasseresse. Mais celles de la roture restent masculines, pêcheur [de poissons] n'a pas de féminins.
Les activités condamnées par l'église ont souvent des féminins, voleuse, actrice.
Même si le suffixe -teur (-tor en grec et en latin) n'est plus productif, on a toujours conscience qu'il est formateur de noms d'agents et qu'il possède un féminin historique, -trice. Dans ce cas, quand la base est toujours motivée, on a aisément des féminins, institutrice, formatrice quand le besoin s'en fait sentir. Mais la motivation reste essentielle : comme au- ne signifie plus rien, *autrice ne peut être formé alors que actrice est soutenu par agir, action, actif.

Ce n'est, bien sûr, qu'un petit aperçu de tout ce qu'on pourrait faire. L'essentiel est de bien percevoir que la langue est ici un témoin de l'histoire des sociétés et qu'il est toujours dangereux de vouloir manipuler l'histoire. On ne peux gommer le fait que notre passé était loin d'être clément avec les femmes et que forger le mot "auteure" n'y changera rien !
Les mots n'apparaissent dans une langue, par dérivation ou emprunt que quand ils correspondent à un besoin de communication. Aujourd'hui qu'il est admis que les femmes savent écrire, on voit mal les raisons de donner un féminin à "auteur" et, d'ailleurs, fort peu d'entre elles le revendiquent !
Cordialement,
Dominique

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

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Re : Injustice de sexe

En espérant que ce n'est pas trop hors-sujet: dans l'abécédaire de mon enfance (bouquin agréé dans toutes les écoles) il y avait la phrase mémorable: "maman lave la fenêtre, papa lit le journal" smile

Je ne sais pas si l'épouse du tsar avait des fonctions religieuses, mais elle s'appelait tsaritsa, et leurs enfants tsarévitch et tsarevna smile

" j'ai remarqué que les femmes non mariées sont ravies quand on les appelle madame, et les mariées enchantées quand on les appelle mademoiselle "

Peut-être parce que dans le mot "mademoiselle" est une certaine notion de jeunesse smile

Il y avait une période, quand je travaillais comme femme de ménage le jour et comme serveuse le soir. Le soir,  on m'appelait "mademoiselle", et le jour "madame". Va savoir pourquoi smile

10 Dernière modification par Dominique Thillaud (10-04-2005 14:30:24)

Re : Injustice de sexe

skirlet2 a écrit:

En espérant que ce n'est pas trop hors-sujet: dans l'abécédaire de mon enfance (bouquin agréé dans toutes les écoles) il y avait la phrase mémorable: "maman lave la fenêtre, papa lit le journal" smile

Les deux premières phrases de l'Assimil de grec moderne sont (transcription phonétiques, accent tonique en gras) :
O Yorgos iné simpathitikos (Georges est sympathique)
I Maria iné adipathitiki (Marie est antipathique)

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

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Re : Injustice de sexe

lakroutt a écrit:

Pour le troisième, l'arbitraire est beaucoup plus dû à l'état civil qu'à la langue elle-même, et pas uniquement en français: exemples

Es................D................Nl
Señor.........Herr...........Meneer
Señora.......Frau...........Mevrouw
Señorita.....Fräulein.....Juffrouw

Et cætera

Solution possible pour applanir tout ça:

Citoyen(ne) ou bien encore... Camarade!  wink

En appelant chacun "camarade", c'est la manière dont les communistes ont essayé d'égaliser tout le monde. smile  Mais n'oublions pas l'anglais ou l'on a trouvé la formule :
Ms. [miz] pour s'adresser à une femme sans indiquer si elle est mariée ou pas, a coté de Mrs. (femme mariée) et Miss (femme non-mariée).

Re : Injustice de sexe

Balluer a écrit:

En appelant chacun "camarade", c'est la manière dont les communistes ont essayé d'égaliser tout le monde. smile

Oui, mais :
« C'est un joli mot, "camarade" »
et il n'appartient pas qu'au communisme historique ...

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

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Re : Injustice de sexe

Dominique Thillaud a écrit:

« C'est un joli mot, "camarade" »
et il n'appartient pas qu'au communisme historique ...

Mais il a une origine militaire : < (esp) cámara = chambrée de soldats.

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Re : Injustice de sexe

C'est expliqué mieux ici :

Étymol. et Hist. 1. Av. 1571 camarade subst. fém. « chambrée de soldats » (Carloix, VI, 46 ds LITTRÉ et HUG. : Comba fut pris en la maison d'une vieille qui blanchissoit le linge de sa camarade, qu'il nommoit ainsi à l'hespaignol)  1636 (MONET); 2. 1587 camarade subst. masc. ou fém. « qui fait ou subit qqc. avec et comme une autre personne », d'abord milit. (F. DE LA NOUE, Discours politiques et militaires, 296 [à propos de soldats d'infanterie espagnole] ds LITTRÉ et SCHMIDT, p. 83); 1869 spéc. pol. (F. COPPÉE, Grève des Forgerons, I, 208 ds DUB. Pol., p. 235). Empr. à l'esp. camarada, attesté aux sens 1 et 2 (« chambrée » dep. 1555, Villalón d'apr. AL.; « qui fait ou subit qqc. avec et comme une autre personne » dep. 1592, Eguiluz, ibid.), dér. de cámara (chambre*). L'ital. camerata (« chambrée » dep. la 2e moitié du XVIe s., G.P. Maffei ds BATT.; « compagnon d'armes » dep. le XVIIe s., Lippi, ibid.) a prob. influencé la forme camerade qui a vécu en fr. aux XVIe-XVIIe s.
(extrait du TLF)

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Re : Injustice de sexe

Le mot "camarade" est resté officiel. D'ailleurs, le mot "tovarichtch" (camarade) n'a pas d'origine militaire en russe.
En URSS, comme les équivalents de "monsieur", "madame" etc. ont été interdits, d'autres formes se sont développées: "homme", femme", "jeune fille".
- Homme, vous descendez à la prochaine?
- Femme, quelle heure est-il?

... et ce n'est pas une blague smile

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Re : Injustice de sexe

skirlet2 a écrit:

En URSS, comme les équivalents de "monsieur", "madame" etc. ont été interdits, d'autres formes se sont développées: "homme", femme", "jeune fille".
- Homme, vous descendez à la prochaine?
- Femme, quelle heure est-il?

... et ce n'est pas une blague smile

En tout cas, on peut supposer que cette pratique a perduré après 1991. Une habitude de 3/4 de siècle, ça ne se pert pas comme ça!


Et, dans la foulée, y d'vait bien y avoir aussi "jeune homme" (ou "jeune garçon"), non? par souci d'équité...en tout cas, chez nous et nos voisins (on m'a parlé de "signorino" en italien, quelqu'un peut-il apporter une confirmation ou un démenti?), à ma connaissance, il n'y a pas d'équivalent masculin de (ma)demoiselle (y avait bien "damoiseau" au XVIIe siècle mais bon! maintenant, ça ferait ridicule voire choquant d'appeler un ado (du 9-3 ou d'ailleurs): mondamoiseau! OUARFF!!! sad

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Re : Injustice de sexe

skirlet2 a écrit:

Le mot "camarade" est resté officiel. D'ailleurs, le mot "tovarichtch" (camarade) n'a pas d'origine militaire en russe.
En URSS, comme les équivalents de "monsieur", "madame" etc. ont été interdits, d'autres formes se sont développées: "homme", femme", "jeune fille".
- Homme, vous descendez à la prochaine?
- Femme, quelle heure est-il?

... et ce n'est pas une blague smile

On a un peu la même chose avec "Hey mec !" wink

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

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Re : Injustice de sexe

Non, ce que dit Skirlet n'est pas une blague.

Pour preuve le livre de Maria Arbatova au titre révélateur :

"Mon nom est femme "  ( septembre 2001) , éditions Jacqueline Chambon.

Très édifiant!

D.

Re : Injustice de sexe

Il me semble me souvenir que, quand j'étais jeune et allais en Yougoslavie titiste, on y utilisait couramment gospodin et gospoda. Ces mots auraient-ils disparu du russe ?

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

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Re : Injustice de sexe

Oui, il y avait également "jeune homme", "fille", garçon"...
Effectivement, la pratique a perduré. Petit à petit, la réintroduction se fait concernant les mots "gospodine", "gospoja", plutôt dans les affaires que dans la vie courante. Les mots "soudar", "soudarynia" (autre forme jadis courante) ne prennent pas pour l'instant... Les autres "pays-frères" n'ont pas été aussi extrêmistes: les Polonais ou les Tchèques n'ont jamais renoncé à leurs "pan", pani", même chose pour certiains pays ou même régions de l'URSS... non russophones.

"Hey mec !"  n'est pas tout à fait équivalent smile En russe, c'est "hé, moujik!"
(curieux, que la forme "hey nana!" n'existe pas wink)

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Re : Injustice de sexe

Ces formules sont argotiques, il en existe une quantité d'autres. Pour les femmes on ajoute l'article : eh, la souris ! eh, la nénette ! eh, la nana ! Je crois que hey est une orthographe anglaise ou plutôt américaine.

Aymon

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Re : Injustice de sexe

aymon a écrit:

Ces formules sont argotiques...

En effet, je me verrais assez mal commencer une lettre à mon conseiller financier avec une telle apostrophe! Mais on peut trouver de telles formules dans les romans noirs ou populaires ou dans certaines BD pour un public averti (celui qui, dit-on, en vaut deux).

Je crois que hey est une orthographe anglaise ou plutôt américaine.

L'orthographe anglo-américaine est plutôt, si je ne me trompe pas: "Hi!". (prononciation: [aj], comme "aïe")

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Re : Injustice de sexe

lakroutt a écrit:
aymon a écrit:

Ces formules sont argotiques...

En effet, je me verrais assez mal commencer une lettre à mon conseiller financier avec une telle apostrophe! Mais on peut trouver de telles formules dans les romans noirs ou populaires ou dans certaines BD pour un public averti (celui qui, dit-on, en vaut deux).

Je crois que hey est une orthographe anglaise ou plutôt américaine.

L'orthographe anglo-américaine est plutôt, si je ne me trompe pas: "Hi!". (prononciation: [aj], comme "aïe")

Je n'étais pas du tout sûr de moi, c'était un appel. Voilà un avis que je suis prêt à accepter, s'il est confirmé.

Aymon

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Re : Injustice de sexe

le genre des noms en français (et probablement aussi dans d'autres langues) ne vient pas d'un processus flexionnel, mais dérivationnel.
(flexion = toutes les formes d'un mot ; dérivation = à partir d'un mot1 on forme un mot2).
Un exemple classique :
(1)J'ai trois chats noirs et un gris.        versus
(2)*J'ai trois chats noirs et une grise.
En (2), on ne peut pas reprendre "chat", car il est spécifié /masculin/ et n'a pas de cases /féminin/ dans son paradigme. "chatte" est un autre mot.

Autrement dit, changer le genre d'un nom, c'est créer une nouvelle unité lexicale et pas faire un accord comme on ferait avec un adjectif.
Ca + le fait que, comme ça a déjà été dit, le genre est une caractéristique grammaticale et pas "ontologico-matérielle..." peut expliquer pourquoi les noms de la plupart des professions n'ont jamais été fémininsés.
Mais il faut jamais oublier que les langues sont toujours en mouvement...

25

Re : Injustice de sexe

Je voudrais faire appel à toutes les femmes de ce forum, suis-je la seule qui me fiche de la féminisation des professions et autres mots ou suis-je (encore) un cas à part ? Je suis une femme, je suis docteur (et non .... doctrice ?), je ne suis pas mariée (mais le jour où je le serais je prendrais le nom de mon homme) mais mon fils porte le nom de son père, et alors ? Je ne vois pas où est le problème, il serait temps que les femmes soient un peu plus fières de ce qu'elles sont, ce qui est quand même un peu plus que la qualifacation qu'on nous donne non ? Trop de féminisme, tuera le féminisme ...

Caro.

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Re : Injustice de sexe

Pour la correspondance, on n'utilisait pas "homme", femme" etc. Soit on mettait "estimé(e) suivi de prénom-patronyme (une autre particularité culturelle smile), soit (si on ne connaissait pas le nom du destinataire) on commençait la lettre par un "bonjour".

Quant au féminisme, je suis pour, mais sans aller jusqu'aux extrêmes... J'avoue que l'impossibilité de dire "écrivain" ou "professeur" au féminin me chiffonne un peu. On peut dire "instituteur-institutrice" mais pas "ecrivaine"?.. En russe, la féminisation existe, mais parfois c'est un peu ambigu (je ne vais pas me lancer dans les subtilités, pas sûr que ça intéresse les participants). Pourtant, je vais prononcer le mot qui fâche smile (un petit troll, hé hé) - en espéranto, on peut sans problème et sans ambiguité féminiser les professions (langue régulière), mais on a tout à fait le droit de ne pas le faire smile

27

Re : Injustice de sexe

Je ne vois pas ce que mettre des mots au féminin peut apporter aux femmes. Celles qui ont le plus besoin qu'on se bouge pour elles (les femmes battues par exemple) ont besoin de tout autre chose.

Dans cette campagne de féminisation, c'est précisément l'aspect "campagne" qui me gêne. Pourquoi vouloir forcer la main tout en disant que la langue évolue naturellement ?

Laissons-là évoluer et on verra bien.

Par ailleurs les féminisation en "eure" me hérissent.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

28

Re : Injustice de sexe

"Mais où sont passées les dames du temps jadis?"
...les dames catéchistes, les pionnes, les dirlotes ?

Dans ma lointaine enfance, quand arrivaient les bonnes chaleurs de l'été, nous jouions volontiers au jeu des métiers. Le meneur - oula meneuse- de jeu énonçait la première et la dernière lettre du nom de métier que devaient deviner les joueurs et les joueuses. ( exercice d'orthographe simplet , mais volontaire et gratuit ).
C'était un des jeux d'été sous le regard approbateur des maîtresses d'école qui devinrent des institutrices avant d'accéder au titre prestigieux  de professeurs des écoles ( masculin? féminin? neutre?).

Ce qui me plait bien, cest que beaucoup d'entre elles se disent simplement "enseignantes"... Oh ! les fûtées !

D.

29

Re : Injustice de sexe

Imposer la féminisation ce n'est qu'une volonté de modifier la pensée en modifiant le langage.

Le cas est le même lorsqu'un chef du personnel devient un DRH ou une femme de ménage une technicienne de surface.

Un aveugle ne verra pas mieux s'il est appelé "non-voyant" et il ne sera pas mieux considéré.

Dans les cours des école les enfants se traitaient de "mongolien" ou de "gogol" ; maintenant ils se traitent de "trisomique".

Laisson le langage évoluer de lui-même. Soyons vigilants pour que cette évolution de complique pas encore plus notre grammaire et pour que nous puissions continuer à nous comprendre. Mais ne nous laissons pas imposer des modifications pour des raisons fallacieuses.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

30 Dernière modification par skirlet (14-04-2005 16:26:43)

Re : Injustice de sexe

Dans le politiquement correct, j'apprécie beaucoup "hôtel de ville" à la place de "mairie" smile Ca permet de  remplacer "maire" par "maître d'hôtel de ville" smile

Laissez la langue évoluer... au Québec, elle a évolué vers la féminisation. Mais rien n'est simple...

Un gars : c'est un jeune homme, Une garce : c'est une pute.
Un courtisan : c'est un proche du roi, Une courtisane : c'est une pute.
Un masseur : c'est un kiné, Une masseuse : c'est une pute.
Un coureur : c'est un joggeur, Une coureuse : c'est une pute.
Un rouleur : c'est un cycliste, Une roulure : c'est une pute.
Un professionnel : c'est un sportif de haut niveau, Une professionnelle : c'est une pute.
Un homme sans moralité : c'est un politicien, Une femme sans   moralité : c'est une pute.
Un entraîneur : c'est un homme qui entraîne une équipe sportive, Une entraîneuse : c'est une pute.
Un homme à femmes : c'est un séducteur, Une femme à hommes : c'est une pute.
Un homme public : c'est un homme connu, Une femme publique : c'est une pute.
Un homme facile : c'est un homme agréable à vivre, Une femme facile : c'est une pute.
Un homme qui fait le trottoir : c'est un paveur, Une femme qui fait le trottoir : c'est une  pute.

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

31

Re : Injustice de sexe

un homme qui baise : c'est un homme qui aime faire des baisers
une femme qui baise : là, c'est vraiment une pute peut-être respecteuse

Re : Injustice de sexe

skirlet a écrit:

Un gars : c'est un jeune homme, Une garce : c'est une pute.
Un courtisan : c'est un proche du roi, Une courtisane : c'est une pute.
Un masseur : c'est un kiné, Une masseuse : c'est une pute.
Un coureur : c'est un joggeur, Une coureuse : c'est une pute.
Un rouleur : c'est un cycliste, Une roulure : c'est une pute.
Un professionnel : c'est un sportif de haut niveau, Une professionnelle : c'est une pute.
Un homme sans moralité : c'est un politicien, Une femme sans   moralité : c'est une pute.
Un entraîneur : c'est un homme qui entraîne une équipe sportive, Une entraîneuse : c'est une pute.
Un homme à femmes : c'est un séducteur, Une femme à hommes : c'est une pute.
Un homme public : c'est un homme connu, Une femme publique : c'est une pute.
Un homme facile : c'est un homme agréable à vivre, Une femme facile : c'est une pute.
Un homme qui fait le trottoir : c'est un paveur, Une femme qui fait le trottoir : c'est une  pute.

Un petit bijou d'humour et de terrible intelligence, Skirlet. Je vais envoyer ça à toutes mes copines !

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

33

Re : Injustice de sexe

Compliments , Skirlet, pour cette démonstration magistrale !

Voilà une leçon de français concise et impeccable!

Merci à toi! :-)

D.

34

Re : Injustice de sexe

skirlet a écrit:

Un gars : c'est un jeune homme, Une garce : c'est une pute.

(...)

Un homme qui fait le trottoir : c'est un paveur, Une femme qui fait le trottoir : c'est une  pute.

Avec quelques nuances quand même: explications (au premier degré, j'en conviens)

skirlet a écrit:

Un courtisan : c'est un proche du roi, Une courtisane : c'est une pute.

Un courtisan, c'est surtout un intrigant, donc vaut mieux avoir affaire avec une courtisane! wink

Un masseur : c'est un kiné, Une masseuse : c'est une pute.

Pas forcément.

Un coureur : c'est un joggeur, Une coureuse : c'est une pute.

Voire!

Un rouleur : c'est un cycliste, Une roulure : c'est une pute.

Et une rouleuse?

Un homme sans moralité : c'est un politicien, Une femme sans   moralité : c'est une pute.

La seconde en a souvent plus (de moralité) que le premier!

Un homme à femmes : c'est un séducteur*, Une femme à hommes : c'est une pute.

*J'ajouterai: un bellâtre! au moins, la seconde joue cartes sur table (si j'puis dire!!!)

Un homme public : c'est un homme connu, Une femme publique : c'est une pute.

Ne serait-ce pas plutôt une fille publique? Ou bien nos chèèères politiciennes sont des putes...

Un homme facile : c'est un homme agréable à vivre, Une femme facile : c'est une pute.

Qui vous parle d'argent? (Popeck)

Vive(nt) les putes!

35

Re : Injustice de sexe

Skirlet : Un homme sans moralité : c'est un politicien. J'appellerais cela un pléonasme (juxtaposition de deux termes de même sens).

Aymon

36

Re : Injustice de sexe

J'accepte le merci pour avoir placé ce petit texte ici, mais je l'ai juste sorti de mes "archives" smile Pas moi l'auteur, juste un ajout ou deux.

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