P'tit prof a écrit:Toute notion d'interrogation étant absente de savoir, une proposition dépendant de savoir est un simple complément d'objet, en aucun cas une interrogative indirecte !
noooon!
Bonsoir,
Veuillez excuser cette exclamation olympique (à cause des anneaux, s'entend), P'tit Prof, mais je pense que vous alliez vite et ne vous êtes pas rendu compte que vous vous égariez. C'est donc moins pour vous (je pense que vous serez immédiatement d'accord), mais pour Térentia que je détaille ci-dessous, plus lentement:
Soit donc
(a) Je sais CELA => CELA = Complément d'objet direct (COD)
(b) Je sais MA TABLE DE MULTIPLICATION => MA TABLE DE MULTIPLICATION = COD.
etc.
Tous ces COD sont des éléments d'une proposition, le terme technique est: "des Groupes nominaux". Une proposition ne peut pas être un complément: cette étiquette est réservée aux groupes nominaux.
Passons aux phrases complexes.
Toutes les phrases suivantes contiennent des complétives interrogatives.
(c) Je (te) demande qui est venu.
(d) Je me demande qui est venu.
(e) Je ne sais pas qui est venu.
La propopsition "Qui est venu" est insérée en lieu et place des groupes du nom CELA, MA TABLE DE MULTIPLICATION etc. C'est le mécanisme de subordination: vous donnez à une proposition le rôle qui est en principe joué par tel ou tel autre élément d'une proposition.
Ici, "qui est venu" est en plus une complétive, parce qu'il est en lieu et place d'un COD. Cette complétive reproduit la proposition interrogative
(f) "Qui est venu?"
On note que le point d'interrogation était supprimé dans les complétives. De fait, le caractère interrogatif de la complétive n'a aucune incidence sur la phrase complexe.
Si vous m'avez suivi, vous n'avez plus qu'à supprimer la négation dans (e), et vous obtenez:
(g) Je sais qui est venu.
Elle aussi contient l'interrogative "qui est venu" en fonction de subordonnée.
Et c'est toujours une complétive, parce qu'elle tient la place d'un COD.
Et comme les autres exemples (c)-(e), la phrase (c) présuppose que quelqu'un (se) pose la question: "Qui est venu?". En l'occurrence, en élargissant le contexte:
(g') Hein, tu voudrais bien savoir qui a fait cela. Et bien moi je sais. Je sais qui est venu... je le sais, mais je ne te le dirai pas.
Pour finir, j'attire juste l'attention sur l'expression "relative périphrastique". Expression étrange: voyez les définitions des dictionnaires pour "périphrase", cela ne vous aidera guère.... Elle masque de grosses difficultés de description, et la gêne des auteurs de manuels et enseignants devant un objet un peu bizarre, il faut bien le dire.
On passe en effet de Qu'est-ce qu'il dit, à Je sais ce qu'il dit.... au lieu de ce qu'on pourrait attendre, et que je note ici avec un asterisque: *Je sais ce qu'est qu'il dit.
Comparez :
What is it?
I don't know what it is.
Ils sont fous ces Gaulois.