@Abel Boyer, oui, voir ci-dessous.
Chover a écrit:Je ne crois donc pas que « il en a reçu la visite » accrédite l'hypothèse du groupe verbal « recevoir la / une visite » dans « Il a reçu la visite de ses parents ».
Vous avez entièrement raison. J’ai fait erreur, c’était cela qu’il fallait dire :
De mon frère, j’ai reçu la bible (de mes parents, le coran). [COI]
Mon frère, j’ai reçu sa bible / j’en ai reçu la bible. [CDN]
On peut aussi extraire les différents compléments :
C’est la bible / la visite de son frère qu’il a reçu (et non celle de ses parents). [CDN]
C’est de son frère qu’il a reçu la bible / la visite (et non de ses grands-parents). [COI]
Avec visite, aucune des deux phrases ne me semble très naturelle, mais la seconde me parait un peu plus acceptable, et ce d’autant plus si l’article est indéfini.
Peut-être signifie-t-elle, là où vous l'employez, que « recevoir », dans « recevoir une visite », n'a pas son acception concrète d'origine, qu'il a un sens faible, qu'il ne donne qu'une information banale, à la limite de l'inutilité ?
Oui, c’est quelque chose comme ça.
Quand on dit Marie a reçu le livre de Pierre (où de Pierre peut s’analyser aussi bien comme COI que comme CDN), le prédicat est verbal.
Quand on dit Marie a reçu la visite de Pierre (où la fonction de de Pierre y est moins évidente que précédemment), le prédicat n’est pas verbal, mais nominal :
Recevoir la visite, c’est être visité (parallèlement, rendre une visite, c'est visiter).
Recevoir une gifle, c’est être giflé (parallèlement, donner une gifle, c'est gifler).
Recevoir une récompense, c’est être récompensé, (parallèlement, donner une récompense, c'est récompenser), etc.
Le verbe vient alors uniquement servir de support pour les marques de personnes, temps, modes.
La différence avec une locution verbale, c’est la liberté qu’il y a entre le verbe et ce qui suit.
Avoir peur est une construction à verbe support, où peur est COD de avoir.
La peur que j’ai eue ! se dit très bien.
Avoir froid est une locution verbale, où froid ne s’analyse pas et fait corps avec avoir.
Le froid que j’ai eu ! ne se dit pas.
Avec recevoir, on voit que visite peut être détaché de recevoir :
La visite que j’ai reçue (de mes parents) m’a fait grand plaisir.
C'est donc une construction à verbe support, avec dét. + visite est COD, le deuxième complément est COI ou CDN.
Quand le verbe est prédicatif, il y trois « entités » en jeu : le donateur, le donataire, la chose donnée (+ verbe/procès) qui existent matériellement et sont bien distinctes, il y a donc accord entre la réalité sémantique et la syntaxe.
Avec le verbe support, il y a un décalage entre la syntaxe (3 entités + le verbe) et la sémantique (2 entités + le procès), ce qui rend l’analyse plus acrobatique* : on est forcément visité par quelqu’un, et l’agent peut dans ce cas semble-t-il apparaitre non sous la forme (attendue) d’un complément de verbe (d’ailleurs, en passant, est-ce vraiment un COI ?), mais sous la forme (atypique) d’un complément de nom.
* (peut-être d’autant plus encore qu’on est présence d’une forme active, mais avec un sens passif)