Sujet : Fontenelle
Voici un extrait du célèbre ouvrage de Fontenelle :
Entretiens sur la pluralité des mondes
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— Ne trouvez-vous pas, lui dis-je, que le
jour même n'est pas si beau qu'une belle
nuit ?
— Oui, me répondit-elle, la beauté du jour '
est comme une beauté blonde qui a plus de
brillant ; mais la beauté de la nuit est une
beauté brune qui est plus touchante.
— Vous êtes bien généreuse, repris-je, de
donner cet avantage aux brunes, vous qui ne
l'êtes pas. Il est pourtant vrai que le jour est
ce qu'il y a de plus beau dans la nature, et
que les héroïnes de roman, qui sont ce qu'il
y a de plus beau dans l'imagination, sont
presque toujours blondes.
— Ce n'est rien que la beauté, répliqua-t-elle,
si elle ne touche. Avouez que le jour ne vous
eût jamais jeté dans une rêverie aussi douce
que celle où je vous ai vu prêt de tomber
tout à l'heure à la vue de cette belle nuit.
— J'en conviens, répondis-je ; mais, en
récompense, une blonde comme vous me
ferait encore mieux rêver que la plus belle nuit
du monde avec toute sa beauté brune.
— Quand cela serait vrai, répliqua-t-elle,
je ne m'en contenterais pas, je voudrais que
le jour, puisque les blondes doivent être dans
ses intérêts, fit aussi le même effet. Pourquoi
les amants, qui sont bons juges de ce qui
touche, ne s'adressent-ils jamais qu'à la nuit,
dans toutes les chansons et dans toutes les
élégies que je connais ?
— Il faut bien que la nuit ait leurs
remerciements, lui dis-je.
— Mais, reprit-elle, elle a aussi toutes leurs
plaintes. Le jour ne s'attire point leurs
confidences. D'où cela vient-il ?
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Je ne suis pas sûr de précisément saisir le sens du passage mis en gras :
puisque les blondes doivent être dans ses intérêts
D'après les lignes qui précèdent (le passage), je « penche » pour ce sens :
— Quand cela serait vrai, répliqua-t-elle,
je ne m'en contenterais pas, je voudrais que
le jour, puisque les blondes lui sont liées (comme
les brunes sont liées à la nuit), fit aussi le même effet.
Est-il correct de comprendre ce passage ainsi ?