Sujet : ... depuis que, nous séparant pour le bonheur du monde...
Voici un extrait du roman Les Liaisons dangereuses (une partie de la lettre IV, lettre de Valmont à la Marquise de Merteuil) :
[...] conquérir est notre destin ; il faut le suivre : peut-être au bout de la carrière nous rencontrerons-nous encore ; car, soit dit sans vous fâcher, ma très belle marquise, vous me suivez au moins d’un pas égal, et depuis que, nous séparant pour le bonheur du monde nous prêchons la foi chacun de notre côté, il me semble que dans cette mission d’amour vous avez fait plus de prosélytes que moi. Je connais votre zèle, votre ardente ferveur ; & si ce dieu-là nous jugeait sur nos œuvres, vous seriez un jour la patronne de quelque grande ville, tandis que votre ami serait au plus un saint de village. [...]
* Je ne saisis pas bien le sens et le pourquoi de la présence de ce "car" dans ce texte.
* Je m'interroge sur la signification de "nous séparant" dans ce passage :
"... depuis que, nous séparant pour le bonheur du monde nous prêchons la foi chacun de notre côté..."
Faut-il comprendre : "... depuis que nous nous séparons pour le bonheur du monde et que nous prêchons la foi chacun de notre côté..." ? ou bien "... depuis que nous nous sommes séparés pour le bonheur du monde et que nous prêchons la foi chacun de notre côté..." ?
Cette dernière "reformulation" me paraît plus juste que la précédente (même s'ils restent complices et qu'ils continuent à se voir le Vicomte et la Marquise ne sont plus amants et ils se sont bien séparés il y a un certain temps déjà).
Ma question : pourquoi Laclos a-t-il préféré écrire "... depuis que, nous séparant pour le bonheur du monde nous prêchons..." plutôt que "... depuis que, nous étant séparés pour le bonheur du monde nous prêchons..." ?
* dans le passage suivant :
"... il me semble que dans cette mission d’amour vous avez fait plus de prosélytes que moi. Je connais votre zèle, votre ardente ferveur ; & si ce dieu-là nous jugeait sur nos œuvres vous seriez un jour..." Laclos utilise l'expression "ce dieu-là", qui sonne étrange, car Laclos ne fait référence à aucun "dieu" plus haut dans le texte.
Laclos semble avoir volontairement "tronqué" son texte.
Est-ce un procédé littéraire et si oui ce procédé littéraire porte-t-il un nom ?