Sujet : ... la ressource de la misère ou du libertinage...
Voici un extrait du roman Jacques le Fataliste et son maître de Diderot :
Il était tard ; la pendule avertit les maîtres et les valets qu’il était l’heure de se reposer, et ils suivirent son avis.
Jacques, en déshabillant son maître, lui dit : Monsieur, aimez-vous les tableaux ?
LE MAÎTRE.
Oui, mais en récit ; car en couleur et sur la toile, quoique j’en juge aussi décidément qu’un amateur, je t’avouerai que je n’y entends rien du tout ; que je serais bien embarrassé de distinguer une école d’une autre ; qu’on me donnerait un Boucher pour un Rubens ou pour un Raphaël ; que je prendrais une mauvaise copie pour un sublime original ; que j’apprécierais mille écus une croûte de six francs ; et six francs un morceau de mille écus ; et que je ne me suis jamais pourvu qu’au pont Notre-Dame, chez un certain Tremblin, qui était de mon temps la ressource de la misère ou du libertinage, et la ruine du talent des jeunes élèves de Vanloo.
JACQUES.
Et comment cela ?
LE MAÎTRE.
Qu’est-ce que cela te fait ? Raconte-moi ton tableau, et sois
bref, car je tombe de sommeil.
Je ne suis pas certain de bien comprendre le passage mis en gras.
J'ai des doutes sur le sens de l'expression "ressource de la misère ou du libertinage".
Le passage signifie-t-il peut-être ceci :
"Je n'ai jamais acheté de tableau que chez un certain Tremblin, où l'on allait quand on n'avait pas les moyens d'acquérir un tableau de valeur ou que l'on souhaitait dénicher un tableau licencieux..." ?
Je vois encore moins ce que peut signifier "la ruine du talent des jeunes élèves de Vanloo".