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Messages [ 5 ]

Sujet : Anachronie

Bonjour à tous,
J'ai des doutes au sujet de l'utilisation du terme anachronique. Peut-on utiliser ce terme lorsque le logo d'un distributeur (cinéma) fondé en 1994 apparaît au début d'un film datant de 1978?
Il s'agit là peut-être d'un anachronisme dans le sens ou cette société distribue sur VHS ou DVD un film datant de 1978. Afin de visionner le film dans les conditions propres à son époque, je supprime le logo parce que je le trouve anachronique, du fait il n'existait pas encore en 1978, lorsque le film fût diffusé dans les salles.
Merci

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Re : Anachronie

Il s'agit peut-être davantage d'une affaire de droit commercial que de sémantique. Mais j'imagine que la société de distribution fondée en 1994 est en droit d'utiliser son logo au début d'un film de 1978 parce que, ainsi que vous le dites, on lui doit la sortie dudit film en VHS ou en DVD.
« Anachronie », que je découvre, vous est-il familier ?

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

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Re : Anachronie

Chover a écrit:

« Anachronie », que je découvre, vous est-il familier ?



Uchronie existe. Anachronie est intuitif, il s'est probablement manifesté plusieurs fois sans entasser les dicos, et, en outre, il est éligible parmi les "beaux" mots du français.

On constate un anachronisme, quelqu'un vit en anachronie. Je le ressortirai ce mot.

4 Dernière modification par Gabigab (27-09-2021 13:43:29)

Re : Anachronie

épo dans le bus a écrit:
Chover a écrit:

« Anachronie », que je découvre, vous est-il familier ?



Uchronie existe. Anachronie est intuitif, il s'est probablement manifesté plusieurs fois sans entasser les dicos, et, en outre, il est éligible parmi les "beaux" mots du français.

On constate un anachronisme, quelqu'un vit en anachronie. Je le ressortirai ce mot.

Cet adjectif est utilisé notamment en histoire de l'art pour désigner des personnages vêtus de façon ''anachronique'' dans une oeuvre. Par exemple, dans La Ronde de nuit de Rembrandt, certains protagonistes ne portent pas les attributs d'époque mais de temps antérieurs (drapés à l'antique, lances ou armures médiévales, etc..). C'est un adjectif employé pour souligner le caractère décalé du temps, lorsque des éléments de deux ou plusieurs époques coexistent dans une même oeuvre. C'est pour cela que je fais une analogie avec le cinéma.
Lorsque vous visionnez un film de 1978 et qu'il commence avec une version en image de synthèse du logo United Artists par exemple, l'oeuvre perd en authenticité de par cette modification esthétique (certes du à des raisons commerciales).

Re : Anachronie

Gabigab a écrit:

C'est un adjectif employé pour souligner le caractère décalé du temps,

C'est un - joli - nom.

En revanche, et même si cette équivalence est en réalité problématique, la théorie esthétique de l’anachronisme des images, telle qu’elle est formulée par exemple par Georges Didi-Huberman dans Devant le temps, semble à même d’éclairer la temporalité des œuvres d’art en général, qu’il s’agisse d’images ou de textes littéraires. De fait, c’est dans des termes tout à fait comparables que Georges Didi-Huberman et Marc Escola rendent compte de la part d’anachronie qui traverse, pour le premier, toute image et, pour le second, toute œuvre littéraire :

[L]es images, certes, ont une histoire ; mais ce qu’elles sont, le mouvement qui leur est propre, leur pouvoir spécifique, tout cela n’apparaît que comme un symptôme – un malaise, un démenti plus ou moins violent – dans l’histoire. Je ne veux surtout pas dire que l’image est « intemporelle », « absolue », « éternelle », qu’elle échappe par essence à l’historicité. Je veux dire, au contraire, que sa temporalité ne sera pas reconnue comme telle tant que l’élément d’histoire qui la porte ne sera pas dialectisé par l’élément d’anachronisme qui la traverse

Définissant non pas le temps, mais les temps de l’œuvre, Georges Didi-Huberman et Marc Escola reconnaissent dans des termes proches l’historicité de toute création esthétique : comme la langue du texte littéraire est datée, l’image est dans l’histoire, et cette historicité interdit une approche purement intemporelle de l’œuvre. Cependant, l’œuvre littéraire, comme l’image, ne cesse jamais de faire événement, elle nous parle depuis le passé, mais au présent. C’est alors d’anachronies de l’œuvre qu’il faudrait parler : anachronie qui traverse l’œuvre et définit sa discordance dans le temps historique, anachronie de la lecture de l’œuvre depuis un présent qu’elle ne peut prévoir et qui actualise ses potentialités enfouies, anachronie, enfin, du lien historique entre les œuvres, qui ne peut être enfermé dans une quelconque loi de successivité.

(source)

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