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forum abclf » Écriture et langue française » s'abréger (énigme Balzac # 12)

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Messages [ 6 ]

1 Dernière modification par Andreas (29-03-2006 21:25:44)

Sujet : s'abréger (énigme Balzac # 12)

Bonsoir à toutes et tous ! smile

Il ne faut pas être doté de facultés surnaturels pour pouvoir deviner que j'ai de nouveau une petite question... big_smile
Veuillez m'éclairer aussi cette fois, s'il vous plaît.

- (...) En un mot, tuer les sentiments pour vivre mieux, ou mourir jeune en acceptant le martyre des passions, voilà notre arrêt. Encore cette sentence lutte-t-elle avec les tempéraments que nous a donnés le rude goguenard à qui nous devons le patron de toutes les créatures.
- Imbécile ! s'écria Raphaël en l'interrompant. Continue à t'abréger toi-même ainsi, tu feras des volumes ! Si javais eu la prétention de formuler proprement ces idées, je t'aurais dit que l'homme se corrompt par l'exercice de la raison et se purifie par l'ignorance.

Honoré de Balzac, La Peau de Chagrin, p. 110 s.

Il s'agit de la phrase soulignée que je ne comprends pas:
Continue à t'abréger toi-même ainsi, tu feras des volumes !

Je connais le sens de chaque mot, mais l'ensemble ne donne pas de sens. Est-ce une demande de Raphaël à Émile (son interlocuteur) d'abréger son discours ? Si oui, pourquoi le mot «continue» ? Est-ce une remarque ironique ?
Bref, je n'y comprends que dalle... sad

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

Re : s'abréger (énigme Balzac # 12)

Il me semble qu'ici Raphaël ironise sur le contraste entre « en un mot », et le développement qui suit.
La phrase signifie donc que si Émile conçoit ainsi la brièveté, il remplira des volumes entiers de sa prose.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

3 Dernière modification par Andreas (30-03-2006 12:28:08)

Re : s'abréger (énigme Balzac # 12)

Est-ce que l'emploi réfléchi de «abréger» est correcte ? Car je ne trouve nulle part dans les dictionnaires (Micro Robert, Dicionnaire de l'Académie de 1835, TLFi) une forme de "s'abréger"....

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

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Re : s'abréger (énigme Balzac # 12)

Il est vrai qu'on n'entend pas beaucoup s'abréger, mais le mot  ne me "sonne" pas incorrect. On peut très bien l'employer à la forme pronominale.

Ici, on trouve ces données :  http://www.patrimoine-de-france.org/mot … 1-131.html

s'abréger : v. tr. (se conjugue comme Alléger). XIIe siècle. Du bas latin abbreviare, dérivé de brevis, « bref ». 1. Rendre plus court. Les malheurs auront abrégé sa vie. Abrégeons les adieux, les présentations. Abréger une narration, un discours. Abréger une procédure. Les formalités d'usage en seront considérablement abrégées. Absolt. Je sais déjà tout cela ; abrégez ! 2. Fig. Faire paraître moins long. La conversation a abrégé le chemin du retour. 3. LINGUIST. Abréger une syllabe, lui faire subir un abrègement. Abréger un mot, lui faire subir une abréviation. Pron. S'abréger, se réduire. Le mot télévision s'abrège souvent en  « télé ».

"On ne fait jamais d'erreur sans se tromper."  J. Prévert.

5 Dernière modification par PabLitO (30-03-2006 14:03:32)

Re : s'abréger (énigme Balzac # 12)

Sorti du contexte du roman, ça ne veut pas dire grand chose, effectivement.
Dans cette scène qui se déroule après un repas bien arrosé, Raphaël reproche à Emile la vacuité de ses paroles : en fait de grand discours philosophique, celui-ci ne fait que raconter sa propre vie,  se résumer, s'abréger, et bien sûr on n'a jamais autant à dire que lorsqu'on parle de soi (remplir des volumes).
Et quand Balzac met s'abréger dans la bouche de Raphaël, c'est aussi pour en souligner le cynisme : lui-même ne cherchait-il pas à s'abréger une fois pour toutes en se jetant dans la Seine ?

Re : s'abréger (énigme Balzac # 12)

Merci beaucoup !!!!! smile smile

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