Sujet : Opposition sans mot d'opposition
On entend facilement et on lit parfois des phrases comme « Je suis inquiet, parce que Jeanne habite à la campagne et qu'elle n'a pas d'auto », « Ce qui me plaît, c'est que Noah ne sait pas nager et qu'il se jette à l'eau comme son frère », « Pierre est furieux, parce qu'il a beaucoup travaillé et que ça n'a servi à rien »…
Or le lieu de résidence de Jeanne ne m'inquiète pas en tant que tel. D'avoir beaucoup travaillé ne rend pas Pierre furieux. L'inaptitude de Noah ne me plaît pas. Seule la dernière proposition de chacune de ces trois phrases est concernée sémantiquement par le mot de subordination qui précède la pénultième.
Je ne pense pas qu'on puisse parler d'anacoluthe en pareil cas, parce que la grammaire oublie parfois la sémantique : on analysera « parce que Jeanne habite à la campagne » comme subordonnée causale de « Je suis inquiet ». C'est tout de même un peu gênant…
En allemand, on se passe plus difficilement de mot d'opposition dans des phrases comparables : Ich bin besorgt, weil Jeanne, obwohl (bien que) sie auf dem Land wohnt, kein Auto hat.
Je ne sais guère ce qu'il en est dans d'autres langues.