L'idée est certainement qu'en découvrant le monde on se découvre soi-même. De là, chaque langue l'exprime selon son vocabulaire et selon sa culture, pour ne pas dire bêtement mais justement selon son mode d'expression. Je laisserais je deviens, ou je repartirais d'expérience et d'instinct du grec gignomai, pour remonter ensuite dans l'anglais et dans le français.
On oublie que le modèle sédentaire permanent est moderne, voire lié à la servitude : jusqu'au début du XXe siècle, un bourgeois français n'était vraiment sédentaire que dans sa résidence d'hiver. Dès les beaux jours il quittait l'appartement urbain pour sa résidence presque campagnarde, dans la proche banlieue, et en plein été s'éloignait vraiment.
Jamais, nulle part, quand je rentrais de voyage je n'ai eu le sentiment de revenir chez moi, mais seulement de rentrer dans ma case, même pas la mienne car elle aurait pu être n'importe quelle autre.
Personne ne fait jamais le tour du monde. En avion on ne découvre que l'avion, sur autoroute que l'autoroute, en TGV que le TGV. En bateau l'on découvrait au moins les éléments. Le monde est fait pour être découvert, et on ne le découvre jamais entièrement. Rester toujours dans un même lieu, ce qui est mon cas depuis quinze ans, c'est presque se retirer du monde. Il n'est pas d'être sans devenir. La question ontologique ne mène qu'à l'impasse, la question riche n'est pas celle de l'être mais celle du devenir, et c'est lui qui est magnifique.
Le kosmos, le monde en tant que bel ensemble, c'est peut-être bien plutôt le monde magnifique parce qu'à découvrir pour nous découvrir. Tous les paysages nous parlent, tous les habitats, tous les visages, tous les vêtements.
Fille légère ne peut bêcher.