Sujet : "bien" cordialement
Bonjour,
J'aimerai savoir si l'expression "bien cordialement", au lieu de "cordialement", à la fin d'un courrier est justifiée? Est-ce une erreur de français ou est-ce exact?
Merci d'avance de vos explications,
Sophie
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Bonjour,
J'aimerai savoir si l'expression "bien cordialement", au lieu de "cordialement", à la fin d'un courrier est justifiée? Est-ce une erreur de français ou est-ce exact?
Merci d'avance de vos explications,
Sophie
J'ignore si elle fait ou non pléonasme, mais elle ne me choquerait pas. Peut-être l'adverbe "bien" ajoute-t-il une nuance plus "chaleureuse" ?
Etant donné que "cordialement" n'est pas une formule de politesse de tradition française, il doit être possible - sans choquer qui que ce soit - de la mettre à la sauce qu'on préfère.
J'allais le dire !
J'ai appris à l'école primaire qu'un adverbe modifie un autre adverbe, donc les formules bien cordialement, très cordialement, assez cordialement, très peu cordialement, absolument pas cordialement.... sont toutes grammaticales.
« J'aimerai savoir si l'expression "bien cordialement", au lieu de "cordialement", à la fin d'un courrier ... »
Étant donné qu'un courrier est un porteur de dépêches (vieux sens), ou un ensensemble de lettres (le facteur apporte le courrier), la question ne se pose même pas.
« J'aimerai savoir si l'expression "bien cordialement", au lieu de "cordialement", à la fin d'un courrier ... »
Étant donné qu'un courrier est un porteur de dépêches (vieux sens), ou un ensemble de lettres (le facteur apporte le courrier), la question ne se pose même pas.
Diable ! À peine finit-on de se mettre d'accord sur « un courriel » que voici la révélation que c'est malvenu puisqu'un « courrier » ce n'est pas une lettre. Allez vous étonner alors que « un mail » continue à prospérer...
Beauté de la langue française...
Un courrier, on disait aussi un ordinaire, est un porteur de dépêches. On peut employer l'article défini : « le courrier vient de me remettre son sac. »
Le courrier c'est un ensemble de plusieurs lettres, journaux, magazines... « Autrefois, les concierges montaient le courrier aux locataires (ce qu'aucun digicode n'est capable de faire...) »
Donc, on reçoit son courrier (ses lettres), on fait suivre son courrier (ses lettres, autrefois c'était un service gratuit, maintenant il faut le payer...), on rédige son courrier, on expédie son courrier.
On demande : « Voulez-vous ma réponse par téléphone, ou par courrier ? »
Mais les formules de politesse, on les met au bas des lettres ou des messages.
À peine finit-on de se mettre d'accord sur « un courriel » que voici la révélation que c'est malvenu puisqu'un « courrier » ce n'est pas une lettre. Allez vous étonner alors que « un mail » continue à prospérer...
Ce n'est certes pas une révélation puisque les ouvrages de vulgarisation ne se lassent pas de le répéter. Il faut admettre que le fameux "En réponse à votre courrier du ..." est une innovation du XXe siècle et qu'il a, comme beaucoup d'innovations, été combattu par les gardiens du bon usage. Mais après un siècle de bons et loyaux services, la formule me paraît maintenant faire partie de l'usage, et il serait temps d'admettre officiellement cette nouvelle acception du mot "courrier" qui en a connu bien d'autres. Ni l'Académie ni les dictionnaires d'usage ne l'ont fait pourtant. Dommage.
Je m'étais fait pourtant la même réflexion que vous. On porte "courriel" aux nues et on refuse "courrier" dans des acceptions similaires ; c'est incohérent.
« Je m'étais fait pourtant la même réflexion que vous. On porte "courriel" aux nues et on refuse "courrier" dans des acceptions similaires ; c'est incohérent. »
Personnellement, je préfère préciser : « message » quand il s'agit de message électronique, « lettre » quand il s'agit de lettre envoyée par la poste, « pli » quand il s'agit aussi d'une simple lettre, « missive » quand il s'agit d'une très belle lettre envoyée par la poste, « honorée » si j'écris en réponse à un ministre, « épître » s'il m'arrive d'écrire à l'évêque de mon diocèse, « bafouille » quand il s'agit de quelques mots jetés sur un bout de papier ... Au diable le mot « courrier », servi à toutes les sauces.
Quant à la formule de politesse finale, on ne voit que trop « Cordialement », « Cordialement à vous », voire l'horrible « Cdlt ». J'aime bien « Cordialité », mélange de cordial + amitié.
Cordialement vient de cordial, de cœur donc. Mais il faut se méfier de « cordial », qui n'indique pas des sentiments si chaleureux que ça ; exemple l' « Entente cordiale ».
Quant à la formule de politesse finale, on ne voit que trop « Cordialement »,
On ne le voit que trop, car ce n'est pas de bonne syntaxe.
En français, l'adverbe modifie un adjectif, un verbe ou un autre adverbe, et les cordialement et autres amicalementne modifient rien du tout.
Une formule finale de politesse doit, grand protocole, comporter un verbe :
Je le plains et suis de tout mon cœur, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur
écrit Corneille à l'abbé de Pure.
Pour un personnage tel que Colbert, la formule s'allonge, mais elle retombe toujours sur votre serviteur :
Que si je suis assez malheureux pour me tromper dans cette espérance et demeurer exclu de ces grâces qui me sont si précieuses et si nécessaires, je vous demande cette justice de croire que la continuation de cette mauvaise infuence n'affaiblira en aucune manière ni mon zèle pur le service du Roi, ni les sentiments de reconnaissance que je vous dois pour le passé, et que, jusqu'au dernier soupir, je ferai lire d'être, avec toute la passion et tout le respect possible, Monseinguer, votre très humble, très obéiessant et très dévoué serviteur...
(Je cite, que dis-je je cite, je recopie, car je mets un point d'honneur à ne citer que des textes que j'ai lus et qui figurent sur ma table de travail — moins de références, mais mieux possédées— l'édition de Corneille dans la collection l'Intégrale au Seuil)
J'ai recopié pour le plaisir de la belle langue du Grand Siècle.
De nos jours, nous avons les formules protocolaires : Veuillez agréer, etc, etc, Dans l'espoir que vous voudrez bien accueillir favorablement ma demande, je vous prie d'agréer, etc, etc,,
et la sainte liberté, entre parents et amis : je t'embrasse très fort, je t'embrasse comme je t'aime qui va jusqu'à bisous au chocolat.
Si on veut un adverbe, il faut absolument l'associer à un verbe : je vous salue cordialement (mais on écrit plutôt je vous adresse mes cordiales salutations, ou, plus ellipitique, cordiales salutations).
Cordialement tout seul ne signifie rien : cordialement, quoi ? que faites-vous cordialement ?
P.S.
Mais il faut se méfier de « cordial », qui n'indique pas des sentiments si chaleureux que ça ; exemple l' « Entente cordiale ».
Une entente politique n'a pas à être chaleureuse, mais à être équitable et solide. L'entente cordiale date de 1830, elle a survécu à Fachoda et Mers-el-Kébir, qur vous faut-il de plus ?
« Une entente politique n'a pas à être chaleureuse, mais à être équitable et solide. L'entente cordiale date de 1830, elle a survécu à Fachoda et Mers-el-Kébir, qur vous faut-il de plus ? »
Angli, sed non angeli
Si on veut un adverbe, il faut absolument l'associer à un verbe : je vous salue cordialement (mais on écrit plutôt je vous adresse mes cordiales salutations, ou, plus ellipitique, cordiales salutations).
Cordialement tout seul ne signifie rien : cordialement, quoi ? que faites-vous cordialement
Est-ce si difficile d'imaginer une ellipse de "je vous salue" ?
Non, ce n'est pas difficile, encore que l'on puisse s'interroger sur la cordalité du gus trop feignant pour écrire je vous salue en toutes lettres...
Ce n'est pas là que gît le lièvre : cette formule n'est pas naturelle en français car c'est un calque de l'anglais yours sincerly.
La formule correspondante, en syntaxe française, est : bien à vous, ou encore tout à vous, et elle ne s'emploie que dans les correspondances privées.
Je ne retrouve plus dans mes archives un vieux manuel de savoir-écrire où m'avait frappé la formule de politesse à employer si d'aventure on écrivait au pape, mais je crois bien me souvenir qu'elle commençait par « me jetant aux pieds de Votre Sainteté » et finissait par « votre très fidèle, très humble et très obéissant serviteur ». À côté de ça, certes, « cordialement » laisse un peu à désirer.
[…] la formule de politesse à employer si d'aventure on écrivait au pape, mais je crois bien me souvenir qu'elle commençait par « me jetant aux pieds de Votre Sainteté » et finissait par « votre très fidèle, très humble et très obéissant serviteur ». À côté de ça, certes, « cordialement » laisse un peu à désirer.
C'est le moins que l'on puisse dire.
Dans Le nouveau savoir écrire de J.-P. Colignon et André Jouette, au chapitre Lettres exceptionnelles, une page est consacrée à la correspondance adressée au pape. Votre mémoire, cher Phallet, ne vous avait pas trahi.
a) pour un homme catholique :
Prosterné aux pieds de Votre Sainteté
et implorant la faveur de sa bénédiction apostolique,
j'ai l'honneur d'être,
Très Saint Père,
avec la plus profonde vénération,
de Votre Sainteté,
le très humble et très obéissant serviteur et fils.
b) pour une femme catholique :
Prosternée aux pieds…
… la très humble et très obéissante servante.
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