Retour à l'écorche-veau, roi de la fête 
J'ai pris la peine d'éplucher quelques inventaires mobiliers de maisons fortes ou de seigneuries , datant du XVI ème ou du XVIIème, histoire de se représenter un peu mieux, les conditions de vie de ces familles nobles, mais peu argentées, somme toute.
Ces inventaires sont accessibles en ligne et plusieurs concernent le Dauphiné( il y a même un inventaire détaillé des biens mobiliers du Château de Sassenage, au début 17ème) mais le niveau de vie y était plus élevé( baronnie).
Justement, ce qui frappe, c'est que même pour une baronnie, près d'un siècle plus tard, l'inventaire montre une relative pauvreté mobilière.
Dans ces maisons fortes , à l'époque qui nous intéresse , on trouve dans une chambre de vie ( chambre haute) une ou deux garde-robes , quelques lits , des coffres ( ouverts ou fermés selon ce qu'on y serrait) ,table, chaise , maie et huche , des ustensiles de cuisine et divers objets d'utilité élémentaire . C'est à peu près tout.
Deux remarques, après lecture :
- Les notaires procédaient avec méthode au milieu de ce bric-à-brac: les objets ne sont pas cités dans les inventaires en fonction de leur proximité géographique au sein d'une pièce , mais selon l'usage.
Les lits, châlits, matelas, literie d'une part, les ustensiles de cuisine de l'autre.
Savoir dans quel ordre l'écorche-veau est cité dans l'inventaire, donnerait une indication. Nous saurions peut-être dans quelle catégorie le notaire classait l'objet.
- S'agissant de familles au final peu riches , on peut constater que, comme toujours, le système D fonctionnait. Puisqu'il n'y avait pas toujours l'argent disponible pour renouveler le mobilier ( les qualificatifs usés, méchants reviennent très souvent), il fallait être ingénieux . Certains notaires scrupuleux ou méticuleux donnent des renseignements précis sur ces détournements d'usage :
par exemple, j'ai trouvé un saloir transformé en lavoir.
A partir de là, on peut imaginer que dans cette maison forte, on avait acquis ou récupéré un véritable écorchoir , dont on voulait se servir pour autre chose: y découper la viande , dépiauter lapin et gibier, écailler du poisson, y laisser lever la pâte, s'en servir comme charnier ( y laisser la viande) , ou cent autres activités possibles.
Quant aux noms des ustensiles, ils étaient, à ce que j'ai vu, terre à terre : il y a de fortes chances que l'écorche-veau, au départ portait le nom de sa fonction.
" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen." J.W.v.Goethe