Sujet : gallicisme avec pronom EN (c'en est fait)
Slt,
Est-ce que par pitié quelqu'un connait des gallicismes avec le pronom EN comme par exemple: "C'en est fait"...
J'en est besoin de 20 svp...
Merci d'avance!!!
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forum abclf » Pratiques linguistiques » gallicisme avec pronom EN (c'en est fait)
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Slt,
Est-ce que par pitié quelqu'un connait des gallicismes avec le pronom EN comme par exemple: "C'en est fait"...
J'en est besoin de 20 svp...
Merci d'avance!!!
Les dés en sont jetés.
Les bras m'en tombent.
Il vous en cuira.
En vouloir à quelqu'un.
En avoir plein la patate.
S'en moquer.
S'en mettre plein la vue.
...
Je laisse la parole aux autres.
dans la vie faut pas s'en faire,
moi je m' en fais pas...
et, dans le Limousin: "ça vous en donne, hein!" (= ça vous étonne)
Merci déjà pour ça...
Qui en a d'autre?
encore en musique...
"je vais m' en fourrer, fourrer jusque là"
la vie parisienne, J.Offenbach (livret de Meilhac et Halévy)
J'en ai marre !
Il est à noter qu'il y a quand même fréquemment un sous-entendu, un contexte : quelles sont les expressions où en est utilisé absolument ? Y en a-t-il ?
mais... non, il ne me semble pas; j'ai lu un post où vous discutiez de la nature grammaticale de en, il est ici pronom, il ne peut donc être employé absolument; le caractère idiomatique de ces expressions vient seulement du fait que le référent est systématiquement absent, parce qu'il est toujours le même; j'en ai marre=j'ai marre de cela, de tout, de la vie!
Martina :
En, il est ici pronom, il ne peut donc être employé absolument; le caractère idiomatique de ces expressions vient seulement du fait que le référent est systématiquement absent, parce qu'il est toujours le même; j'en ai marre=j'ai marre de cela, de tout, de la vie!
Remarque tout à fait pertinente évidemment. Néanmoins, dans plusieurs des expressions citées en est utilisé absolument: c'est le cas, je pense, de ne pas s'en faire (on ne peut pas dire: je ne me fais pas de telle chose), de en avoir lourd sur la patate (et non plein la patate, comme je l'ai écrit un peu vite cet après-midi; d'ailleurs, c'est du français de Belgique), etc.
Je continue à chercher. Il ne sera pas facile d'en trouver vingt.
ça en jette !
Je n'en reviens pas.
Aussi : il en veut = il est motivé, hargneux
(je pense que l'on peut distinguer cette expression de en vouloir à quelqu'un.)
Tu en as mis, du temps !
Il s'en remettra.
Je ne suis pas sûr de la suivante : s'en aller.
... to be continued ...
Il y a aussi des variantes de s'en moquer :
Je m'en fiche.
Je m'en fout.
Je m'en balance.
Je m'en tape. (vulgaire)
... on pourrait en trouver des centaines.
Je ne peut pas m'en empêcher. (Est-ce un gallicisme ?)
N'en déplaise à ces messieurs, ...
Je n'en crois pas mes yeux ... ni mes oreilles !
J'en vois de toutes les couleurs ...
... mais je n'en pense pas moins.
Vous n'en demandiez pas tant !
Néanmoins, dans plusieurs des expressions citées en est utilisé absolument: c'est le cas, je pense, de [color= blue]ne pas s'en faire (on ne peut pas dire: je ne me fais pas de telle chose[/color]), de en avoir lourd sur la patate (et non plein la patate, comme je l'ai écrit un peu vite cet après-midi; d'ailleurs, c'est du français de Belgique), etc.
Je continue à chercher. Il ne sera pas facile d'en trouver vingt.
je ne m'en fais pas, c'est, à mon avis, je ne me fais pas... de souci! (de bile, de mouron)
A l'en croire, j'en appelle à ce qu'ils s'en aillent...
s'en sortir
en baver
en découdre
Tu m'en diras des nouvelles !
Je n'en peux plus.
Qu'est-ce que j'en sais ?
Je n'en mène pas large.
Je m'en remets à vous.
En voir de toutes les couleurs.
En voir des vertes et des pas mûres.
Le sort en est jeté ! (Gallicisme romain ...)
Si le coeur vous en dit.
Je commence à m'essouffler ...
Mais dans tout ce que nous avons proposé, il y en a bien une vingtaine qui vous conviennent, non ?
Martina :
Je ne m'en fais pas, c'est, à mon avis, je ne me fais pas... de souci! (de bile, de mouron)
Vous avez raison bien sûr. Veuillez, chère Madame, me pardonner cette petite distraction. (Mais où allez-vous chercher vos binettes?)
On peut se demander s'il existe réellement des cas de en employé absolument. Si on gratte un peu, on trouvera toujours quelque chose de plus ou moins précis à quoi en fait référence (je ne me souviens pas du fil auquel vous faites allusion et qui traitait de cette question). Quoi qu’il en soit, le premier intervenant demandait simplement des gallicismes comportant le mot en, mais sans préciser qu’il doive s’agir de en employé absolument; en employé comme pronom n’empêche pas l’expression qui le contient de pouvoir être considérée comme un gallicisme.
D'ailleurs, qu'est-ce qu'un gallicisme? Il me semble que ce terme n'a pas de définition bien précise. Lorsque p.ex. Bounigne se demande si s’en aller est un gallicisme, à quelle définition de gallicisme se réfère-t-il?
Bonjour à toutes et à tous,
EN regardant la définition de gallicisme, j'ai trouvé: "emploi, tournure propre à la langue française". Bref, cette définition est on ne peut plus vague.
Par ailleurs, Vitragedie dans son premier message n'avait parlé que du pronom sans plus d'explications.
EN étant pronom, il remplace forcément quelque chose, si ce n'est que CELA, mais CELA remplace forcément quelque chose de sous-entendu, ou quelque chose qui était mentionné dans une conversation antérieure.
Dans tous les cas donc, EN remplace quelque chose ...
Me trompais-je (ou trompé-je) ?
Aubert Pichon :
En regardant la définition de gallicisme, j'ai trouvé: "emploi, tournure propre à la langue française". Bref, cette définition est on ne peut plus vague.
Oui, c’est assez flou en effet. Le Littré donne du terme gallicisme la définition suivante: Forme de construction propre à la langue française. On aurait aimé qu’il apporte quelques exemples.
Le Petit Robert, lui, donne comme exemple de gallicisme de construction l’expression «s’en donner à cœur joie», alors que cette expression contient une séquence de mots — coeur joie — reliés par un principe syntaxique qui est incompatible avec la syntaxe du français actuel, et qui appartient, en revanche, typiquement aux langues germaniques, puisque dans cette façon de composé l’intensif (coeur) précède l’extensif (joie); à telle enseigne que cette expression a un équivalent parfaitement symétrique en allemand (et aussi en néerlandais): nach Herzenslust.
Alors on peut s’étonner du choix de cet exemple puisque, plutôt que d'évoquer quelque chose de typiquement français, il représente une frappante anomalie, une négation du génie de la langue française, une tournure atypique.
D’autre part, strictement parlant, on ne pourrait désigner sous le terme de gallicisme que des constructions appartenant exclusivement au français, et qui ne peuvent être traduites mot à mot dans aucune langue étrangère. Un gallicisme n’existerait donc, dans une telle optique, que par rapport aux autres langues. Pour décider si «une forme de construction» (comme dit Littré) est «propre à la langue française», il faudrait d’abord s’assurer qu’elle n’existe dans aucune autre langue. Or on ne fait généralement pas référence aux autres langues pour déterminer ce qu’est un gallicisme.
Telle construction pourra être considérée par un non francophone comme un gallicisme ou non selon le point de vue spécifique que lui procure sa langue maternelle. Si on examine le cas de s’en aller, dont M. Bounigne se demandait s’il fallait le ranger parmi les gallicismes, on peut constater que cette forme de construction renferme deux particularités: l’adjonction au verbe aller du pronom réfléchi, et la présence au milieu du terme du pronom en. Si un espagnol par exemple ne s’étonnera pas de la présence du pronom réfléchi, puisque celui-ci existe aussi dans une tournure équivalente de sa langue maternelle (irse, me voy, te vas, etc.), il pourra en revanche être plus perplexe face au pronom en, absent dans le terme correspondant en espagnol (au demeurant, l’espagnol, comme l’anglais, ne connaît pas les pronoms y et en). Un Allemand, à l’inverse, s’étonnera du pronom réfléchi (sich gehen est inconcevable en allemand), mais pourra trouver normale la présence de en, qu’il assimilera spontanément à davon, particule qui entre dans la composition de quelques verbes, leur donnant le sens de partir (davongehen, davonlaufen, davonrennen, etc.).
(Si vous trouvez que je radote, n'hésitez à m'interrompre.)
Autre exemple: il y a des tournures qui paraissent tout à fait habituelles aux francophones mais qui n’ont pas d’équivalent exact dans aucune autre langue. Je songe aux constructions du type se faire suivi d’un infinitif (il s’est fait tabasser) ou se voir (ou s’entendre) suivi d’un infinitif (il s’est vu infliger une amende, il s’est entendu reprocher telle chose), lesquelles n’existent dans aucune autre langue (du moins dans aucune de celles que je connais, soyons prudents). À l’inverse de à coeur joie, ou de tous les galllicismes qui ont été cités ici, qui tous contiennent un élément particulier, voire bizarre (aux yeux des francophones eux-mêmes) — élément bizarre souvent dû à quelque ellipse —, ces constructions risquent de passer inaperçues pour le francophone natif, et il faut être étranger pour pouvoir en déceler le caractère unique.
Alors, qu’est-ce qu’un gallicisme? Ce terme pourrait s’entendre dans les sens suivants:
— une anomalie ou bizarrerie du français, sans référence aux autres langues (pouvant être par exemple le résultat d’une ellipse).
Ex. : ne pas s’en faire.
Éventuellement, construction déviante, mais dont un équivalent mot à mot existe dans d’autres langues.
Ex. : s’en donner à cœur joie ;
— une construction tout à fait habituelle en français, ressentie comme tout à fait ordinaire par les francophones eux-mêmes, mais absente de toutes les autres langues (ou de la plupart des autres langues).
Ex. : se faire + infinitif, ayant valeur de passif.
Mais j’ai l’impression de me mêler les pinceaux, et je ne sais pas trop ce que vaut mon petit exposé. Vais-je poster néanmoins? Bah oui, allons-y, cela me vaudra peut-être le plaisir, un tantinet masochiste, de me voir opposer une nouvelle fois une gigantesque binette moqueuse.
Je pense que la seconde définition de M. Torsade de Pointe est la meilleure. Il ne s'agit pas de trouver des expressions qui nous semblent bizarres, en français, mais bien de trouver des expressions ou des constructions qui n'ont aucun équivalent dans les autres langues.
Ainsi s'en aller, qui, d'après l'analyse de Torsade, n'a pas d'équivalent, serait bel et bien un gallicisme. Par contre, s’en donner à cœur joie ne serait pas un gallicisme. C'est une expression idiomatique, qui n'est pas spécifique au français.
Le gros problème ... c'est que je ne connais pas assez bien les langues étrangères pour pouvoir trouver à coup sûr des gallicismes. Je me suis donc contenté de trouver des expressions dont la construction me semblait spéciale en français. Mais en toute rigueur, il ne faudrait pas procéder ainsi !
Néanmoins les expressions que nous avons trouvées sont un bon point de départ : il ne reste plus qu'à faire le tri, à la lumière des experts en langues étrangères !
Torsade des Pointes a remarquablement fait le tour de la question. J'apporterai une petite correction à ce propos :
cette expression contient une séquence de mots — coeur joie — reliés par un principe syntaxique qui est incompatible avec la syntaxe du français actuel, et qui appartient, en revanche, typiquement aux langues germaniques, puisque dans cette façon de composé l’intensif (coeur) précède l’extensif (joie);
D'abord, accordons nos violons terminologiques : pour les hexagoniaux, intensif ne s'applique qu'à ce qui renforce l'idée exprimée. Pour désigner ce que TdP nomme intensif et extensif, nous disons déterminé et déterminant.
Ensuite, en Ancien français, il était possible de marquer la possession en faisant précéder le déterminé par son déterminant.
Exemple donné par mon manuel :
al Saint-Denis mostier, au couvent de Saint-Denis.
Cette construction était moins courante, mais elle a existé en français où elle calque une structure latine.
Donc, pas un poil de grenouille d'influence germanique ici.
En fait, il me reste une question ...
Que veut-on dire exactement quand on parle du pronom EN, employé "absolument" ?
Pssst, Mon nom c'est Péééééééééééééééééééééchon, pour ceux qui veulent me citer ...
Ca marche, je suis le roi du code bébé
Que veut-on dire exactement quand on parle du pronom EN, employé "absolument" ?
En termes de grammaire, prendre, employer un mot absolument, c'est ne pas lui donner de complément.
J'avais fait remarquer que, dans les expressions relevées, le pronom en se référait presque toujours à un complément sous-entendu, c'est pourquoi je posai la question de savoir s'il existe des tournures où il est utilisé absolument.
J'ai failli louper ta réponse, Piotr ...
Effectivement, cela réduit considérablement le nombre des exemples, avec cette restriction, nous sommes loin des vingt demandés.
Au fait, je suppose qu'un verbe, conjugué ou non, ne peut pas être considéré comme un complément ...
Piotr :
Dans les expressions relevées, le pronom en se référait presque toujours à un complément sous-entendu, c'est pourquoi je posai la question de savoir s'il existe des tournures où il est utilisé absolument.
Les cas où en est employé de manière absolument absolue, si tant est qu’ils existent, doivent être plutôt rares en effet, car en creusant un peu, on trouvera toujours quelque complément sinon évident, du moins plausible ou imaginable. Dans s’en faire, p.ex., comme l’a souligné Marina ci-dessus, en se réfère très vraisemblablement à des soucis, des tracas, de la bile,… Mais ce complément est repoussé à l’arrière-plan, la tournure devenant en quelque sorte autonome, un élément lexical à part entière. Toutes ces tournures en acquièrent du coup un caractère idiomatique.
Je m’aperçois (un peu tard) que le Grévisse consacre un court paragraphe à la question (§503):
En et y ont une valeur très imprécise, tantôt vaguement pronominale, tantôt vaguement adverbiale, dans un grand nombre d’expressions.
Grevisse en cite ensuite un ceratin nombre, que je reproduis ici, tout en les numérotant:
1. s’en aller
2. s’en venir
3. s’en retourner
4. en vouloir à quelqu’un
5. s’en prendre à quelqu’un
6. je n’en reviens pas
7. ce qu’il en coûte
8. c’en est fait
9. en imposer
10. s’en tenir à quelque chose
11. en rester là
12. en être (il en est ainsi, autrement, de même, etc.)
13. en finir
14. en avoir assez
15. c’en est trop
16. il en a menti
17. en prendre à son aise
18. en user avec quelqu’un
19. en croire quelqu’un
20. s’en tirer
21. s’en faire
22. en faire de même
23. en faire à sa tête
24. n’en rien faire
25. n’en pas finir
26. s’en tenir à
27. en user mal avec quelqu’un
28. il s’en faut de beaucoup.
Cela fait donc vingt-huit au compteur ! Mais ne sommes-nous pas tragiquement en retard pour Vivatragédie?
Vivatragédie, êtes-vous encore là ?
Bonsoir Torsade de Pointe.
N'en déplaise à mon cher modérateur préféré (loc. cit.) et à toi, Pointe torsadée :
le Grévisse consacre un court paragraphe à la question (§ 503) :
En et y ont une valeur très imprécise, tantôt vaguement pronominale, tantôt vaguement adverbiale, dans un grand nombre d’expressions.
Grevisse en cite
Bravo pour le deuxième Grevisse ! (exclamation d'un adepte grevissoir, grevissien, grevissique, grevissitudin, etc... - manque tout de même le bon "d'usage" )
EN en position absolum'ENt "appsollue" :
En l'an « ZERO » étEn disparu avEN son ENtrée même... tout EN s'EN allENt sENs sENs!
"Il en a menti ???"
Drôle de formulation ...
Bonsoir Aubert,
Drôle ? Tout a fait d'accord avec toi. Mais c'en est vraiment ainsi.
D'ailleurs, ton presque-patronyme Robert y précise :
Vieilli. « Ils en ont menti » (Muss.), ils ont menti sur ce point.
Hélas ! Heh! Tu en est las ? Moi itou !
Mais j’ai l’impression de me mêler les pinceaux, et je ne sais pas trop ce que vaut mon petit exposé. Vais-je poster néanmoins? Bah oui, allons-y, cela me vaudra peut-être le plaisir, un tantinet masochiste, de me voir opposer une nouvelle fois une gigantesque binette moqueuse.
après bien du retad dû à un petit voyage, :/:/je suis bien désolée si cette gigantesque binette vous a offusqué... elle n'était qu'humoristique,vous pouvez m'en croire, mais peut-être aussi sa grande taille altère-t-elle la rapidité du forum... je serai plus raisonnable désormais!
s'en aller a son exact équivalent en italien: andarsene; me ne vo: je m'en vais (de ce lieu); ce ne serait donc plus un gallicisme, mais un romanisme?
mais il est exact que dans certaines des expressions récemment citées, le sémantisme de "en" reste bien flou; pourtant, il a souvent comme référent le complément du verbe: vous en avez menti, disait la langue classique; vous avez menti à ce sujet; le sort en est jeté: les dés sont jetés en cette circonstance (la traversée du Rubicon en l'occurrence, ou toute autre circonstance similaire)
voilà, en espérant me faire pardonner cette binette quelque peu irrévérencieuse!!!
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