Sujet : Elles se sont introduit
Troisième sujet me titillant ces temps-ci.
Lorsqu’un enfant dit « Je m’ai fait mal », on le reprend gentiment en lui proposant « Je me suis fait mal ». Pas de quoi fouetter un chat. L'enfant dira bientôt « Je me suis fait mal ».
Mais, exemple parmi des centaines d'autres, lorsque j’entends sur une radio (lundi 18 août 2025, 12 heures 38) « Deux personnes se sont introduit dans un appartement », je me dis qu’une révolution pourrait toucher notre langue à moyen terme : dans les médias oraux, le participe passé tend à l’invariabilité. « Elles se sont assis », « les ruines qu’il a découvert… » … deviennent la norme chez certains animateurs, présentateurs, journalistes. L’intelligibilité n’est généralement pas en cause et, qui plus est, cette sorte de liberté est facilement prise par des gens parlant par ailleurs un français satisfaisant.
Le phénomène concerne donc, dans son état actuel et dans la mesure où je peux en juger, bien davantage la langue orale que l’écrite : dans un film, quand un personnage annonce « Elle s’est mal conduit », on lit en bas de l’écran, le cas échéant, le sous-titre « Elle s’est mal conduite » et tel journaliste disant « La revue que j’ai ouvert… » écrira « La revue que j’ai ouverte… ».
Il n’empêche. Bon nombre de participes pouvant être employés comme adjectifs, le français me paraît susceptible d'évoluer à moyen terme vers une acceptation à première vue incroyable de tournures comme « une piscine couvert », « Une porte doit être ouvert ou fermé », « Je pense à mes deux grands-mères mort », « Arthur a une santé délicat, voire chancelant », « Qu’elles sont beau, ces filles ! »*… ?
Question simple : quelle attitude adopter en présence d’un pareil phénomène ?
* S’il-vous-plaît, ne me dites pas qu’avec « Les filles sont beau », je donne dans l’outrance ! Il s’agit indéniablement, si l'on y réfléchit bien, d’une possible conséquence de « Elles se sont introduit » !