Sujet : Nil novi sub sole
La déplorable température qui avait signalé tout le mois de mai, et qui faisait sentir son influence, sans exception, sur tous les points de la France, donnait lieu aux plus sombres pressentiments.
On remarquait des phénomènes météorologiques tout à fait anormaux. Il y avait eu sur les bords de la Manche, dans la région de la Normandie, pendant deux ou trois soirées consécutives, des aurores boréales qui duraient jusqu'à trois heures du matin.
On remarquait encore que, malgré les chaleurs excessives de quelques jours, l'évaporation du sol et les gros nuages qui apparaissaient, il n'y a pas eu un éclair, pas un coup de tonnerre.
Des orages effroyables éclataient d'une extrémité à l'autre du territoire. Des trombes de grêle s'abattaient avec fracas sur les villes et les campagnes, au moment où le retour du soleil semblait assuré.
Les nouvelles du Midi annonçaient que de la région sous-pyrénéenne, jusqu'à la Méditerranée, les tempêtes se succédaient sans discontinuité.
A Paris, la Seine grossissait par soubresauts et roulait ces flots bourbeux auxquels on ne saurait se tromper, car l'expérience dé-montre qu'ils accompagnent le débordement de ses affluents.
Le 30 mai, au matin, on commençait à recevoir dans la capitale des indices fâcheux de la situation du Rhône. Les autorités locales, dans la prévision d'une crue, prenaient des mesures actives. On craignait ce fleuve, mais on redoutait encore davantage le débordement de la Saône. Les riverains se hâtaient de débarrasser leurs magasins et leurs boutiques, [...]