Sujet : En lice
Lu dans "Le Monde":
[Gabriel Attal, seul candidat en lice, élu président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale]
https://www.lemonde.fr/politique/live/2 … 23448.html
Je ne savais pas que l’on pouvait être en lice tout seul.
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Lu dans "Le Monde":
[Gabriel Attal, seul candidat en lice, élu président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale]
https://www.lemonde.fr/politique/live/2 … 23448.html
Je ne savais pas que l’on pouvait être en lice tout seul.
Si vous ne l'aviez pas fait observer, je n'aurais rien trouvé d'anormal à cette phrase. Et, à la réflexion, après avoir été un moment dubitatif, je trouve... qu'il n'y a rien d'anormal et qu'on peut fort bien être seul en lice, c'est-à-dire se retrouver seul sur le terrain de la compétition, faute d'autres concurrents.
Si la locution en lice est utilisée surtout avec les verbes être (parfois sous-entendu) et entrer, elle figure également dans d’autres constructions, par exemple rester ou demeurer en lice, se trouver ou se retrouver (seul) en lice, réussir à se maintenir en lice.
https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.q … t-de-liste
L'emploi de cette expression est ancien dans la langue :
https://books.google.fr/books?id=JNvUeJ … mp;f=false
https://books.google.fr/books?id=onwLAA … mp;f=false
https://books.google.fr/books?id=6WVPbd … mp;f=false
• On lit tout de même sous votre premier lien, Abel : Il faut avoir à l’esprit que la locution en lice comporte toujours une idée de rivalité, de concurrence ou de sélection, c’est pourquoi on ne peut l’utiliser, comme on l’entend parfois au Québec, pour parler du dernier cas recensé ou signalé, de l’exemple le plus récent, etc.
• Sous votre deuxième lien, je me demande si, dans François 1er osa entrer presque seul en lice contre Charles Quint… « presque seul » ne qualifie pas davantage « entrer » que « en lice ».
• Remarque comparable, peut-être, pour votre troisième lien, où je ne suis pas sûr qu'il s'agisse d'être seul en lisse : … puisque personne n'ose plus se présenter seul en lice, qu'il en vienne deux à la fois, et je me charge de les combattre seul.
• Pareillement, sous votre quatrième lien, « seul » ne concerne-t-il pas plus « entrer » que « en lice » ?
• On lit tout de même sous votre premier lien, Abel : Il faut avoir à l’esprit que la locution en lice comporte toujours une idée de rivalité, de concurrence ou de sélection, c’est pourquoi on ne peut l’utiliser, comme on l’entend parfois au Québec, pour parler du dernier cas recensé ou signalé, de l’exemple le plus récent, etc.
Certes, mais les exemples le montrent, il ne s'agit pas du tout de notre cas de figure :
Le dernier cas en date (et non : en lice) est celui d’une femme qui n’avait pas été vaccinée.
Les policiers et policières ont commenté le cas le plus récent (et non : le dernier cas en lice), celui d’un individu qui aurait volé une trentaine de vélos.
Pour nous, ce qu'il convient d'examiner, c'est le fait d'entrer seul en lice, ou d'être seul en lice, faute d'adversaire.
J'observe que, déjà d'un point de vue littéral, c'est parfaitement possible. Si on entre seul dans la lice, et qu'aucun adversaire ne se présente, on se retrouve nécessairement seul en lice. C'est physique, géométrique !
Il n'est pas impossible qu'on puisse discuter dans les exemples que j'avais cités le fait de savoir si "seul" qualifie le fait qu'un des concurrents se présente seul contre un adversaire ou s'il se retrouve finalement seul sans adversaire. Mais on trouve en fait beaucoup d'exemples avec "seul dans la lice" qui montrent qu'on peut parfaitement être seul à se présenter à un combat d'idées, à se préparer à une compétition, où finalement les concurrents font défaut. On est donc seul dans la lice, et le combat cesse avant d'avoir vraiment commencé, faute de combattants.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5 … ce%22.zoom
Mais de toute façon, quand on utilise aujourd'hui une expression adaptée d'un sport abandonné depuis des siècles, on se doute qu'il y aura quelques nécessaires adaptations à faire. Quand bien même M. Attal aurait eu des concurrents pour la présidence du parti, on ne s'attend point à ce qu'il les défasse un à un en brisant sa lance sur leur cuirasse !
La question est de savoir si le moderne « entrer en lice » reste sémantiquement proche ou non du plus ancien « entrer dans la lice »…
Pour le Robert Dico en ligne, Entrer en lice, c'est « s'engager dans une compétition ou intervenir dans un débat ». Il me semble que « compétition » et « débat » excluent que ne soit concernée qu'une personne.
Je crois que les définitions des dictionnaires sont mal rédigées ; leur rédacteur n'avait en tête que le cas le plus fréquent où plusieurs concurrents interviennent.
On pourrait d'ailleurs faire le même reproche au terme d'élection qui à l'origine implique un choix entre plusieurs candidats, mais la réalité fait qu'on a aussi parfois des élections avec un seul candidat ! Et c'est ce qui s'est passé pour monsieur Attal.
Quant li prince Attalus ot passé lices por tornoier, tant feïst que prod et vaillant que tuit li altre chevalier orent grant esmovance et s'alèrent maintenant musser a honte o se partirent tot a bandon. Tant que Attalus remeist sol en lice (1). De ce diront li ome es tens a venir en lor langaige novel : "Attal s'est retrouvé seul en lice".
(extrait d'une chronique anonyme de la fin du XIIème siècle)
(1) Dès l'ancien français, le mot lice a le double sens de "palissade" et de "champ clos", par métonymie (note de l'éd.).
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