Là où je suis d'accord avec Ylou, c'est dans la curieuse démarche de l'auteur, prétendant tirer parti de la subjectivité tout en souscrivant implicitement à cette idée reçue d'une supériorité de l'objectivité. Il faut distinguer entre subjectivité et parti pris, et commencer par dénoncer le parti pris en faveur de la prétendue objectivité. En philosophie on nous demande de la cohérence, ou ne parlons plus de philosophie. Or le sujet se prétend visiblement un sujet de philosophie tout en s'affranchissant lui même d'être cohérent. Dans cette mesure, parler de verbiage ne me paraît nullement excessif.
Je laisse l'art à part, ne connaissant pas les rapports conventionnels de la philosophie à l'art et trouvant de toute façon la question trop riche pour être traitée dans notre sujet.
J'avais cru comprendre que les Lumières étaient parties de l'idée du caractère partiel et imparfait de nos perceptions en prônant d'y remédier par l’éclairage de chaque réalité sous plusieurs angles, plusieurs intensités, plusieurs colorations, peut-être. Une telle pratique tend bien sûr à nous élever, mais nous permet-elle pour autant d'atteindre à l'objectivité ? Pour ma part je n'en prétendrais rien, car la réalité est beaucoup trop diverse et est elle-même marquée par les regards portés sur elle. Allons, l'objectivité est un mythe, y prétendre relève de l'hérésie sacerdotale, et surtout : que reste-t-il de réalité à une réalité qui ne serait qu'objective ? Réponse : un squelette. Un squelette en soi est tout ce qu'on voudra, sauf réel.
L'intérêt de la subjectivité est qu'elle consiste à ne voir que ce qui est à la portée de notre vue. Prenez un coin que vous connaissez, et découvrez-le par les cartes ou photos satellitaires sur Internet. Ce n'est certes pas inintéressant, mais on ne vous en montre pratiquement rien. La vraie connaissance du lieu suppose d'être souvent sur place, en de multiples occasions. On peut compléter, par exemple avec des livres, des cartes, des photos, des tableaux, des croquis, mais guère mieux. On peut voyager, aussi, et beaucoup apprendre. Mais d'un survol, surtout devant un écran, nous n'apprenons presque rien.
Fille légère ne peut bêcher.