Vocsoute a écrit:
mais je pense qu'il y a une différence sémantique entre coaching et mentorat, en tout cas en Amérique du Nord.
Cet argument est souvent utilisé pour justifier l'usage si répandu d'anglicismes plus ou moins pertinents, par exemple pour intelligence économique (à la fois anglicisme et traduction !) qui engloberait veille économique et espionnage.
Mais c'est nous qui provoquons ce glissement sémantique, cette spécialisation des mots : un précepteur pourra surveiller l'apprentissage du français, des maths et d'autres disciplines mentales, mais rien ne lui interdit, au nom du "mens sana in corpore sano", de faire faire dix tours de jardin à son élève en courant pour entraîner son corps, puis deux autres pour ralentir son pouls tout en devisant de philosophie.
Il y a de nombreux bons anglicistes sur ce forum, n'est-il pas vrai qu'en anglais, "camel" englobe à la fois chameau et dromadaire, alors que la langue française aime étiqueter les choses plutôt qu'emboîter les concepts ? Je crois d'ailleurs avoir déjà cité cet exemple sur ce forum : on a rarement besoin de différencier le chameau du dromadaire dans la vie courante et professionnelle !
La souris est restée une souris tout en étant promue assistante informatique sans qu'on ait eu besoin de recourir à "mouse" !
Dans les deux cas, tutorat et souris, le contexte fait la différence; il n'y a pas de raison que l'anglais demeure la seule langue contextuelle,
ou, dit autrement, un peu de contextualité ne nuira pas à la précision du français, amha.
Le coaching , qui vient au passage de l'ancien français "coche/cocher", est davantage axé sur une notion de performance, de compétition, de réussite, d'où le sens initial de répétiteur, d'entraîneur (voir TLFI).
Justement : qu'apporte "coaching" par rapport au bon vieil entraîneur, exceptés une phonétique et une prononciation fort peu de chez nous, même si l'étymologie est du vieux français ? D'autant plus qu'on a cru bon de préciser au besoin par "coach de vie": maître à penser, gourou (devenu un peu péjoratif à cause des sectes), guide spirituel, guide de vie, entraîneur de neurones, etc.
Je crois que la vraie difficulté est de résister mentalement au flot d'anglicismes que les médias déversent dans nos têtes, et dont les mots nous viennent tout naturellement, par mimétisme.