Passer au contenu du forum

forum abclf

Le forum d'ABC de la langue française

Mise à jour du forum (janvier 2019)

Remise en l'état – que j'espère durable – du forum, suite aux modifications faites par l'hébergeur.

forum abclf » Promotion linguistique » les anglicismes dans le langage économique

Pages 1

Répondre

Flux RSS du sujet

Messages [ 19 ]

1

Sujet : les anglicismes dans le langage économique

Salut à tout le monde!!
Je vais me présenter…. Je suis une étudiante italienne et je vais discuter ma thèse sur la politique linguistique française et sur le recours à termes ou expressions anglais; en particulier  je dois approfondir  mes recherches dans le secteur économique  (car je vais prendre la maîtrise en Économie).
Maintenant j’aurais besoin de votre aide… je voudrais savoir si vous dans le langage courant (èconomique!!) utilisez les soi-disants “anglicismes” ou les équivalents français??
Par exemple, vous ditez “core business” ou “Coeur de métier”, “stakeholder” ou “partie prenante” , “outsourcing” ou “externalization”,  “break-even point” (BEP) ou “seuil de rentabilité”,  etc….. ?????
Repondez-moi s’il vous plait!!!!!
Merci!!

2

Re : les anglicismes dans le langage économique

Bonjour Cendrillon,

Tous les mots cités, qu'ils soient bien français ou pas, appartiennent à des usages bien particuliers, et seuls ceux qui s'intéressent aux questions financières, avec lecture de la presse spécialisée seraient à mon avis susceptibles de les employer. Ils ne me semblent pas du tout appartenir au langage courant (général), celui de «l'honnête homme», une notion qui se perd.
Personnellement, sauf «cœur de métier» (compris comme : l'activité principale d'une société), «outsourcing» et «externalisation» (compris comme : sous-traitance) je ne les entends jamais. Mais mon capital financier est limité.

En général, pour étudier la présence des anglicismes dans un domaine, et l'effet des suggestions terminologiques, on dépouille la presse générale, spécialisée ou professionnelle pour évaluer les évolutions lexicales. Dans d'autres domaines que la finance (informatique par exemple), il existe une étude qui s'appelle La mesure des mots, de Loïc Depecker. Une revue intéressante sur le sujet, sans doute : La Banque des Mots.

3

Re : les anglicismes dans le langage économique

Dans les termes moins spécialisés, beaucoup de revues persistent à utiliser "intelligence économique"(un mélange d'anglais et de français !), et "think tank", qui sont pourtant faciles à remplacer.
On voit aussi régulièrement "hedge funds", "junk bonds", "traders", etc. , mais suivis de temps en temps de leur traduction, histoire de montrer aux lecteurs le niveau du rédacteur ou la nécessité du vocabulaire anglosaxon en économie, je suppose.
GB a raison qu'en lisant un journal économique français, vous trouverez facilement votre bonheur.
Est-il vrai que l'italien a gardé "mouse" en informatique ?

4

Re : les anglicismes dans le langage économique

La politique linguistique française est fluctuante, y compris dans les entreprises, dont beaucoup ont été déçues de leurs tentatives de développer l'anglais en interne. Un article d'aujourd'hui, dans le journal Libération en ligne, présente bien la question :
http://www.liberation.fr/actualite/econ … 944.FR.php

5 Dernière modification par piotr (17-09-2007 17:56:17)

Re : les anglicismes dans le langage économique

Bien qu'aussi pointu que Gb en économie (et c'est pas rien !) il m'arrive d'entendre à la radio certains de ces termes, et je me souviens de ceux que tu cites, mais en français : coeur de métier, partie prenante, externalisation, seuil de rentabilité.
   Je suis incapable de dire si j'ai entendu les autres : c'est possible bien que pas très probable car, si je les ai entendus en français, c'est que les journalistes de radio n'utilisent pas les anglicismes (réservés à la "presse spécialisée" ?).

   Ainsi, je ne crois pas avoir entendu les autres anglicismes que signale Kroko : think tank, hedge funds, junk bonds, traders,  sauf le dernier que je crois devoir signifier acheteur (?).
   Tout cela ne permet pas de déduire grand-chose, sauf que, apparemment, la radio grand public ne les utilise pas en tant qu'anglicismes, mais en donne des traductions françaises.
   Certains d'ailleurs, comme le intelligence économique signalé par Kroko, ou externalisation, sont de purs calques de l'anglais, crois-je savoir.

     P.S.   Je viens de lire l'article cité en lien par Kroko : je m'en réjouis et je sur-plussoie, et j'applaudis de toutes mes mains !

elle est pas belle, la vie ?

6

Re : les anglicismes dans le langage économique

cinderella a écrit:

Par exemple, vous ditez “core business” ou “Coeur de métier”, “stakeholder” ou “partie prenante” , “outsourcing” ou “externalization”,  “break-even point” (BEP) ou “seuil de rentabilité”,  etc….. ?????

Personnellement, je trouve assez ridicule l'emploi de core business dans une phrase en français. On dit cœur de métier ou activité principale.

Encore plus ridicule : coaching au lieu de mentorat.

Le point-mort c'est le break-even point.

Quand l'activité est géographiquement déplacée, on parle de délocalisation.  Quand elle est sous-traitée à un prestataire, on parle de sous-traitance ou d'externalisation.

Les stakeholders peuvent être différentes choses : des parties prenantes ou des groupements d'intérêts (salariés, clients, fournisseurs, financeurs, opposants, les zinzins etc).

On a aussi labo d'idées et groupe de réflexion pour think-tank.

Les fonds spéculatifs sont appelés hedge funds en anglais.

Les obligations (titres de créance) à fort rendement mais très risquées sont des obligations de pacotille, des obligations poubelles ou des obligations pourries.

En français on dit opérateur ou courtier pour trader. On dit aussi spéculateur pour les opérateurs en bourse dont l'activité se résume à tirer profit de variations de toutes sortes.

Et ce que d'aucuns appellent "intelligence économique" c'est en fait la veille économique, le renseignement économique (licite ?) ou l'espionnage économique (illégal).

7 Dernière modification par Bookish Prat (17-09-2007 23:21:25)

Re : les anglicismes dans le langage économique

greg a écrit:

Encore plus ridicule : coaching au lieu de mentorat.

Tabarnak ! Y a plus d'limite(s) à l'impudence des anglo-enthousiastes ! Espérons tout de même que mentorat n'est pas calqué sur l'anglais «mentoring» roll

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

8

Re : les anglicismes dans le langage économique

krokodilo a écrit:

Est-il vrai que l'italien a gardé "mouse" en informatique ?

oui, c'est vrai!!!
nous utilisons beaucoup de mots anglais.... nous disons par exemple computer, home page, e-mail, server, nickname, password, etc  ... ils n'ont pas d'équivalents italiens!!!

9

Re : les anglicismes dans le langage économique

Salve Cinderella !

Neanche un topolino ?!   smile  [pas même une petite souris ?]

Una chiave (pour le mot de passe) ? Una pagina personale ? (page personnelle)

"On ne fait jamais d'erreur sans se tromper."  J. Prévert.

10

Re : les anglicismes dans le langage économique

krokodilo a écrit:

Un article d'aujourd'hui, dans le journal Libération en ligne, présente bien la question :
http://www.liberation.fr/actualite/econ … 944.FR.php

Je te remercie beaucuop, cet article est vraiment intéressant!!!;)

11

Re : les anglicismes dans le langage économique

Bookish Prat a écrit:
greg a écrit:

Encore plus ridicule : coaching au lieu de mentorat.

Tabarnak ! Y a plus d'limite(s) à l'impudence des anglo-enthousiastes ! Espérons tout de même que mentorat n'est pas calqué sur l'anglais «mentoring» roll

Il n'est pas, est-il ? Mais peut-être que anonymat, assistanat, électorat, marquisat, patronat, prolétariat, rectorat, secrétariat, soldat & sultanat sont calqués sur anonyming, assistaning, electoring, marquising, patroning, proletarying, rectoring, secretarying, solding & sultaning ? tongue Vingt dioux ! Qu'écris-je ? Ving dew ! smile

12

Re : les anglicismes dans le langage économique

Bravo à Greg pour cette réponse amusante big_smile

Re : les anglicismes dans le langage économique

skirlet2 a écrit:

Bravo à Greg pour cette réponse amusante big_smile

L'ennui, c'est que mentorat est inconnu en français métropolitain, ce qui n'est pas le cas de coaching. «Encore plus ridicule : coaching au lieu de mentorat.» a donc fait sourire les natifs présents sur ce fil. De plus, les occurrences de mentorat sont, pour la plupart, associées au Canada et au domaine linguistique anglophone où mentoring figure dans les dictionnaires depuis le siècle dernier big_smile. Quant à la liste des provenances anglaises fantaisistes de mots français qui se terminent en -at: on se gondole (comme on peut) ! big_smile:D

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

14

Re : les anglicismes dans le langage économique

Pour coaching, au lien de «mentorat», j'aurais peut-être plaidé pour «tutorat» (finalement, le coach, c'est un prof), mieux attesté, dans un sens à peine éloigné.

Pour revenir au sujet, et savoir si ceux qui s'intéressent à la finance emploient des termes français ou anglais quand ils ont le choix, c'est plutôt un forum de finance qu'il faudrait interroger ou sonder. Cela dit, que les mots existent en français ne signifie pas qu'ils soient toujours employés. Il y a probablement des variations dans l'usage.

15

Re : les anglicismes dans le langage économique

greg a écrit:

Encore plus ridicule : coaching au lieu de mentorat.

Pardon pour la digression, mais je pense qu'il y a une différence sémantique entre coaching et mentorat, en tout cas en Amérique du Nord.

Le mentorat, qui est un calque de mentorship, est avant tout une relation d'entraide et de partage, où un "aîné" fait bénéficier de son expérience à quelqu'un de moins expérimenté ou diplômé. Ce type de relation est très courant dans les milieux d'affaires anglo-saxons ou dans le monde universitaire. Le tutorat rentre également dans une logique de supervision, mais pas forcément par des mentors ("tutorat par les pairs").

Le coaching , qui vient au passage de l'ancien français "coche/cocher", est davantage axé sur une notion de performance, de compétition, de réussite, d'où le sens initial de répétiteur, d'entraîneur (voir TLFI).

16

Re : les anglicismes dans le langage économique

Vocsoute a écrit:
mais je pense qu'il y a une différence sémantique entre coaching et mentorat, en tout cas en Amérique du Nord.

Cet argument est souvent utilisé pour justifier l'usage si répandu d'anglicismes plus ou moins pertinents, par exemple pour intelligence économique (à la fois anglicisme et traduction !) qui engloberait veille économique et espionnage.
Mais c'est nous qui provoquons ce glissement sémantique, cette spécialisation des mots : un précepteur pourra surveiller l'apprentissage du français, des maths et d'autres disciplines mentales, mais rien ne lui interdit, au nom du "mens sana in corpore sano", de faire faire dix tours de jardin à son élève en courant pour entraîner son corps, puis deux autres pour ralentir son pouls tout en devisant de philosophie.
Il y a de nombreux bons anglicistes sur ce forum, n'est-il pas vrai qu'en anglais, "camel" englobe à la fois chameau et dromadaire, alors que la langue française aime étiqueter les choses plutôt qu'emboîter les concepts ? Je crois d'ailleurs avoir déjà cité cet exemple sur ce forum : on a rarement besoin de différencier le chameau du dromadaire dans la vie courante et professionnelle !
La souris est restée une souris tout en étant promue assistante informatique sans qu'on ait eu besoin de recourir à "mouse" !
Dans les deux cas, tutorat et souris, le contexte fait la différence; il n'y a pas de raison que l'anglais demeure la seule langue contextuelle,  wink ou, dit autrement, un peu de contextualité ne nuira pas à la précision du français, amha.

Le coaching , qui vient au passage de l'ancien français "coche/cocher", est davantage axé sur une notion de performance, de compétition, de réussite, d'où le sens initial de répétiteur, d'entraîneur (voir TLFI).

Justement : qu'apporte "coaching" par rapport au bon vieil entraîneur, exceptés une phonétique et une prononciation fort peu de chez nous, même si l'étymologie est du vieux français ? D'autant plus qu'on a cru bon de préciser au besoin par "coach de vie": maître à penser, gourou (devenu un peu péjoratif à cause des sectes), guide spirituel, guide de vie, entraîneur de neurones, etc.

Je crois que la vraie difficulté est de résister mentalement au flot d'anglicismes que les médias déversent dans nos têtes, et dont les mots nous viennent tout naturellement, par mimétisme.

17

Re : les anglicismes dans le langage économique

Pour revenir au sujet, voir le site du magazine Capital qui propose un lexique des principaux anglicismes utilisés dans le domaine de la Finance :
http://www.capital.fr/Guide/Lexiques/le … eLexique=4

18 Dernière modification par greg (18-09-2007 22:35:11)

Re : les anglicismes dans le langage économique

Bookish Prat a écrit:

L'ennui, c'est que mentorat est inconnu en français métropolitain (...)

Ah bon ?!


Bookish Prat a écrit:

De plus, les occurrences de mentorat sont, pour la plupart, associées au Canada et au domaine linguistique anglophone où mentoring figure dans les dictionnaires depuis le siècle dernier big_smile.

Il est possible que l'acception américaine traverse l'Atlantique avec le nouveau concept dans ses bagages (un néoconcept très mercaté d'ailleurs puisqu'il fait florès sur la toile), mais le porteur de sens (quels qu'ils soient), disons le mot, ne l'a pas attendue.


Bookish Prat a écrit:

De plus, les occurrences de mentorat sont, pour la plupart, associées au Canada et au domaine linguistique anglophone où mentoring figure dans les dictionnaires depuis le siècle dernier big_smile.

Oui mais en lexicologie il arrive parfois que l'organe préexiste à la fonction, surtout si celle-ci est nouvelle et vient s'ajouter aux précédentes.

En tout cas, chapeau bas à notre brave Fénelon :

« Mentoring has and is receiving much attention within the education arena. This paper offers an historical account of the origins of the term mentor, examining the role of the character Mentor in Homer’s The Odyssey and Fenelon’s Les Adventures de Telemaque [sic]. Many authors refer the reader to The Odyssey when discussing the supposed original mentoring dyad: these authors tend to extrapolate from the premise that Homer’s Mentor was a protective, guiding and supportive figure who acted as a wise and trusted counsellor to Telemachus, son of King Ulysses.
Taking an oft suggested return to Homer’s The Odyssey shows that this is not the case. This paper argues that Mentor, in this work, was simply an old friend of King Ulysses who largely failed in his duties of keeping the King’s household intact. Focus is put onto the French writer and educationalist Fenelon, and his novel of instruction Les Adventures de Telemaque [resic]. It is argued that within this work one finds the Mentor whose attributes, functions and behaviours have become synonymous with the modern day usage of the term mentor and the action of mentoring. Recognition of Fenelon’s Mentor, as opposed to Homer’s minor character, is called for. »

J'ai la flemme de traduire. Désolé. En gros, l'acception moderne de mentor nous vient de Fénelon.

19

Re : les anglicismes dans le langage économique

Quittons l'économie pour faire un petit détour par la science : en feuilletant une petite encyclopédie sur l'univers (l'univers est grand et l'encyclopédie petite), j'ai "découvert" qu'il serait tout à fait licite que nous appelions le "Big bang" le Grand boum ! Comme le traduit d'ailleurs ladite encyclopédie, mais seulement entre parenthèses.
Non seulement parce que c'en est la traduction, mais aussi parce que la théorie vient d'un prêtre astronome mathématicien belge, George Lemaître. L'expression était ironique et venait d'un détracteur anglophone qui aura au moins laissé cette invention linguistique à la postérité  - et paf !
Manquerait plus qu'on rebaptise le TGV  Fast-train.;)

Messages [ 19 ]

Pages 1

Répondre

forum abclf » Promotion linguistique » les anglicismes dans le langage économique