Il existe en effet le mot français canneberge pour désigner cette baie que nous (au Québec) aimons manger avec la dinde à la Noël. Ce condiment se présente habituellement sous deux formes : soit en gelée pure ou en un mélange de la baie entière et sa gelée. C’est une baie qui a une saveur un peu amère voila pourquoi on la sert aussi en jus mélangé avec celui de la pomme ou de d’autres fruits.
Si je me souviens bien le mot atoca ou atoka a été le prédécesseur du mot canneberge. Il est encore employé dans le langage courant. L’atoca est inscrit dans le dictionnaire TLF où on ignore son origine.
Le substantif atoca a été « emprunté par le français de la Nouvelle-France aux langues amérindiennes, plus précisément à la famille huronne-iroquoise… »
http://www.tlfq.ulaval.ca/dhfq2/atoca_1977.pdf
Durant la fin des années soixante, le mot canneberge a commencé à supplanter le substantif atoca. Personnellement je n’ai pas de préférence pour l’un ou l’autre vocable, considérant l’influence des langues amérindiennes comme un métissage enrichissant notre culture, mais ce n’est pas le seul apport à notre langue française du Québec.
En ce qui concerne l’influence de l’anglais sur le français au Québec, elle est incontestable. Certains mots anglais sont tellement ancrés dans la langue usuel qu’ils se confondent aux mots français en particulier parce qu’ils ont été francisés de fort longue date. À titre d’exemple voici quelques mots illustrant mon propos : snoro (filou), bommer (quêter), crinquer (lever, irriter, étriver), pinch (barbiche), ganoué (passerelle), etc. La Révolution tranquille des années soixante a permis à la génération des baby-boomers de s’instruire et d’utiliser les termes français en se distinguant de la génération précédente. Cependant à cette modification du parler, de vieux mots français ont été abandonnés. Le langage québécois d’avant la Révolution tranquille, considéré comme un patois, a ainsi perdu quelques trésors de son patrimoine linguistique au détriment d’un français plus « correctement parlé ». C’est une des raisons qui m’a fait écrire deux recueils sur l’étymologie des mots québécois. En effet, certains croient que les mots jarnigoine, bidou, godandart, abouetter, amblette, aouidre, cabrouet, farfinage, houcher, etc. sont des mots inventés de toutes pièces par des incultes de la langue française! Le mépris de notre culture par nos propres gens n’a pas fini de m’étonner, mais ici nous entrons dans des considérations politiques, limitons-nous, au petit fruit rouge, car on risquerait d’arriver au point culminant de Godwin que m’a fait connaitre monsieur Enckell. (Je parle du concept, bien entendu).
On comprendra que la question du choix entre le mot canneberge et cranberry ne se pose pas ici, car l’histoire est tout autre au Québec pour ce petit fruit connu comme nous l’avons vu précédemment par les premiers colons. Ayant résidé en France au début des années 70, je ne me souviens pas d’avoir vu sur les tablettes des marchés d’alimentation de la gelée de canneberge ce qui me fait comprendre l’interrogation initiale.
Voici quelques petits faits concernant la canneberge. Cette baie est reconnue pour ces propriétés antioxydantes et pour prévenir les infections de la vessie. La récolte de la canneberge se fait d’une manière particulière. Une fois le fruit mûr, il tombe au sol, on le récolte alors en inondant la terre cultivée. Le fruit flotte alors à la surface de l’eau et devient facilement « cueillable ».