chère regina, cela ne fait pas sens: "complétive" (fonction syntaxique) et "interrogative" (modalité) ne jouent pas dans la même cour!
1) Mais si, ils jouent dans la même cour ( la phrase) , sans être identiques .
Je sais qui est venu : fonction completive ; modalité interrogative.
Je sais qu'il est venu: fonction complétive; modalité non interrogative
2) J'avoue ne pas saisir ce qu'il faut en déduire.
En quoi l'ordre des mots non orthodoxe dans ce vers de Heine ( puisqu'il a choisi de ne pas mettre le verbe à la fin) est-il lié à l'interrogative? En quoi cet exemple , propre à la langue allemande, nous permet-il de mieux comprendre la subordonnée interrogative?
3) pourquoi cet emploi du verbe savoir , dans cette tournure ? C'est bien le sens habituel du verbe savoir ( avoir la connaissance) qui est à l'origine de cette hésitation ou difficulté à concevoir une interrogative . D'où ce sentiment qu'il y a une suite implicite : je sais ( répondre) , j'ai connaissance de la réponse à la question...
D'accord pour les trois fois
Chère Régina, je ne suis pas sûr de bien comprendre votre point. J'y vais vite:
1) Je sais qui est venu : fonction completive ; modalité interrogative.
=> nous sommes d'accord.
2) c'est une question de syntaxe qui va au-delà de l'analyse du français (je faisais plus haut référence à d'autres langues). La subordination s'accompagne ou ne s'accompagne pas, c'est selon, d'une restructuration de la proposition enchâssée.
[La référence à l'exemple célèbre fourni par la phrase de Heine était un invite (à la germaniste que vous êtes) d'aller voir les discussions nombreuses qu'elle a suscitées: vous y trouverez à peu près ce que je dis plus haut, mais avec infiniment plus de matière pour la réflexion. Il y a comme ça, quelque fois, des énoncés qui transforment durablement notre perception des langues et du langage. Celui-ci en fut un, et le demeure. La Bible en a donné un stock important aussi. Ce sont des moteurs à penser, en quelque sorte]
3) Savoir situe celui qui sait en dehors d'une interrogation, constitue à ce titre une issue (au non-savoir). Vous obtenez, avec le sens de "savoir" lui-même, sans rien ajouter: il n'y a plus d'interrogation. Ce qui implique qu'on avait initialement une interrogation. Et c'est une des raisons qui font que l'analyse syntaxique juste que vous répétez ci-dessus est importante: la syntaxe n'est pas indépendante de l'interprétation. (dogmatique, là, je serai).
Dans la très abondante littérature consacrée à ce sujet, l'exemple souvent ajouté est "?savoir si". "Je sais s'il est venu" n'est possible qu'en contexte de reprise, par exemple: "Moi, je sais s'il est venu". Là aussi, il faut poser d'abord une alternative (cf. "s'il est venu", qui se rencontre aussi dans les protases hypothétiques, et là c'est franco-français, hein!), et signifier qu'on en sort.
Enfin, mais ne me demandez pas de détails, car je risque d'être trop bavard, je soumets à la réflexion:
"Savoir sa leçon" (mais pas "sa voisine de pallier")
"On n'a jamais su le fin mot de l'histoire" (mais pas: * "le commencement de l'histoire")
"ça y est, je sais!" (mais pas: *"ça y est, je connais")
PS. horrible d'écrire dans un forum, les boîtes d'interface minuscules, l'impossibilité de voir le reste de la discussion... bref, ne vous étonnez pas, je poste des message en les retouchant plusieurs fois. Je devrais sans doute plus souvent utiliser la fonction "preview"/"aperçu"