Qui a écrit le Regard du roi ?
Au fait, qui a écrit la Chanson de Roland ? Ce sont des questions intéressantes, mais qu'il importe peu de résoudre : nous avons l'essentiel, le texte, nous nous moquons bien de savoir quel est le Pierre ou Paul qui a pu l'écrire...
Pour ne pas sortir du sujet, André Schwarz-Bart est mort hier à Goyave. Il était l'auteur du Dernier des Justes, prix Goncourt 1959 et l'époux de Simone Brumant connue en littérature sous le nom de Simone Schwarz-Bart.
Et devinez quoi ? tout juste ! On a dit que c'était lui qui servait de nègre à sa mulâtresse...
Quoi qu'il en soit, on voit bien le mécanisme : un auteur se lève qui n'appartient pas à l'intelligentsia blanche et masculine. Il a du talent, donc ce n'est pas lui qui écrit.
Certes, l'imposture littéraire existe, et c'est Willy qui signait les premiers textes de Colette.
Je n'ai pas les moyens de conclure.
Quant à André Breton, sa phrase que j'ai longtemps admirée est d'époque, comme on dit d'une commode qu'elle est d'époque. Il l'a proférée sous l'Occupation, lors du séjour en Martinique qui a précédé son départ pour les Etats-Unis.
Elle se voulait flatteuse : voilà un étranger qui parle le français mieux que les Français.
C'était maladroit : la Martinique est française depuis 1635, les Martiniquais parlent français, Césaire surtout qui est passé par les Ecoles.
toute une époque se reflète ici : confusion de vocabulaire, noir = non francophone, blanc = francophone, ignorance des réalités, et volonté de bien faire. C'est le temps de l'Empire, le temps où la France est fière de son Empire, et où la supériorité du Blanc ne fait aucun doute : pour complimenter un Noir, on le dit supérieur au Blanc !
Ça ne passe plus aujourd'hui, mais cette mentalité explique en partie l'affaire duRegard du roi.
André Breton ne s'en est pas tenu là d'ailleurs. Il a pondu une autre perle, rendant hommage à Madame Césaire, une « Martiniquaise belle comme la flamme du punch. »
C'est une comparaison plus classique que celle de la rencontre entre un parapluie et une machine à coudre, et la phrase unit la Martinique et le punch, ah !
Sauf qu'on ne flambe pas le punch, en Martinique !