Chover a écrit:Mais (devinette !) avez-vous vu la faute dans « Quand cela serait vrai, répliqua-t-elle, je ne m'en contenterais pas, je voudrais que le jour, puisque les blondes doivent être dans ses intérêts, fit aussi le même effet » ? !
Oui, c'est une erreur de transcription de ma part.
Il aurait fallu le subjonctif « FÎT » ; dans le texte de Fontenelle il y a aussi un point juste avant « Je voudrais que... » :
« Quand cela serait vrai, répliqua-t-elle, je ne m'en contenterais pas. Je voudrais que le jour, puisque les blondes doivent être dans ses intérêts, fît aussi le même effet ».
Question naïve : « FÎT » est-il un subjonctif passé ou présent (que l'on pourrait donc remplacer par « FASSE ») ?
Le texte corrigé :
— Ne trouvez-vous pas, lui dis-je, que le
jour même n'est pas si beau qu'une belle
nuit ?
— Oui, me répondit-elle, la beauté du jour '
est comme une beauté blonde qui a plus de
brillant ; mais la beauté de la nuit est une
beauté brune qui est plus touchante.
— Vous êtes bien généreuse, repris-je, de
donner cet avantage aux brunes, vous qui ne
l'êtes pas. Il est pourtant vrai que le jour est
ce qu'il y a de plus beau dans la nature, et
que les héroïnes de roman, qui sont ce qu'il
y a de plus beau dans l'imagination, sont
presque toujours blondes.
— Ce n'est rien que la beauté, répliqua-t-elle,
si elle ne touche. Avouez que le jour ne vous
eût jamais jeté dans une rêverie aussi douce
que celle où je vous ai vu prêt de tomber
tout à l'heure à la vue de cette belle nuit.
— J'en conviens, répondis-je ; mais, en
récompense, une blonde comme vous me
ferait encore mieux rêver que la plus belle nuit
du monde avec toute sa beauté brune.
— Quand cela serait vrai, répliqua-t-elle,
je ne m'en contenterais pas. Je voudrais que
le jour, puisque les blondes doivent être dans
ses intérêts, fît aussi le même effet. Pourquoi
les amants, qui sont bons juges de ce qui
touche, ne s'adressent-ils jamais qu'à la nuit,
dans toutes les chansons et dans toutes les
élégies que je connais ?
— Il faut bien que la nuit ait leurs
remerciements, lui dis-je.
— Mais, reprit-elle, elle a aussi toutes leurs
plaintes. Le jour ne s'attire point leurs
confidences. D'où cela vient-il ?
Fontenelle est un auteur dont, à "mon époque", les professeurs parlaient au lycée, en classe de première, et qu'ils présentaient, autant que je me souvienne, comme penseur, philosophe faisant en quelque sorte la transition entre le XVIIe et le XVIIIe siècle (on étudiait souvent le passage des Entretiens où il était conjecturé qu'un jour des hommes pourraient se rendre sur la Lune ; on évoquait souvent cet auteur en même temps qu'un autre auteur précurseur de la pensée du XVIIIe siècle : Pierre Bayle).
Entretiens sur la pluralité des mondes est un véritable petit bijou littéraire qui mériterait d'être redécouvert :
la langue est savoureuse et l'on sent constamment poindre l'humour de Fontenelle ; en outre l'ouvrage présente l'intérêt d'exposer de manière claire et ramassée l'état des connaissances astronomiques à la fin du XVIIe siècle.