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4

Très intéressant.

Abel Boyer a écrit:

Ces marchands étaient fameux par la quantité de drogues qu'ils faisaient fabriquer d'après Lancret et Boucher, pour les dessus de portes et dessus de glaces, et d'après Carle, pour les églises de province et les villages. Le poncis* adopté dans ces sortes d'établissements, et qu'étaient obligés de suivre les malheureux artistes qui allaient y chercher l'existence, consistait en un coloris vif, cru, et une propreté d'exécution lisse, insensible dans la touche et le faire.

* D'où notre « poncif ».

3

attardons-nous un moment aux portraits de Louis XV et de sa femme, Marie Lessezynska (Nos 106 et 107). Ce sont des copies partielles exécutées vers 1728, probablement d'après des œuvres de l'un des Van Loo. Leur auteur paraît être un certain André Tremblin, mort à Paris en 1742, copiste et marchand de tableaux, portraitiste et encadreur. M. le comte de Cathelineau a retracé avec esprit la carrière extrêmement féconde de ce professeur à l'Académie Saint-Luc, de ce fournisseur de portraits en série, de ce photographe avant la lettre dont la boutique se trouvait "quai de Gesvres, à l'enseigne du Coq-Hardi". [Note 8. n'apparaît pas sur la photocopie] Un portrait avait-il quelque succès au Salon de Paris, vite, Tremblin le copiait - ou le faisait copier - et l'offrait en vente à un prix abordable. C'est à lui que s'adressa M. Begault, chargé des achats de la marine, pour peindre le portrait de Louis XV destiné au Conseil Supérieur de Québec (1735) ; et le portrait du Souverain, vraisemblablement une copie d'après Louis-Michel Van Loo, fut expédiée à Québec quelques semaines seulement après la demande de Beauharnois, peut-être, insinue M. de Cathelineau, parce que Tremblin possédait dans sa boutique "sa provision de portraits du Roi, toute fabriquée d'avance". [Note 9. n'apparaît pas sur la photocopie]

https://rd.uqam.ca/Morisset/1934.08.29.html

Pour Carle van Loo, comme pour d'autres artistes de son temps, il importe d'examiner avec la plus grande méfiance lest attributions des catalogues et les inscriptions des cadres. Voici, en effet, un renseignement qui doit inspirer la prudence. Lancret, Boucher et Carle van Loo sont les trois artistes, dit Gault de Saint-Germain, qui ont fourni, en plus grande abondance, des matériaux aux Tremblin et aux Bacot, marchands de tableaux établis dans les maisons qui couvraient jadis le pont Notre-Dame. Ces marchands étaient fameux par la quantité de drogues qu'ils faisaient fabriquer d'après Lancret et Boucher, pour les dessus de portes et dessus de glaces, et d'après Carle, pour les églises de province et les villages. Le poncis adopté dans ces sortes d'établissements, et qu'étaient obligés de suivre les malheureux artistes qui allaient y chercher l'existence, consistait en un coloris vif, cru, et une propreté d'exécution lisse, insensible dans la touche et le faire.
« Au mot de croûte, qui désigne un mauvais tableau, on avait substitué celui de Pont Notre-Dame, plus expressif encore dans le temps, en ce qu'il rappelait le mauvais goût qu'on y adoptait, et que quelques artistes, après y avoir débuté, ont porté jusque dans le sein de l'Académie. » Les trois siècles de la Peinture en France, p. 304 et 305.

https://books.google.fr/books?id=QhJaAA … mp;f=false

2

Logos a écrit:

Le passage signifie-t-il peut-être ceci :
"Je n'ai jamais acheté de tableau que chez un certain Tremblin, où l'on allait quand on n'avait pas les moyens d'acquérir un tableau de valeur ou que l'on souhaitait dénicher un tableau licencieux..." ?

C'est aussi ce que je comprends.

Logos a écrit:

Je vois encore moins ce que peut signifier "la ruine du talent des jeunes élèves de Vanloo".

Peut-être les élèves de Vanloo ne peuvent-ils espérer que leurs tableaux soient vendus à leur juste valeur chez Tremblin.

1

Voici un extrait du roman Jacques le Fataliste et son maître de Diderot :

Il était tard ; la pendule avertit les maîtres et les valets qu’il était l’heure de se reposer, et ils suivirent son avis.
Jacques, en déshabillant son maître, lui dit : Monsieur, aimez-vous les tableaux ?

LE MAÎTRE.
Oui, mais en récit ; car en couleur et sur la toile, quoique j’en juge aussi décidément qu’un amateur, je t’avouerai que je n’y entends rien du tout ; que je serais bien embarrassé de distinguer une école d’une autre ; qu’on me donnerait un Boucher pour un Rubens ou pour un Raphaël ; que je prendrais une mauvaise copie pour un sublime original ; que j’apprécierais mille écus une croûte de six francs ; et six francs un morceau de mille écus ; et que je ne me suis jamais pourvu qu’au pont Notre-Dame, chez un certain Tremblin, qui était de mon temps la ressource de la misère ou du libertinage, et la ruine du talent des jeunes élèves de Vanloo.

JACQUES.
Et comment cela ?

LE MAÎTRE.
Qu’est-ce que cela te fait ? Raconte-moi ton tableau, et sois
bref, car je tombe de sommeil.

Je ne suis pas certain de bien comprendre le passage mis en gras.
J'ai des doutes sur le sens de l'expression "ressource de la misère ou du libertinage".
Le passage signifie-t-il peut-être ceci :
"Je n'ai jamais acheté de tableau que chez un certain Tremblin, où l'on allait quand on n'avait pas les moyens d'acquérir un tableau de valeur ou que l'on souhaitait dénicher un tableau licencieux..." ?
Je vois encore moins ce que peut signifier "la ruine du talent des jeunes élèves de Vanloo".