Vos explications sont lumineuses, Newzic, et je comprends bien l'utilité d'un texte vide pour théoriser sur la technique de mise en page.
Seulement, dans mon cas, ce texte n'est pas vide, car je suis l'un des derniers dinosaures qui comprennent le latin, et qui, en conséquence, se posent des questions quand ils ne comprennent pas le latin...
Cependant, je maintiens mon point de vue selon lequel la mise en page doit mettre en valeur le sens du texte, et ne peut donc être conçue indépendamment de ce sens.
Sinon, rien n'empêcherait, pour gagner de la place, d'écrire les vers en continu, sans passer à la ligne après la rime...
J'ai dû concevoir de A à Z un document destiné à l'évaluation du niveau des élèves entrant en seconde, sur une commande de mon inspecteur. Nous avons travaillé en équipe, à trois, concevant simultanément et les exercices, et la mise en page des exercices, car il y avait des impératifs : ne tourner les pages qu'entre les exercices, constituer un cahier central de textes, et, ce dont je ne suis pas mécontent, faire coïncider la pagination du livret de questions avec la pagination du livret de réponses, de sorte que les correcteurs ne soient pas obligés de tourner la page des codes de cotation en pleine correction d'un même exercice.
Ce que je trouve exaspérant, et qui s'était produit avec les cahiers des années précédentes.
Bref, pour penser à tout cela, il fallait être tout à la fois le concepteur et l'utilisateur de ces cahiers, et un graphiste animé par la seule volonté d'équilibrer sa composition n'aurait pas pensé à résoudre ces questions pratiques. La preuve, ceux des années précédentes n'y pensaient pas ! Ce que j'ai vu de mieux dans le domaine, c'est le sujet d'examen formé d'un texte latin, sa traduction et une batterie de questions. Pour gagner du papier, je suppose, la traduction figurait... au dos du texte ! alors qu'il est indispensable qu'elle soit en regard...
Telle sont les observations qui me font dire que seuls l'auteur est à même de faire la mise en page.
Dernier exemple qui s'est marqué au fer rouge dans ma mémoire. Il s'agit d'un dépliant en quadrichromie, existant aussi en affiche, destiné à mettre les lycéens en garde contre le SIDA.
On y lisait cette phrase :
Cux qui n'ont pas de partenaires réguliers doivent avoir des relations sexuelles
protégées.
Parfaitement, l'adjectif était reporté à la ligne ! Si bien qu'on lit : doivent avoir des relations sexuelles, et que cela devient une obligation absolue, la protection disparaissant dans l'oubli.
La phrase était boiteuse : mieux valait écrire « Il faut se protéger lors des relations occasionnelles » ou : « Ils doivent se protéger... », que l'obligation porte bien sur la protection, et non sur les relations.
Et, la phrase étant donnée, il ne fallait surtout pas rejeter l'adjectif à la ligne ! A tout le moins, écrire RELATIONS PROTEGEES, en gros.
Vous voyez pourquoi je dis que la composition ne peut être conçue sans tenir compte du sens du texte ?