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forum abclf » Pratiques linguistiques » synantonymie

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Messages [ 1 à 50 sur 66 ]

1 Dernière modification par glop (06-11-2011 09:54:05)

Sujet : synantonymie

Quelqu'un a-t-il s’est-il penché sur la particularité de ces  mots qui, bien que synonymes en un sens, frisent par ailleurs l’antonymie.
Quel nom pourrait-on leur donner, ou quel adjectif leur conviendrait-il ?
Bon d’accord, je donne des exemples.
Médiéval / moyenâgeux
Commercial/mercantile
Spontané/impulsif
Je ne me souviens plus des autres.
Roboratif/bourratif… (Peut-être)

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

2

Re : synantonymie

Pressurer/ pressuriser

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

3 Dernière modification par Piotr (07-11-2011 17:10:02)

Re : synantonymie

Salut,

    apparemment personne ne s'est penché dessus, du moins pas suffisamment pour en tirer une réponse...

    Ce n'est pas que je me soie outre mesure intéressé au sujet, mais tes exemples me suggèrent quelques réflexions :

  -  médiéval / moyenâgeux : il s’agit pour moi tout simplement d'un doublet formation savante / formation populaire, dont chacun des termes est d'ailleurs apparu à peu près à la même époque (moitié XIXe), avec une nuance de sens assez faible.
  -  commercial / mercantile : même racine latine pour ces deux mots (merx, -cis, qui a donné aussi, Mercure, dieu du commerce), le premier arrivé par le bas-latin et le second par l'italien à deux siècles d'intervalle ; ici, la nuance de sens (péjoratif) est plus marquée.
  Ces deux couples quand même sont nettement plus proches de la synonymie que de l’antonymie.

    - spontané / impulsif : où est l'antonymie ?
    -  roboratif / bourratif : où est la synonymie ?

P. S : quand au triplet presser / pressurer / pressuriser, il s'agit d'une famille de mots, dérivés par suffixation, exprimant des réalités différentes, mais pas opposées.

elle est pas belle, la vie ?

4

Re : synantonymie

Je ne suis pas d’accord.
Le mot médiéval évoque :
L’art gotique, les enluminures, les chants grégoriens, les troubadours…. ;
Alors que le mot moyenâgeux, évoque les égouts à ciel ouvert, les femmes brulées vives, les écartèlements, la peste, les chouettes clouées aux portes …On en finirait  plus.
Médiéval et moyenâgeux sont donc des adjectifs de sens contraire, concernant la même époque.
Quant au verbe pressuriser, il signifie établir une pression normale, alors que pressurer signifie établir une pression tout à fait anormale.
Mes autres exemples sont mal choisis, mais j’attends d’avoir une minute à moi pour en trouver de meilleurs.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

5

Re : synantonymie

Médiéval et moyenâgeux ne sont pas des antonymes. Tous deux ont pour définition: relatif au Moyen Âge.

Médiéval
est neutre: la peste, les procès de sorcellerie, les guerres, les tortures , les famines sont des caractéristiques de l'époque médiévale tout autant que l'art roman et gothique, les tournois, les chanson de geste et l'amour courtois.

Moyenâgeux signifie exactement la même chose avec une connotation aujourd'hui  négative. Elle ne l'a pas toujours été.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

6

Re : synantonymie

En fait, le « jeu »auquel je joue seul jusqu’à présent, consiste à trouver un couple de mots quasiment identiques, aillant chacun, un sens différent (voir opposé).
Ex :
Bouchonné/bouché
Il va sens dire, que celui qui trouve un mot, aillant à la fois une signification donnée, ainsi que la signification contraire, décroche le pompon.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

7

Re : synantonymie

Ah ! bouchonné / bouché me semble un bien meilleur exemple (il est en tout cas plus proche de ma culture).

   Puis-je suggérer satire / satyre ?

    Satire, c'est drôle, fin, primesautier.

    Satyre, c'est gras, vil, porno.

elle est pas belle, la vie ?

8

Re : synantonymie

Je n’en espérai pas tant !

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : synantonymie

Les grands classiques :
louer : le propriétaire loue son bien, le locataire loue le bien du propriétaire ;
hôte : l'hôte reçoit ses hôtes en sont hôtel.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

10

Re : synantonymie

glop a écrit:

le mot moyenâgeux, évoque les égouts à ciel ouvert, les femmes brûlées vives, les écartèlements, la peste, les chouettes clouées aux portes…

Peut-être… mais pour certains, il évoquait, évoque et évoquera toujours ceci :
www.paperblog.fr/1946781/brassens-le-moyenageux/

11 Dernière modification par yd (08-11-2011 02:01:35)

Re : synantonymie

Ombragé et ombrageux, bien qu'ombrageux puisse qualifier avantageusement un arbre.

Féminin et efféminé.

Rustre et rustique.

Satané et satanique.

Fille légère ne peut bêcher.

12 Dernière modification par glop (08-11-2011 12:35:32)

Re : synantonymie

Ce satané/satanique, me fait penser à lunaire et lunatique.

Par ailleurs,
On a érigé, à la gloire d’untel, une statue équestre ; un autre échappe à l’oubli grâce au buste qui met en valeur son profil chevalin.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

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Re : synantonymie

P'tit prof a écrit:

Les grands classiques :
louer : le propriétaire loue son bien, le locataire loue le bien du propriétaire ;
hôte : l'hôte reçoit ses hôtes en sont hôtel.

comment n'y ai-je pas pensé?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

14

Re : synantonymie

Un autre classique, entre verbal et oral.

Fille légère ne peut bêcher.

15 Dernière modification par glop (09-11-2011 22:16:31)

Re : synantonymie

Je m’aperçois tout à coup, que les mots "récoltés" jusqu’ici,  pourraient être estampillés de l’appellation « chausse-trappe ». (N’est-ce pas un peu excessif)?

Je laisse de coté : médiéval /moyenâgeux, pour des raisons d’étique.
"Hôte" et "louer" sont hors concours.

Il nous reste :

Commercial /mercantile
Pressurer/pressuriser
Bouchonné/bouché
Satire/satyre
Rustre/rustique
Satané /Satanique
Lunaire/lunatique
Équestre/chevalin
Verbal/oral

Pourquoi pas aussi :

arriver/accoster(esp: arribar)
Auditionner /ausculter
Convenance/convention
Tranchant /incisif
Dégoûter/dégoutter
Camisole /chemise
Ne peut-on pas, en effet, répliquer sur un ton tranchant, sans parvenir à être  incisif, dégoutter sans être dégoûtant, et porter une chemise bien ajustée, sans être fou à lier ?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

16

Re : synantonymie

glop a écrit:

… pour des raisons d’étique…

c’est maigre !… wink

17

Re : synantonymie

Le français est connu pour avoir des « doublets synonymiques » : un terme savant, un terme populaire. Possible que ce soit à prendre en compte ici.
Mais il faudrait lister, étudier les origines, comparer, pour avoir une vue plus générale.

Pour une présentation, voir par exemple ce mémo : http://www2.unil.ch/slav/ling/cours/POL … -popfr.pdf

18 Dernière modification par Piotr (09-11-2011 12:10:56)

Re : synantonymie

scientifique / scientiste
volontaire / vélléitaire

Du lien fourni par gb , je retiens surtout poison / potion.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : synantonymie

Piotr a écrit:

scientifique / scientiste
volontaire / vélléitaire

Du lien fourni par gb , je retiens surtout poison / potion.

La liste est assez fournie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Doublet_le … et_savants

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

20

Re : synantonymie

Des doublets, oui, la liste est fournie, mais je n'ai retenu que ceux qui semblent entrer dans la catégorie décrite par Glop.

    J'ajoute donc (de la liste de Wikipédia) : hôtel / hôpital

elle est pas belle, la vie ?

21

Re : synantonymie

Merci à tous pour ces précieuses informations.

Une amie, native des USA, me racontait tout à l’heure, que son ex-mari est atteint d’une cirrhose, parce qu'il est un gros buvard.

Ce qui prouve que le sujet n’est pas épuisé.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : synantonymie

Buvard, bavard, c'est le titre d'un chapitre des Misérables : un jeu paronymique. Nous n'avons ici ni synonymes, ni antonymes, ni mots de la même famille.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

23 Dernière modification par glop (09-11-2011 22:04:06)

Re : synantonymie

Je crois que l'américaine confondait plutôt "buvard" avec "buveur";
mais je suis bien conscient de n'avoir pas bien réussi à formuler le sens de ma recherche, qui par ailleurs, fut évolutive ou changeante.
Je garde en tout cas, en mémoire, le mot "paronyme"

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : synantonymie

Autant pour moi, j'ai lu trop vite.
Mais si le mari est un soiffard, on peut bien le qualifier de buvard !
Car le buvard est ainsi nommé car il boit l'encre.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

25 Dernière modification par greg (10-11-2011 01:10:56)

Re : synantonymie

Piotr a écrit:

médiéval / moyenâgeux : il s’agit pour moi tout simplement d'un doublet formation savante / formation populaire, dont chacun des termes est d'ailleurs apparu à peu près à la même époque (moitié XIXe), avec une nuance de sens assez faible.
  -  commercial / mercantile : même racine latine pour ces deux mots (merx, -cis, qui a donné aussi, Mercure, dieu du commerce), le premier arrivé par le bas-latin et le second par l'italien à deux siècles d'intervalle ; ici, la nuance de sens (péjoratif) est plus marquée.
  Ces deux couples quand même sont nettement plus proches de la synonymie que de l’antonymie.

Entièrement d'accord avec Piotr.



glop : ce que tu appelles synantonymie c'est, pour partie, l'énantiosémie.

Liste de P'tit prof rallongée :

    l'hôte — l'hôte
    l'apesanteur — la pesanteur
    apprendre
    louer

À quoi on pourrait ajouter une énantiosémie qui se perd :

    pitoyable ? qui fait pitié, synonyme de "pathétique"
    pitoyable ? capable de pitié, antonyme d'impitoyable


Et une autre qui monte : médiéval/moyenâgeux a quitté le territoire de la synonymie (message 5 regina) sans atteindre encore à l'énantiosémie.



Piotr a écrit:


    Satire
, c'est drôle, fin, primesautier.

    Satyre, c'est gras, vil, porno.

Bien vu. D'autant que les paires type satyre / satire sont faites de deux homophones renforcés par leur quasi-homographie. D'autant aussi que beaucoup de locuteurs ne savent jamais si c'est <i> ou <y> ou ignorent que deux lettres alternent. Mais n'est-ce pas de l'ambivalence plutôt que de l'énantiosémie ?



Juste un coup d'œil sur deux cas d'énantiosémie.
Avec ou sans l'article.

    l'apesanteur — la pesanteur
    le satyre — la satire

    apesanteur — pesanteur
    satyre — satire

Le nom ne prend pas nécessairement l'article défini, mais c'est très souvent le cas.

26

Re : synantonymie

Tiens : argument / argutie.

elle est pas belle, la vie ?

27 Dernière modification par glop (12-11-2011 23:18:38)

Re : synantonymie

Réponses :

1) Si je comprends bien l’énantiosémie (introuvable dans mon dico) caractérise des mots identiques qui se repoussent l’un et l’autre comme le feraient des aimants identiques se faisant face en sens inverse.
La déviation de sens de certains mots favorise peut être l’énantosémie ;  le verbe « baiser », par exemple, peut être employé pour évoquer un acte de réconciliation, alors qu’au sens figuré en vogue, il évoque un acte de trahison.

2) Bien venu à : argument/argutie.

dans un autre genre:

piscine/vivier.
graveleux/gravillonné
astronomie/astrologie
aspiration/inspiration
régulation/régularisation
fermage/fermeture
sourcier/sorcier
fruitier/fruitière

3) Le problème de la pesanteur me semble beaucoup plus grave que celui de l’apesanteur qui est sans gravité.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

28 Dernière modification par yd (11-11-2011 11:13:04)

Re : synantonymie

Un joli cas - mais comment se nomme-t-il ? - est entre personne subst. fém. (on fuit encore le « neutre féminin », alors qu'une personne peut sans problème représenter un homme) et personne pronom, que le TLFi ne veut pas davantage dire « neutre masculin » :

Rem. 1. Personne n'a pas de marque de genre: Je ne connais personne d'aussi heureux que cette femme (Ac. 1935); Littré cite cependant: Personne n'était plus belle que Cléopâtre.

Fille légère ne peut bêcher.

29 Dernière modification par glop (12-11-2011 23:21:09)

Re : synantonymie

Il est arrivé que "personne" soit masculin (Ulysse), mais les cyclopes n'en ont rien su.


En voila un autre qui me plait bien.

recrue (nom féminin)
recru(e)  (adjectif)

Les significations sont très opposées.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

30 Dernière modification par glop (12-11-2011 23:23:09)

Re : synantonymie

Il y a aussi :
Décrépissage et décrépitude.
Réclamer, dans le sens de : exiger son dû ou exiger  ce dont on a besoin.
Faire de la réclame, dans le sens d’inciter les gens à ressentir un besoin.
S’agit-il d’énantiosémie ?

Le mot sadomasochisme n’est-il pas énantiosémique à lui tout seul ?
Il va falloir que je crée différentes listes.:(

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

31

Re : synantonymie

glop a écrit:

Le mot sadomasochisme n’est-il pas énantiosémique à lui tout seul ?

Il a toutes les apparences de l'énantiosémie. Sauf qu'il ne signifie pas une chose ou son contraire mais une chose et son contraire.

Si un propriétaire loue son bien à un locataire, le propriétaire donne son bien en location, il ne le prend pas en location. Le verbe <louer> signifie alternativement quelque chose ou son contraire mais pas les deux en même temps.

J'ai l'impression qu'avec <sadomasochisme> deux notions coexistent sans jamais s'exclure, l'une n'allant pas sans l'autre, sans quoi le vocable composé perdrait son unité. D'ailleurs la troncation de <sadomasochiste> est <sadomaso> voire <SM> mais jamais <sado> ni <maso> — qui sont des troncations de <sadique> et <masochiste>.

32

Re : synantonymie

J'aime bien "troncation" . Ça me change de l'éternelle apocope qui m'a fait prendre du retard dans mon boulot

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

33

Re : synantonymie

Oui, mais... troncation est un hyperonyme. Il n'y a pas que l'apocope, il y aussi l'aphérèse !

Re : synantonymie

Quant à l'éniantosémie, c'est le fait pour un seul et même mot d'avoir deux sens contraires :
louer ;
hôte ;
pitoyable : qui inspire de la pitié, ou qui éprouve de la pitié ;
misérable : qui subit la misère, ou qui agit en criminel.
Thénardier, ce misérable, maltraitait la misérable Cosette.

Si bien que peu des termes cités plus haut sont énantiosémiques.
Nous avons des doublets, des homonymes (satire et satyre, un genre littéraire et une divinité mythologique) et même des paronymes (pesanteur et apesanteur).
Qu'est-ce que vous cherchez au juste ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

35 Dernière modification par glop (15-11-2011 14:50:31)

Re : synantonymie

Je cherchais des éclaircissements, et j’en ai trouvés.
Il reste deux catégories de mots qui ne sont pas bien cernées.
1)    Les mots qui se ressemblent et qui ont la même racine, comme conter et compter, par exemple.
Bien qu’ils ne soient, ni des synonymes, ni des homonymes, dans certaines phrases, ils peuvent prendre un de ces rôle.
Exemple : Si votre épicier vous annonce que vous devez débourser 150 euros, pour payer une laitue et un camembert ; vous lui rétorquez :  Que me contez vous la, veuillez recompter.
C’est la que la notion de « synantonymie » interviendrait, selon moi.
Elle s’applique à plusieurs mots vus plus hauts.

Astrologue et astronome.
On est toujours tenté de voir dans l’astrologie une science qui aurait toujours été une spécialité de charlatans.
En fait les premiers astrologues ont été les premiers astronomes. Ceux-ci n’avaient d’autre ressource, pour subventionner leurs recherches que de les justifier auprès des riches et des ignorants en faisant croire qu’ils lisaient l’avenir dans les astres.
(N’oublions pas que les astrologues d’antan ont cartographié la voûte céleste et nommé les étoiles, pour le plus grand bonheur des astronomes d’aujourd’hui).
Comment exprimer le caractère ambivalent de ces deux mots ?


2)    Les mots qui ne se ressemblent pas mais qui font, ou faisaient,  référence a la même chose ;
La « chose » en question n’étant pas abordée sous le même angle.
Les adjectifs : Équestre et chevalin etc…..vus en amont.

Ces « couples » de mots pourraient être répertoriés afin d’éviter au francophones débutants de se laisser piéger.

Que dire de:  Rebouteux et ostéopathe.
Le médecin, trop cher et mal équipé pour les randonnées pédestres,  était bien contant jadis, de voir le rebouteux se dévouer,  pour venir en aide au bûcheron accidenté et intransportable, en pleine forêt.
La spécialité initialement  pratiquée par ces rebouteux (c’était souvent le boucher) porte maintenant un nom savant et, ceux qui la pratique voudraient mettre les derniers rebouteux en prison, pour leur apprendre à faire du bénévolat.
A force d’en parler, je vais finir par croire que la synantonymie existe bel et bien !

En fait, mon but au départ, était d’expliquer le plus rationnellement possible à une amie américaine, l’ambivalence qui existe entre certains mots du français ; et notamment, l’importance qu’il y a à ne pas confondre « buveur » et « buvard »,  par exemple.
Heureusement pour elle, j’ai renoncé à ce projet éducatif.

A chacun son métier, et les moutons seront bien gardés!

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : synantonymie

1)    Les mots qui se ressemblent et qui ont la même racine, comme conter et compter, par exemple.

Dans le mille !
C'est le cas limite, car il ne s'agit pas de deux noms différents, mais du même nom sous deux orthgraphes différentes. Le sémantisme est le même : il s'agit d'énumérer des eléments, des nombres (compter) ou des mots (conter). On a fini par y voir deux sens différents, au point de les distinguer par la graphie.

2)    Les mots qui ne se ressemblent pas mais qui font, ou faisaient,  référence a la même chose

On dit qu'ils appartiennent au même champ lexical. Pour équestre et chevalin, on peut parler de synonymes, étant entendu que les synonymes absolus n'existent pas, qu'il y a toujours une nuance. Pour équestre et chevalin, la nuance c'est que chevalin concerne les chevaux et équestre les cavaliers. La denture de Fernandel était chevaline, Bartabas met en scène des spectacles équestres.

et notamment, l’importance qu’il y a à ne pas confondre « buveur » et « buvard » par exemple.

Il s'agit de paronymes, et la paronymie engendre de nombreux jeux sur les mots. Dans mon enfance, une marque de pinard distribuait dans les écoles primaires (oui, on a bien lu, les écoles primaires...) un buvard publicitaire illustré d'une belle trogne de Bacchus. Le texte, qui s'est gravé dans ma mémoire, disait :
Je ne suis qu'un pauvre buvard, je bois de l'encre. Mais vous, vous pouvez boire le vin machin...
Le buvard et le buveur boivent tous les deux, et traiter de buvard un buveur est un jeu de mots, très... spirituel (d'ailleurs, spirit, pour une Américaine, c'est l'alcool...).

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

37 Dernière modification par glop (22-11-2011 19:34:28)

Re : synantonymie

Un autre exemple d'énantiosémie me vient à l'esprit; c'est le verbe "desservir".
Mais que dire du mot "irrésistible"?

-L'irrésistible armée ennemie.
-L'irrésistible charme slave.

Un autre mot sur lequel je suis tombé par hasard: "adonner".
C'est, en quelque sorte, un antonyme de "s'adonner".

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : synantonymie

-L'irrésistible armée ennemie.
-L'irrésistible charme slave.

Le sens est le même dans les deux cas : on ne peut pas leur résister. Où est l'énantiosémie ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

39 Dernière modification par glop (23-11-2011 01:36:59)

Re : synantonymie

Ce que je voulais dire c’est qu'en comparent ces deux expressions :
•l’irrésistible appel de la mer.
•l’irrésistible avancée de l’armée ennemie.
Il est question dans le premier cas d’exprimer une attirance, et dans le second,  une répulsion.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

40 Dernière modification par greg (26-11-2011 10:41:21)

Re : synantonymie

yd a écrit:

Un joli cas - mais comment se nomme-t-il ? - est entre personne subst. fém. (on fuit encore le « neutre féminin », alors qu'une personne peut sans problème représenter un homme) et personne pronom, que le TLFi ne veut pas davantage dire « neutre masculin » :

Rem. 1. Personne n'a pas de marque de genre: Je ne connais personne d'aussi heureux que cette femme (Ac. 1935); Littré cite cependant: Personne n'était plus belle que Cléopâtre.

On ne peut mettre le substantif personne et le pronom personne sur le même plan car ils relèvent de catégories grammaticales distinctes.

D'autre part le substantif personne est un féminin grammatical (la personne) qui admet deux nombres (les personnes). Alors que le pronom personne est un neutre grammatical (personne n'était plus belle/beau que...) qui ne tolère que le nombre singulier ([s]personne[s] n'étaient plus belles/beaux que[/s]...).

Donc le substantif et le pronom ne sont pas énantiosémiques du fait qu'ils ne sont pas la même chose.

Mais le pronom constitue à lui seul un cas d'énantiosémie :
    il est incapable d'aimer personne ? il est incapable d'aimer quelqu'un
    il aime personne ? nul n'est aimé de lui





La phrase :
   je ne connais personne d'aussi heureux que cette femme
peut très bien commuter avec :
   je ne connais personne d'aussi heureuse que cette femme
sans préjudice pour la neutralité grammaticale du pronom personne.

Dans la première phrase, l'adjectif est un masculin grammatical qui sert de neutre morphologique pour rendre le neutre sémantique : personne est susceptible de recevoir les sèmes ? et ? et n'en retient donc aucun des deux. Car retenir un des deux sèmes sexuatifs reviendrait à exclure l'adverse du sème retenu.

Dans la seconde phrase, l'adjectif est de forme grammaticale féminine, soit l'antineutre morphologique : personne, toujours grammaticalement neutre, voit son signifié augmenté du sème ?, ce qui implique l'exclusion du sème ? opposé. L'élément femme, un féminin sémantique, est comparé à un ensemble d'éléments eux aussi dotés du sème ?.

Retour à la première phrase : la forme grammaticalement masculine de l'adjectif ne peut rendre le masculin sémantique. Si c'était le cas, l'élément femme, chargé du sème ?, serait comparé à un ensemble d'éléments de sème sexuatif ? uniquement. Et non pas à un ensemble d'éléments de sème sexuatif ? ou ?.
Or ? (sexuation masculine) est une hypothèse plus contrainte que ?/? (animation) et rien dans le sémantisme de l'adjectif n'invite à resserrer l'animation sur la sexuation.





Avec la phrase :
   personne n'était plus belle que Cléopâtre
la commutation de l'adjectif sur le genre masculin paraît délicate :
   ?? [s]personne n'était plus beau que Cléopâtre[/s] ??

Si la forme masculine de l'adjectif semble poser problème, cela implique que les deux valeurs associées à cette  forme masculine, elles aussi, posent problème :
? neutre morphologique (valeur de neutre sémantique) : on compare Cléopâtre de sème ? à une collectivité ?+? sur le critère de la beauté
? masculin grammatical (valeur de masculin sémantique) : on compare la beauté de Cléopâtre à celle d'une collectivité ?.

Si on admet — ce qui peut être contesté — l'indisposition de <belle> à commuter avec <beau> bien que leur sémantisme commun soit {beauté}, il faut alors postuler l'existence d'un sémantisme adjectival {beauté?} distinct de {beauté?} quand en discours l'adjectif se rapporte à un animé humain.

Ici, si l'hypothèse initiale de non-commutation est valide, l'adjectif serait peut-être muni d'un sémantisme compatible avec le resserrement discursif de l'animation sur la sexuation.

41

Re : synantonymie

Un autre exemple d'énantiosémie, il me semble : identité (caractère de ce qui est identique) et identité (ce qui caractérise une personne).

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

42 Dernière modification par glop (26-11-2011 11:59:38)

Re : synantonymie

Cette valeur énantiosémique du mot « identité » avait provoqué, selon moi, l’énorme cafouillage politicien concernant la soit disant identité nationale.
Car une «carte d’identité /française» n’est pas une «carte /d’identité française», comme je l’avais fait remarquer par lettre à nos chers gouvernants.
Il semble qu'ils aient admis provisoirement que les français ne sont pas identiques et que l’on peut changer de nationalité sans changer d’identité.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

43

Re : synantonymie

Alco a écrit:

Un autre exemple d'énantiosémie, il me semble : identité (caractère de ce qui est identique) et identité (ce qui caractérise une personne).

Ça semble être un bon candidat.

     IV     quatre     4     vier    2x2     /kwat?o/
Les six signes distincts ci-dessus partagent une identité sémique : {OOOO}.
IDENTITÉ des six signes = unité plurielle

     {OOOO}
Le signifié ci-dessus a pour identité de n'être ni {O} ni {OO} ni {OOO} ni {OOOOO} ni {OOOOOO} etc.
IDENTITÉ du signifié {OOOO} = élément unique

44

Re : synantonymie

Et comment appeler le rapport qui existe entre le mot "digital" et le mot"numérique"?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

45

Re : synantonymie

Ils sont soit synonymes soit sans rapport.
Synonymes si <digital> a le sens de {numéral}.
Sans rapport sinon.

Quand ils sont synonymes, <digital> est un faux-ami emprunté à l'anglais, qui l'a emprunté aussi (au latin).

Dans le cas contraire, <digital> est un emprunt direct au latin.

46

Re : synantonymie

Ne vous arrive-t-il plus jamais de compter sur vos doigts?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

47

Re : synantonymie

On peut compter sur ses doigts. Ou sans ses doigts. La numération est indépendante de nos dix doigts. C'est précisément ce que révèle le mot <numérique> quand il est préféré à <digital> pour évoquer l'idée du dénombrable.

48

Re : synantonymie

De toute façon, en anglais, digit  – dans sa définition première –, signifie simplement chiffre :

digit, n. 1. anyone of the numerals 0 to 9: the number 57,306 contains five ~s. 2. finger or toe
(The Advanced Learner’s Dictionary of Current English, A. S. Hornby, E.V. Gatenby, H. Wakefield, Oxford University Press)

Un affichage digital n’est donc pas un affichage qui « compte sur ses doigts », mais un affichage qui donne directement des chiffres, sans que l’on doive passer par une interprétation (affichage analogique) du genre « petite aiguille sur le 4 et grande aiguille sur le 9 –> 05:45 (ou 17:45) ».

Re : synantonymie

glop a écrit:

Ce que je voulais dire c’est qu'en comparent ces deux expressions :
•l’irrésistible appel de la mer.
•l’irrésistible avancée de l’armée ennemie.
Il est question dans le premier cas d’exprimer une attirance, et dans le second,  une répulsion.

Dans les deux cas, il est question d'exprimer l'impossibilité absolue de se dérober : on ira sur la mer, on se fera écraser par l'armée ennemie.
Sans compter que dans le cas d'une armée ennemie, ce n'est pas de la répulsion que l'on éprouve, mais la terreur et la panique : Hannibal ad portas !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

50 Dernière modification par greg (27-11-2011 22:33:58)

Re : synantonymie

Sylvain B a écrit:

De toute façon, en anglais, digit  – dans sa définition première –, signifie simplement chiffre

Consultation de Wiktionary :
1] Having to do with digits (fingers or toes); performed with a finger.
   ANATOMIE
2] Property of representing values as discrete numbers rather than a continuous spectrum (digital computer, digital clock).
   NUMÉRATION
3] Of or relating to computers or the Computer Age.
   INFORMATIQUE

Puis Dictionary.com :
1] Of or pertaining to a digit or finger.
   ANATOMIE
2] Resembling a digit or finger.
   ANATOMIE
3] Manipulated with a finger or the fingertips: a digital switch.
   ANATOMIE
4] Displaying a readout in digital form: a digital speedometer.
   NUMÉRATION
5] Having digits or digitlike parts.
   ANATOMIE

De toute façon, quelle que soit la signification première du mot anglais <digit>, le mot français <digital>, en tant qu'emprunt de seconde main (latin?anglais?français), est toujours un substitut pour <numérique> avec la particularité d'importer le côté faux-ami dont tu parlais : digit/chiffre. Cette petite interférence au niveau du sens semble due au séjour prolongé du vocable latin en milieu germanique : en anglais, d'après Etymonline, le sème numératif (numeral below ten) précède le sème anatomique (finger/toe) de deux siècles au moins. En français, c'est l'inverse : la numération suit l'anatomie.

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