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forum abclf » Réflexions linguistiques » la question du genre de [i]sage-femme[/i]

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Messages [ 9 ]

1 Dernière modification par yd (14-04-2011 18:47:27)

Sujet : la question du genre de [i]sage-femme[/i]

Ce sujet à au moins un antécédent dans le fil Masculin et féminin/Métiers http://www.languefrancaise.net/forum/vi … ?pid=65592, plus particulièrement dans le message #12.

Il peut encore se rattacher au fil l'une des deux gagnants http://www.languefrancaise.net/forum/vi … hp?id=8590, message #6 et #7

Je préfère ouvrir un sujet à part: le nom de sage-femme est un trop joli cas, un sujet riche où l'on est tributaire de plusieurs disciplines, en plus du fait qu'il faudrait connaître le point de vue des intéressées et des intéressés, ainsi que celui du corps médical en général.

Dans mon enfance et au moins dans certains milieux le mot était trop souvent perçu négativement, associé, non sans malveillance, aux faiseuses d'anges. A l'opposé l'ethnologie nous aide à valoriser le mot, car dans toutes les sociétés pas vraiment médicalisées au sens où nous l'entendons, ces sages-femmes paraissent simplement des femmes qui ont à cœur d'aider les autres femmes à enfanter et qui sont conduites à y dévouer tout ou partie de leur vie.

Si les ethnologues, les sociologues et les historiens peuvent confirmer qu'en toutes sociétés, quelle que soit la place de la femme, ces volontaires étaient et demeurent des femmes, comment chercher à appliquer ce nom à des hommes, même si la profession leur est désormais ouverte?

Je m'avoue plus que sceptique quant au bienfondé de la position de l'Académie qui voudrait que dans sage-femme le mot femme désignerait la femme enceinte et le mot sage signifierait expert, habile en son art. Il est un fait que ce mot ne s'est appliqué qu'a des femmes qui aidaient les autres femmes à accoucher et qu'il est impossible à beaucoup, dont je fais partie, de l'appliquer à des hommes, d'une part, et d'autre part le mauvais sort qui fut au moins un temps appliqué à la sage-femme me fait légitimement soupçonner un parti pris au moins réducteur dans la version prônée par l'Académie.

Et comment donc appelait-on en français ces femmes volontaires, connues partout au monde, pour aider les autres femmes à accoucher, si leur nom n'était pas celui de sage-femme?

Fille légère ne peut bêcher.

Re : la question du genre de [i]sage-femme[/i]

Matrones.
C'est ainsi que l'on dit en Afrique francophone.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : la question du genre de [i]sage-femme[/i]

Il semble que la question soit tranchée (par qui ?) et qu'on dise sage-femme pour un homme :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sage-femme … e_du_terme
Mais si j'étais un homme dont le métier est d'accoucher les femmes, je préfèrerais qu'on m'appelle maïeuticien !

Re : la question du genre de [i]sage-femme[/i]

dans sage-femme le mot femme désignerait la femme enceinte et le mot sage signifierait expert, habile en son art

Le mot femme désigne... une femme, tout simplement.
Sage signifie en effet savant, et il est  troublant de noter que la seule science que l'on daignait accorder aux femmes était celle d'aider aux accouchements ! Sauf pour Villon qui demande où est la très sage Héloïs, très sage car elle pratiquait l'hébreu et le  grec en plus du latin.
Le pendant masculin de sage femme était prudhomme.

Dans mon enfance et au moins dans certains milieux le mot était trop souvent perçu négativement, associé, non sans malveillance, aux faiseuses d'anges.

Ce n'est pas là une chose à dire devant Noëlle Châtelet et Lionel Jospin ! S'il est vrai que certaines sages-femmes arrondissaient leurs revenus en pratiquant des avortements,  toutes les faiseuses d'anges n'étaient pas sages-femmes, et la majorité des sages-femmes n'étaient pas faiseuses d'anges.
Cette profession était au contraire fort respectée.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

5 Dernière modification par yd (15-04-2011 19:46:22)

Re : la question du genre de [i]sage-femme[/i]

J'avais essayé de retraduire la version de l'Académie, d'une part, avec laquelle je ne suis pas d'accord, et ce que j'ai entendu dans mon enfance, d'autre part, ce avec quoi je suis encore moins d'accord.

La page de Wikipedia est très fournie, je savais le sujet riche, je ne le pensais pas si complexe, car il y a des interférences auxquelles je ne m'attendais pas du tout et sur lesquelles j'hésite à me prononcer: je ne voyais pas du tout la sage-femme être rapprochée de l'initiation, or son substitut moderne, hélas approuvé mais heureusement non imposé par l'Académie, maïeuticien, y tend, et de là, hélas, également, ce synonyme historique de matrone, rattaché à la religion (au baptême), sachant que le parrainage est aussi l'un des principes souvent ou toujours rencontrés dans l'initiation. Je suis devant cela, je ne m'y attendais pas, pour l'heure je ne veux pas aller plus loin.

Outre la page de Wikipedia, l'on apprend beaucoup à sage et à sagesse sur le  TLFi, c'est riche.

Mais pour le mot de sage-femme, sauf d'autres apports que je ne connais pas ou auxquels je n'ai pas accès ou dont je ne sais pas me servir, le DHLF s'avère indispensable, car le TLFi ne s'occupe que de l'acception médicale officielle moderne: le seul point qui m'ait intéressé est la mention de l'Ordre des sage-femmes, sage sans s, pluriel nettement minoritaire sur Google livres.

L'essentiel trouvé dans le DHLF:

- forme attestée en 1212.
- autres variantes: femme sage, sage mère (XVe) mère sage (1609);
- sage au sens de «expert, (habile dans son art)» [idem l'Académie] (1155, saive en ce sens);
- sens connu à l'origine [qui me semble contredire la version de l'Académie]: «femme dont la profession est d'accoucher les femmes».
- 1375: sens par péjoration de sorcière, sort que connut aussi matrone.

En plein dans notre sujet:

«Le développement de la médecine a conduit à une extension de l'acception de sage-femme, désignant une personne dont l'activité n'est pas liée à l'accouchement. Par ailleurs, la profession s'ouvrant aux hommes (depuis 1980), on a proposé sage-homme, matron [...], maïeuticien (proposé par l'Académie) [le TLFi présente la chose autrement] ou maïeutiste [...], termes finalement écartés au bénéfice de sage-femme pour les deux sexes, malgré la bizarrerie de l'expression appliquée à un homme.»

Fille légère ne peut bêcher.

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Re : la question du genre de [i]sage-femme[/i]

Je vous comprends.
Il se trouve que les obscures autorités qui  se font désormais un devoir de confondre, dans  un élan de bêtise crasse, le genre des mots avec le sexe des gens,  n’ont  pas fini de nous en faire voir des vertes et des pas mûres.
Je me suis laissé dire que dans l’armée française, en n’emploiera bientôt plus que des femmes aux postes de sentinelle et d’estafette !?... A moins que l’on change le [« sexe »] des mots !
De grâce ne m’appelez plus Votre Excellence…. Je suis du sexe masculin.
Veuillez excuser cette digression bien innocente.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

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Re : la question du genre de [i]sage-femme[/i]

Amusant de voir comment d'un pays à l'autre, y compris lorsque la langue officielle est la même, l'approche peut être différente.

En langue allemande, la sage-femme c'est traditionnellement la Hebamme, mot uniquement féminin, dont l'étymologie Hev(i)anna renvoie en ancien haut-allemand à l'idée de la grand-mère qui  relève, reçoit l'enfant. Même idée qu'en italien: levatrice.

Si l'Allemagne a choisi en 1987 un terme masculin, lorsque la profession s'est officiellement ouverte aux hommes,  Entbindungspfleger ( soignant spécialisé en accouchement) sur le modèle de Krankenpfleger ( équivalent d'infirmier= soignant pour les malades) , l'Autriche, elle, a refusé, trouvant que ce terme était réducteur, compte tenu des aspects multiples de la profession. Leur choix est donc semblable, pour l'instant à celui de la France. Un monsieur autrichien qui choisit ce métier est  une Hebamme masculine ( le substantif restant féminin), une sage-femme homme.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

Re : la question du genre de [i]sage-femme[/i]

Curieusement, puisque personne ne s'étonne de ce qu'une femme soit prud'homme, on devrait admettre qu'un homme soit sage-femme...

C'est que dans les mentalités, si les deux sexes sont égaux, l'un est plus égal que l'autre : c'est élever une femme en dignité que la traiter d'homme (« La mère Javouhey est un grand homme » disait Louis-Philippe), c'est rabaisser un homme que de le traiter de femme.

P.S.

De grâce ne m’appelez plus Votre Excellence…. Je suis du sexe masculin.

De toutes façons, on n'appelle personne Votre Excellence. On appelle par Monseigneur et on désigne par Votre Excellence :
« Monseigneur, Votre Excellence a-t-elle bien dormi cette nuit ? »

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : la question du genre de [i]sage-femme[/i]

Oui

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

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