La langue est une chose, la politique en est une autre.
Du point de vue politique, il me semble que l'on lance aux femmes un petit e qui ne coûte pas cher, pour éviter d'avoir à aligner leurs salaires sur ceux des hommes.
Du point de vue de la langue, le genre est totalement arbitraire, certains noms d'animés peuvent prendre les deux genres, certains y sont totalement réfractaires, tels mulot, souris, girafe ou dromadaire.
Par parenthèse, plus haut, quelqu'un disait que médecin n'avait pas de féminin.
Il en avait un, au Moyen-Age, quand l'Université ne s'était pas encore réservé l'exclusivité de l'enseignement médical, avec deux conséquences annexes : nul ne pouvait exercer la médecine sans diplôme délivré par l'Université, et l'Université se fermait aux femmes.
Et donc, auparavant, il y avait des mires et des miresses, des médecins et des médecines. Aujourd'hui que la médecine est devenue une purge, aucune personne de bon sens n'acceptera d'être médecine...
Fin de parenthèse.
La féminisation du langage vise à permettre aux femmes d'acquérir une nouvelle visibilité, notamment dans les métiers dits masculins.
Visibilité ?
C'est surtout une sorte de mise à l'index : c'est pas un vrai écrivain, c'est une écrivaine, c'est pas un vrai professeur, c'est une professeure, c'est pas un vrai flic, c'est une fliquesse, même pas, comme le note Marina Yaguello : une fliquette, avec le diminutif -ette au lieu du dérivatif -esse.
Il faudrait, pour chacun des termes que l'on veut féminiser inventer un hyperonyme (du type ovin) que l'on pourrait décliner en hyponymes (du type, bélier, brebis, agneau). En l'état actuel des choses, c'est la forme masculine non marquée qui fonctionne comme hyperonyme, avec cette conséquence que la forme féminisée apparait comme un hyponyme. La femme est visible, oui, mais comme une sous-catégorie.
C'est totalement contre-productif.
... ne supra crepidam sutor iudicaret. Pline l'Ancien