éponymie a écrit:► attacher / ► attaquer – stakka - attaccare
(attaccare/attaccare, - /a ataca)
le roumain a ataca vient du français attaquer
il ne semble pas y avoir d'étymon commun : attaquer est arrivé en français via l'italien - comme beaucoup de vocabulaire lié à la guerre – alors que attacher vient du verbe fabriqué à partir du francique et/ou gothique stakka. Le verbe qui a donné attacare dans ses deux acceptions d'attacher et d'attaquer en italien existait-il déjà en ancien français ou y a-t-il eu évolution parallèle à partir du substantif stakka ? Il est significatif qu'en roumain attacher ne se traduit que par un lointain cousin d'adhérer.
Si je comprends bien, le verbe italien contemporain attaccare est polysémique :
accrocher, brancher, coudre, coller, raccorder
entamer, commencer
assaillir.
Détour par le moyen-anglais.
Le verbe médiéval at(t)ach(i)en est doté de plusieurs significations — lier, contraindre, apposer, porter (plainte), séquestrer, retenir etc — mais provient du vieux-français : at(t)ach(i)er.
Lesquelles formes d'ancien français étaient, à sens à peu près constant, en concurrence avec estachier.
La forme anglaise moderne attack ne semble pas être attestée en moyen-anglais car il s'agit d'un emprunt au moyen-français — non d'un emprunt à l'ancien français.
Source Etymonline :
attack (v.)
c.1600, from French attaquer (16c.), from Florentine Italian attaccare (battaglia) "join (battle)," thus the word is a doublet of attach, which was used 15c.-17c. also in the sense now reserved to attack.
Ici Etymonline laisse supposer que le verbe moyen-anglais at(t)ach(i)en ainsi que le verbe moderne attach, aux alentours de la Renaissance, avaient également le sens d'assaillir.
À voir si le sème de l'assaut était également présent, ou pas, en ancien français.
Retour au français via Émile Littré et Pathologie verbale ou lésions de certains mots dans le cours de l'usage (1880) :
ATTACHER, ATTAQUER
Ces mots présentent deux anomalies considérables. La première, c'est qu'ils sont étymologiquement identiques, ne différant que par la prononciation ; attaquer est la prononciation picarde d'attacher.
[...]
Au seizième siècle, les formes attaquer et attacher s'emploient l'une pour l'autre ; et Calvin dit s'attacher là où nous dirions s'attaquer.
Remarque que confirme la traduction de Plutarque de Jacques Amyot (XVIe s.) où l'on trouve :
[...] Antiochus de luymesme en avoit bien bonne envie, pource que sur la confiance de ses prosperitez, et des haults faicts d'armes qu'il avoit ja executez, pour lesquelz il avoit acquis le surnom de grand, il aspiroit à la monarchie de tout le monde, et ne demandoit que quelque occasion de s'attacher aux Romains : tellement que si Titus prevoyant de loing cela, n'eust sagement incliné à la paix, et que la guerre d'Antiochus se fust rencontrée au mesme temps de celle de Philippus [...].
PS : en général, les explication basées sur des "étymons" gothiques ou franciques relèvent de la plus haute fantaisie.
Il s'agit le plus souvent d'éléments spéculatifs — heureusement signalés par un astérisque préposé valant absence totale d'attestation, même infime ou spécieuse — que des générations d'étymologistes ont reconduits en boucle. À la longue, c'est-à-dire depuis le XIXe siècle, ils ont recyclé leurs divagations oiseuses en autant de conventions stériles.