Sujet : On dit, mais on ne devrait pas dire ... j'ai très soif, très sommeil
Le DHLH, encadré consacré à l'Académie française, signé T. Hordé :
L’article 26 des statuts du 22 février 1635 prévoyait que l’Académie fournirait au public un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique. Les deux derniers ouvrages ne connurent pas même un commencement. Pour la grammaire, la Compagnie n’en publia une sous son nom qu’en 1932, rédigée pour l’essentiel par un de ses membres, Abel Hermant, auteur de chroniques conservatrices sur la langue. Bien qu’elle ait été à l’époque un succès de librairie, cette Grammaire ne s’est pas imposée ; sans reprendre le ton polémique de Ferdinand Brunot qui résumait ainsi son point de vue : « Le papier en est beau, l’impression nette », on ne peut que constater le caractère sommaire et périmé des descriptions et la volonté d’imposer une norme qui tient peu compte du français vivant (« On dit, mais on ne devrait pas dire : j’ai très soif »).
Je suppose qu'Abel Hermant préférait j'ai grand soif ou j'ai grande soif : d'autres avis ? Avait-il forcément tort de refuser j'ai très soif ?
Mais sans se limiter à cet exemple, je pense qu'on trouvera à soumettre dans ce sujet beaucoup de formulations parfaitement reconnues et pourtant susceptibles d'être contestées. Si on devait renoncer à j'ai très soif, on devrait encore renoncer par exemple à j'ai très sommeil : ça va loin.