si on regarde bien, "m'a-t-on dit" n'est pas si figé que ça. il faudrait plutôt le rapprocher de "dit-il". c'est une construction qui date du moyen français, où la structure de la phrase était du type V2 : le verbe était (pratiquement toujours) en deuxième position (comme en allemand actuel). c'est d'ailleurs de cette période que remontent absolument toutes les "inversions" sujet-verbe que l'on connait en français.
en fait, on a une alternance suivant la position dans la phrase* :
Où les filles alanguies
Vous ravissent le cœur
En tressant m'a t'on dit
De ces colliers de fleurs
Qui enivrent
versus:
là où on m'a dit que les filles alanguies vous ravissent le coeur en tressant des colliers de fleurs qui enivrent.
Il me dit qu'il fait nuit/ Il me dit : "il fait nuit"
vs. : "Il fait nuit", me dit-il.
autrement dit : si l'objet (ou une partie de l'objet) précède ce type de verbe, on utilise l'(ancienne) construction qui consiste à le considérer comme le premier élément, devant être suivi immédiatement du verbe conjugué (le verbe et ses pronoms clitiques étant considérés comme un ensemble inséparable).
pour ce qui est du t dit "euphonique", il s'agit d'une généralisation qui a eu lieu bien plus tard (j'ai plus la date en tête) et qui a consisté à conjuguer tous les verbes sur le modèle le plus courant : celui où la troisième personne se finit par un t. il n'y a eu en fait aucune réelle raison euphonique à son apparition, et le fait même qu'on le remarque n'est qu'un dégat collatéral de notre orthographe hautement conservatrice.
*je pense qu'on pourrait avoir des choses comme :
en tressant, on m'a dit, de ces colliers...
, mais je n'attribue pas la même valeur à l'expression. je verrais cela comme un incise, avec une volonté de se mettre plus en retrait. et il parait clair qu'on ne trouvera ça que dans des genres oraux, avec une intonation particulière.
gréviste