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forum abclf » Réflexions linguistiques » Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

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Messages [ 10 ]

1 Dernière modification par Saurien (17-06-2005 13:38:00)

Sujet : Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

Je lis et écoute différents médias et LE CONSTAT EST TOUJOURS LE MEME dans la manière d'utiliser les prépositions et les locutions prépositives devant les éléments temporels comme l'expression du mois, de l'année, etc.

Ce que j'ai lu et que je considère comme FAUTIF :
1° fin mai, fin janvier 2003, fin 2003,
   à fin mai, à fin janvier 2003, à fin 2003,
   à la fin mai, à la fin janvier 2003, à la fin 2003 ;

2° début mai, début janvier 2003, début 2003,
   au début mai, au début janvier 2003, au début 2003 ;

3° mi-mai, mi-janvier 2003, mi-2003,
   à mi-mai, à mi-janvier 2003, à mi-2003 ;

4° courant mai, courant janvier 2003, courant 2003 ;

Dans ces compléments de temps, on fait l'ellipse de la préposition et de l'article utilisés normalement dans les locutions prépositives.

CE QUE JE CONSIDERE CORRECT :

5° à la fin (du mois) de mai, à la fin (du mois) de janvier 2003, à
la fin de (l'année) 2003 : MANIERE CORRECTE ET LOGIQUE D'ÉCRIRE.

6° au début (du mois) de mai, au début (du mois) de janvier 2003, au
début de (l'année) 2003 : MANIERE CORRECTE ET LOGIQUE D'ÉCRIRE.

7° à la mi-mai, à la mi-janvier 2003, à la mi-2003 : MANIERE CORRECTE
ET LOGIQUE D'ÉCRIRE.

8° dans le courant (du mois ) de mai, dans le courant (du mois) de
janvier 2003, dans le courant de 2003 : MANIERE CORRECTE ET LOGIQUE D'ÉCRIRE.

Les constructions 1°, 2° 3° et 4° sont erronées.
1. Il n'y pas d'épithète.
2. Il n'y pas d'apposition
3° Fin, début, courant, mi-, etc. ne sont aucunement des prépositions.

Pourtant, ces constructions sont sur le modèle de PRÉPOSITION + NOM.

Exemples :
- en mai, en janvier 2003, en 2003
- dès (le mois de) mai, dès janvier 2003, dès (l'année) 2003
- à partir de mai, de janvier 2003, de 2003

A noter :
- "LE MOIS DE" est une apposition dont on peut se passer.
- Mai, comme tous les mois, s'emploie sans article.

Pourtant, on dit et on écrit :
- au début de la journée, de la semaine, de l'année, de l'ère
glaciaire, du siècle, en début de carrière, de mandat
- au milieu de la journée, de la semaine, du mois, de l'année, de
l'ère glaciaire
- en fin de parcours, de règne, d'après-midi, de matinée ; à la fin
de la journée, de la semaine
- dans la première moitié de l'année
Si on réfléchit bien, au début de, à la fin de, etc. ne sont ni plus ni moins 
des locutions prépositives et doivent être utilisées comme telles.
On doit les employer de la même façon dans tous les cas. Il n'est pas nécessaire de créer une exception.

QUEL EST VOTRE AVIS ?

Merci de votre réponse.

Saurien

N.B.
1. Le constat de l'ellipse de la préposition et de l'article est courante, générale depuis plus d'une dizaine d'années.

2. Certaines personnes trouvent normale cette façon d'écrire (elle est compréhensible). D'accord, mais ce faisant on crée à chaque fois une exception à la règle. Il n'est d'ailleurs pas toujours facile pour un enfant qui apprend à parler de s'exprimer correctement (j'ai plusieurs enfants en bas âge), ni pour des enfants de primaire, voire d'un niveau plus élevé de s'y retrouver dans toutes les règles,  ni même pour un étranger qui apprend la langue française de comprendre les raisons incohérentes de ces règles qui ne proviennent que d'erreurs de langage dont on a fait un usage (je connais plusieurs langues).

D'autre part, quand il s'agit de tournures pléonastiques, que de remarques alors qu'il n'y a aucune faute grammaticale (http://pages.globetrotter.net/matrem/pleonasmes.html).

2

Re : Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

J'ai regardé dans mes répertoire des pièges et difficultés du français, et je n'ai pas souvent trouvé de prescription à propos de «début, courant, fin + période».
Girodet fait une remarque d'ordre stylistique : courant mai n'est pas très élégant et s'emploie dans la correspondance commerciale. Même chose chez le TLFi qui écrit : «Dans la lang. fam., courant suivi d'un nom marquant une unité de temps limité et proche prend valeur prép. au sens de « au cours de » : courant novembre» et «Style comm. et lang. cour. Fin + nom de mois. Les propriétaires ont eu trente et un mille francs de remboursement fin novembre, et trente-trois mille sept cent vingt-deux, fin décembre (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 71)».
Mais pour ma part, je ne vois vraiment pas en quoi «début mai» serait fautif ; on peut lui préférer autre chose, par goût ou par style, mais grammaticalement je ne vois pas de problème. Je ne suis pas non plus certain que «courant mai» soit une préposition : pourquoi pas un adjectif ? le TLFi dit qu'il prend valeur de préposition, pas qu'il est préposition.
La grammaire n'étant pas mon fort, ceci est à prendre avec des pincettes.
gb.

Re : Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

Début mai n'est pas plus fautif qu'Hôtel Dieu.
Le nom de cet hôpital ne choque personne, tant est grande la force de l'habitude. Il s'est fixé à une époque où la préposition de n'était pas obligatoire pour marquer l'appartenance.
La langue a d'ailleurs retrouvé cette tournure quand elle a créé timbre-poste.

Dans « courant mai  », je vois un participe présent   : « pendant que mai poursuit son cours, mai courant, courant mai... ». Courant mai est une proposition participe, une belle, sur le modèle de l'ablatif absolu latin !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

4

Re : Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

P'tit prof a écrit:

Dans « courant mai  », je vois un participe présent   : « pendant que mai poursuit son cours, mai courant, courant mai... ». Courant mai est une proposition participe, une belle, sur le modèle de l'ablatif absolu latin !

D'accord, pour le mode de formation, mais c'est quand même un adjectif, non ? Il faut que ça marche avec «début mai» smile

Re : Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

gb a écrit:
P'tit prof a écrit:

Dans « courant mai  », je vois un participe présent   : « pendant que mai poursuit son cours, mai courant, courant mai... ». Courant mai est une proposition participe, une belle, sur le modèle de l'ablatif absolu latin !

D'accord, pour le mode de formation, mais c'est quand même un adjectif, non ? Il faut que ça marche avec «début mai» smile

Un participe est un adjectif, non ? je sais bien que les grammairiens du XVIIe, dans leur désir d'accentuer le parallélisme entre le français et le latin ont distingué un adjectif verbal et un participe présent en français, qui n'en demandait pas tant... La distinction est nette en latin, elle est quasiment inexistante en français, où l'on doit se rabattre sur de pauvres astuces orthographiques (résidant/résident, fatiguant/fatigant) pour dissimuler à quel point c'est la même chose...
Pour moi, courant est un participe présent, donc un adjectif, que l'on a d'ailleurs accordé jusqu'au XVIIe siècle.

Mais je ne parviens pas à suivre le raisonnement : il faudrait que courant soit un adjectif pour marcher avec début, qui est un nom ?

Je mets dans le même sac début et fin, deux noms, qui se construisent ici sans préposition, comme dans Hôtel Dieu ou timbre-poste.
Je mets dans un autre sac courant, qui est un participe, comme durant : courant mai, des mois durant...

Je laisse parler ici mon intuition linguistique. J'accueillerais avec reconnaissance toute interprétation différente, à condition qu'elle tienne sur ses pattes.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

6

Re : Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

J'ai tendance à forcer la grammaire : début est bien un nom (le début du film) mais je pensais que dans l'énoncé «début mai» on pouvait (peut-être) en faire 1/ autre chose et 2/ un adjectif.
Dois-je ajouter que ce n'est pas une théorie que je défendrais sous la torture smile
gb.

Re : Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

Bonjour à tous,

Avant tout, merci pour vos réponses.

Plusieurs remarques concernant début, fin, courant , milieu, mi-, etc.

1. Le mauvais emploi des mots susmentionnés ne va pas se retrouver dans le répertoire des pièges et difficultés du français.

2.1. Hôtel Dieu et début mai n’ont rien à voir entre eux. Hôtel-Dieu (à Paris), bien que signifiant hôtel de Dieu ou maison du bon Dieu, fondée  vers 660 par saint Landry. C’est un nom composé (à la différence de début mai), le nom d’un endroit.Hôtel est réuni à Dieu par un trait d’union.
2.2. Dans courant mai, courant n’est pas ni un participe présent ni un adjectif, mais tout simplement un substantif ou nom.
2.3. Timbre-poste est également un nom composé (également à la différence de début mai).

3. L’expression « début mai »  (pour « au début (du mois) de mai ») est un complément circonstanciel de temps. C'est une formation raccourcie née au début des années 1900, propre à la correspondance commerciale, et à un petit nombre d’auteurs, puis des vingtaines d’années plus tard à certains milieux professionnels qui ont tendance à parler petit nègre en employant un peudojargon.

Petit aparté : certains non-initiés aiment bien essayer de parler de cette manière : cela fait très bien dans les cercles. C’est comme parler franglais. Revenons à nos moutons.

Son emploi n’a jamais été général, puisque j’ai fait le constat de son emploi généralisé à mon retour en France il y a moins de dix ans.

Ma question est la suivante : pourquoi ne dit-on « début année, début avènement, début rue, début séance, début affaire, début aviation, début cours, début carrière, etc. ? »

Il en est de même pour fin, courant, etc. J’estime qu’il faut rester logique et ne pas inventer une nouvelle façon de parler, qui n’a rien à voir avec les néologismes.

4. Les mots début et mai sont deux noms. Le premier détermine le second. La situation se passe en mai et l’on précise qu’elle a lieu au début du mois.

Le premier (début) précise l’élément principal (quel que soit le groupe nominal sujet ou complément auquel il appartient ) :
(SUJET) le début de sa carrière fut…
(COMPLEMENT DE LIEU) le camion se trouve au début de la rue…
(COMPLEMENT DE TEMPS) au début de l’année…

Ainsi, « au début de » est une locution prépositive, alors que « le début de » est un syntagme prépositionnel, également appelé complément déterminatif.

5. Avec des tournures maladroites comme « début mai », on se réfère à un usage, même s’il est mauvais. Pourtant, combien de fois ne se remet-on pas en question ? A preuve quand j’entends : il ne faut pas dire « aller au docteur », alors que l’on dit « aller au ministre », il ne faut pas dire « monter en haut », il ne faut pas dire « ouais » mais « oui », il ne faut pas prononcer « rose » avec un o ouvert mais un o fermé, etc.

« PARLER, C’EST ANALYSER »

Une bonne journée à tous.

Re : Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

Saurien a écrit:

Bonjour à tous,

Avant tout, merci pour vos réponses.

[...]

2.1. Hôtel Dieu et début mai n’ont rien à voir entre eux. Hôtel-Dieu (à Paris), bien que signifiant hôtel de Dieu ou maison du bon Dieu, fondée  vers 660 par saint Landry. C’est un nom composé (à la différence de début mai), le nom d’un endroit.Hôtel est réuni à Dieu par un trait d’union.

Hôtel-Dieu est devenu un nom composé.
C'est une survivance.
On lit, dans la Syntaxe d'Ancien français de Philippe Ménard :
« Pour introduire un complément de nom, le cas régime sans préposition est fréquemment employé lorsque le déterminant est une personne : li fils le roi, «le fils du roi », la mère Dieu, « la mère de Dieu », l'ostel mon seignor mon pere, « la maison de mon père. »
Ces tournures ont disparu de la langue, mais subsistent dans des toponymes comme la Chaise Dieu.
Mais effectivement, début mai ne peut passer pour la résurgence de cette tournure, puisque mai n'est pas un nom de personne.

Saurien a écrit:

2.2. Dans courant mai, courant n’est pas ni un participe présent ni un adjectif, mais tout simplement un substantif ou nom.

Sur quels critères objectifs s'appuie cette affirmation ? Dans l'expression l'année courante, le mois courant, courante/courant sont bien des adjectifs formés sur le radical verbal de courir.
A poser la question, je trouve la réponse : le participe est postposé, comme dans chemin faisant ou ce que voyant.



Saurien a écrit:

3. L’expression « début mai »  (pour « au début (du mois) de mai ») est un complément circonstanciel de temps. C'est une formation raccourcie née au début des années 1900, propre à la correspondance commerciale, et à un petit nombre d’auteurs, puis des vingtaines d’années plus tard à certains milieux professionnels qui ont tendance à parler petit nègre en employant un peudojargon.

Petit aparté : certains non-initiés aiment bien essayer de parler de cette manière : cela fait très bien dans les cercles. C’est comme parler franglais. Revenons à nos moutons.

Son emploi n’a jamais été général, puisque j’ai fait le constat de son emploi généralisé à mon retour en France il y a moins de dix ans.

Ma question est la suivante : pourquoi ne dit-on « début année, début avènement, début rue, début séance, début affaire, début aviation, début cours, début carrière, etc. ? ».

Parce que ces substantifs ne s'emploient jamais sans l'article, contrairement aux noms des tranches temporelles :
lundi, c'est ravioli, février est le mois le plus froid de l'année, mai marque le renouveau de la nature.
Cette absence d'article devant les noms de mois et de jours de la semaine favorise par attraction l'ellipse de la préposition.



Saurien a écrit:

4. Les mots début et mai sont deux noms. Le premier détermine le second. La situation se passe en mai et l’on précise qu’elle a lieu au début du mois.

Excusez-moi si je vous demande pardon, mais c'est mai qui détermine début, c'est mai le complément de nom, pour la grammaire.
En latin, et la remarque n'est pas oiseuse, puisque le calendrier nous vient du latin, les noms des mois ne sont pas des noms, mais des adjectifs déterminant un mensis sous entendu.
Prenons que dans « début mai » mai est un adjectif déterminant début. Devant les dates, il n'y a pas de préposition : le premier mai, mais mardi prochain.
Et, au fait, vous laissez passer le premier mai sans rien dire ? Nos grands-pères disaient le premier DE mai, eux.
Cela ne vous choque plus, car c'est l'habitude.
Il me semble que début mai, fin mai deviendront également des habitudes. C'est ainsi que les langues évoluent...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

De plus en plus intéressant...

le premier mai (premier = ordinal = adjectif)
le huit mai (huit = cardinal = ...) distinct de l'improbable  huitième mai (du siècle, sans doute)

Ces formes modernes sont dérivées des anciens :
le premier DE mai
le huitième DE mai
« le trente-et-un du mois d'août », comme dit la chanson.

Au cours de quatre siècles,
la préposition de est tombée,
la précision du mois de... est tombée,
le cardinal a remplacé l'ordinal, sauf pour premier, comme pour les rois, d'ailleurs : François Premier, mais François Deux...
Sans doute parce que premier remplit mieux la bouche que un.

Bref, une belle série régulière et logique a été complètement démantibulée, car l'usage y trouvait son compte.
Pour moi, toutes ces formations, début mai ou lundi matin sont des compléments de phrase, des groupes figés ne répondant pas aux normes habituelles, bref, j'aurais tendance à les mettre sur l'étagère des locutions adverbiales.
Autre solution, on peut voir en début, courant et fin des prépositions. Le français fait des prépositions avec des verbes : durer, durer, pendre, pendant. Inversement, il fait des noms avec des prépositions : avant, dessus... On peut donc admettre que ces catégories ne soient pas si étanches.
Dans l'expression « lundi matin », j'aurais tendance à voir deux adverbes, l'un précisant l'autre. Si je devais le dire en latin, je mettrais tout ça à l'ablatif de date ! D'ailleurs, en latin, matin se dit mane, un adverbe -qui fonctionne également comme nom indéclinable...
Le latin n'est pas le français, et le français n'est pas le latin, mais quand je peine à analyser une forme française, je me demande comment je la rendrais en latin, cela affine mon raisonnement.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

10 Dernière modification par P'tit prof (25-06-2005 01:56:17)

Re : Utilisation de début, fin, mi-, courant, etc.

Hélas, hélas, hélas !

Je communique à Saurien l'en-têted'un document que j'ai sous les yeux :

Académie de *** Division examen et concours
Examen : EPREUVES ANTICIPEES DU BCG
Numéro de lot ***
Centre epreuve (sic) ***
Centre notation epreuve (re-sic) ***
Serie (re-re-sic)
Matiere (re-re-re-sic)
Commission interrogation FRANCAIS  (re-re-re-re-sic)
Jour debut (re-re-re-re-re-re-sic) epreuve (re-re-re-re-re-re-re-sic)

Quand on en arrive au jour début épreuve (mon ordinateur a des lettres accentuées, lui !), début mai parait anodin, et il n'y a plus qu'à tirer l'échelle !

Tirons l'échelle.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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