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forum abclf » Réflexions linguistiques » les diphtongues

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Messages [ 51 à 100 sur 334 ]

51

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

Honnêtement, l'exemple du lion ne me parait pas vraiment génial, vous êtes sûr qu'en poésie on peut dire un li-on ? Je sais que beaucoup d'hotels s'appellent le "lit on dort" mais franchement je trouve cette prononciation un peu bizarre.

Il me semble qu'en poésie classique on impose la diérèse quand le mot latin d'origine contient une diphtongue, et c'est justement le cas de lion. Le cas le plus fréquent est celui des mots en -tion, toujours articulés « si-on ».

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : les diphtongues

Alco a écrit:

Il me semble qu'en poésie classique on impose la diérèse quand le mot latin d'origine contient une diphtongue, et c'est justement le cas de lion.

Euh, vous êtes sûr ? Le latin leo a deux voyelles consécutives qu'on n'a pas coutume d'appeler diphtongue (je crois), mot réservé d'habitude aux groupements ae, au, eu, oe.

53

Re : les diphtongues

Abel Boyer a écrit:
Alco a écrit:

Il me semble qu'en poésie classique on impose la diérèse quand le mot latin d'origine contient une diphtongue, et c'est justement le cas de lion.

Euh, vous êtes sûr ? Le latin leo a deux voyelles consécutives qu'on n'a pas coutume d'appeler diphtongue (je crois), mot réservé d'habitude aux groupements ae, au, eu, oe.

Diphtongue ou pas, je ne vois pas trop la subtile nuance d'articulation entre eu et eo.
Mais si leo contient deux voyelles bien distinctes, alors a fortiori on devra les distinguer dans lion, en poésie classique.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

54 Dernière modification par JOURDAN (20-06-2012 09:38:52)

Re : les diphtongues

Alco a écrit:

Il me semble qu'en poésie classique on impose la diérèse quand le mot latin d'origine contient une diphtongue, et c'est justement le cas de lion. Le cas le plus fréquent est celui des mots en -tion, toujours articulés « si-on ».

Bon, c'est une information, mais à mon avis : le latin, c'est le latin et la poésie classique, c'est la poésie classique...

Je ne connais d'ailleurs pas la question des diphtongues en latin *, mais elle ne peut servir à résoudre celle des diphtongues en français, qui vient largement du latin vulgaire, pas du latin classique on le sait. Quand à la diction poétique, il s'agit d'un exercice basé sur le nombre de pieds, pour ce que j'en sais, très éloigné de la langue réelle, celle que les linguistes étudient, ou essaient d'étudier. Si elle contient ce genre de règle, très bien, je ne suis pas contre, mais cela ne peut nous aider.

* Maintenant, la question des diphtongues en latin devrait se régler de la même façon que celle des diphtongues en français : bonne définition, test, résultat.

Mais regardez ce qui se passe, on croirait un remake de la discussion sur les diphtongues du français ! Là où d'aucuns en voient une, d'autres ne l'y voient pas, etc. Pourquoi, parce que chacun s'avance sans définition, ou alors, avec une définition cachée, pourquoi ?

Bref, moi je veux bien discuter des diphtongues en latin mais dans un autre fil peut-être... par contre, je reviendrai (un jour) sur le Lion français, cet animal très intéressant...

Re : les diphtongues

Alco a écrit:

Diphtongue ou pas, je ne vois pas trop la subtile nuance d'articulation entre eu et eo.
Mais si leo contient deux voyelles bien distinctes, alors a fortiori on devra les distinguer dans lion, en poésie classique.

Peut-être la subtile différence explique-t-elle que de neuter on ait fait neutre, à voyelle indivisible, et de leo, lion, à voyelles divisibles. Mais nos maîtres latinistes du forum sauront sûrement en dire plus.

Re : les diphtongues

il s'agit d'un exercice basé sur le nombre de pieds, pour ce que j'en sais, très éloigné de la langue réelle,


Pas le nombre de pieds, mais le nombre de syllabes.
Des syllabes telles qu'elles se prononçaient à l'époque de la composition du texte.
Ce qui fait des poèmes anciens d'excellents témoins de la prononciation : ce qui rime, ce qui ne rime pas, les diérèses et les synérèses: li-on, mais sang-lier.
Dans ces deux exemples, pour moi il n'y a de diphtongues nulle part : li-on est un hiatus de la syllabe i et de la syllabe on, dans sang-lier, on trouve un yod.

Peut-être la subtile différence explique-t-elle que de neuter on ait fait neutre, à voyelle indivisible, et de leo, lion, à voyelles divisibles.

La subtile différence n'y est pour rien.
Neutre est un terme savant forgé à la fin du XIV e siècle, en un temps où la prononciation du latin était influencée par celle des langues vulgaires.
Lion s'écrivait leuns dans la Chanson de Roland (renseignement aimablement communiqué par le Tlfi) et on écrit toujours Léon.
Enfin, il n'y a pas de diphtongue dans ne-uter : uter, ne-uter, alter-uter, un simple, des composés à l'aide de préfixes.

Car Niedermann pose :

les diphtongues ei, ai, oi, eu, au, ou,  l'exception de au, sont devenues de très bonne heure déjà des monophtongues longues.


Circulez, y a rien à voir...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Niedermann pose :

les diphtongues ei, ai, oi, eu, au, ou,  l'exception de au, sont devenues de très bonne heure déjà des monophtongues longues.

Circulez, y a rien à voir...

Ben si, précisément, eu est devenu monophtongue longue, pas eo.

Re : les diphtongues

Ben si, précisément, eu est devenu monophtongue longue, pas eo.

Pour la bonne raison, si j'ai bien lu ce que j'ai recopié, que eo n'a jamais été une diphtongue aux yeux de Niedermann.

Mais puisque vous êtes plus qualifié que lui, à vous le dé, vicomte !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Ben si, précisément, eu est devenu monophtongue longue, pas eo.

Pour la bonne raison, si j'ai bien lu ce que j'ai recopié, que eo n'a jamais été une diphtongue aux yeux de Niedermann.

Mais puisque vous êtes plus qualifié que lui, à vous le dé, vicomte !

Si vous me lisiez attentivement plutôt que de prendre immédiatement la mouche, vous verriez que c'est ce que j'ai soutenu depuis le début (message 52), contrairement à ce que disait Alco (message 51). C'est agaçant ces quiproquos qui engendrent des mots aigres-doux.

60

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Pas le nombre de pieds, mais le nombre de syllabes.
Des syllabes telles qu'elles se prononçaient à l'époque de la composition du texte.
Ce qui fait des poèmes anciens d'excellents témoins de la prononciation : ce qui rime, ce qui ne rime pas, les diérèses et les synérèses: li-on, mais sang-lier.


Oui, pardon, je ne connais rien en rythmique (?), ancienne ou moderne, je disais seulement que cette étude de la poésie classique ne pouvait rien nous apprendre sur le français d'aujourd'hui, d'ailleurs c'est ce que vous confirmez, puisque ces décompositions nous donneraient des infos sur la prononciation d'alors, pas sur celle d'aujourd'hui. Personnellement, je soupçonne les poètes en question d'avoir été un peu porté sur le côté artificiel, de vouloir ressembler le plus possible au latin, comme cela a déjà été évoqué, mais soit.

alors c'est quoi les pieds au fait(cela nous intriguais beaucoup quand j'allais à l'école, ce prof qui parlait des pieds, on regardait ses pieds...)

61 Dernière modification par JOURDAN (20-06-2012 23:20:48)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Car Niedermann pose :

les diphtongues ei, ai, oi, eu, au, ou,  l'exception de au, sont devenues de très bonne heure déjà des monophtongues longues.


Circulez, y a rien à voir...

Eh bien, cela valait le coup de venir sur ce forum, depuis le temps que j'entends parler de cette affirmation, c'est la première fois que j'accède à une "citation".

1 Je vais chercher qui est/était ce Niedermann

2 Je vais vérifier cette citation. Telle quelle, elle n'est pas bonne du point de vue de la forme, s'il se référait phonétiquement à des sons, il aurait dû employer les crochets. Mais peut-être que Ptit prof a cité en réinterprétant ? Il faudrait savoir de quel stade du français il parle aussi.

3 Du point de vue du fond, j'espère que ce Niedermann a d'autres arguments que "sont devenues de très bonne heure déjà". Moi aussi je me suis longtemps levé de bonne heure, mais ça n'a jamais constitué une démonstration phonétique, et encore moins phonologique.

4 "circulez y'a rien à voir" est du même tabac que "sont devenues de très bonne heure un beau matin des monophtongues", je veux dire que ça n'apporte rien à la démonstration, plutôt le contraire....

62 Dernière modification par JOURDAN (21-06-2012 01:33:28)

Re : les diphtongues

1 Bon eh bien je vais me coucher moins bête, bien sûr ce grand monsieur Suisse (comme Saussure, né presque vingt ans auparavant). Professeur "extraordinaire" et tout et tout. Je ne peux pas retracer le concret de sa carrière à partir de l'article de Wikipedia, mais plusieurs indices montrent qu'il a été certainement avant tout un philologue, un phonéticien du latin. Mais a-t-il été un "linguiste" ? Je ne sais pas, je n'ai pas l'habitude de me fier au fait d'avoir tenu des chaires de linguistique, à l'étiquette "linguistique". Plus près de nous, Benveniste a certainement eu ce genre de chaire, mais d'après ce que je subodore, il était plus préoccupé de philosophie, non ? Ce qui serait intéressant de savoir, c'est comment Niedermann a reçu et compris les découvertes de Saussure ???? Bon au niveau des crochets, on lui pardonne, compte tenu de l'époque.

2 maintenant les ragots de bas étage : la renommée de Niedermann est toute de suite relativisée quand on s'aperçoit qu'il n'a pas de page en anglais. Et la page en français, apparemment, a été rédigée par un de ses admirateurs étrangers ("Avec ses études sur Marcellus Empiricus il découvra son intérêt pour les textes médicaux latins."). Je sais c'est méchant de se moquer, ce monsieur qui l'a écrite parle surement bien mieux français que je ne parle sa langue, mais c'est plutôt pour constater que Niedermann ne doit pas tellement avoir d'admirateurs francophones non plus ????? (pour donner une comparaison, Saussure a même une page en pidgin).

3 Je continue ma recherche pour arriver à la citation, et à son contexte, éventuellement une construction logique. Bien entendu, si quelqu'un peut nous la donner.... on gagnera du temps.

3 bis On accède assez facilement en ligne, au texte (assez mal OCRisé) de "Précis de phonétique historique du latin (1906), son ouvrage le plus célèbre. Niedermann y parle pas mal de diphtongues (je ne discuterai pas ici sa définition, mais je dirai que pour moi, elle n'est pas complètement aberrante). Je relève que "Dans les campagnes autour de Rome, ae cessa de bonne heure d'être une diphtongue." Niedermann aimait bien cette formule proustienne, qui revient 7 fois dans le texte, juste un tic de langage, mais qui signale à chaque fois une disparition... de diphtongue, de consonne, de ce que vous voulez. En clair, beaucoup de choses disparaissent de bonne heure, rien ne semble jamais apparaître de bonne heure ? En un seul endroit, il semble évoquer une diphtongue que les locuteurs introduiraient là où il ne devrait pas y en avoir.

4 En somme, Niedermann était un spécialiste de l'évolution phonétique du latin, bon OK. Etait-il un spécialiste de l'évolution de l'ancien français ou du moyen français ? Si oui, quel est l'ouvrage à consulter, merci.

Re : les diphtongues

alors c'est quoi les pieds au fait(cela nous intriguais beaucoup quand j'allais à l'école, ce prof qui parlait des pieds, on regardait ses pieds...)

Le pied est une combinaison de  syllabes, deux au minimum. Certains théoriciens posent, ce qui n'est pas sot, selon moi, que le vers  régulier français est un pied : de douze, dix, huit syllabes...

En latin, la combinaison la plus connue des élèves est l'hexamètre dactylique :

Siceli|des Mu|sae,// pau|lo ma|jora ca|namus

3/2/2/2/3/2
A noter que le groupe -sae et le groupe pau- comptent pour une seule syllabe car ils sont formés de diphtongues — coucou les revoilà !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : les diphtongues

3 bis On accède assez facilement en ligne, au texte (assez mal OCRisé) de "Précis de phonétique historique du latin (1906),

Il y en a tout de même 177 pages ! vous avez tout lu, si mal numérisé que ce soit, entre 01:16:21 (heure de Paris) où vous avez déclaré :

1 Je vais chercher qui est/était ce Niedermann

et 01:55:27 où vous constatez que ce brave homme était professeur honoraire à l'Université de Neuchâtel.
Pour de la lecture rapide, c'est de la lecture rapide !

Tellement rapide que vous ont échappé des précisions telles que
vers le milieu du 2e siècle av. J.-C.,
dans la première moitié du 2e siècle av. J.-C.,
dans le courant du 3e  siècle av. J.-C.

D'accord, il ne donne ni l'année ni le mois, ni le jour, ni l'heure... Bien la peine d'être suisse !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

65

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Le pied est une combinaison de  syllabes, deux au minimum. Certains théoriciens posent, ce qui n'est pas sot, selon moi, que le vers  régulier français est un pied : de douze, dix, huit syllabes...

En latin, la combinaison la plus connue des élèves est l'hexamètre dactylique :

Siceli|des Mu|sae,// pau|lo ma|jora ca|namus
3/2/2/2/3/2
A noter que le groupe -sae et le groupe pau- comptent pour une seule syllabe car ils sont formés de diphtongues — coucou les revoilà !

Oui, ça me revient un peu, il y avait ce truc aussi : une longue deux courtes, très amusant, mais l'intérêt d'apprendre ça aux gamins ?

"coucou les revoilà"  non je ne vois rien, désolé, sans définition à me mettre sous la dent. Il me suffirait un "diphtongue (Niedermann, 1906)" par exemple.

66 Dernière modification par JOURDAN (21-06-2012 04:15:28)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Il y en a tout de même 177 pages ! vous avez tout lu, si mal numérisé que ce soit, entre 01:16:21 (heure de Paris) où vous avez déclaré :

1 Je vais chercher qui est/était ce Niedermann

et 01:55:27 où vous constatez que ce brave homme était professeur honoraire à l'Université de Neuchâtel.
Pour de la lecture rapide, c'est de la lecture rapide !



Tellement rapide que vous ont échappé des précisions telles que
vers le milieu du 2e siècle av. J.-C.,
dans la première moitié du 2e siècle av. J.-C.,
dans le courant du 3e  siècle av. J.-C.

D'accord, il ne donne ni l'année ni le mois, ni le jour, ni l'heure... Bien la peine d'être suisse !

Je n'ai jamais dit que j'avais tout lu, je l'ai lu en diagonale (je lis très vite, et mes diagonales le sont beaucoup, diagonales, mais j'ai un truc...). j'ai regardé ce qu'il disait sur les diphtongues, et j'ai eu le temps de trouver sa définition, ce qui est déjà bien (d'en mettre une), et comment il les utilise par rapport aux voyelles, un peu moins bien IMHO. Et finalement, dans ma lecture brouillonne et frivole, j'ai constaté que chez lui, beaucoup de choses avaient tendance à disparaître, je n'ai pas dit qu'il ne donnait pas réellement de date, le point sur lequel j'ai insisté, c'est que ses analyses semblaient surtout mettre en évidence des disparitions, juste une tendance récurrente.

Je ne suis pas affirmatif à 100%, mais je pense qu'au XIXème, époque où il a été formé, on avait encore beaucoup tendance à analyser l'évolution des langues en partant des langues primordiales, parfaites ou idéales si on veut et vue comme une déformation vers les langues actuelles, abâtardies, d'où une dominance des forces de simplification et de déconstruction. C'est vrai que j'ai une propension à  la moquerie, et qu'il ne peut pas se défendre, mais j'ai pas trop de chagrin pour lui, il a probablement reçu plein de médailles dans sa vie, un peu d'irrévérence ne lui fait pas trop de mal, là où il est.

Mais je crois que le sujet ici n'est pas le latin (ce qui explique aussi le temps parcimonieux que j'ai consacré à l'ouvrage, dès que j'ai vu que la citation en question n'y était pas, seulement de curieuses ressemblances) et encore moins ma vitesse de lecture d'après les enregistrements...

Dans quel ouvrage se trouve donc "votre" citation ? Donnez nous de grâce un lien ou un extrait un peu consistant de cette référence, que dis-je, de ce Graal enfin trouvé, pour moi après des années d'errance et quelquefois même des rances.

67

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

Oui, pardon, je ne connais rien en rythmique (?), ancienne ou moderne, je disais seulement que cette étude de la poésie classique ne pouvait rien nous apprendre sur le français d'aujourd'hui, d'ailleurs c'est ce que vous confirmez, puisque ces décompositions nous donneraient des infos sur la prononciation d'alors, pas sur celle d'aujourd'hui. Personnellement, je soupçonne les poètes en question d'avoir été un peu porté sur le côté artificiel, de vouloir ressembler le plus possible au latin, comme cela a déjà été évoqué, mais soit.

Si j'ai parlé de poésie classique, c'est parce qu'apparemment c'est un pan de la culture qui vous a échappé :

JOURDAN a écrit:

Honnêtement, l'exemple du lion ne me parait pas vraiment génial, vous êtes sûr qu'en poésie on peut dire un li-on ? Je sais que beaucoup d'hotels s'appellent le "lit on dort" mais franchement je trouve cette prononciation un peu bizarre.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : les diphtongues

Dans quel ouvrage se trouve donc "votre" citation ?


Dans le précis de phonologie historique du latin, cette bonne blague !


Je ne suis pas affirmatif à 100%, mais je pense qu'au XIXème, époque où il a été formé, on avait encore beaucoup tendance à analyser l'évolution des langues en partant des langues primordiales, parfaites ou idéales si on veut et vue comme une déformation vers les langues actuelles, abâtardies, d'où une dominance des forces de simplification et de déconstruction.

Vous atteignez un sommet de comique involontaire avec analyser l'évolution des langues en partant des langues primordiales : aujourd'hui, donc, on n'étudie plus les évolutions en partant d'un point zéro ? On ne part pas du gland pour arriver au chêne ?

Le chêne est une disparition, une déconstruction du gland.

Il est on ne peut plus naturel, quand  on fait de la phonétique historique de suivre la chronologie des faits : un son était dans la langue, il n'y est plus. Quel autre verbe que disparaitre voulez-vous utiliser ? 

Bref, si Niedermann est dépassé à vos yeux, je pêche cette définition dans un ouvrage daté de 1996 (Le latiin, de l'initiation à la pratique, grammaire différentielle, Martine Furno, Sandrine Boularo) :

au, eu, ae, oe, sont des diphtongues, c'est-à-dire des unités vocaliques où les deux sons se fondent mais restent perceptibles : on lit [au], [eu ] [ae ] [oe ]avec un léger accent sur le premier des deux phonèmes.

Cependant, la phonétique du latin n'est pas la question, encore que d'un point de vue diachronique, je m'étonne que l'on se lance dans la phonétique du français en ignorant d'où il vient.                                                                                                                     
Nous avons été détournés en vol par une intervention qui soutenait que dans le mot neuter figurait la diphtongue eu , et que le groupe eo, qui au message 52 est un groupe de deux voyelles, devient une diphtongue au message 59.

Pour ce groupe eo, la preuve est vite donnée, par la métrique, justement :

ubera| nec// mag|nos metu|ent ar|menta le|ones

                                                               

Le mot leones est scindé entre deux pieds, et la coupure passe entre e et o : ils ne forment donc absolument pas une diphtongue.
C'est le message 52 qui est juste, et le message 59 erroné.

Si on revenait au français, maintenant ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

69

Re : les diphtongues

Alco a écrit:
JOURDAN a écrit:

Oui, pardon, je ne connais rien en rythmique (?), ancienne ou moderne, je disais seulement que cette étude de la poésie classique ne pouvait rien nous apprendre sur le français d'aujourd'hui, d'ailleurs c'est ce que vous confirmez, puisque ces décompositions nous donneraient des infos sur la prononciation d'alors, pas sur celle d'aujourd'hui. Personnellement, je soupçonne les poètes en question d'avoir été un peu porté sur le côté artificiel, de vouloir ressembler le plus possible au latin, comme cela a déjà été évoqué, mais soit.

Si j'ai parlé de poésie classique, c'est parce qu'apparemment c'est un pan de la culture qui vous a échappé :

JOURDAN a écrit:

Honnêtement, l'exemple du lion ne me parait pas vraiment génial, vous êtes sûr qu'en poésie on peut dire un li-on ? Je sais que beaucoup d'hotels s'appellent le "lit on dort" mais franchement je trouve cette prononciation un peu bizarre.

Oui, incroyable, il y a des pan de cultures qui m'échappent, je dois être le seul sur ce forum, pardon !

Il y a un bien meilleur exemple (à mon avis d'épargné par la culture) que votre lion que j'ai retrouvé, mais je ne le rédigerai pas ce matin, j'ai un épouvantable mal de crâne.

70 Dernière modification par JOURDAN (21-06-2012 23:11:36)

Re : les diphtongues

Dans le précis de phonologie historique du latin, cette bonne blague !

Vous voulez dire que la phrase que vous avez citée l'autre jour "les diphtongues ei, ai, oi, eu, au, ou,  l'exception de au, sont devenues de très bonne heure déjà des monophtongues longues."

à l'appui de la disparition des diphtongues en français moderne standard

se trouve dans cet ouvrage sur le latin ?

J'avoue que je ne l'ai pas reconnue quand j'ai survolé l'oeuvre en question, je ne la cherchais évidemment pas, j'étais en train de me renseigner sur Niedermann.


C'est comme si le débat était de savoir si tous les oiseaux actuels ont des plumes et que vous vous basiez sur une information sur les plumes des dinosaures.

Entre le latin, et le français moderne standard, il s'est passé des choses je pense, moi je travaille en synchronie, je ne suis pas un évolutionniste de la langue, mais je pense que beaucoup de diphtongues ont disparues, mais aussi que d'autres sont apparues pendant des deux millénaires !

Mon optique est d'obtenir une définition pour la diphtongue, en synchronie dans le système de la langue, car le système de la langue est synchronique. Quand l'oiseau, ou waso, vole, il vole comme un oiseau, avec ses plumes d'oiseau,  pas comme un de ses ancêtres dinosaures, qu'ils aient eu des plumes ou non.

Maintenant je ne suis pas contre aller chercher des informations diachroniques QUAND ELLE DEVIENNENT PERTINENTES, c'est à dire dans la situation qui précède immédiatement dans le temps la nôtre, disons dans le moyen français, mais pas en latin.

71

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

[

Vous atteignez un sommet de comique involontaire avec analyser l'évolution des langues en partant des langues primordiales : aujourd'hui, donc, on n'étudie plus les évolutions en partant d'un point zéro ? On ne part pas du gland pour arriver au chêne ?

Le chêne est une disparition, une déconstruction du gland


Hein ? content de vous avoir fait rire ! Vous n'avez pas compris ma phrase, relisez là, je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas étudier les évolutions en suivant la ligne du temps. J'ai suggéré qu'à cette époque, les philologues pensaient que les langues anciennes étaient des langues parfaites, idéales et que toute évolution s'était faite par avilissement, par dégradation. Je ne sais pas si ça s'applique complètement à Niedermann, mais c'était dans l'air du temps. Il faudrait voir avec un spécialiste de l'histoire de la linguistique.

Aujourd'hui, dans les milieux scientifiques linguistiques, on pense généralement que toutes les langues sont des systèmes équivalents, que les langues anciennes n'étaient ni plus ni moins parfaites que les langues actuelles, qu'elles fonctionnaient et évoluaient de la même manière. Maintenant c'est vrai qu'il y a une théorie (je pourrais vous retrouver la référence) qui avance que les langues ont perdu des phonèmes en évoluant, en s'éloignant de leur foyer primitif (l'Afrique), vers la périphérie. Je n'y crois pas trop, notamment à leur méthode de compter les phonèmes.

En parlant de comique, votre essai "le chêne est une disparition, une déconstruction du gland" est pas mal pour un débutant, mais je vous suggère de travailler encore. Il se peut que les gens ne rient pas franchement dès le lever du rideau, et ensuite la situation est difficile à rattraper.

Re : les diphtongues

Vous voulez dire que la phrase que vous avez citée l'autre jour "les diphtongues ei, ai, oi, eu, au, ou,  l'exception de au, sont devenues de très bonne heure déjà des monophtongues longues."

à l'appui de la disparition des diphtongues en français moderne standard

se trouve dans cet ouvrage sur le latin ?

Très exactement, et ce n'est pas à vous que je le disais, mais à l'intervenant qui avait mis sur le tapis les diphtongues du latin.
Je ne pipais mot de la disparition des diphtongues en français moderne standard, désolé de vous décevoir.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

73 Dernière modification par JOURDAN (22-06-2012 00:40:04)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Il est on ne peut plus naturel, quand  on fait de la phonétique historique de suivre la chronologie des faits : un son était dans la langue, il n'y est plus. Quel autre verbe que disparaitre voulez-vous utiliser ? 

Bref, si Niedermann est dépassé à vos yeux, je pêche cette définition dans un ouvrage daté de 1996 (Le latiin, de l'initiation à la pratique, grammaire différentielle, Martine Furno, Sandrine Boularo) :

au, eu, ae, oe, sont des diphtongues, c'est-à-dire des unités vocaliques où les deux sons se fondent mais restent perceptibles : on lit [au], [eu ] [ae ] [oe ]avec un léger accent sur le premier des deux phonèmes.

Cependant, la phonétique du latin n'est pas la question, encore que d'un point de vue diachronique, je m'étonne que l'on se lance dans la phonétique du français en ignorant d'où il vient.

Une fois de plus, je n'ai pas reproché à Niedermann de voir des disparitions, je lui ai reproché de ne voir (apparemment) QUE des disparitions, mais c'était superficiel, je suis près à le reconnaître.

Niedermann, dépassé, je n'en sais rien, pour l'analyse des évolutions phonétiques en latin, peut-être que ça a été et que ça reste le meilleur, ce que j'ai dit, et ce que je redis, c'est que c'est hors sujet.

Maintenant, vous passez à ces dames, Furno et Boularo, qui nous parlent aussi du latin, très bien, on va finir par en savoir un maximum sur le latin. Eh bien que puis-je vous dire, à la lecture de cette simple phrase, je pourrais me lancer dans l'idée d'aller voir sur internet si je ne trouve pas l'ouvrage, mais j'ai peur que l'heure de mes posts trahisse la légèreté de mes analyses...

En attendant, je vous dirai seulement que la définition de ces dames, pour "diphtongue" me parait insuffisante et inutilisable :

qu'est-ce qu'une "unité vocalique" ? qu'est-ce qu'un "son" ? Qu'est-ce que "se fondre mais rester perceptible" surtout ?

La définition de ces dames pose plus de nouvelles questions qu'elle n'en résout d'anciennes, mais je crois deviner que leur propos est plutôt, dans cette phrase, de fournir une explication à la prononciation du latin, à l'usage de l'étudiant que de définir quoi que ce soit, la diphtongue en latin, ou en général.

J'en arrive à votre avant-dernière phrase, la phonétique du latin n'est pas la question, je ne vous le fait pas dire, mais c'est vous qui nous avez embarqué dans cette direction, en semant le doute avec votre citation de Niedermann, dont j'ai cru un bref instant qu'il s'agissait de la piste de cette démonstration tant évoquée, mais jamais trouvée, de la disparition des diphtongues en "français moderne".

Pour finir, je ne me "lance" pas dans la "phonétique", car je ne fais pas de "phonétique", je fais de la phonologie, c'est différent. Vous vous demandez comment on peut travailler en "ignorant", quelle coïncidence, moi-aussi quelquefois, je sens que cette constatation va nous rapprocher. J'ai constaté souvent que les phonéticiens "ignorent" les bases de la phonologie, tout en employant abondamment ses outils, comme le mot "phonème" dans la phrase de Furno et Boularo

Je "n'ignore" pas que le français moderne a été précédé par d'autres formes, immédiatement le français moyen il me semble. Donc à mon avis, si vous voulez comprendre en diachronie, comment nous sommes parvenus au système actuel, c'est au français moyen qu'il faut vous attaquer, pas au latin.

Toutefois, à mon humble niveau, je ne cherche pas à devenir demain un spécialiste du français moyen car mon idée est que des informations utiles à l'analyse du français d'aujourd'hui se trouvent amplement dans le panorama des formes dialectales des mots, à l'intérieur de la langue d'oïl déjà, dans les dialectes arpitans ou occitans plus éloignés ensuite et même dans des langues encore un peu plus éloignées comme le castillan ou l'italien.

Par exemple, on ne peut pas étudier les différentes formes du verbe "mouvoir" avec sa "racine" qui est quelquefois "meu" sans s'apercevoir (au moins) qu'en castillan, le même verbe mover, son cognat disons, a des formes diphtonguées comme "mueve". A partir de là on peut un peu imaginer comment des diphtonguaisons se sont produites dans ce mot en roman, à partir d'un mot latin qui ne devait pas en contenir, si je ne m'abuse, et comment elles ont finalement disparu en français, et tout ça sans connaitre exactement la phonétique du latin et les détails du moyen français, sans parler de l'ancien.

Autrement dit, même si on n'est pas dans une approche diachronique au départ, dès qu'on s'aperçoit qu'il y a une multitude de formes actuelles, et qu'on comprend qu'elles sont issues de la même forme ancienne, on a bien une vision évolutive. C'est ce qui est arrivé à Darwin, quand il a étudié les différents pinsons des Galapagos, sans voir aucun de leurs ancêtres, il a compris comment ces wasos avaient évolués et s'étaient différentiés. En ne voyant que les oiseaux synchroniques, il a "vu" les oiseaux diachroniques...

Bien sûr, si Darwin avait eu une machine à remonter le temps, il aurait pu "revenir" aux Galapagos, 1 millions d'années avant, 2 millions d'années, etc. pour vérifier sa théorie. Bien sûr, si j'étais immortel, je me lancerais immédiatement dans l'étude de la phonétique du latin (en prenant soin que mon temps de lecture affiche un total sérieux), de l'ancien français, du moyen français, etc.

Ce n'est pas ce que je fais, je cherche une définition de la diphtongue qui soit scientifique, l'étude phonétique ne le permet pas, sinon tout le monde serait déjà d'accord, seule une définition phonologique peut permettre d'arriver quelque part.

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Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Très exactement, et ce n'est pas à vous que je le disais, mais à l'intervenant qui avait mis sur le tapis les diphtongues du latin.
Je ne pipais mot de la disparition des diphtongues en français moderne standard, désolé de vous décevoir.

Effectivement, je suis TRES déçu, il y a eu donc un quiproquo. Vous vous adressiez à quelqu'un d'autre, no problem. Vous imaginez ma déception toutefois, car j'aimerais bien que nous en pipions, de cette "disparition", et notamment, étant donné le grand nombre de gens qui la mentionnent, un des points clef sur lequel je souhaiterais progresser c'est de savoir QUI, au départ l'a découverte, l'a mentionnée, l'a publiée, car bizarrement cette disparition, on dirait qu'elle a fait disparaître en même temps toute trace de sa propre histoire ??? (un peu comme ceux qui disparaissaient à cause des bons offices du KGB et dont le portrait disparaissait en même temps des photographies officielles...).

Re : les diphtongues

J'arrive avec mes gros sabots, pour lancer un fil parrallèle dans le fil. Après quelques recherches je suis tombé sur cet article qui postule l'existence de la diphtongue en français, à partir des semi-voyelles :

http://kn0l.wordpress.com/diphtongue-en-francais-2/

Mais je m'interroge sur la méthode :

Étude du mot « roi »

Comme Wikipedia nous le propose, étudions le mot « roi » !

Écrivons le phonétiquement [rwa] et, à titre provisoire décrivons le phonologiquement comme /rwa/ (on a vu qu’une erreur courante était de recopier seulement la notation phonétique à l’intérieur des barres obliques pour obtenir ainsi à peu de frais une notation phonologique…mais cela se justifie ici si on fait ensuite une analyse phonologique de la notation obtenue)

Si, par hypothèse de travail, on considère qu’il n’y a que deux phonèmes seulement /r/+/wa/, on constate que la césure entre le r et le w permet de nombreuses substitutions (on écrira directement les homonymes obtenus en orthographe conventionnelle).
Ainsi en substituant une autre consonne au r on obtient : poids, moi, toi, loi, doigt, soi, bois, coi, foi, oie, joie, quoi, noix, voix. Chaque paire parmi les mots ainsi construits constitue une paire minimale.

De même si on substitue au [wa] une autre voyelle on obtient : rat, , rai, riz, rot, roux, ru, rein, rond, rend. Ici encore chaque paire de mots construite constitue une paire minimale.

Jusque là, rien à dire.

Si maintenant on considère qu’il y a trois phonèmes (comme la “théorie dominante” l’affirme) on doit pouvoir obtenir des paires minimales en coupant entre le « w » et le « a ». On constate qu’on trouve difficilement une consonne à substituer au « w » sauf à considérer « r(e)pas » comme admissible.

Certes mais si on avait pris poix on aurait au moins obtenu plat et avec doigt, on aurait eu drap. Avec bois, coi, foi on n'obtient rien dans notre lexique.

Bien entendu : une consonne - en début de syllabe - peut être suivie (1) par une semi-voyelle, (2) par les consonnes r et l (sauf pour r, l, m et n si je n'oublie personne).

On obtient quelques résultats en lui substituant une voyelle : rhéa, ria, rua, roua. Enfin si on veut substituer au « a » une autre voyelle, la liste obtenue est également très limitée : roué, rouet.

OK

Si le [wa] est composé de deux phonèmes comme le veut la théorie dominante nous avons donc le /w/ et le /a/ soit une semi-voyelle suivie d’une voyelle. Cette semi-voyelle devrait avoir en français un comportement autonome, permettant une libre association avec les autres voyelles et consonnes. C’est loin d’être le cas comme on vient de le voir.

Raisonnement tordu : il me semble simplement qu'une semi-voyelle est moins libre de s'associer qu'un l ou r qui sont eux-mêmes moins libres que la plupart des autres consonnes.

Pourquoi faire de ce constat un argument pour démontrer l'existence de la diphtongue en français ?

Et ça continue :

Étude de la famille du mot « trois »

Le mot roi n’ayant pas une très grande famille (on a toutefois : reine, règne, régner ) pour faire l’étude critique proposée dans le Knol précédent, nous proposons de prendre, pour étudier la même diphtongue, un mot ayant de nombreux composés [2]. Nous aurions pu aussi bien partir de n’importe quel mot contenant le digramme <oi>, mais bon, il faut choisir : le mot trois a une famille très riche, il ne faut pas s’en priver.

Considérons la liste des mots : trente, treize, tricycle, triporteur, trépigner, trèfle, tiers et tierce. On voit que si le mot trois débutait par trois consonnes, il serait le seul de sa famille a posséder un phonème /w/ dans sa racine /trw/+/voyelle/. Les autres mots sont formée uniquement de /tr/+/voyelle, voire /T/+/voyelle/+/r/ dans certains cas.

Quelle démonstration : il suffit de consulter la rubrique étymologie du TLFi pour constater que tout ceci nous vient directement du latin. Et on peut supposer que si on est passé de tre à trois c'est parce qu'il y avait une évolution phonétique rendue possible par la combinaison des différents phonèmes du mot.

Tout ceci pour dire que je ne vois pas de diphtongues dans le français standard de France. J'aimerais savoir, si cela intéresse quelqu'un, si je me trompe dans la lecture de l'article que je viens de citer.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

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Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

je pêche cette définition dans un ouvrage daté de 1996 (Le latiin, de l'initiation à la pratique, grammaire différentielle, Martine Furno, Sandrine Boularo) :

au, eu, ae, oe, sont des diphtongues, c'est-à-dire des unités vocaliques où les deux sons se fondent mais restent perceptibles : on lit [au], [eu ] [ae ] [oe ]avec un léger accent sur le premier des deux phonèmes.

J'ai déjà tapé sur Furno et Boularo, la première partie de leur phrase, mais leur terminologie est peut-être détaillée dans le reste de leur bouquin ?

Si "unité vocalique" veux dire un phonème, (qui phonétiquement serait une voyelle), je suis assez pour finalement, car un phonème est une "unité", justement. Je me suis moqué de leurs sons qui se fondent mais qui restent perceptibles, mais après tout, même chose, ce n'est peut-être pas si mal comme description, où cela mène-t-il ?

Elles présentent trois notations entre crochets. C'est bien d'utiliser des notations formelles. Ici ce sont des notations phonétiques. Elles représentent des sons, à l'exclusion de toute analyse structurale. Autrement dit, ce sont des sons tels qu'on peut les décrire en première approche, et ces sons pourraient appartenir à n'importe quelle langue, latin, hébreu ou athabaskan. Langues dans lesquelles ils pourraient, on s'en doute, représenter des choses complètement différentes mais que l'alphabet API permet de noter.

Tout s'effondre lorsque ces auteurs évoquent le concept de phonèmes, qui seraient présents dans ces notations. Rappelez vous, les deux parties de ces "unités vocaliques" étaient des "sons", et si peu de temps après, ce sont maintenant des "phonèmes". C'est catastrophique.

Je soupçonne ces auteurs d'avoir tout simplement pris les graphies latines <au>, <eu> etc. et de les noter entre crochets, parce que cela fait mieux. Une fois notées de cette façon, ces choses acquièrent une sorte de présentabilité (oui je sais, ce n'est pas dans le dico) linguistique et dans la lancée, on les qualifie d'unités vocaliques, composées de sons, puis de phonèmes.

Non je suis désolé, la linguistique, ce n'est pas ce galimatias de notations et de concepts utilisés au petit bonheur.

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Re : les diphtongues

Le retour du lion.

Notre camarade Maginhard avait opposé les deux mots "lion" et "bois" pour montrer que le premier se décompose quelquefois (en poésie) tandis que le mot bois ne se décompose jamais (même en poésie).

Comme on la vu dans différentes interventions, la diction poétique se base sur le latin, si le mot est censé avoir été prononcé en dièrèse alors on doit le prononcer en dièrèse en poésie classique et sinon, non.

Comme je l'ai déjà dit, le latin c'est le latin, la poésie classique, c'est la poésie classique, aucun des deux ne peut nous aider à décider si telle ou telle syllabe contient une "diphtongue" en français (non-poétique).

Mais l'idée d'étudier la dièrèse et la synérèse reste utile. Le mot "bois" n'est jamais prononcé en dièrèse, non seulement cela serait ridicule, mais surtout cela serait incompris, je pense. Est-ce que cela fait des sons complexes que l'on entend dans "bois" une diphtongue ? Je ne le crois pas, il y a d'autres critères qui sont nécéssaires, mais c'est intéressant de le constater, comme l'a fait Maginhard.

Dans la langue que nous étudions, à mon avis, le mot lion n'est jamais prononcé, lui non plus, en dièrèse, cela serait aussi ridicule que bou-a. A moins que quelqu'un connaisse une chanson où celà se produit ?

Mais j'ai critiqué cet exemple, parce que j'en cherchais un meilleur, et je l'ai trouvé, un mot complètement différent. Il s'agit de "lions", pas ceux qui mangent des gazelles, une des formes conjuguées du verbe lier.

On le prononce exactement comme l'autre, oralement on ne peut distinguer "si nous les lions, sommes les rois de la savane" et "si nous les lions, il nous faudra de la ficelle" (d'ailleurs c'est comique, graphiquement non plus). Il reste que dans certaines situations, le deuxième "lions" pourra être prononcé en diérèse, notamment dans la chanson. Si je remplace "marchons, marchons" par "lions, lions" dans la Marseillaise, je pense que tout le monde sera OK (sauf pour le sens bien sûr).

Cela n'étonnera personne, et pas besoin de se référer au latin ici. Ce qu'il y a dans le deuxième "lions", c'est une frontière morphologique entre le [li] et le [õ]. Pour un grammairien, "Li" est la racine et "ons" est la désinence. Une gymnastique quotidienne nous dit que ce deuxième élément peut-être remplacé par d'autres sons, comme [e], [a], [ã], etc. tout en gardant un sens proche.

Cette décomposition morphologique interdit bien sûr totalement de voir dans le son complexe du deuxième "lions" une diphtongue en tant qu'unité linguistique ainsi que que dans les autres sons complexes qui peuvent se former dans les autres composés. Maintenant si on revient sur le premier lion, celui qui a une crinière, on s'aperçoit que finalement, maintenant que nous avons les idées un peu plus claires, lui-aussi peut se "décliner". [liõ] (ou [ljõ] pour certains) s'oppose à [lion] ou [ljon] , sa femelle. Autrement dit, lui-aussi a une frontière morphologique qui coupe le mot après le son [j], bien que moins évidente.

En conclusion, je dirai que la dièrèse, dès qu'elle se produit facilement (en chanson notamment), n'est pas très bon signe pour l'existence de la diphtongue-unité. On devra rechercher la présence d'une frontière morphologique.

En revanche, l'absence de dièrèse, la solidité de la synérèse ne parait pas une indication définitive de la présence d'une unité, comme on vient de le voir chez le lion à crinière.

C'est pour cela que la synérèse de bois ne m'apporte pas la preuve qu'il y a là une diphtongue, mais bien sûr ne l'empêche pas...

78 Dernière modification par JOURDAN (25-06-2012 04:02:29)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

J'arrive avec mes gros sabots, pour lancer un fil parrallèle dans le fil. Après quelques recherches je suis tombé sur cet article qui postule l'existence de la diphtongue en français, à partir des semi-voyelles :

http://kn0l.wordpress.com/diphtongue-en-francais-2/

Mais je m'interroge sur la méthode :

Bienvenue à vos gros sabots ! Faire quelques recherches, et même plus, c'est très bon. Cela vous a permis de lire mon article (ex. knol, aujourd'hui sur Wordpress) !

Oui, mon article "postule", c'est très bien exprimé, par contre "à partir des semi-voyelles" n'est pas tout à fait exact. Je me sers provisoirement de la notation des semi-consonnes, parce que c'est celle qu'on trouve un peu partout, et que beaucoup de gens la connaissent.  Dans l'état de l'article tel que vous l'avez lu, c'est vrai que j'insiste plus sur la diphtongue qu'il pourrait y avoir que sur le sort à réserver à la semi-consonne, je crois, je vais me relire d'ailleurs.

Vous vous interrogez sur la méthode, c'est excellent, moi-aussi. Ma méthode, c'est de m'interroger en permanence sur ma méthode. Voilà pourquoi vous êtes, une fois encore, le bienvenu, avec ou sans vos sabots.

Maintenant que je vous ai caressé dans le sens du poil, je vais quand même vous attaquer un peu : vos gros sabots, et votre interrogation sur la méthode, les apportez vous juste quand la thèse vous parait sulfureuse, ou toujours et partout ?

En attendant d'aller un peu plus loin, je vous propose donc de vous interroger sur la question des "semi-consonnes" (ou semi-voyelles, ou glides ...). Qui les a inventées, quand, et pourquoi ? Quelle est leur définition ? J'ai un site à vous proposer pour explorer ce problème plus avant, mais je vous laisse chercher de votre côté.

Soit dit en passant ,avec "bois", on peut très bien trouver "bras". (en suivant la méthode proposée, qui contient la prémisse cachée qu'il y a trois  phonèmes dans bois, et en opérant une commutation).

A bientôt.

Re : les diphtongues

je vous propose donc de vous interroger sur la question des "semi-consonnes" (ou semi-voyelles, ou glides ...). Qui les a inventées, quand, et pourquoi ?

Ben...
Le yod et le digamma se trouvent déjà en grec ancien.
On les retrouve en latin, et avec l'apparition français du [y], apparait le hué.

Personne n'a rien inventé délibérément.

Si la question signifie : « qui leur a donné ces noms d'oiseaux ? », la réponse est :« c'est sans importance ! » Mais je remercie l'inventeur de ce joli mot de glides...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

80 Dernière modification par JOURDAN (25-06-2012 06:20:23)

Re : les diphtongues

Oui, autrement dit, les SC auraient émergé de la tradition philologique. Je n'en doute pas d'ailleurs, et ma question était plutôt rhétorique. Je conviais notre nouvel intervenant à appliquer son sens critique AUSSI à cette notion de SC ou SV...

En se demandant à quel moment, par quelle définition, elle devient un outil linguistique moderne. J'ai une idée de ce qu'on va trouver (un grand fourre-tout conceptuel), mais je n'ai pas tout lu, c'est le but d'un forum, m'instruire en apprenant des autres.

Comme je l'avais déjà évoqué, il semble qu'il y ait à la racine deux interprétations différentes de la chose : la semi-consonne comme allophone d'un phonème-voyelle (apparemement la pratique de Martinet, je vais vérifier s'il en parle d'avantage). L'autre interprétation serait de faire des semi-consonnes des phonèmes à part entière, qui n'auraient qu'une ressemblance phonétique avec certaines voyelles.

Il existe peut-être d'autres descriptions de la SC ? Mais déjà pour le moment, il est important de comprendre que ces deux visions (allophone ou phonème) sont CONTRADICTOIRES. Si personne n'a rien "inventé délibérément", c'est peut-être un tort. En science, il faut poser des choses : en électricité, on a posé la charge électrique, l'intensité, la tension etc. sans ces outils, il est impossible d'y comprendre quoi que ce soit.

En dehors de son air glissant, je ne suis pas sûr que le glide recouvre toujours et pour tous les auteurs la même notion (à vérifier). Ce qui est sûr c'est que son nom est moins compromettant, et a l'avantage supplémentaire de jeter de la poudre aux oreilles.

81 Dernière modification par éponymie (25-06-2012 10:27:01)

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

Maintenant que je vous ai caressé dans le sens du poil, je vais quand même vous attaquer un peu : vos gros sabots, et votre interrogation sur la méthode, les apportez vous juste quand la thèse vous parait sulfureuse, ou toujours et partout ?

J'avais l'impression que l'article pouvait être de vous mais n'en avais pas la certitude. Dans le mille.

Pour répondre à votre question : toujours et partout, y compris quand la méthode ou l'hypothèse de départ est mienne. Je ne vous demande pas de me croire sur parole mais il suffit de lire certains fils où je fais des recherches : je peux très bien dire une chose au début et son contraire à la fin, ça ne me dérange nullement.

J'avais oublié bras.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

82 Dernière modification par éponymie (25-06-2012 10:26:31)

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

En attendant d'aller un peu plus loin, je vous propose donc de vous interroger sur la question des "semi-consonnes" (ou semi-voyelles, ou glides ...). Qui les a inventées, quand, et pourquoi ? Quelle est leur définition ? J'ai un site à vous proposer pour explorer ce problème plus avant, mais je vous laisse chercher de votre côté.

Je n'ai pas la réponse aux trois premières questions. Pour la quatrième, et pour le dire à ma manière sans prétendre à la précision et pour vous donner l'occasion de m'aligner si ma définition ne va pas. Ce sont des machins qui sont :

1) en début de mot et suivis d'une voyelle ("les yeux" ou "les Yéménites"). Certains ici pourraient contester la notion de début de mot.
2) après une consonne et suivi d'une voyelle ("le tien", "le poing", "le voyage", "lui", etc.)
3) en finale de mot après une voyelle ("le travail", "la maille", etc.)
4) entre une voyelle et une consonne ("œilleton")
5) entre deux voyelles ("voyeur")
6) entre une voyelle et un schwa ("la maille", "œilleton")

Indissociables d'une voyelle dans tous les cas de figure, donc pas autonomes du tout mais impossibles à éliminer comme notion sous peine d'avoir une mauvaise représentation de ce que l'on entend ou prononce.

Comme j'ai écrit ceci sans recherche particulière, je suis satisfait de mon illustration (on ne peut vraiment parler de définition) mais je considère que je peux me ficher d'une définition scientifique.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

83 Dernière modification par JOURDAN (25-06-2012 13:12:02)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:
JOURDAN a écrit:

Maintenant que je vous ai caressé dans le sens du poil, je vais quand même vous attaquer un peu : vos gros sabots, et votre interrogation sur la méthode, les apportez vous juste quand la thèse vous parait sulfureuse, ou toujours et partout ?

J'avais l'impression que l'article pouvait être de vous mais n'en avais pas la certitude. Dans le mille.

Pour répondre à votre question : toujours et partout, y compris quand la méthode ou l'hypothèse de départ est mienne. Je ne vous demande pas de me croire sur parole mais il suffit de lire certains fils où je fais des recherches : je peux très bien dire une chose au début et son contraire à la fin, ça ne me dérange nullement.

J'avais oublié bras.

Je vous crois sur parole, alors accrochez vous au manche !

Mon article sur la diphtongue est le premier que j'ai écrit sur Knol, et un des 4 ou 5 premiers articles en français. Je n'y ai pas retravaillé récemment et ce forum est un bon moyen de chercher de nouvelles idées.

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Re : les diphtongues

éponymie a écrit:
JOURDAN a écrit:

En attendant d'aller un peu plus loin, je vous propose donc de vous interroger sur la question des "semi-consonnes" (ou semi-voyelles, ou glides ...). Qui les a inventées, quand, et pourquoi ? Quelle est leur définition ? J'ai un site à vous proposer pour explorer ce problème plus avant, mais je vous laisse chercher de votre côté.

Je n'ai pas la réponse aux trois premières questions. Pour la quatrième, et pour le dire à ma manière sans prétendre à la précision et pour vous donner l'occasion de m'aligner si ma définition ne va pas. Ce sont des machins qui sont :

1) en début de mot et suivis d'une voyelle ("les yeux" ou "les Yéménites"). Certains ici pourraient contester la notion de début de mot.
2) après une consonne et suivi d'une voyelle ("le tien", "le poing", "le voyage", "lui", etc.)
3) en finale de mot après une voyelle ("le travail", "la maille", etc.)
4) entre une voyelle et une consonne ("œilleton")
5) entre deux voyelles ("voyeur")
6) entre une voyelle et un schwa ("la maille", "œilleton")

Indissociables d'une voyelle dans tous les cas de figure, donc pas autonomes du tout mais impossibles à éliminer comme notion sous peine d'avoir une mauvaise représentation de ce que l'on entend ou prononce.

Comme j'ai écrit ceci sans recherche particulière, je suis satisfait de mon illustration (on ne peut vraiment parler de définition) mais je considère que je peux me ficher d'une définition scientifique.

Oui, je trouve ça pas mal, pour un premier jet. Quelques remarques : yeux et yémènites sont des "mots français", mais ils se comportent très différemment le voyez vous ?... je ne vois aucun shwa dans "maille". Vous avez utilisé oeilleton deux fois.

Vous vous êtes concentré sur [j], mais pourquoi pas. Je pense que votre approche combinatoire est intéressante, mais pas complètement "morphologique". Autrement dit, elle traite un peu les sons comme des suites de trucs qui ont le droit ou non d'être là dans les mots, mais dans la réalité, ces sons forment des mots qui ont un sens. Beaucoup de manuels expliquent alors que le phonème, unité de base du code de la langue (ils n'emploient pas ce terme de code en fait) n'a pas de sens en lui-même. C'est un peu inexact car un seul phonème PEUT avoir un sens, former un morphème à lui tout seul. C'est fréquent en fait. Mais d'une manière plus générale, les phonèmes se combinent dans les mots et y construisent du sens. Et là on remarque le rôle contrasté des consonnes et des voyelles, dans nos langues IE en tout cas, alors que leur aspect phonétique est mis en avant, leur fonction sémantique est moins souvent soulignée.

Cela est fait plus souvent chez ceux qui traitent des langues sémitiques, ils insistent sur le fait que la "racine" est consonantique et que l'aspect, le temps, la nature grammaticale se manifeste comme un saupoudrage de voyelles. La même chose est vraie dans les langues IE, dès qu'on y est un peu attentif...

Vous remarquez quand même déjà déjà le manque d'autonomie, surtout par rapport aux voyelles mais pensez que la "notion" est difficile à éliminer. Pour l'éliminer, il faudrait que ça en soit une, je ne suis pas conscient d'une bonne définition, alors où est la "notion". Nous ficher d'une définition scientifique, vous voulez rire ? ou alors il faut fermer ce fil tout de suite !

Je pense donc qu'il faudrait remonter un peu en amont. Comment on a posé les catégories des consonnes et des voyelles, si certaines des consonnes ont un comportement un peu particulier, voir jusqu'à quel point, quelle est la solidité de cette construction et comment on en arrive à un moment à avancer les semi-consonnes ?. Pour expliquer quoi ? moyennant combien de règles supplémentaires ?

Je veux dire, est-que les semi-consonnes COMPLETENT logiquement la construction consonnes-voyelles ou bien est-ce qu'elles ressemblent à une prothèse mise là car quelque-chose est bancal ? Si on est dans le deuxième cas, il vaudrait mieux revoir toute la construction ?

En reprenant une de vos phrases, je dirais que l'analyse phonologique n'est pas celle de ce qu'on prononce, plutôt celle de ce qu'on entend (c'est beaucoup plus intéressant pour moi), de ce qu'on perçoit plus exactement, mais pas forcément de ce que perçoit le phonéticien, plutôt de que perçoit effectivement le locuteur naïf (pas natif...).

85 Dernière modification par éponymie (25-06-2012 18:46:28)

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

Oui, je trouve ça pas mal, pour un premier jet. Quelques remarques : yeux et yémènites sont des "mots français", mais ils se comportent très différemment le voyez vous ?...

Bé oui, je le vois. On peut même se risquer à dire que je l'ai fait exprès.

JOURDAN a écrit:

je ne vois aucun shwa dans "maille".

Moi si, peuchèreuh.

JOURDAN a écrit:

Vous avez utilisé oeilleton deux fois.

Bé oui. On peut même se risquer à dire que je l'ai fait exprès.

JOURDAN a écrit:

Vous vous êtes concentré sur [j], mais pourquoi pas.

C'est celui qui offre le plus de combinaisons possibles, mais les 2 autres sont présents aussi.

JOURDAN a écrit:

Je pense que votre approche combinatoire est intéressante, mais pas complètement "morphologique". Autrement dit, elle traite un peu les sons comme des suites de trucs qui ont le droit ou non d'être là dans les mots, mais dans la réalité, ces sons forment des mots qui ont un sens. Beaucoup de manuels expliquent alors que le phonème, unité de base du code de la langue (ils n'emploient pas ce terme de code en fait) n'a pas de sens en lui-même. C'est un peu inexact car un seul phonème PEUT avoir un sens, former un morphème à lui tout seul. C'est fréquent en fait. Mais d'une manière plus générale, les phonèmes se combinent dans les mots et y construisent du sens. Et là on remarque le rôle contrasté des consonnes et des voyelles, dans nos langues IE en tout cas,

OK

JOURDAN a écrit:

alors que leur aspect phonétique est mis en avant, leur fonction sémantique est moins souvent soulignée.

Quelle est la fonction sémantique des consonnes et des voyelles ?

JOURDAN a écrit:

Cela est fait plus souvent chez ceux qui traitent des langues sémitiques, ils insistent sur le fait que la "racine" est consonantique et que l'aspect, le temps, la nature grammaticale se manifeste comme un saupoudrage de voyelles. La même chose est vraie dans les langues IE, dès qu'on y est un peu attentif...

Des exemples ?

JOURDAN a écrit:

Vous remarquez quand même déjà déjà le manque d'autonomie, surtout par rapport aux voyelles mais pensez que la "notion" est difficile à éliminer. Pour l'éliminer, il faudrait que ça en soit une, je ne suis pas conscient d'une bonne définition, alors où est la "notion". Nous ficher d'une définition scientifique, vous voulez rire ? ou alors il faut fermer ce fil tout de suite !

Prenons VOYAGE : si je supprime les semi-voyelles, que me reste-t-il ? VA-I-AGE ? Voilà une notion qui est "définie" par une absence. (dernière phrase modifiée après-coup : j'avais compris le contraire de ce que vous aviez écrit).

Non, non nous ne fermons pas : dites-moi  plutôt - très concrètement -à quoi sert de définir "scientifiquement" quelque chose qui semble évident à tout le monde ? Je ne parle pas de reformuler clairement ces évidences.

JOURDAN a écrit:

Je pense donc qu'il faudrait remonter un peu en amont. Comment on a posé les catégories des consonnes et des voyelles, si certaines des consonnes ont un comportement un peu particulier, voir jusqu'à quel point, quelle est la solidité de cette construction et comment on en arrive à un moment à avancer les semi-consonnes ?. Pour expliquer quoi ? moyennant combien de règles supplémentaires ?

Il me semble que la voyelle est le "son"/"phonème" (ce que voulez, je ne prétend pas faire une discussion scientifique) dont la prononciation ne pose problème à absolument personne : si je dis A, j'ai prononcé un son et uniquement lui.

On arrive à prononcer une consonne mais souvent avec une ombre de voyelle.

Plus difficile encore de prononcer une semi-voyelle.

JOURDAN a écrit:

Je veux dire, est-que les semi-consonnes COMPLETENT logiquement la construction consonnes-voyelles ou bien est-ce qu'elles ressemblent à une prothèse mise là car quelque-chose est bancal ? Si on est dans le deuxième cas, il vaudrait mieux revoir toute la construction ?

J'aurai construit sur du sable mais ça me semblait clair jusqu'à présent. Pourquoi voulez-vous en faire une prothèse ?

Dans PET vous avez une consonne et une voyelle, dans PIED, une consonne, une semi-voyelle et une voyelle. Mieux encore (pour éviter tout problème d'allophonie) : dans MÂLOT vous avez une consonne, une voyelle, une consonne et une voyelle, dans MAILLOT vous avez une consonne, une voyelle, une semi-voyelle et une voyelle.

Qu'y a-t-il de bancal là-dedans ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

86

Re : les diphtongues

Moi si, peuchèreuh. On doit parler du français standard, le français de La fille du puisatier est un sujet à part.

JOURDAN a écrit:

Vous avez utilisé oeilleton deux fois.

Bé oui. On peut même se risquer à dire que je l'ai fait exprès. Euh, d'accord, avec les deux prononciations


JOURDAN a écrit:

Je pense que votre approche combinatoire est intéressante, mais pas complètement "morphologique". Autrement dit, elle traite un peu les sons comme des suites de trucs qui ont le droit ou non d'être là dans les mots, mais dans la réalité, ces sons forment des mots qui ont un sens. Beaucoup de manuels expliquent alors que le phonème, unité de base du code de la langue (ils n'emploient pas ce terme de code en fait) n'a pas de sens en lui-même. C'est un peu inexact car un seul phonème PEUT avoir un sens, former un morphème à lui tout seul. C'est fréquent en fait. Mais d'une manière plus générale, les phonèmes se combinent dans les mots et y construisent du sens. Et là on remarque le rôle contrasté des consonnes et des voyelles, dans nos langues IE en tout cas,

OK

Quelle est la fonction sémantique des consonnes et des voyelles ? "fonction sémantique" est peut-être mal exprimé, je ne sais pas.

Des exemples ?

Dans les langues sémitiques, l'exemple est souvent pris de KTB qui donne kitab, kataba, etc.

Prenons une famille de mots anglais, pour changer un peu : live, life, alive. Les similitudes de l'écriture ne nous étonnent pas mais elle devraient, car les mots prononcés sont remarquables par l'alternance d'une monophtongue et d'une diphtongue. L'alternance [f/v] répercuté par l'écriture n'est qu'une petite histoire de sonorité. Eh bien il est clair que, de la même manière que le mot sémite vu plus haut, la "racine" se localise dans les consonnes, comme le montrerait surement l'étude étymologique également (les voyelles ayant évolué plus que les consonnes), tandis que les voyelles jouent un rôle d’assaisonnement. Dans les mots français ou anglais, notamment ceux qui ont une famille, pas les mots isolés, le sens des morphèmes n'est pas "analysable"= décomposable en terme de phonèmes (pas de /L/ = animal et /V/ = plante donc /L+V/ = être vivant), mais il y a une structure phonématique qui est la charpente du sens : /vLvV/ = vie, vivant (les v minuscules sont des voyelles, les majuscules représentes les phonèmes dont on parle. Si tout d'un coup, vous me présentez un mot auquel il manque une de ces deux consonnes, ou bien qui a une consonne supplémentaire, notamment intercalée, je le suspecterai immédiatement de ne pas appartenir à cette même famille, d'avoir une étymologie différente (et en général, ça se vérifie).


Prenons VOYAGE : si je supprime les semi-voyelles, que me reste-t-il ? VA-I-AGE ? Voilà une notion qui est "définie" par une absence. (dernière phrase modifiée après-coup : j'avais compris le contraire de ce que vous aviez écrit).

Non, on ne peut pas "prendre voyage", le décomposer phonétiquement comme vous le faites, supprimer ce que vous appelez des semi-consonnes, c'est du n'importe quoi. Le mot voyage, je veux bien que vous le décomposiez, mais c'est de sa morphologie qu'il faut partir.

Non, non nous ne fermons pas : dites-moi  plutôt - très concrètement -à quoi sert de définir "scientifiquement" quelque chose qui semble évident à tout le monde ? Je ne parle pas de reformuler clairement ces évidences.

Non, non, désolé, la science ne fonctionne pas avec des choses qui "semblent évidente à tout le monde" (comme la terre plate), elle fonctionne justement en supprimant ces concepts erronés, et en les remplaçant pas quelque chose de plus solide.


Il me semble que la voyelle est le "son"/"phonème" (ce que voulez, je ne prétend pas faire une discussion scientifique) dont la prononciation ne pose problème à absolument personne : si je dis A, j'ai prononcé un son et uniquement lui.

On arrive à prononcer une consonne mais souvent avec une ombre de voyelle.

Plus difficile encore de prononcer une semi-voyelle.

OUI, c'est tout ? Donc vous proposez que dans une langue, il y a les voyelles, que l'on peut prononcer, les consonnes que l'on peut difficilement prononcer, et finalement les semi-consonnes, que l'on peut encore plus difficilement prononcer ?

J'aurai construit sur du sable mais ça me semblait clair jusqu'à présent. Pourquoi voulez-vous en faire une prothèse ?

Ah bon, mais qu'avez vous construit ? vous avez peut-être seulement "assimilé" passivement des notions approximatives ?

Dans PET vous avez une consonne et une voyelle, dans PIED, une consonne, une semi-voyelle et une voyelle. Mieux encore (pour éviter tout problème d'allophonie) : dans MÂLOT vous avez une consonne, une voyelle, une consonne et une voyelle, dans MAILLOT vous avez une consonne, une voyelle, une semi-voyelle et une voyelle.

Ah bon, mais d'où tenez vous tout ça ? On vous a remis les tables de la décomposition phonétique au sommet du mont Sinaï ? Ou est passé votre sens si critique ?

Qu'y a-t-il de bancal là-dedans ?

Je parlais du systèmes consonne/voyelles, on le pose , ensuite si on est obligé d'y ajouter une troisième catégorie, c'est qu'il était bancal. Il y a-t-il a la fin une cohérence de cette représentation : voyelles/consonnes/SC (je parle de sources, pas de ce qu'il "vous semble") ?

87 Dernière modification par JOURDAN (26-06-2012 08:36:55)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Raisonnement tordu : il me semble simplement qu'une semi-voyelle est moins libre de s'associer qu'un l ou r qui sont eux-mêmes moins libres que la plupart des autres consonnes. Pourquoi faire de ce constat un argument pour démontrer l'existence de la diphtongue en français ?

Bon, d'après vous, je ne fais que "redécouvrir" dans cet exercice une faculté des SC de ne pas s'associer librement comme les autres consonnes, donc je ne découvre rien. Mais vous êtes vous interrogé suffisamment sur l'émergence de vos semi-consonnes/semi-voyelles ? Déjà pourquoi ont-elles un nom si bizarre si c'est une catégorie bien née ? Ce nom ressemble quand même beaucoup à un nom donné pour se servir de semi-consonne quand ça m'arrange et semi-voyelle le reste du temps ?

La phonologie admet des règles d'association différentes pour les phonèmes, c'est vrai. Chaque langue connait des associations possibles, certaines fréquentes, d'autres rares, d'autres sont exotiques mais présentes, enfin certaines sont "interdites" (dans la langue en question). Mais la pratique phonologique n'est quand même pas de créer une première famille de phonèmes, les voyelles, puis une deuxième, les consonnes, enfin une troisième, les semi-consonnes, pourquoi pas une quatrième ?

Normalement, des règles générales devraient gouverner la répartition des phonèmes dans une langue, avec de petites exceptions de comportement.

Regardez, si je crée autant de règles exceptionnelles que je veux, je peux faire entrer les oiseaux dans la catégorie des poissons :

- un poisson a toujours des branchies, SAUF s'il a un bec et ne vit pas toujours dans l'eau, alors il peut avoir des plumes.

Regardons comment s'y prend le site de la Simon Fraser University (un des plus grand sites pédagogique que j'ai trouvé concernant la linguistique; pour moi il est particulièrement intéressant car il a visiblement le projet de séparer la description phonétique et la structuration phonologique) pour présenter les SC aux étudiants :

sfu.ca/fren270/phonetique/page3_7.html#start

D'abord, les SC sont présentées comme ne se distinguant des voyelles que par leur brièveté

(Dans une autre partie du site (sfu.ca/fren270/phonologie/pdfs/Fren270ExSuppPhnl_QUEST.pdf), le professeur repère en fait une variante non-voisée du [w] (pas mal pour une chose qui se prononce comme une voyelle) et demande à ses élèves si c'est un phonème distinct ou une variante contextuelle.... moi il me semble que si cette chose a vraiment la propriété d'être aussi bien voisée que sourde, selon le cas, il faudrait peut-être le signaler dans la description phonétique de départ. Le professeur demande donc aux élèves si ce sont des "phonèmes" distincts, mais à quel moment a-t-il prouvé que déjà il y avait là des "phonèmes" ? On verra plus bas qu'il évite complètement de donner une réponse à ce problème)

Assez rapidement, dès la deuxième phrase, les conditions spéciales de combinaison sont brièvement évoquées, elles ne peuvent apparaître que "devant" ou "après" une autre voyelle. C'est un mensonge par omission, car les graves problèmes d'association en général de ses semi-voyelles sont passés sous silence. Dans l'exercice cité plus haut sur les variantes "dé-sonorisées" de la semi-consonne w, le professeur ne semble pas remarquer que sa semi-consonne n’apparaît que devant la voyelle a (je parle de ses propres exemples).

Dans cette approche phonétique, la description "constrictive, orale, dorso-palatale, non-arrondie" pour la première SC, est la MEME que pour la voyelle correspondante (données dans une autre page), mais il n'y a pas de "dissimulation" d'ailleurs elles sont présentées ensemble dans la prononciation entre crochet... [u - w]

Surprise, si vous cliquez maintenant sur sfu.ca/fren270/phonetique/consonnes.html

les SC (qui se prononcent rappelons le exactement comme des voyelles, seulement plus brèves) sont présentées dans le tableau des consonnes... c'est très fort quand même.

Ensuite, si on saute dans la partie phonologique sfu.ca/fren270/phonologie/page4_2.html#start

on remarque que les SC sont définitivement devenues des consonnes (dans la liste phonétique), le professeur propose de construire le tableau phonologique à partir de ces sons en trouvant des paires minimales, mais je ne les pas retrouvées dans son tableau final :

sfu.ca/fren270/phonologie/page4_9.html#start

Alors, comment sont elles devenus des phonèmes, sans rentrer dans le tableau ?

88 Dernière modification par éponymie (26-06-2012 09:35:00)

Re : les diphtongues

Bonjour, je n'ai pas le temps de vous répondre avant la fin de cet après-midi mais pourriez-vous entretemps modifier vos deux messages pour faire apparaitre clairement les citations et rendre les liens opérationnels ? C'est difficile de s'y retrouver.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

89 Dernière modification par greg (26-06-2012 10:17:03)

Re : les diphtongues

les SC (qui se prononcent rappelons le exactement comme des voyelles, seulement plus brèves) sont présentées dans le tableau des consonnes... c'est très fort quand même.

Non, ça c'est faux. Les consonnes ɥ, w et j ne sont pas un raccourcissement des voyelles y, u et i. Si tu as assez de souffle, tu peux allonger la prononciation de y, u et i pendant dix minutes. Tu peux aussi la réduire à presque rien — sans cependant produire autre chose que y, u et i.

Sortir un ɥ, un w ou un j n'équivaut pas à réduire la durée des voyelles y, u et i. Quand ces voyelles sont brèves, elles demeurent des voyelles. Quand elles sont longues aussi.



Ce qui différencie :
     pu y voir/être/penser...
     py·i   

de :
     puis voir/être/penser...
     pɥi

est plutôt à rechercher du côté de la syllabation.





   

JOURDAN a écrit:

de·ɥi·tɛ·nə
des huitaines

avec <huitaine> dans le rôle du mot pas vraiment exogène.

alors si huitaine a effectivement quelques problèmes à se lier ce n'est pas très étonnant, dans la langue il ne faut pas tout chercher à expliquer mais j'avancerai que le h graphique a pu jouer son rôle subliminal d'anti lien/élision (mais pas  pour "huit" dans les chiffres qui sont des mots prononcés tous les jours)

Tes exigences "scientifiques" sont à géométrie variable. Tu es ultrapositiviste quand il s'agit de disserter sur des généralités. Et très poussière sous le tapis en présence du moindre mouton à cinq pattes : le coup de la graphie télépathe à temps partiel, ça manque pas de lyrisme...

http://3.bp.blogspot.com/_ljTgT89tnOs/TNz5eym0leI/AAAAAAAAG3Y/ajX5gIyd-D4/s1600/55768794_p.jpg

90 Dernière modification par JOURDAN (26-06-2012 10:53:02)

Re : les diphtongues

greg a écrit:

Non, ça c'est faux. Les consonnes ɥ, w et j ne sont pas un raccourcissement des voyelles y, u et i. Si tu as assez de souffle, tu peux allonger la prononciation de y, u et i pendant dix minutes. Tu peux aussi la réduire à presque rien — sans cependant produire autre chose que y, u et i.

Il faut bien lire ce que j'ai écrit, je ne parle pas "dans le vide". Je parle de la définition qui est offerte (à des centaines d'étudiants, je suppose) sur le site de la SFU, une grande université canadienne. Je rappelle que les prononciations se notent entre crochets, pourquoi les noter en bleu ?

Je suis entièrement d'accord avec l'idée d'étudier la syllabation, mais j'aurais tendance à en  déduire que si on peut syllaber différemment les mêmes phonèmes, on peut obtenir des oppositions de sens sans recourir à des phonèmes différents/opposés. Martinet en parle je crois, je vais essayer de retrouver sa citation.

Au niveau de mes exigences scientifiques à géométrie variable, peut-être, comme tout un chacun, mais j'ai admis dans cette phrase citée qu'il ne fallait pas tout chercher à expliquer. J'ai toutefois le droit d'offrir une explication : On constate effectivement que le mot huit est lié dans certains chiffres, devenus des expressions toutes faites, comme dix-huit, mais pas dans d'autres comme cent-huit, ni comme mot isolé, en général. J'ai montré que la mise en valeur, "un huit, le huit", pouvaient à elle seule empêcher la liaison, que la rareté de huitaine pouvait aussi jouer contre. Bien sûr que la présence d'un h au début d'un mot peu commun peu gêner la liaison. Le mot anche, qui n'a pas de h, a le tort de ressembler à hanche, qui a un "h aspiré" bien sûr. J'ai constaté sur moi-même qu'il faut un certain entrainement à prononcer ce mot, indispensable dans le monde des bois, avec toutes les liaisons qu'il implique, tant le conditionnement de la hanche est prégnant. Et ce n'est qu'à la force de la volonté qu'on arrive à rétablir "mon anche", "l'anche", "mes anches" etc. La liaison est en réalité très fragile en français.


Pour finir, j'ai bien souligné je pense que l'absence de liaison en elle même n'est pas une preuve que le mot ne commence pas par une voyelle, car de nombreux mots commençant par des voyelles ne sont effectivement pas liés, quand la liaison n'est pas obligatoire. Par contre quand la liaison se produit, elle est un fort signe de la présence d'une voyelle. Dans la comparaison de notre camarade, entre yeux et yémènite, il a un indice que le premier se comporte comme s'il commençait par une voyelle. La théorie des semi-trucs explique très mal ce contraste frappant.
Vous qui êtes spécialiste (ou même l'inventeur) de "l'exigence scientifique à géométrie variable", vous devriez la reconnaître quand vous en avez devant vous, je parle de l’échafaudage des semi-consonnes. Allez voir les pages que j'indique, c'est mieux que les F14...

Re : les diphtongues

J'ai mis moi-même de l'ordre pour que les choses soient plus claires.

Message 85 :

éponymie a écrit:
JOURDAN a écrit:

Oui, je trouve ça pas mal, pour un premier jet. Quelques remarques : yeux et yémènites sont des "mots français", mais ils se comportent très différemment le voyez vous ?...

Bé oui, je le vois. On peut même se risquer à dire que je l'ai fait exprès.

JOURDAN a écrit:

je ne vois aucun shwa dans "maille".

Moi si, peuchèreuh.

Message 86 :

JOURDAN a écrit:

On doit parler du français standard, le français de La fille du puisatier est un sujet à part.

Pourquoi doit-on parler du français standard ? Et comment le définissez-vous (je n'ose dire scientifiquement smile ) ?

Message 85:

éponymie a écrit:
JOURDAN a écrit:

Je pense que votre approche combinatoire est intéressante, mais pas complètement "morphologique". Autrement dit, elle traite un peu les sons comme des suites de trucs qui ont le droit ou non d'être là dans les mots, mais dans la réalité, ces sons forment des mots qui ont un sens. Beaucoup de manuels expliquent alors que le phonème, unité de base du code de la langue (ils n'emploient pas ce terme de code en fait) n'a pas de sens en lui-même. C'est un peu inexact car un seul phonème PEUT avoir un sens, former un morphème à lui tout seul. C'est fréquent en fait. Mais d'une manière plus générale, les phonèmes se combinent dans les mots et y construisent du sens. Et là on remarque le rôle contrasté des consonnes et des voyelles, dans nos langues IE en tout cas,

OK

JOURDAN a écrit:

alors que leur aspect phonétique est mis en avant, leur fonction sémantique est moins souvent soulignée.

Quelle est la fonction sémantique des consonnes et des voyelles ?

Et là vous me répondez au message 86 :

JOURDAN a écrit:

"fonction sémantique" est peut-être mal exprimé, je ne sais pas.

Et ça continue ainsi :

Message 85:

éponymie a écrit:
JOURDAN a écrit:

Cela est fait plus souvent chez ceux qui traitent des langues sémitiques, ils insistent sur le fait que la "racine" est consonantique et que l'aspect, le temps, la nature grammaticale se manifeste comme un saupoudrage de voyelles. La même chose est vraie dans les langues IE, dès qu'on y est un peu attentif...

Des exemples ?

J'attendais des réponses pour le français, vous vous en doutez bien :

Message 86 :

JOURDAN a écrit:

Dans les langues sémitiques, l'exemple est souvent pris de KTB qui donne kitab, kataba, etc.

Il y a aussi des mots qui change radicalement de sens (et de famille), il faudrait que je retrouve certains exemples fameux de problèmes de traduction. Mais ce n'est pas vraiment le sujet.

JOURDAN a écrit:

Prenons une famille de mots anglais, pour changer un peu : live, life, alive. Les similitudes de l'écriture ne nous étonnent pas mais elle devraient, car les mots prononcés sont remarquables par l'alternance d'une monophtongue et d'une diphtongue. L'alternance [f/v] répercuté par l'écriture n'est qu'une petite histoire de sonorité. Eh bien il est clair que, de la même manière que le mot sémite vu plus haut, la "racine" se localise dans les consonnes, comme le montrerait surement l'étude étymologique également (les voyelles ayant évolué plus que les consonnes), tandis que les voyelles jouent un rôle d’assaisonnement. Dans les mots français ou anglais, notamment ceux qui ont une famille, pas les mots isolés, le sens des morphèmes n'est pas "analysable"= décomposable en terme de phonèmes (pas de /L/ = animal et /V/ = plante donc /L+V/ = être vivant), mais il y a une structure phonématique qui est la charpente du sens : /vLvV/ = vie, vivant (les v minuscules sont des voyelles, les majuscules représentes les phonèmes dont on parle. Si tout d'un coup, vous me présentez un mot auquel il manque une de ces deux consonnes, ou bien qui a une consonne supplémentaire, notamment intercalée, je le suspecterai immédiatement de ne pas appartenir à cette même famille, d'avoir une étymologie différente (et en général, ça se vérifie).!

Ces mots sont de la même famille, deux sources possibles (l'auteur est Jean-Claude Rolland) :

http://www.edufle.net/LES-GRANDES-FAMILLES-DE-MOTS.html
http://projetbabel.org/mots/index.php


k / t / r quatuor, quatre, quatrième, quatorze, quatorzième, quatrain, quaternaire

k / d / r  quadriller, quadragénaire, quadrupède, quadruple, quadrilatère, quadrige, cadran, cadre, cadrer, encadrer, escadre, escadron, escadrille, cadrage

k / r  quart,  écart, équarrir, square, carré, carrefour, carrière, carême, carreau, carrelage, carrure, carillon, carnet, bécarre, écarquiller, contrecarrer, équerre

k / r / t quarte, quartier, quartette, quarteron,  écarter, écartement, incartade, quarante, quarantaine, quarantième

k cahier, caserne

k / d escouade

Sur 51 mots, ce qui saute au yeux c'est le ka que l'on retrouve partout sauf dans équerre. Dans escouade d'origine espagnole, il est camouflé.

Quelle est la charpente ?

Et pour reprendre votre exemple du vivant (je suppose que c'est l'exemple qui va bien : je me suis contenté de l'illustrer) :

alevin
élevage
élève
enlever
laver
lavure
levain
lever
levier
louve
lover
olive

comment commentez-vous ces listes ? Quel élément supplémentaire apportez-vous par rapport à ce que l'on croit habituellement savoir sur les familles de mots ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:
éponymie a écrit:

Prenons VOYAGE : si je supprime les semi-voyelles, que me reste-t-il ? VA-I-AGE ? Voilà une notion qui est "définie" par une absence. (dernière phrase modifiée après-coup : j'avais compris le contraire de ce que vous aviez écrit).

Non, on ne peut pas "prendre voyage", le décomposer phonétiquement comme vous le faites, supprimer ce que vous appelez des semi-consonnes, c'est du n'importe quoi. Le mot voyage, je veux bien que vous le décomposiez, mais c'est de sa morphologie qu'il faut partir.

Très bien. Que faites-vous donc de ce voyage ? Je suppose que c'est liée à ce que vous appelez la charpente des mots.

JOURDAN a écrit:
éponymie a écrit:

Non, non nous ne fermons pas : dites-moi  plutôt - très concrètement -à quoi sert de définir "scientifiquement" quelque chose qui semble évident à tout le monde ? Je ne parle pas de reformuler clairement ces évidences.

Non, non, désolé, la science ne fonctionne pas avec des choses qui "semblent évidente à tout le monde" (comme la terre plate), elle fonctionne justement en supprimant ces concepts erronés, et en les remplaçant pas quelque chose de plus solide.

Qu'est-ce qui est erroné ? Le système semi-voyelle/consonne + voyelle + consonne je suppose :

JOURDAN a écrit:

Je parlais du systèmes consonne/voyelles, on le pose , ensuite si on est obligé d'y ajouter une troisième catégorie, c'est qu'il était bancal. Il y a-t-il a la fin une cohérence de cette représentation : voyelles/consonnes/SC (je parle de sources, pas de ce qu'il "vous semble") ?

Bien, si ce système ne vous satisfait pas,

JOURDAN a écrit:
éponymie a écrit:

Dans PET vous avez une consonne et une voyelle, dans PIED, une consonne, une semi-voyelle et une voyelle. Mieux encore (pour éviter tout problème d'allophonie) : dans MÂLOT vous avez une consonne, une voyelle, une consonne et une voyelle, dans MAILLOT vous avez une consonne, une voyelle, une semi-voyelle et une voyelle.

Ah bon, mais d'où tenez vous tout ça ? On vous a remis les tables de la décomposition phonétique au sommet du mont Sinaï ? Ou est passé votre sens si critique ?

C'était une représentation qui convenait à mon sens critique. Démolissez-là clairement puisque vous avez assimilé vos sources. Que faites-vous de  PET, PIED,  MÂLOT et  MAILLOT ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

93 Dernière modification par éponymie (26-06-2012 19:48:04)

Re : les diphtongues

Pour continuer, voici les liens que vous avez donnés dans votre message 87 vers le site de la SFU  :

http://sfu.ca/fren270/phonetique/page3_7.html#start
http://sfu.ca/fren270/phonetique/consonnes.html
http://sfu.ca/fren270/phonologie/page4_2.html#start
http://sfu.ca/fren270/phonologie/page4_9.html#start
http://www.sfu.ca/fren270/phonologie/pd … _QUEST.pdf

Le seul qui fonctionne, c'est le dernier (le pdf). J'ai essayé avec IE et Opéra. J'ai aussi essayé de réduire l'URL, rien.

Quand vous rédigez un message vous ne vous donnez la peine ni de signaler correctement les citations des autres messages, ni de vérifier vos liens. Vous allez dire que je démolis pour le plaisir de démolir ?

Voici les liens de base :

http://www.sfu.ca/fren270/Phonetique/phonetique.htm
http://www.sfu.ca/fren270/phonologie/index.html

Je suppose qu'il y a les contenus auxquels vous faisiez allusion, je vais regarder ça tranquillement.

D'abord l'introduction :

http://www.sfu.ca/fren270/images/new_graphs/tab1.jpg

• Sémantique : « étude du langage considéré du point de vue du sens. » (PRobert 1991)
• Phonétique : « étude de la substance des unités vocales utilisées dans les langues humaines. » (Martin 1996 :2)
• Phonologie : « Science qui étudie les sons du langage du point de vue de leur fonction dans le système de communication linguistique ». (Dict. de linguistique Larousse)
• Morphologie : « Étude des formes des mots. » (Dict. de linguistique Larousse)
• Syntaxe : « Étude des règles qui président à l’ordre des mots et à la construction des phrases, dans une langue; (…) » (PRobert 1991)

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

Avant tout, je tiens quand même à vous remercier de me donner une ultérieure occasion de re-dépoussiérer mes connaissances dans ce domaine. J'oublie facilement. Je suis allé jusqu'au bout de la lecture tant de vous messages que du site SFU.

JOURDAN a écrit:
éponymie a écrit:

Raisonnement tordu : il me semble simplement qu'une semi-voyelle est moins libre de s'associer qu'un l ou r qui sont eux-mêmes moins libres que la plupart des autres consonnes. Pourquoi faire de ce constat un argument pour démontrer l'existence de la diphtongue en français ?

Bon, d'après vous, je ne fais que "redécouvrir" dans cet exercice une faculté des SC de ne pas s'associer librement comme les autres consonnes, donc je ne découvre rien. Mais vous êtes vous interrogé suffisamment sur l'émergence de vos semi-consonnes/semi-voyelles ? Déjà pourquoi ont-elles un nom si bizarre si c'est une catégorie bien née ? Ce nom ressemble quand même beaucoup à un nom donné pour se servir de semi-consonne quand ça m'arrange et semi-voyelle le reste du temps ?

Si ce n'est qu'un problème de terminologie, on a discuté récemment ici du nom des accents aigu et grave (farfelus par rapport à l'usage que l'on en fait en français). Je ne me suis pas interrogé sur leur émergence. Mais émergence de quoi ? Quand je lis que votre souci est le nom qu'on leur attribue, je me demande ce qui vous préoccupe. Ce qui pourrait éventuellement m'intéresser c'est de savoir quand ces phonèmes sont apparus. Mais maintenant, ils sont là, et bien là.

JOURDAN a écrit:

La phonologie admet des règles d'association différentes pour les phonèmes, c'est vrai. Chaque langue connait des associations possibles, certaines fréquentes, d'autres rares, d'autres sont exotiques mais présentes, enfin certaines sont "interdites" (dans la langue en question).

Bien dit smile

JOURDAN a écrit:

Mais la pratique phonologique n'est quand même pas de créer une première famille de phonèmes, les voyelles, puis une deuxième, les consonnes, enfin une troisième, les semi-consonnes, pourquoi pas une quatrième ?

Je trouve votre manière de présenter les choses curieuses, on crée ce dont on a besoin et un concept diffère d'un autre suivant des critères plus ou moins objectifs (je sais vous n'avez pas apprécié les miens sur ce coup-là smile ).

JOURDAN a écrit:

Regardons comment s'y prend le site de la Simon Fraser University (un des plus grand sites pédagogique que j'ai trouvé concernant la linguistique; pour moi il est particulièrement intéressant car il a visiblement le projet de séparer la description phonétique et la structuration phonologique)

Mais ce n'est pas vraiment nouveau ça (en tout cas pour ma culture ABC, on apprend énormément sur la phonétique/phonologie/phonématique/etc. ici).

JOURDAN a écrit:

D'abord, les SC sont présentées comme ne se distinguant des voyelles que par leur brièveté

(Dans une autre partie du site (sfu.ca/fren270/phonologie/pdfs/Fren270E … _QUEST.pdf), le professeur repère en fait une variante non-voisée du [w] (pas mal pour une chose qui se prononce comme une voyelle) et demande à ses élèves si c'est un phonème distinct ou une variante contextuelle....

Un coup d'œil à wikipedia montre que les voyelles (donc également les semi-voyelles) peuvent connaitre un dévoisement : mais ce ne peut qu'être contextuel.

Les voyelles, étant par essence portées par la voix, sont naturellement voisées (même s’il leur arrive de subir un processus de dévoisement, c’est-à-dire une atténuation de la vibration laryngale, dans le cas de la parole chuchotée par exemple).

JOURDAN a écrit:

moi il me semble que si cette chose a vraiment la propriété d'être aussi bien voisée que sourde, selon le cas, il faudrait peut-être le signaler dans la description phonétique de départ.

Pas forcément, s'il s'agit de variations. Je ne fais que reprendre le cours

Il faut comprendre que la langue est une suite de sons enchaînés avec relativement peu d’interruptions. Dans la production de ces sons, il est plus facile et normal d’essayer de ne pas produire les sons de façon isolée, mais plutôt d’anticiper la prochaine articulation. Cette anticipation, qui change légèrement la qualité des sons, sera permise à condition que la compréhension du message ne soit pas compromise. Ce phénomène est appelé l’économie des changements linguistiques (Martinet ref here), qui oppose deux types de forces antagonistes :

a) L’inertie des organes phonateurs (force articulatoire)
b) La nécessité de maintenir les sons distincts pour communiquer (discrimination)

La phonétique combinatoire, définie comme l’étude de l’interaction des sons les uns sur les autres, permet de décrire ces variations.

JOURDAN a écrit:

Le professeur demande donc aux élèves si ce sont des "phonèmes" distincts, mais à quel moment a-t-il prouvé que déjà il y avait là des "phonèmes" ?

Quand il s'est amusé à faire ses paires minimales, ce que greg a déjà fait plus haut dans le fil, ce que j'ai aussi fait dans une moindre mesure. Elles sont quand même évidentes.

JOURDAN a écrit:

Assez rapidement, dès la deuxième phrase, les conditions spéciales de combinaison sont brièvement évoquées, elles ne peuvent apparaître que "devant" ou "après" une autre voyelle.

On l'a dit ici aussi.

JOURDAN a écrit:

C'est un mensonge par omission, car les graves problèmes d'association en général de ses semi-voyelles sont passés sous silence. Dans l'exercice cité plus haut sur les variantes "dé-sonorisées" de la semi-consonne w, le professeur ne semble pas remarquer que sa semi-consonne n’apparaît que devant la voyelle a (je parle de ses propres exemples).

D'abord, ce dévoisement est contextuel, donc n'a rien de systématique. Ensuite il me semble difficile de dévoiser une semi-consonne après une voyelle sonore. À moins que les deux ne soient dévoisées. Mais je peux dire une bêtise.

Quels sont donc ces graves problèmes ?

JOURDAN a écrit:

Dans cette approche phonétique, la description "constrictive, orale, dorso-palatale, non-arrondie" pour la première SC, est la MEME que pour la voyelle correspondante (données dans une autre page), mais il n'y a pas de "dissimulation" d'ailleurs elles sont présentées ensemble dans la prononciation entre crochet... [u - w]

ICI nous voyons :

constrictive, dorso-palatale, sonore, orale, non arrondie http://www.sfu.ca/fren270/images/phonetic_signs/pfsvj.gif

et ICI nous voyons effectivement :

père/Pierre, fil/fille, qu’il/quille, fer/fière, scie/siège, pied, aïl, caille, etc.
description : constrictive, orale, dorso-palatale, non-arrondie
http://www.sfu.ca/fren270/images/phonetic_signs/i-j.jpg

mais la description qu'il donne est celle d'une consonne (les semi-consonnes ont ce type de description même si elles sont aussi semi-voyelles). Il est évident que ce ne peut être la dexcription de la voyelle correspondante (Relire le cours).

S'il y a erreur, il n'y a pas incohérence.

JOURDAN a écrit:

les SC (qui se prononcent rappelons le exactement comme des voyelles, seulement plus brèves) sont présentées dans le tableau des consonnes... c'est très fort quand même.

Ce n'est probablement pas exactement la même prononciation (où  avez-vous trouvé ce “exactement” ?) :

De façon générale, les voyelles sont produites avec un écoulement nettement plus libre de l’air à travers l’appareil phonatoire (ICI)

Je crois que la différence entre voyelle et semi-voyelle est là : à un moment donné, ça bloque.

JOURDAN a écrit:

Ensuite, si on saute dans la partie phonologique [ … ] on remarque que les SC sont définitivement devenues des consonnes (dans la liste phonétique), le professeur propose de construire le tableau phonologique à partir de ces sons en trouvant des paires minimales, mais je ne les pas retrouvées dans son tableau final :

http://www.sfu.ca/fren270/phonologie/page4_9.html#start

Alors, comment sont elles devenus des phonèmes, sans rentrer dans le tableau ?

Parce que ces tableaux ne représentent que les occlusives :

http://www.sfu.ca/fren270/images/new_graphs/TDTab1.jpg

et les fricatives :

http://www.sfu.ca/fren270/images/new_graphs/TDTab2.jpg

Et il le dit clairement :

Les traits distinctifs sont utilisés pour opposer soit une suite de sons à une autre, soit un son à un autre. Ils sont basés sur les traits articulatoires. Prenons par exemple le système des consonnes occlusives du français:

il illustre le mécanisme d'opposition d'un son par rapport à un autre. C'est tout.

Il est probable que – en français – tous les sons n'ont pas leur opposé. Hypothèse (à confirmer ou infirmer, le problème n'est pas là) : les glides font partie de ces sons.

CONCLUSION : AUCUNE  de vos objections par rapport aux documents de ce site ne tient la route. Que la notion de glide puisse être contestée, pourquoi pas : ce n'est pas votre tentative de ce fil qui va ébranler l'édifice. Et s'ìl y a des erreurs ou des maladresses, il n'y a pas d'incohérences dans la présentation des concepts.

Encore une fois, merci de m'avoir fourni l'occasion de me documenter de nouveau (c'est un aspect de la langue qui m'intéresse beaucoup mais je n'ai que peu de temps à consacrer à l'étude et la substance qui m'est concrètement utile n'est pas si importante) mais apprenez à lire et soyez rigoureux. Je vous pardonne votre mordante ironie à part ça, je suis parfaitement conscient que je peux la provoquer. Bonne nuit.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

95

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Pour continuer, voici les liens que vous avez donnés dans votre message 87 vers le site de la SFU  :

http://sfu.ca/fren270/phonetique/page3_7.html#start
http://sfu.ca/fren270/phonetique/consonnes.html
http://sfu.ca/fren270/phonologie/page4_2.html#start
http://sfu.ca/fren270/phonologie/page4_9.html#start
http://www.sfu.ca/fren270/phonologie/pd … _QUEST.pdf

Le seul qui fonctionne, c'est le dernier (le pdf). J'ai essayé avec IE et Opéra. J'ai aussi essayé de réduire l'URL, rien.

Quand vous rédigez un message vous ne vous donnez la peine ni de signaler correctement les citations des autres messages, ni de vérifier vos liens. Vous allez dire que je démolis pour le plaisir de démolir ?

Tous ces liens FONCTIONNENT, ah pardon pour les citations, j'ai du mal avec ce système de citation, quote truc.

96 Dernière modification par JOURDAN (27-06-2012 05:10:10)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

J'attendais des réponses pour le français, vous vous en doutez bien :


Il y a aussi des mots qui change radicalement de sens (et de famille), il faudrait que je retrouve certains exemples fameux de problèmes de traduction. Mais ce n'est pas vraiment le sujet.

J'ai donné des exemples pour le français, que vous avez vous-même repris.

éponymie a écrit:

k / t / r quatuor, quatre, quatrième, quatorze, quatorzième, quatrain, quaternaire

k / d / r  quadriller, quadragénaire, quadrupède, quadruple, quadrilatère, quadrige, cadran, cadre, cadrer, encadrer, escadre, escadron, escadrille, cadrage

k / r  quart,  écart, équarrir, square, carré, carrefour, carrière, carême, carreau, carrelage, carrure, carillon, carnet, bécarre, écarquiller, contrecarrer, équerre

k / r / t quarte, quartier, quartette, quarteron,  écarter, écartement, incartade, quarante, quarantaine, quarantième

k cahier, caserne

k / d escouade

Sur 51 mots, ce qui saute au yeux c'est le ka que l'on retrouve partout sauf dans équerre. Dans escouade d'origine espagnole, il est camouflé.

Quelle est la charpente ?

très belle liste, merci. Donc cahier, caserne et escouade seraient de la famille de quatre. Je vais vérifier, comme je vérifie un peu tout, mais je vous crois volontiers. Bien sûr dans une langue comme le français, il y a de nombreux mots exotiques, ou qui sont arrivés par une voie détournée (y compris de nombreux mots savants qui ont été pris directement au latin où au grec et dont la formation n'est donc pas "régulière").

Oui, je suis d'accord avec vous, il y a une "tendance" vers les sons [ka], mais surtout il y a une "charpente" consonantique KTR, ou KRT (la métathèse n'est pas un processus linguistique inconnu). KDR n'est pas différent de KTR, la correspondance entre [t] et [d] étant juste une question de sonorisation, pensez à la liaison de "grand".....KR et KD s'expliquent par la perte de la dernière consonne, commune en français (tour est un mot de la famille de tourne).

Je ne veut pas construire une théorie de la racine consonnantique en indo-européen, d'ailleurs en cherchant, cela doit exister. Je voulais juste dire que si tout d'un coup, au milieu de cette liste, on avait un mot KMTR, ou KVTR, je serais très étonné.

éponymie a écrit:

Et pour reprendre votre exemple du vivant (je suppose que c'est l'exemple qui va bien : je me suis contenté de l'illustrer) :

alevin
élevage
élève
enlever
laver
lavure
levain
lever
levier
louve
lover
olive

comment commentez-vous ces listes ? Quel élément supplémentaire apportez-vous par rapport à ce que l'on croit habituellement savoir sur les familles de mots ?

Euh, cette nouvelle liste me parait beaucoup plus fantaisiste, à première vue, je crois comprendre que vous avez rassemblé tout un tas de mots qui ont la même ossature consonnantique. Pour prouver quoi ?

Un peu de logique, dire que A>B, celà n'implique jamais que B>A. Donc dire que les mots de même famille ont en général une ossature, ou une charpente, consonantique bien conservée (dans laquelle toute modification bizarre serait suspecte) n'a jamais voulu dire qu'inversement, deux mots ayant les mêmes consonnes appartiennent à la même famille.

Je suis surpris que vous essayiez de me tendre un piège aussi grossier. L'élément supplémentaire, par rapport à ce "qu'on croit savoir", c'est que modifier la structure d'un mot, ce n'est pas anodin. C'est une hypothèse qui a un coût. Penser que "trois" est formé des phonèmes /trwa/ a un coût, celui d'introduire dans la famille en question une consonne qui ne se trouve pas ailleurs, qui n'a pas de justification étymologique.

97

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Très bien. Que faites-vous donc de ce voyage ? Je suppose que c'est liée à ce que vous appelez la charpente des mots.

Qu'est-ce qui est erroné ? Le système semi-voyelle/consonne + voyelle + consonne je suppose :

Bien, si ce système ne vous satisfait pas

- je ne "fais" rien de votre "voyage", c'est votre exemple. Voyez aussi plus bas ma réponse pour "pet".

- nous discutons, mais ne "supposez" pas à ma place. Le système voyelle/consonne est bien établi, dans les langues indo-européennes en tout cas (l'étendre sans précaution à n'importe quelle langue n'est pas aussi sûr). C'est avant tout un système DESCRIPTIF. Comme Martinet le souligne, une habituelle consonne peut jouer, ça et là, le rôle de voyelle, soit le sommet d'une syllabe, comme il dit. Inversement, une voyelle peut bien sûr, notamment à proximité d'une autre voyelle plus ouverte, "jouer" le rôle d'une consonne. Maintenant, du point de vue structural, celui de la phonologie, la langue est faite de phonèmes, point. Leur job, c'est de s'opposer les uns aux autres, pas de tomber d'un côté ou de l'autre de l'opposition absolue de consonne ou de voyelle, qui est seulement commode, mais pas complètement étanche. J'admets donc parfaitement le système voyelles/consonnes, tant qu'il n'a aucune prétention linguistique exagérée. Et c'est pour ça que l'introduction d'une catégorie supplémentaire est d'autant  plus suspecte, à mes yeux, surtout si on veut lui donner un pouvoir analytique qui n'est déjà pas dans les deux premières. Donc le système me satisfait, à condition de ne pas lui faire dire ce qu'il ne dit pas.

éponymie a écrit:

C'était une représentation qui convenait à mon sens critique. Démolissez-là clairement puisque vous avez assimilé vos sources. Que faites-vous de  PET, PIED,  MÂLOT et  MAILLOT ?

Je ne démolis rien, vous me demandez d'employer le système des "quote". Je m'y efforce. Moi je vous demande d'employer le système établi par les linguistes. Que voulez vous faire ? Ecrire pet, pied, etc. en notation phonétique ? Employez les crochets et la notation API !

98

Re : les diphtongues

http://www.sfu.ca/fren270/images/new_graphs/tab1.jpg

Faut-il "quoter" l'image aussi ?

Bon le dessin est très joli, en première approche pourquoi pas, si le but est de montrer aux étudiants que de même que les mathématiques sont formées de l'arithmétique, de l'algèbre, de la géométrie etc., la linguistique est formée de différentes spécialités.

Maintenant au niveau théorique, ce schéma me pose un problème, en particulier au niveau de la cohabitation phonétique/phonologie, qui est nécessairement plus intime que celui entre sémantique et phonétique par exemple. Peut-être qu'il y aurait moyen de faire un schéma plus "structuré". On en profiterait pour avertir les élèves de certaines frontières. Par exemple, l'élève en karaté apprend le premier jour que lorsqu'il pénètre sur le tatami, il doit saluer le maître, avoir retiré ses chaussures et changé de vêtements, bien sûr. Je crois que c'est un peu moins connu mais que le linguiste, élève ou maitre, doit être averti que lorsqu'il pénètre sur le tatami phonologique (en venant notamment du parquet phonétique qu'il y a autour), il doit aussi se "changer" et ne plus se référer aux mêmes règles. En dehors de ce schéma, le site de la SFU est plutôt meilleur que bien d'autres de ce point de vue, avec communication mais aussi séparation entre phonétique et phonologie.

99 Dernière modification par JOURDAN (27-06-2012 09:07:54)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Si ce n'est qu'un problème de terminologie, on a discuté récemment ici du nom des accents aigu et grave (farfelus par rapport à l'usage que l'on en fait en français). Je ne me suis pas interrogé sur leur émergence. Mais émergence de quoi ? Quand je lis que votre souci est le nom qu'on leur attribue, je me demande ce qui vous préoccupe. Ce qui pourrait éventuellement m'intéresser c'est de savoir quand ces phonèmes sont apparus. Mais maintenant, ils sont là, et bien là.

Non, vous pouvez parler de sons, si vous voulez, mais pas poser des phonèmes en disant qu'ils sont là parce qu'ils sont là. Toute la phonétique est basée sur l'observation. Mais toute la phonologie est construite sur l'idée de démonstration. En ce qui concerne les semi-consonnes, je ne suis pas vraiment "préoccupé" du nom qu'on leur attribue, ou de la manière dont ils sont apparus, je suis plutôt préoccupé de savoir comment raisonnent les gens qui les ont créées et qui leur donnent des noms pareils, et de quelle portée théorique exactement il veulent les affubler. Les semi-consonnes ne me "préoccupent" nullement, tant qu'elles restent phonétiques en fait.

éponymie a écrit:

Bien dit smile

merci, ça fait plaisir

éponymie a écrit:

Je trouve votre manière de présenter les choses curieuses, on crée ce dont on a besoin et un concept diffère d'un autre suivant des critères plus ou moins objectifs (je sais vous n'avez pas apprécié les miens sur ce coup-là smile ).

Il ne s'agit pas de MA manière, mais de celle de la SFU. Je constate une présentation floue et peu justifiée dans la partie phonétique. Les vôtres, je ne sais plus desquels vous parlez, avec tous ces quotages, j'ai la tête qui tourne.



éponymie a écrit:

Mais ce n'est pas vraiment nouveau ça (en tout cas pour ma culture ABC, on apprend énormément sur la phonétique/phonologie/phonématique/etc. ici).

Si, je pense que ce site est plus structuré que la moyenne. Cette séparation est difficile à trouver dans la plupart des définitions, des introductions à la linguistique.


éponymie a écrit:

Un coup d'œil à wikipedia montre que les voyelles (donc également les semi-voyelles) peuvent connaitre un dévoisement : mais ce ne peut qu'être contextuel..Pas forcément, s'il s'agit de variations.

Bof, le chuchotement est marginal. Très marginal. Dans le chuchotement, les voyelles perdent leur voix, mais surtout le système phonologique s'effondre pour des langues comme la nôtre, plus de différence entre Pierre et bière... Donc pour INTRODUIRE, pour PRESENTER les semi-consonnes, il serait bon de partir de quelque chose de SOLIDE. Rappelez vous : ce sont de pauvres étudiants ! Bon, n'allons pas plus loin, si vous voulez, gardez juste en mémoire que le site présente les SC en se référant aux VOYELLES (aussi dans notations phonétiques du bas de la page, comme je l'ai déjà fait remarqué).

Merci pour votre citation de Martinet, je la connais. Je suis un grand admirateur de Martinet, et aussi un grand critique. Mais notons bien sa visée phonétique dans ce passage, non phonologique.

éponymie a écrit:

Quand il s'est amusé à faire ses paires minimales, ce que greg a déjà fait plus haut dans le fil, ce que j'ai aussi fait dans une moindre mesure. Elles sont quand même évidentes.

Non, à aucun moment il ne prouve l'existence de ces phonèmes par des oppositions de paires minimales, d'ailleurs il les présentent lui-même comme des variations dans sa partie phonétique. S'il écrit [u-w] c'est qu'il voit bien phonétiquement le son [ici la lettre u] et le son [w] comme des variations du même son, pas comme des oppositions.  En suivant votre lien, on arrive bien dans la partie phono, mais il redonne juste une liste de sons (entre crochets) qui n'ont nullement le statut de phonème encore (l'astuce, comme je l'ai déjà dit, c'est que [u, i, y] sont restés dans la liste des voyelles, tandis que  [w, j, truc] ont sauté chez les consonnes). Il se propose seulement de trouver les phonèmes en applicant la technique en question, c'est donc 'l'évocation" de la technique des paires minimales que je vois, mais nulle part des paires minimales pour opposer les SC à leur voyelle d'attache, ou à une autre voyelle ou encore à une consonne.

J'ai déjà montré pourquoi la technique des paires minimales, utilisée sans précaution, pouvait être comparés à un raisonnement circulaire, voire à une anticipation du résultat, du type : pince mi et pince moi sont sur un bateau, pince mi tombe à l'eau, qu'est-ce qui reste ? :

Si vous prédécoupez un mot en "prétendus" phonèmes (alors que vous n'avez fait qu'une observation phonétique), tout découpage ultérieur de ce mot ne pourra que mettre en évidence les "phonèmes" que vous avez DEJA introduits dans la notation de départ. La technique des paires minimales ILLUSTRE le développement syntagmatique de base de la parole, et montre à l'étudiant comment les phonèmes commutent. L'idée qu'elle peut servir, à elle toute seule, à les mettre en évidence, est fausse. Cela a été démontré par CAO, mais beaucoup de profs d'universités continuent apparemment à y croire. Dans la vraie pratique, le linguiste ne peut commencer à "commuter" les sons le lendemain de son arrivée sur le terrain, il doit d'abord "apprendre la langue".

"Elles sont quand même évidentes" n'est pas un bon raisonnement critique. Il est même pas mal circulaire, lui aussi.

Je veux bien faire l'effort de quoter, mais je préférerais travailler sur des points réduits à un paragraphe. Quoter et déquoter  les romans fleuves est éreintant. A moins que ça soit gênant de multiplier les posts ?

100 Dernière modification par JOURDAN (27-06-2012 07:27:28)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Avant tout, je tiens quand même à vous remercier de me donner une ultérieure occasion de re-dépoussiérer mes connaissances dans ce domaine. J'oublie facilement. Je suis allé jusqu'au bout de la lecture tant de vous messages que du site SFU.


Je vous en prie.


éponymie a écrit:

Quels sont donc ces graves problèmes ?

Vous les connaissez, simplement vous vous y êtes habitué,  mais je vous les rappelle gracieusement :

- difficultés méthodologiques pour les définir phonétiquement (j'ai rappelé la nature descriptive de l'opposition consonne voyelle, qui devrait suffire)
- schizophrénie assez nette à propos de leur devenir phonologique (je remarque toutefois que si on s'est déjà habitué à les considérer tantôt comme des voyelles, quand ça va bien et tantôt comme des consonnes, quand c'est plus pratique, alors il devient plus facile probablement de pouvoir les considérer tantôt comme des variations du même phonème, tantôt comme des phonèmes distincts)
- grandes difficultés combinatoires (le professeur fait un exercice où son phone [w] n’apparaît que devant [a])
- pas de commutation avec la plupart des autres phonèmes (difficulté pour trouver des exemples), consonnes ou voyelles.
- perturbations morphologiques
- les contrepéteux, toujours si désireux de décaler les sons que débite notre bouche, ne semblent pas voir la connection si évidente que vous trouvez entre doigt et drap. Un comble pour des spécialistes du choix dans la date !

éponymie a écrit:

mais la description qu'il donne est celle d'une consonne (les semi-consonnes ont ce type de description même si elles sont aussi semi-voyelles). Il est évident que ce ne peut être la dexcription de la voyelle correspondante (Relire le cours).

S'il y a erreur, il n'y a pas incohérence.

what ? il y a une erreur ? prière de me signaler où est l'erreur (que je la distingue des incohérences), merci. Il aurait décrit les trois semi-consonnes avec les mêmes traits que leurs trois voyelles ("correspondantes") PAR ERREUR ? Je veux bien relire tout ce que vous voulez, mais là je relis vos phrases et je ne les comprends guère...

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