P'tit prof a écrit:Il est on ne peut plus naturel, quand on fait de la phonétique historique de suivre la chronologie des faits : un son était dans la langue, il n'y est plus. Quel autre verbe que disparaitre voulez-vous utiliser ?
Bref, si Niedermann est dépassé à vos yeux, je pêche cette définition dans un ouvrage daté de 1996 (Le latiin, de l'initiation à la pratique, grammaire différentielle, Martine Furno, Sandrine Boularo) :
au, eu, ae, oe, sont des diphtongues, c'est-à-dire des unités vocaliques où les deux sons se fondent mais restent perceptibles : on lit [au], [eu ] [ae ] [oe ]avec un léger accent sur le premier des deux phonèmes.
Cependant, la phonétique du latin n'est pas la question, encore que d'un point de vue diachronique, je m'étonne que l'on se lance dans la phonétique du français en ignorant d'où il vient.
Une fois de plus, je n'ai pas reproché à Niedermann de voir des disparitions, je lui ai reproché de ne voir (apparemment) QUE des disparitions, mais c'était superficiel, je suis près à le reconnaître.
Niedermann, dépassé, je n'en sais rien, pour l'analyse des évolutions phonétiques en latin, peut-être que ça a été et que ça reste le meilleur, ce que j'ai dit, et ce que je redis, c'est que c'est hors sujet.
Maintenant, vous passez à ces dames, Furno et Boularo, qui nous parlent aussi du latin, très bien, on va finir par en savoir un maximum sur le latin. Eh bien que puis-je vous dire, à la lecture de cette simple phrase, je pourrais me lancer dans l'idée d'aller voir sur internet si je ne trouve pas l'ouvrage, mais j'ai peur que l'heure de mes posts trahisse la légèreté de mes analyses...
En attendant, je vous dirai seulement que la définition de ces dames, pour "diphtongue" me parait insuffisante et inutilisable :
qu'est-ce qu'une "unité vocalique" ? qu'est-ce qu'un "son" ? Qu'est-ce que "se fondre mais rester perceptible" surtout ?
La définition de ces dames pose plus de nouvelles questions qu'elle n'en résout d'anciennes, mais je crois deviner que leur propos est plutôt, dans cette phrase, de fournir une explication à la prononciation du latin, à l'usage de l'étudiant que de définir quoi que ce soit, la diphtongue en latin, ou en général.
J'en arrive à votre avant-dernière phrase, la phonétique du latin n'est pas la question, je ne vous le fait pas dire, mais c'est vous qui nous avez embarqué dans cette direction, en semant le doute avec votre citation de Niedermann, dont j'ai cru un bref instant qu'il s'agissait de la piste de cette démonstration tant évoquée, mais jamais trouvée, de la disparition des diphtongues en "français moderne".
Pour finir, je ne me "lance" pas dans la "phonétique", car je ne fais pas de "phonétique", je fais de la phonologie, c'est différent. Vous vous demandez comment on peut travailler en "ignorant", quelle coïncidence, moi-aussi quelquefois, je sens que cette constatation va nous rapprocher. J'ai constaté souvent que les phonéticiens "ignorent" les bases de la phonologie, tout en employant abondamment ses outils, comme le mot "phonème" dans la phrase de Furno et Boularo
Je "n'ignore" pas que le français moderne a été précédé par d'autres formes, immédiatement le français moyen il me semble. Donc à mon avis, si vous voulez comprendre en diachronie, comment nous sommes parvenus au système actuel, c'est au français moyen qu'il faut vous attaquer, pas au latin.
Toutefois, à mon humble niveau, je ne cherche pas à devenir demain un spécialiste du français moyen car mon idée est que des informations utiles à l'analyse du français d'aujourd'hui se trouvent amplement dans le panorama des formes dialectales des mots, à l'intérieur de la langue d'oïl déjà, dans les dialectes arpitans ou occitans plus éloignés ensuite et même dans des langues encore un peu plus éloignées comme le castillan ou l'italien.
Par exemple, on ne peut pas étudier les différentes formes du verbe "mouvoir" avec sa "racine" qui est quelquefois "meu" sans s'apercevoir (au moins) qu'en castillan, le même verbe mover, son cognat disons, a des formes diphtonguées comme "mueve". A partir de là on peut un peu imaginer comment des diphtonguaisons se sont produites dans ce mot en roman, à partir d'un mot latin qui ne devait pas en contenir, si je ne m'abuse, et comment elles ont finalement disparu en français, et tout ça sans connaitre exactement la phonétique du latin et les détails du moyen français, sans parler de l'ancien.
Autrement dit, même si on n'est pas dans une approche diachronique au départ, dès qu'on s'aperçoit qu'il y a une multitude de formes actuelles, et qu'on comprend qu'elles sont issues de la même forme ancienne, on a bien une vision évolutive. C'est ce qui est arrivé à Darwin, quand il a étudié les différents pinsons des Galapagos, sans voir aucun de leurs ancêtres, il a compris comment ces wasos avaient évolués et s'étaient différentiés. En ne voyant que les oiseaux synchroniques, il a "vu" les oiseaux diachroniques...
Bien sûr, si Darwin avait eu une machine à remonter le temps, il aurait pu "revenir" aux Galapagos, 1 millions d'années avant, 2 millions d'années, etc. pour vérifier sa théorie. Bien sûr, si j'étais immortel, je me lancerais immédiatement dans l'étude de la phonétique du latin (en prenant soin que mon temps de lecture affiche un total sérieux), de l'ancien français, du moyen français, etc.
Ce n'est pas ce que je fais, je cherche une définition de la diphtongue qui soit scientifique, l'étude phonétique ne le permet pas, sinon tout le monde serait déjà d'accord, seule une définition phonologique peut permettre d'arriver quelque part.