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Le forum d'ABC de la langue française

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gb, vous êtes une mine précieuse d'information ! smile Merci infiniment...

http://smilies.myioff.net/anbet2.gif

6

Andreas a écrit:

Le texte cité suivant est un extrait du chapitre La Renaissance de ce livre et concerne les néologismes:

Les créations de mots obéissent à des normes précises de dérivation et de suffixation. La dérivation impropre est prônée par la Pléiade, qu'il s'agisse de l'emploi de l'infinitif ou de l'adjectif substantivés (le chanter, l'obcur) ou de l'adjectif pour l'adverbe (il va frequent).
(p. 143)

Et voici ma question: Pourquoi la Pléiade a-t-elle vanté tellement ces néologismes (qui me paraissent aujourd'hui un peu ridicule) ? J'ai cru qu'on aimait recourir plutôt aux mots latins et grecs dans la Renaissance...

L'objectif de la Pléiade en matière de lexique, c'est un enrichissement par tous les moyens (défense, ornement, amplification) : emprunts aux langues locales, emprunts aux langues techniques, emprunts au vieux français, emprunts aux langues anciennes (la Défense lutte contre la prééminence du latin et du grec) + dérivations, provignement à partir des mots gagnés. D'où des critiques : enrichissement peu regardant, fait sans logique, modèle latin ou grec trop visible, etc. Au siècle suivant, avec Vaugelas, et d'autres, c'est l'épuration : les mots sont pesés, discutés, évalués et beaucoup sont rejetés (pas perdus pour tout le monde puisque certains se retrouvent dans le burlesque).

L'idée que «Les créations de mots obéissent à des normes précises de dérivation et de suffixation» me semble douteuse : peut-être en espéranto, mais en français, ça m'étonnerait. Et je ne pense pas que la Pléiade ait été une machine à faire des mots, n'importe comment (penser que ce sont des poètes) : la création des mots est le sujet de nombreux discours théoriques : arts poétiques divers, préfaces, pamphlets, discussions.

Pas que Du Bellay à connaître : Ronsard (préface à la Franciade notamment) est important. Pelletier du Mans aussi. Voir cette étude (pdf) assez claire sur la création des mots, qui aborde la dérivation impropre de la Pléiade (p.27) : http://www.collectionscanada.ca/obj/s4/ … q24955.pdf

Voir aussi sur gallica (pdf) La langue de la Pléiade de Marty-Laveaux, 1896 (qui tend à montrer qu'il n'y a pas peut-être pas tant de vrais néologismes que ça), dont j'extrais ces deux images :

http://www.languefrancaise.net/public/index.php?thumbnail=forum%2Fdu+bellay+marty+laveaux1896-1.png
http://www.languefrancaise.net/public/index.php?thumbnail=forum%2Fdu+bellay+marty+laveaux1896-2.png

5

Andreas :

Pourquoi la Pléiade a-t-elle vanté tellement ces néologismes (qui me paraissent aujourd'hui un peu ridicules)?

Je m’étonne que vous trouviez cela ridicule, alors que ces possibilités existent très largement en allemand. En particulier, on peut en allemand, sans que cela paraisse artificiel ou forcé, substantiver l’infinitif d’un verbe, pour en faire un nom neutre, pouvant fonctionner en tant que tel et de plein exercice dans la phrase, c’est-à-dire pouvant, le cas échéant, être qualifié par un adjectif, précédé d’un possessif, etc. Cette faculté de substantiver concerne tous les verbes (sauf exceptions, mais je n’en vois pas pour le moment), y compris des verbes complexes: on dira das Essen, et aussi, p.ex. das geduldige Sichbeschimpfenlassen, etc. Même chose en néerlandais, même si la substantivation de verbes complexes est plus inhabituelle. L’espagnol aussi permet cette substantivation, on dira p.ex. el bajarse música. Tous ces infinitifs substantivés expriment l’action en cours, non le résultat de cette action (au contraire de mots comme intégration en français, lequel peut désigner aussi bien l’action d’intégrer que le résultat de cette action, soit le fait d’être intégré).

En français, on relève parfois ce type de substantivation, mais elle est beaucoup plus rare qu’en allemand, et appartient en général à la langue littérature. J’ai noté entre autres:

«La barbe du fakir ondulait doucement sous l’effet de pensers indicibles.» (R. Queneau, Pierrot mon ami, Pléiade p. 1120, Folio p. 46).

«Ce bain de jouvence qu’est le dormir» (André Gide, cité dans le Petit Robert à l’art. ‘jouvence’).

«Vous rencontrez une jolie femme dans la rue ou dans le métro, vous lui faites de l’oeil et vous lui pincez le gras du bras, pour supposer. Si vous avez eu la manière et si elle se sent des vouloirs, elle ne viendra pas vous demander votre état civil, n’est-ce pas?» (M. Aymé, Knate, Nouvelles complètes, Quarto p. 492).

«Aucun calculer ne leur fut ce jour-là nécessaire pour retrouver leur ligne.» (P. Chamoiseau, Texaco, Folio p.22 ; d’ailleurs, beaucoup de cas trouvés dans ce livre. Chamoiseau évoque aussi quelque part les puissantes ressources «de l’insulter créole»).

Dans la langue parlée ou dans la langue écrite ordinaire, où l’infinitif substantivé est fort rare, on a recours à des dérivés en –age ou –ment (formatage, téléchargement) ou à des constructions du type le fait de, l’action de, l’acte de, etc. Une fois de plus, il nous manque ici un passe-partout (pour reprendre le mot de Pierre Enckel), comme dans le cas des adjectifs dont il n’est pas toujours possible de créer le substantif de qualité correspondant (cf. trapu, ou le mot praticité dans un fil plus ancien).

4

Effectivement, votre question est difficile, et des spécialistes seront plus à même de vous éclairer. smile

3

Merci de ce lien, Bounigne.

Bon, je sais maintenant un peu plus sur la Pléiade - et ma question démeure, malheureusement. sad
Les textes sur le site donné fortifient mon impression sur l'imitation de l'antiquité et contredisent au livre de Mme Huchon.

J'ai lu un peu dans Défense et illustration de la langue française (Joachim du Bellay) et il me faut dire que Bellay (qui a fait partie de la Pléiade) y favorise largement l'imitation des grecs aux néologismes « domestiques » - même s'il met un accent sur une imitation soutenue / élevée.

Je n'ai rien trouvé sur ces dérivations « prônées par la Pléiade », comme écrit Mireille Huchon. Peut-être je devrai prendre le train pour Paris pour la questionner elle-même... wink

2

Bonjour Andreas !
Si la Renaissance se caractérise en effet par la redécouverte de l'art de l'antiquité, les mouvements artistiques, scientifiques ... vont souvent plus loins qu'une simpe imitation. La Pléiade, notamment, avait des influences très modernes ( pour l'époques ! ) et a contribué à l'évolution du français.

Plus d'éléments ici : http://www.site-magister.com/pleiade.htm

1

Bonjour à toutes et à tous et bonne ascension ! big_smile

Après avoir négligé mes livres pendant plusieurs semaines, j'ai repris aujourd'hui la lecture de mon « Histoire de la langue française » (Mireille Huchon) - vous êtes donc prévenu... wink

Le texte cité suivant est un extrait du chapitre La Renaissance de ce livre et concerne les néologismes:

Les créations de mots obéissent à des normes précises de dérivation et de suffixation. La dérivation impropre est prônée par la Pléiade, qu'il s'agisse de l'emploi de l'infinitif ou de l'adjectif substantivés (le chanter, l'obcur) ou de l'adjectif pour l'adverbe (il va frequent).
(p. 143)

Et voici ma question: Pourquoi la Pléiade a-t-elle vanté tellement ces néologismes (qui me paraissent aujourd'hui un peu ridicule) ? J'ai cru qu'on aimait recourir plutôt aux mots latins et grecs dans la Renaissance...