Serait-ce une histoire de définition ?
Effectivement cette chute de la voyelle finale (parfois de la syllabe finale) n'est pas assimilable à une apocope tel qu'on l'entend en français : comme pour "un bel homme" en français, il s'agit d'euphonie. Tout comme il arrive d'ajouter un d à e, o et a devant une voyelle.
On met un même mot - apocope - sur deux phénomènes très diffèrents; d'ailleurs l'italien parle de troncamento pour les cas que tu donnes, tout en connaissant par ailleurs le terme apocope. Comme le signale les grammaires de l'italien (dont celle de François Revardeaux), l' "apocope" italienne obéit à des règles assez bien définies, le mot change de forme sous certaines conditions. C'est la terminologie française pour parler de l'italien qui pêche.
L'apocope française est inconditionnée, irraisonnée, souvent systématique et n'entre pas dans les grammaires de base au contraire de l'italien. C'est ce que percevait bien iMario lorsqu'il a lancé le fil : il ne lui est pas venu à l'idée de comparer le phénomène français à la "troncation" italienne.
P.S. : Oliglesias était réticent à admettre que l'apocope soit un produit du langage familier, alors l'argot...
Effectivement, il ne faut pas confondre ces deux phénomènes.
Sinon, je voudrais préciser que je considère l'apocope (dont on parle dans ce sujet) ou la troncation (pour être plus clair) comme un phénomène naturel, effectivement, probablement plus utilisé dans les différents argots mais qui ne se limite pas à ceux-ci.
Le mot "ciné" (double troncation: cinématographe > cinéma > ciné) en est un exemple.
Il faut préciser aussi que souvent on se retrouve avec des "doublons" où le mot tronqué apporte souvent une nuance présentant un référent plus "concret". Prenons comme exemple le mot "manifestation": il a deux acceptions
(voir http://www.cnrtl.fr/lexicographie/manifestation )
La seule qui puisse être tronquée est la deuxième. La première ne peut pas l'être.
Si on prend d'autres mots (les maladies par exemples), on voit bien que, bien que leur emploi soit "familier", ces apocopes permettent d'introduire une nuance. Dire d'une personne qu'elle est "schizo" ne veut pas dire que cette personne souffre de "schizophrénie".
Par contre, on peut aussi observer l'apparition de tout un tas de mots tronqués dans certains sociolectes (ou argots) comme par exemple chez les étudiants (prof, dissert, compo, exam, etc.)