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Le forum d'ABC de la langue française

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La faute d'Hermant, c'était de pas reconnaître la force de l'usage et de s'en tenir seulement à des règles  arbitraires, celles de « l'honnête homme » du début du XX[sup]e[/sup] siècle, éclairé par le bon ton mais guère par ses connaissances linguistiques insuffisantes. Hermant s'arc-boutait souvent à des formules périmées, même si l'usage général les avait abandonnées ; l'erreur de tous ne constituait pas la vérité à ses yeux !
Plus précisément sur cette question de "très", sa position est celle de toute l'Académie de l'époque, dans la 8e édition, contemporaine de la Grammaire :

Très, adv. Beaucoup, au plus haut point; il marque le superlatif absolu et ne s'emploie que devant un adjectif, un participe pris adjectivement ou un adverbe. Un homme très bon. Il est très connu. Très bien. Très fort. Très peu. Il a agi très sagement.

Pas devant un nom ! La question avait déjà été discutée dans d'autres dictionnaires (cf. Lavaux et Littré).
On verra ce que dira la 9[sup]e[/sup] édition.
Les très nombreuses chroniques d'Hermant qu'il publia dans divers quotidiens sous le pseudonyme Lancelot sont très drôles à lire, même si l'avenir lui a donné tort sur bien des points.

4

Merci GB. En plus, j'ai appris depuis ceci sur la page de Wikipedia consacrée à l'Académie française http://fr.wikipedia.org/wiki/Acad%C3%A9 … %C3%A7aise :

Des exclusions peuvent être prononcées par l'Académie pour de graves motifs, notamment entachant l’honneur. Ces exclusions au cours de l’histoire ont été rarissimes. Plusieurs furent mises en œuvre après la Seconde Guerre mondiale pour faits de collaboration : Charles Maurras, Abel Bonnard, Abel Hermant, Philippe Pétain.

Même si Abel Hermant et sa grammaire sous égide de l'Académie française avaient fait autorité avant 1945 - ce qui n'est donc heureusement pas le cas -, ils l'auraient de toute façon complètement perdue ensuite.

L’Académie n'a pas voulu se déjuger, toutefois elle se déjuge un peu quand même en ne citant pas sa propre grammaire (le TLFi à très) http://www.cnrtl.fr/definition/tr%C3%A8s :

E. ? [Empl. improprement dans une loc. verb. formée d'un auxil. ou d'un verbe support (avoir, être, faire, prendre...) et d'un subst. abstr. désignant des [,,]sensations ou des sentiments à l'état brut: faim, soif, froid, chaud, sommeil, mal, peur, envie, plaisir, honte, hâte...`` (G. Moignet, op. cit., p. 154); empl. critiqué] Un jour, elle se retrouva dans son lit, bien faible, ayant très faim (A. France, Jocaste, 1879, p. 74). Il faut que nous fassions très attention, il faut que nous soyons très prudents (Guitry, Veilleur, 1911, iii, p. 19).

Je suis encore d'accord avec ce que dit Verbum. C'est la langue qui dit sa logique, d'autres je crois l'ont déjà rappelé sur ABC. Ici, l’excès de purisme tend clairement à nier la langue.

3

Grevisse ne voit pas vraiment d'inconvénient à cette syntaxe : « L'usage actuel permet, surtout dans la langue parlée ou familière, d'employer très devant un nom abstrait sans article, intimement uni au verbe et formant avec lui une locution verbale [se faire très mal ; avoir très peur ; avoir très froid ; prendre très garde aux paroles ; avoir très soif ; faire très attention (etc.)] » ; avec cette note, à propos précisément de la Grammaire de l'Académie étrillée par Brunot : « La Grammaire de l'Académie et les puristes protestent contre cet usage et veulent que l'on dise : J'ai grand-faim. J'ai grand besoin de..., etc. — À observer que le Dictionnaire de l'Académie, au mot faim, explique ainsi mourir de faim : “signifie figurément, Avoir extrêmement froid”.»

Bref, Hermant n'est pas une référence.

2

Salut yd,

Regretter qu'on dise couramment telle ou telle chose, c'est refuser la base même du langage : un code naissant de l'usage.  Une expression commence par choquer, puis  on l'utilise pour l'effet comique ou choquant, puis elle entre dans la conversation et finalement elle s'impose dans la langue « correcte ».

Toutefois, le respect de la langue, qui, après tout,  fait partie de notre patrimoine, nous impose d'accueillir la nouveauté avec circonspection. Il convient d'observer les locuteurs et écrivains dont le bon goût a été reconnu. C'est ce qu'a fait Maurice Grevisse avec le succès qu'on connaît.

Il faut aussi tenir compte des niveaux de langage : la langue familière de la conversation accueille plus facilement la nouveauté que la langue littéraire.

Enfin il faut se méfier de ceux qui font appel à la logique pour condamner. La langue a sa propre logique que la logique ne connaît pas.

Verbum

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Le DHLH, encadré consacré à l'Académie française, signé T. Hordé :

L’article 26 des statuts du 22 février 1635 prévoyait que l’Académie fournirait au public un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique. Les deux derniers ouvrages ne connurent pas même un commencement. Pour la grammaire, la Compagnie n’en publia une sous son nom qu’en 1932, rédigée pour l’essentiel par un de ses membres, Abel Hermant, auteur de chroniques conservatrices sur la langue. Bien qu’elle ait été à l’époque un succès de librairie, cette Grammaire ne s’est pas imposée ; sans reprendre le ton polémique de Ferdinand Brunot qui résumait ainsi son point de vue : « Le papier en est beau, l’impression nette », on ne peut que constater le caractère sommaire et périmé des descriptions et la volonté d’imposer une norme qui tient peu compte du français vivant (« On dit, mais on ne devrait pas dire : j’ai très soif »).

Je suppose qu'Abel Hermant préférait j'ai grand soif ou j'ai grande soif : d'autres avis ? Avait-il forcément tort de refuser j'ai très soif ?

Mais sans se limiter à cet exemple, je pense qu'on trouvera à soumettre dans ce sujet beaucoup de formulations parfaitement reconnues et pourtant susceptibles d'être contestées. Si on devait renoncer à j'ai très soif, on devrait encore renoncer par exemple à j'ai très sommeil : ça va loin.