La faute d'Hermant, c'était de pas reconnaître la force de l'usage et de s'en tenir seulement à des règles arbitraires, celles de « l'honnête homme » du début du XX[sup]e[/sup] siècle, éclairé par le bon ton mais guère par ses connaissances linguistiques insuffisantes. Hermant s'arc-boutait souvent à des formules périmées, même si l'usage général les avait abandonnées ; l'erreur de tous ne constituait pas la vérité à ses yeux !
Plus précisément sur cette question de "très", sa position est celle de toute l'Académie de l'époque, dans la 8e édition, contemporaine de la Grammaire :
Très, adv. Beaucoup, au plus haut point; il marque le superlatif absolu et ne s'emploie que devant un adjectif, un participe pris adjectivement ou un adverbe. Un homme très bon. Il est très connu. Très bien. Très fort. Très peu. Il a agi très sagement.
Pas devant un nom ! La question avait déjà été discutée dans d'autres dictionnaires (cf. Lavaux et Littré).
On verra ce que dira la 9[sup]e[/sup] édition.
Les très nombreuses chroniques d'Hermant qu'il publia dans divers quotidiens sous le pseudonyme Lancelot sont très drôles à lire, même si l'avenir lui a donné tort sur bien des points.