Passer au contenu du forum

forum abclf

Le forum d'ABC de la langue française

Mise à jour du forum (janvier 2019)

Remise en l'état – que j'espère durable – du forum, suite aux modifications faites par l'hébergeur.

Répondre

Répondre

Rédigez et envoyez votre nouvelle réponse

Vous pouvez utiliser : BBCode Images Binettes

Tous le champs doivent être remplis avant d’envoyer ce formulaire, ou alors vous avez utilisé la fonction copier/coller qui n'est pas supportée par l'éditer de texte.

Information obligatoire pour les invités


Information obligatoire

Revue du sujet (plus récents en tête)

16

J'arrive après la bataille et ne serai donc sans doute pas lu mais tant pis. Juste quelques ajouts à ce qui a été dit à juste titre par d'autres.
-Il y a des toponymes en -ac à l'extrème sud de l'Aquitaine (graphiés -acq en Béarn), en Catalogne du Nord (-ach) et à l'est du Rhône. On les retrouve de l'autre côté des Alpes en Italie du Nord sous la forme -ago (mais dans les dialectes locaux le -o final, imposé par la normalisation toscane, ne se prononce pas). Ce qui semble quand même confirmer le côté originellement celtique de la chose (la Gaule Cisalpine de feu les Romains). On retrouve d'ailleurs le suffixe dans les Iles britanniques sous la forme -ack (ouest Cornouailles), -og ou ock, (Gallois, est Cornouailles, centre Angleterre, sud Ecosse) . Ce  -oc a d'ailleurs débarqué" en Bretagne, pour devenir -euc.
--Ac se conserve en Bretagne là où le roman d'oïl s'est installé tardivement ou ne s'est jamais installé. Il se conserve dans le sud du Poitou (Cognac...) parce que la zone n'a été francisée que relativement tardivement (peut-être vers l' an 1000). Partout ailleurs, le roman d'oïl et francoprovençal l'a palatalisé (-y, é, ieu en francoprovençal...) y compris dans les zones aujourd'hui germanophones où le roman a survécu suffisamment longtemps (parfois jusqu'au XIIe) pour partager l'évolution de l'oïl : d'où des toponymes comme Julich et autres -ich du côté d'Aix la Chapelle, Cologne, Trêves.
-Et bien sûr, les toponymes auvergnats en -lhac et -nhac n'ont rien à voir avec les Vikings : en graphie occitane depuis le XIIe siècle, le -h note la palatalisation de la consonne précédente (Paulhan = Pauillan, Vernhet = Vergnet)

15

Complément : Finalement, j'ai pu accéder à l'ouvrage d'Ernest Nègre (Toponymie générale de la France, 1991, en trois tomes) qui confirme Wartburg et d'autres en retraçant le suffixe -acum à une origine romaine. Généralement, selon Nègre, la formation était un nom propre + suffixe -acum (adj. d'appartenance au neutre).
Ainsi, Blaisy viendrait de Bles(i)acum < *vicum Blesiacum « village de la Blaise » (t. I, p. 429).
Il est notable que le nom propre utilisé pour la composition peut être romain ou germanique, nom d'une personne ou d'une rivière, p.ex.
Beynac (Haute-Vienne) < Baginus (nom germanique) + -acum
Sonnac (Charente-Mar.) < Sunno (nom germ.) + -acum

Cependant, Nègre ne dit rien sur une origine présumée celte. Les toponymes -ac en Bretagne sont, selon lui, tous des formations romaines.

14

C'est à la page que je vous avais indiquée, page 49 des Noms de lieux :

Selon les dialectes le suffixe -acus a abouti à des résultats très divers.

Enfoncement de porte ouverte : cela se voit sur la carte, Aurillac et Orléans ! Au point que l'on parle de zone en -ac et de zone en -y.
Avec un précieux renseignement :

M. Baudot  (Revue Internationale d'Onomastique, 1953) a établi avec précision la répartition géographique en France des divers représentants de -acum et -iacum.

(C'est moi qui souligne.)

13

Merci de l'extrait de Wartburg ! Comment faites-vous d'ailleurs pour vous faire afficher par Google Maps les noms de lieu se terminant par -ac ?

L'hypothèse basque est à écarter, à mon avis. La pensée de l'influence basque était mon premier reflèxe mais le fait que les toponymes en -ac ne sont pas (ou peu ?) répandus au pays basque même et qu'ils sont en revanche amplement répandus ailleurs rend cette hypothèse totalement improbable.

L'hypothèse que -ac/ay etc. viennent tous du germanique (haug) est aussi improbable à mon avis puisque l'influence du germanique (à ce que je sache) ne semble jamais avoir été profonde dans le Sud.

Naïf a écrit:

Pour la répartition entre -ac (évolution stoppée) / -ay, -é... les ouvrages cités dans le premier lien que je donnais évoquent non le superstrat  francique, mais  un recul plus ou moins tardif du celtique en face du roman. L'affaire se jouera peut-être sur les datations.

Oui, quand on pense au fait que le Sud a été romanisé 60 ans plus tôt (vers 120 av. J-C.) que le Nord de la Gaule (60 av. J-C.). Mais le problème de la Bretagne persiste alors.

Or, la toponymie du Massif Central renferme de nombreux toponymes non seulement en –ac , mais aussi en –hac. Tourtinhac (Thorstein), Mayrinhac (Maering), Ayrinhac (Haering), Manhac (Manni), Canhac (Kani), Verteilhac (Bertil), Ventilhac (Vandil).  La présence de ce –h exclut a priori qu’il puisse s’agir d’évolutions de l’-acum gallo-romain.

Il est intéressant de constater que dans tous les toponymes cités, le h est précédé d'un n ou d'un l. Au lieu d'y chercher donc une influence germanique, je spéculerais plutôt pour une marque de prononciation spécifique. Peut-être le -lh- marquait un l mouillé, et peut-être le nh marquait un n palatal (ng/gn) ?

Ce qu'il faudrait, ce seraient les datations. Si l'on peut attester un toponyme en -ac(um) avant le Ve siècle, l'influence germanique peut être exclue avec sûreté.

12

Et que penser du nom de cette commune du Morbihan : Moustoir-Ac ? La première fois que j'ai vu un panneau routier disant MOUSTOIR-AC, j'ai cru qu'il indiquait la direction du stade de l'Athletic Club de Moustoir !

11

Andreas a écrit:

il n'y a rien à l'est (PACA, Rhône-Alpes)

On ne peut pas dire qu'il n'y ait rien à l'est ; Ainsi que le dit fort justement Naïf, l'échelle du millionième ( à laquelle semble être tracée la carte ) masque bien des choses.
De mémoire, ce qui indique qu'il y en a forcément d'autres, je cite Blauvac, Propiac, Cornillac du côté du Ventoux et Salignac et Ainac en Haute-Provence.

10

Andreas a écrit:

Si l'on prend l'hypothèse de l'origine celtique au sérieux

En passant: W. v. Wartburg le raconte comme cela dans son Evolution de la langue française, ed. A. Francke S.A. Berne (1965 [=7ème éd.]:

Juillac    Juilly      all. Jülich
(...)
Le suffixe gaulois -acus exprimait, à l'origine, de façon assez générale, l'appartenance. On l'ajoutait p. ex. à des noms d'arbres pour désigner une forêt composée de telle espèce d'arbres, p. ex. Betulacum, de betula 'bouleau'. Par la suite il fut employé aussi pour dénommer une propriété rurale d'après son possesseur: Brennacus, d'après le nom d'homme gaulois Brennos. Cette formation fut en vogue particulièrement sous la domination romaine. Voilà pourquoi la plupart des noms de lieu en -ac, en -ai et en -y contiennent dans le radical un nom de personne romain. Rien ne montre mieux l'amalgame des deux éléments en présence, le latin et le gaulois. Aurillac et Orly sont donc des propriétés d'un certain Aurelius: fundus Aureliacus.

Pour la répartition entre -ac (évolution stoppée) / -ay, -é... les ouvrages cités dans le premier lien que je donnais évoquent non le superstrat  francique, mais  un recul plus ou moins tardif du celtique en face du roman. L'affaire se jouera peut-être sur les datations.

Au reste, on trouve aussi cet avis-là, militant pour la diversité des sources:

Les toponymes en -ac

Ces noms en –ac, Albert Dauzat, un des pères fondateurs de la recherche toponymique française, estime qu’ils dérivent d’un –acum gallo-romain.  Ce suffixe est effectivement attesté dans les sources les plus anciennes. Lorsque ce suffixe est associé à un nom germanique (Bergerac/Berggeir, Bentenac/Bentein, Toutigeac/Tostig),  – et donc a priori postérieur à l’effondrement de l’empire romain-, il estime  que les envahisseurs germaniques (lesquels ? Il l’ignore) ont immédiatement adopté l’-acum gallo-romain dans un souci d’intégration…

Cette assimilation nous paraît une hypothèse très audacieuse. Outre le fait qu’elle ne repose sur aucun élément autre que logique, il parait douteux qu’un envahisseur ait tant d’égards pour ses voisins lorsqu’il s’installe.

En réalité, il existe une autre possibilité que n’envisage pas Dauzat. Les envahisseurs germaniques pourraient avoir non seulement apporté leur préfixe, mais aussi leur suffixe. Ce suffixe germanique aurait par la suite été assimilé à l’-acum gallo-romain. Or, les scandinaves vont avoir recours à un suffixe proche de –ac. Il s’agit de –haug, qui désigne un tertre et par extension, une motte castrale. Ces noms en -haug existent en Norvège : Marhaug, Solhaug, Sakshaug et Skarshaug, toponymes que l'on peut rapprocher de Marracq, Soulac, Saissac et Escayrac

Or, la toponymie du Massif Central renferme de nombreux toponymes non seulement en –ac , mais aussi en –hac. Tourtinhac (Thorstein), Mayrinhac (Maering), Ayrinhac (Haering), Manhac (Manni), Canhac (Kani), Verteilhac (Bertil), Ventilhac (Vandil).  La présence de ce –h exclut a priori qu’il puisse s’agir d’évolutions de l’-acum gallo-romain. Par contre, si on retient l’hypothèse –haug, ce h s’explique parfaitement. Une bonne partie des noms en –ac appartiendrait à une famille germanique comprenant les noms en –ague, (Gragnague/Granhaug),  -argue (Thoumeyrargues/ Thomrirhaug),   -auge (Benauge/Benhaug), -age (Bernage/Bernhaug), -ougue (Lasseougue/Larshaug), -oge (Marcoge/Märkhaug), -acq (Donzacq/Dönsehaug)

J. Supéry, « Les Vikings au coeur de nos régions», YAGO (lu sur internet, réf. complète à trouver)

Pardon pour ces citations, il est réjouissant de voir comment les suffixes sont tirés à hue et à dia; quelqu'un sur un forum écrit

Les Basques ont toujours lutté contre la féodalité et les toponymes en -ac sont des toponymes basque en -aka

Une discussion et quelques références ici (pdf un peu lent à charger), et chez Lepelley pour la Normandie, ici

j'arrête d'éditer le post, promis.

9

En général, je me méfie un peu de Wikipédia, je l'ai déjà précisé ailleurs. Ma carte que j'ai faite, moi, je l'admets, n'est pas la meilleure (je suis loin de toute bibliothèque universitaire pour l'instant, sinon je serais allé y puiser).
Personne ici n'aurait par hasard accès à l'ouvrage d'Ernest Nègre ? (Toponymie générale de la France)

Si l'on prend l'hypothèse de l'origine celtique au sérieux, ce serait donc à l'origine peut-être une forme comme *ak + suffixe latin -u(m) = -acu(m), apocopiée plus tard.
Le fait que la forme -ac n'est pas répandue dans la partie nord du pays mais en Bretagne me fait penser spontanément au superstrat francique (Ve - Xe siècle). L'influence du germanique dans le nord pourrait avoir eu comme conséquence la modification des toponymes -ac(um) en -(a)y et autres terminaisons pendant que la Bretagne et le Sud, qui n'ont pas vécu cette influence, auraient conservé leurs -ac.

8

gb a écrit:

Il y a des cartes (mais comment ont-elles été faites ?) sur l'article de wikipedia

Dans les légendes des cartes, le contributeur indique qu'il s'agit de cartes qu'il a réalisées lui-même à partir de
http://www.lion1906.com/Pages/francais/ … ments.html

7

Allez faire un tour sur une carte de la Bretagne, vous y trouverez un très gros paquet de finales en ac. De quoi approfondir la réflexion.