christian a écrit:Michel Serre parle de l'Occitan comme un langue morte !
On pourrait imaginer, à sa décharge, que Serres parle de son gascon, celui de son passé. Dit autrement, ce qui hante l'esprit de Serres, ce n'est pas une langue morte, fût-elle un patois, mais plutôt le cadavre de la langue qu'il parlait autrefois. Laquelle, d'ailleurs, n'était pas nécessairement un patois à l'époque de son enfance ou au temps de ses aïeux directs.
christian a écrit:D'autre part, le Gascon n'a jamais était un patois, mais un dialecte de l'ouest de l'Occitanie.
Le gascon n'a jamais été ni un patois ni un dialecte. C'est une langue, ou plutôt un groupe de langues : les langues gasconnes (c'est-à-dire "le" gascon envisagé avant tout comme un ensemble de variantes), dont "le" béarnais par exemple.
Le terme patois n'est pas en soi péjoratif ou dégradant, mais il est souvent mal interprété car c'est en réalité un phénomène beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît à première vue. Toute langue peut être patoisée : il suffit pour cela que certaines conditions sociolinguistiques soient réunies, comme par exemple la diglossie. Mais cette condition (comme les autres) n'est ni nécessaire ni suffisante.
Pour en revenir au gascon, dire que "le" gascon est du patois est aussi saugrenu que prétendre réduire "le" russe à l'un quelconque de ses patois. Cependant, soutenir qu'un patois parlé en Gascogne (ou en Russie) ne saurait appartenir au groupe gascon (ou russe) n'est pas moins aberrant que le cliché précédent.
christian a écrit:Il est vrai que dans un pays qui pratique la répression linguistique depuis des siècles, les propos même d'un philosophe peuvent être étranges dés qu'il est question de langue régionale.
Je n'ai pas l'impression que la "terminologie" de Serres soit liée à la répression linguistique (directe ou intériorisée) : je crois qu'elle illustre simplement sa méconnaissance des travaux réalisés par de nombreux linguistes (typologie du contact interlangues, sociologie des zones de contact, sociolinguistique des locuteurs impactés ? patoisants et non-patoisants, etc), ainsi qu'il l'affirmait au début de son intervention.