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Le forum d'ABC de la langue française

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Revue du sujet (plus récents en tête)

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gb nous signale :

Remarquez que, comme dit plus haut, Larchey qui donne à «panier aux crottes» le sens de «jupon» le motive par le fait qu'il ramasse la boue, qu'il est toujours crotté.

Ah, ces lexicographes, décalés du réel !

Le jupon ramasse la boue en route, mais cela n'en fait pas un panier ! Aucune analogie de forme, ni de matière, entre un panier et un jupon.

Un glissement me semble vraisemblable (mais je parle en l'air...) du panier-accessoire de mode, au panier à crottes, les deux formant volume dans la même zone du corps : il y a le panier que l'on pend à un clou, et le panier aux crottes, dont on ne se sépare jamais.
Mais je lance cela en l'air, sans preuve.

Enfin, pour relever le niveau, je convoque le gracieux fantôme d'Arlette Sohier, la mère de Guillaume le Conquérant (ce qui ne nous rajeunit pas...) Le duc Robert ne l'épousa jamais, mais il se la fit mener solennellement à sa chambre. Là, il constata qu'elle portait une chemise fendue de la taille aux pieds : il n'était pas pudique d'ôter sa chemise, mais c'eût été un manque de respect pour le duc de Normandie que d'approcher de son visage un ourlet boueux...

Voilà du moins ce qui se raconte, se non è vero...

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P'tit prof a écrit:

Le jupon, lui, doit au fait qu'il traîne sur le sol quand la femme marche le nom de ramasse-crottes

Remarquez que, comme dit plus haut, Larchey qui donne à «panier aux crottes» le sens de «jupon» le motive par le fait qu'il ramasse la boue, qu'il est toujours crotté.

On pourrait ajouter, par ailleurs, que la version «panier à crottin» existe, pour le derrière, chez Lermina Lévêque par exemple, et une fois chez Lionnet (à destination d'un homme) (cf. gallica).

Qu'aujourd'hui le sens de la formule soit celui de «derrière, cul», ne fait aucun doute, surtout que la concurrence de «jupon» ou autre, si elle a existé, n'existe plus ; c'est l'origine, organico-scatologique ou hippique qui n'est pas bien claire : quel était le premier objet désigné par la métaphore : les fesses, ou l'habillement des fesses ? Chronologiquement, Delvau donne semble-t-il la première attestation (dans son dictionnaire de la langue verte ; mais rien dans son dictionnaire érotique), ce sont les fesses ; il faudrait comprendre pourquoi Larchey, plus de 10 ans après (?), propose autre chose, en citant Zola -pas de clarinette...-, lequel Zola est censé avoir utilisé le dictionnaire argotique de Delvau (cf. Paul Alexis, Zola, 1882, p. 108...) : mauvaise interprétation ensuite recopiée ailleurs ?

26

Andreas a écrit:

... je croyais qu'ils l'avaient écrit ensemble, Verlaine et Rimbaud - non ?

Ils L'ont écrit et signé ensemble.

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P'tit prof a écrit:

... d'autant que l'intéressant jeune homme que l'on voit à gauche, le coude sur la table et le menton dans la main est l'auteur d'un Sonnet du trou du cul.

Euh, je croyais qu'ils l'avaient écrit ensemble, Verlaine et Rimbaud - non ?

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zycophante a écrit:
P'tit prof a écrit:

je nie que le jupon soit le panier à crottes.

Ce sont pourtant bien des jupons qui forment les paniers dans les robes à paniers, passées de mode au Second Empire c'est vrai, mais dont le vocabulaire peut persister, d'autant plus que les crinolines font alors fureur, et que les robes des enfants sont sans doute formées, empesées, pour ressembler à ces crinolines à la mode.

Ce n'est pas ce que disent les histoires du costume.
Le panier de Marie-Antoinette est l'héritier du vertugadin de Catherine de Médicis.
Le vertugadin était un épais bourrelet qui faisait le tour de la taille, élargissant les hanches. Certains avaient un tel volume que la femme qui les portait pouvait y appuyer les coudes.
Les paniers sont tout justement en forme de paniers renversés, des ovales de jonc reliés par des rubans, le plus petit en haut, le plus large en bas. Ils sont fixés à une ceinture.

Enfin, la crinoline, d'abord en crin, d'où son nom, surnommée cage : formée de cercles concentriques reliés par des rubans, elle emprisonne la femme de la taille aux talons, contrairement au vertugadin et aux paniers qui ne vont pas plus bas que la mi-cuisse.
La crinoline est la résurrection au Second Empire de la mode des paniers, sous l'influence, dit-on, de l'impératrice Eugénie admiratrice de Marie-Antoinette.
On peut se contenter de remarquer que selon l'alternance jupes droites/jupes bouffantes, après les fourreaux du Premier Empire, les jupes avaient repris de l'ampleur sous Charles X et Louis-Philippe, et que les jupons amidonnés ne suffisaient plus à assurer cette ampleur croissante...
... qui finit par dégonfler : les robes collantes par devant sont gonflées par derrière par la tournure, que l'on voit sur le tableau de Manet, en 1870. Cette silhouette s'inspire de la robe à la polonaise de Marie-Antoinette.
Et puis la tournure disparut, faisant progressivement place au fourreau de Poiret, qui réinventait la mode Directoire.
Survint la Grande Guerre, les femmes durent remplacer les hommes partout, en usine comme aux commandes des tramways, et les jupes raccourcirent alors pour des raisons pratiques.

Quant aux jupons, ils se passent par dessus vertugadin, paniers ou crinoline qui leur donnent du volume, mais les jupons ne forment ni le vertugadin, ni les paniers, ni la crinoline.


(J'ai mentionné la tournure, ou faux-cul. Pour suspendre les ricanements que je vois naître sur les lèvres masculines, j'ajoute que les hommes, eux, disposèrent de faux-... mollets, à glisser dans les bas pour avoir l'air musclé, tant que la mode fut aux culottes, c'est-à-dire du règne de Louis XIV à la fin du XIXe.)

Revenons au panier à crottes.
Je lutte toujours sous les couleurs de Pierre Guiraud : trou bas, cas bas, cabas donc panier pour désigner les pudenda.
Que des esprits facétieux aient complété panier par à crottes me semble de l'ordre du vraisemblable.
Le panier à crottes c'est le derrière.

Le jupon, lui, doit au fait qu'il traîne sur le sol quand la femme marche le nom de ramasse-crottes : le bord de l'ourlet a ramassé toute la boue du chemin. Aussi, certaines précautionneuses cousaient-elles au bas de leurs jupes une galon cranté destiné à ramasser la crotte à la place du jupon.

23

Pour la délectation des abécien(ne)s, les seiziémistes et d'autres (I hope) :

LE BLASON DU CUL

Sans déroger aux premiers Blasonneurs
Du trou du Cul, et sauves leurs honneurs,
Et de tous ceux qui ont savoir condigne
Pour blasonner une chose tant digne,
Je derechef lui don’rai un Blason
Car sa louange est toujours de saison.
Et, tout premier, dis que, sans menterie,
Le cul au corps a haute seigneurie;
Et, qu’ainsi soit, la force de son sens
Vient parforcer tous les autres cinq sens
À consentir aux sentences mucées
Dans son cerveau, puis par lui prononcées
Si justement qu'on n'en peut appeler
Ne contre lui, fors en vain, rebeller.
Puis les cheveux, front, sourcils, yeux et bouche
Sont amortis quand la mort le cul bouche,
Si sont tétins, nez, joues, et menton,
Gorge, estomac, ventre, cuisses, et con,
Jambes, et bras, pieds, mains, aussi oreilles,
Cols blancs et droits, et corps faits pour merveilles.
Mais on peut perdre un oeil, ou tous deux,
La jambe, un bras, le nez, ou les cheveux
Que pour cela monsieur le cul, derrière,
N'en mourra point, ne fera pire chère.
Donc, il n'est rien en tout le corps humain
Que, si le cul ne lui tient forte main,
Puisse échapper que ne perde la vie
Ou, pour le moins, ne tombe en maladie.
Et si d'icelle attend la guérison,
Faut que le cul en fasse la raison
En lui donnant force suppositoires,
Poudres, senteurs, doux huiles, et clystères
Pour l'apaiser, voire jusques à tant
Qu'il crachera le mal au corps latent.
Ô doncques, cul, de santé le vrai signe
Où maint docteur, en l'art de médecine,
Prend son avis et visite ton fait,
Sans toi n’est corps qui ne soit imparfait.
Et outre plus n’est requis que je taise
Comment tout prince, et grand seigneur, te baise
Au départir du ventre maternel,
Qui est à toi un los bien solennel,
Car ce tribut te doit tout fils de mère
Soit pauvre ou riche, aussi nul n’y diffère.
Et qu’aucun dit que tu es sale, et ord
Et inutile, il te blasonne à tort,
Car j’ai raison pour toi tout au contraire
Dieu sait de qui! et voici l‘exemplaire :
Ne lit-on pas aux livres anciens
Ce qu’un grand clerc mande aux Corinthiens?
Ne sais si c’est en l’épître première …
Si* l’aille voir qui ne te prise guère
Et revenons au cul en joie et ris.
Ô donc gros cul à facon de Paris,
Cul qu’en allant te dégoises et branles,
Comme en dansant basses danses, ou branles
Pour démontrer – si bien ta geste on lit –
Que tu ferais bien branler un chalit
Cul qu’à ta garde as dix ou douze armures
De linge, toile, en drap, soie, ou doublures,
Outre le beau, frisque, et gaillard derrier,
Mais de surcroît, pour être plus gorrier.
Cul enlevé trop mieux qu’une coquille,
Ô cul de femme! Ô cul de belle fille!
Cul rondelet, cul proportionné,
De poil frisé pour haie environné
Où tu te tiens toujours la bouche close,
Fors quand tu vois qu’il faut faire autre chose.
Cul bien froncé, cul bien rond, cul mignon,
Qui fais heurter souvent ton compagnon
Et tressaillir, quand s’amie on embrasse
Pour accomplir le jeu de meilleur grâce.
Cul rembourré comme un beau carrelet,
Qui prends les gens plus au nez qu’au collet.
Cul préféré à chacun autre membre,
Qui le premier couche au lit de sa chambre
Et le dernier en sort gai et léger,
Comme de table à l’heure de manger.
Cul anobli, et à qui fait hommage
La blanche main, voire tête et corsage
S’enclinant bas pour te pouvoir toucher
Et tous les jours révéremment torcher.
Et, qui plus est, ce temps, chacun s’essaye
De te vêtir de drap d’or, et de soie
Et peut-on voir maints braves testonnés
Qui ont leurs bas de chausse, et leurs bonnets,
Robe et pourpoint de draps de moindre enchère
Que n’est leur haut-de-chausse et leur derrière.
Ô puissant cul, que tu es à douter,
Car tu fais seul par ta force arrêter
Où il te plaît, seigneurs, serfs, fols et sages
Dont les uns ont pour te moucher des pages.
Qu’il soit ainsi : par toi jadis on vit
Le Roi Saül, qui poursuivait David,
Si très-forcé, qu’à David se vint rendre
Sans y penser, lequel ne le vint prendre
Ni ne l’occit, quoiqu’il l’eût en sa main,
Plus aimant paix, qu’épandre sang humain.
Cul imprenable, assis mieux que sur roche
Entre deux monts, où ennemi n’approche
Qui tôt ne soit en la male heure houssé,
Et par ta force et canons repoussé.
Dirai-je rien de ta grande franchise?
Las, si ferai! car tu peux dans l’église –
À un besoin – soupirer et péter
Quoique le nez s’en veuille dépiter
Et qu’on te dît que tu es sacrilège,
Qui est à toi un très-beau privilège.
Cul désiré d’être souvent baisé
De maint amant de sa dame abusé
S’elle voulait moyennant telle offrande
Lui octroyer ton prochain qu’il demande.
Je dis encor, ô cul de grand’valeur,
Que ton teint fait de brunette couleur
Ne changera tant que seras en règne,
Et le teint blanc qu’aux autres membres règne
Par cours de temps peu à peu viendra laid.
Ô doncques cul, réjouis-toi seulet
Puis que tu as tant de vertu et grâce
Que tout beau teint, fors que le tien, s’efface
Et, advenant qu’il se pût effacer,
Mieux que d’un autre on se pourrait passer.
Et, pour renfort de ta louange écrire,
Dis que tu tiens de tous membres l’empire,
Pource que peux leurs beautés disposer
Ou leur laisser, ou leur faire poser :
C’est quand tu es aux œuvres naturelles
Prompt et hardi, ou quand te lâches d’elles,
Et de toi pend leur joie, ou leur tristesse.
Ô cul vaillant et rempli de prouesse,
Combien heureux sont – donc – les membres tous
Tant que tu as la foire, ou bien la toux?
Car, ce pendant, la crainte ne les mord
D’être mordus, en chiant, de la mort.
Confessent donc que sans tes bénéfices
Ils n’ont beauté, teint, plaisirs ne délices.

(Eustorg de Beaulieu, 1495-1552)

22

Dans le monde de la traction hippomobile, tous les meneurs savent ce qu'est un « vrai » panier à crotte.
Si vous voulez voir à quoi ça ressemble, c'est là : http://hippotese.free.fr/blogdocs/crott … elone2.JPG

21

P'tit prof a écrit:

je nie que le jupon soit le panier à crottes.

Ce sont pourtant bien des jupons qui forment les paniers dans les robes à paniers, passées de mode au Second Empire c'est vrai, mais dont le vocabulaire peut persister, d'autant plus que les crinolines font alors fureur, et que les robes des enfants sont sans doute formées, empesées, pour ressembler à ces crinolines à la mode.

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Je ne nie pas les allusions au jupon, mais je nie que le jupon soit le panier à crottes.
Le jupon, évasé et bouffant révèle le derrière, et j'en suis bien d'accord, le panier à crottes c'est le fessier tout entier, pas seulement l'anus.
Bousculée, Pauline tombera sur le derrière, sur son cul, et pas sur ses jupes.

19

P'tit prof a écrit:

Je ne vois rien dans le dernier paragraphe cité qui plaide pour que le panier à crottes soit un jupon.

Je vous prête mes lunettes grossissantes ? wink : «Pauline, qui étrennait justement ce jour-là une robe neuve, à raies bleues, avait voulu la montrer. Elle se tenait toute droite, devant la boutique, bien sage, les lèvres pincées par cette moue grave d'une petite femme de six ans qui craint de se salir. Ses jupes, très-courtes, très-empesées, bouffaient comme des jupes de danseuse»
Zola insiste nettement sur l'habillement de la petite fille, et sur ses jupes en particulier, peu avant de parler de son «panier aux crottes» (ce que la citation du TLFi, qui ne mentionne pas le sens vestimentaire, ne montre pas). Un lien est possible.
Personnellement, à la première lecture, j'interprète généralement «panier à crottes» par «le derrière», voire «l'anus», mais faut-il être assuré de cette origine scatologique et négliger la voie de la mode ?
Un élément qui irait dans ce sens de cette dernière : il me semble (mais c'est très superficiel) que «panier à crottes», même pris dans la série «secouer son panier à crottes» (danser), est féminin (cf. citation : « Et pas de musique au dessert, bien sûr pas de clarinette pour secouer le panier aux crottes des dames.») Anatomiquement, on ne voit pas pourquoi ; mais vestimentairement, si.
Enfin, même s'il s'agit d'anatomie, il s'agirait peut-être des fesses, charnues naturellement ou artificieusement exagérées, plutôt que d'anus.