Oui, mais ces exemples de féminins ne montrent pas du tout que le français est considéré comme une "langue étrangère". Il s'agit d'une forme de français parlé parfaitement reconnue. Ainsi, Françoise Gadet écrit dans "Le français populaire" (1992), p. 59 :
"Pour les noms sans féminin, on tend à en créer un (bleu et bleuse), la plupart du temps par l'adjonction de -t- : rigolo et rigolote, chou et choute, riquiqui et riquiquite..."
Dans le même ordre d'idée, on trouve "avarde" et "bizarde" dès le 19e siècle, et "mouru" au 18e, par exemple. Toutes ces caractéristiques, et de nombreuses autres - comme le "que" apparemment redondant dans "pourquoi que", "où que", "comment que", ou encore "ils croivent", qu'on entend chez des enfants français de France (excusez ce terme souvent utilisé avec de mauvaises intentions), forment système aussi bien que la langue écrite.
L'enseignement de celle-ci est certainement nécessaire. Mais les termes péjoratifs qu'utilisent certains enseignants - "barbarisme", ou l'affreux "faute de français", comme s'il s'agissait d'un péché, alors qu'on parle avec plus de neutralité d'"erreur de calcul" - tendent à culpabiliser inutilement les élèves.
Sur le français dit "populaire", consulter outre le "Que sais-je" de F. Gadet mentionné plus haut (il paraît que l'éditeur ne veut pas le réimprimer), les ouvrages plus anciens de Bauche ("Le Langage populaire") et de Frei ("La Grammaire des fautes").