proyoyo a écrit:Je sais que le futur est possible après "ne pas croire/penser que" mais pour le futur proche, devons-nous mettre la semi-auxiliaire "aller" au subjonctif ?
Par exemple :
Futur simple : Je ne pense pas qu'il le tuera.
Futur proche/périphrastique : Je ne pense pas qu'il va/aille le tuer.
Le subjonctif "aille" me fait très mal aux oreilles...
Le problème c'est que la phrase subjonctive est passible de deux interprétations selon que le verbe est <aller (là-bas) tuer qqn> (déplacement spatial) ou <tuer qqn> mis au futur périphrastique (sans déplacement spatial).
Par exemple :
il va leur parler
il va les guérir
le train va partir
déplacement spatial non présumé
discussion/guérison/départ : tenu pour certain
il allait leur parler
il allait les guérir
le train allait partir
déplacement spatial non présumé
discussion/guérison/départ : tenu pour certain
bien qu'il aille leur parler
bien qu'il aille les guérir
bien que le train aille partir
déplacement spatial non présumé
discussion/guérison/départ : tenu pour certain
« Achète ce champ à prix d'argent, et prends-en des témoins, quoique la ville aille être livrée entre les mains des Caldéens. »
bien qu'il allât leur parler
bien qu'il allât les guérir
bien que le train allât partir
déplacement spatial non présumé
discussion/guérison/départ : tenu pour certain
« Le 22, nous vîmes toute une grande lumière bien au-dessous du cratère , vers la mer ; je ne doutai plus qu’une éruption n’allât avoir lieu, et je me proposai d’aller observer de près. »
il ira leur parler
il ira les guérir
[s]le train ira partir[/s]
déplacement spatial présumé
discussion/guérison : si déplacement accompli
il alla leur parler
il alla les guérir
[s]le train alla partir[/s]
déplacement spatial présumé
discussion/guérison : si déplacement accompli
il va là-bas leur parler
il va là-bas les guérir
[s]le train va là-bas partir[/s]
déplacement spatial présumé
discussion/guérison : si déplacement accompli
il peut aller leur parler
il peut aller les guérir
[s]le train peut aller partir[/s]
déplacement spatial présumé
discussion/guérison : si déplacement accompli
de sorte qu'il aille leur parler
de sorte qu'il aille les guérir
[s]de sorte que le train aille partir[/s]
déplacement spatial présumé
discussion/guérison : si déplacement accompli
Autre exemple :
mais il m'a fallu recommencer
[s]mais il m'est allé falloir recommencer[/s]
[s]mais il est allé me falloir recommencer[/s]
auxiliaire futur <aller> : indicatif passé composé interdit
mais il m'avait fallu recommencer
[s]mais il m'était allé falloir recommencer[/s]
[s]mais il était allé me falloir recommencer[/s]
auxiliaire futur <aller> : indicatif imparfait composé interdit
mais il me fallut recommencer
[s]mais il alla me falloir recommencer[/s]
auxiliaire futur <aller> : passé simple interdit
mais il me faudra recommencer
[s]mais il ira me falloir recommencer[/s]
auxiliaire futur <aller> : futur simple interdit
mais il m'aura fallu recommencer
[s]mais il me sera allé falloir recommencer[/s]
[s]mais il sera allé me falloir recommencer[/s]
auxiliaire futur <aller> : futur antérieur interdit
mais il me faudrait recommencer
[s]mais il irait me falloir recommencer[/s]
auxiliaire futur <aller> : conditionnel interdit
mais il m'aurait fallu recommencer
[s]mais il me serait allé falloir recommencer[/s]
[s]mais il serait allé me falloir recommencer[/s]
auxiliaire futur <aller> : conditionnel composé interdit
bien qu'il m'ait fallu recommencer
[s]bien qu'il me soit allé falloir recommencer[/s]
[s]bien qu'il soit allé me falloir recommencer[/s]
auxiliaire futur <aller> : subjonctif passé composé interdit
bien qu'il m'eût fallu recommencer
[s]bien qu'il me fût allé falloir recommencer[/s]
[s]bien qu'il fût allé me falloir recommencer[/s]
auxiliaire futur <aller> : subjonctif imparfait composé interdit
mais il me faut recommencer
mais il va me falloir recommencer
auxiliaire futur <aller> : indicatif présent autorisé
mais il me fallait recommencer
mais il allait me falloir recommencer
auxiliaire futur <aller> : indicatif imparfait autorisé
bien qu'il me fallût recommencer
bien qu'il allât me falloir recommencer
auxiliaire futur <aller> : subjonctif imparfait autorisé
bien qu'il me faille recommencer
bien qu'il aille me falloir recommencer
auxiliaire futur <aller> : subjonctif présent autorisé
Je reprends, en l'adaptant avec un verbe du 2e groupe, un exemple cité dans l'ancien salon dont tu viens de donner le lien :
je ne crois pas que la pluie
va finir de tomber aujourd'hui
aille finir de tomber aujourd'hui
finisse de tomber aujourd'hui
À comparer avec ces extraits :
« Si vous persistez (ce qui est tant à souhaiter) dans ce retour paisible et digne, il ne faut plus que vos amis trop vifs, trop dévoués et gens d'épée, aillent vouloir vous venger de ces drôles. »
« Bien que les documents que renferment nos archives aillent être l'objet d'une attention sérieuse , il ne serait pas prudent de se faire une trop grande illusion sur leur conservation indéfinie ; »
Apparemment <aille + Vinf>, avec <aille> auxiliaire du futur périphrastique, est possible dans notre langue. Pourtant il ne semble pas très usité. Je pense qu'il souffre aussi de la ressemblance avec le verbe <aller> non auxiliaire, avec déplacement spatial :
qu'il aille se faire voir ailleurs !
Peut-être une autre piste : avec l'auxiliaire <ALLER-ind + VERBE-inf>, le sème de déplacement vers l'aval du verbe lexical aller est muté en translation vers l'après. Or le propre du subjonctif présent est de n'instaurer aucun temps d'époque mais plutôt une directionnalité vers l'après :
il fallait qu'elle parte
il faut qu'elle parte
il faudra qu'elle parte.
Il se pourrait que l'auxiliaire <ALLER-ind + VERBE-inf> ait quelque affinité avec la forme présente de <VERBE-subj>. D'où peut-être un effet redondant avec <ALLER-subj + VERBE-inf>.
En rouge, la translation vers l'après :
je ne crois pas que la pluie
ALLER-ind + VERBE-inf
va finir de tomber aujourd'hui
VERBE-subj
finisse de tomber aujourd'hui
ALLER-subj + VERBE-inf
aille finir de tomber aujourd'hui
Me-K a écrit:Je ne pense pas qu'il aille le tuer: pour moi ça peut se dire facilement et c'est parfaitement correct, mais je comprends que le subjonctif fasse mal à l'oreille si l'on n'entend pas le sous-entendu, tant le sous-entendu est lourd, à ce point que j'envisage qu'il s'agisse d'un cas très particulier d'emploi du subjonctif: on entendrait presque je ne pense pas qu'il aille jusqu'à le tuer ou je ne pense pas qu'il soit fichu d'aller le tuer (être fichu de pourra paraître familier, je ne me prononce pas).
Le rôle de <jusqu'à> est très intéressant.
il va jusqu'à le tuer
il ira jusqu'à le tuer
il alla jusqu'à le tuer
il faut qu'il aille jusqu'à le tuer
On sent bien la différence avec l'auxiliaire <ALLER + Vinf> — où la translation vers l'après suppose un terme ultérieur en suspension, sans pouvoir le définir. La locution <ALLER + jusqu'à + Vinf> détermine la survenance du procès véhiculé par Vinf.