Ylou a écrit:Et même, à l'écrit, il est souvent plus fluide de choisir : Mes amis et moi jouons au football.
La reprise du sujet par un pronom est typique de l'oral, avec, souvent, une touche de "familier" : le facteur, il est passé à midi. Le repas, il était franchement bon. Nous, on l'aime pas trop.
Je suis d'accord sur le fait que c'est plus fréquent à l'oral, que c'est typique de l'oral. En revanche, en ce qui concerne la touche de "familier", c'est plus discutable. La thématisation (c'est un des noms qu'on donne à ce phénomène) est un procédé linguistique qui permet de thématiser un élément de la phrase (sujet, complément, etc.), autrement dit, on met en lumière ce sur quoi on va parler (le thème) en l'isolant plus ou moins de la phrase et, par conséquent, en le reprenant à l'aide d'un pronom.
Je me souviens d'un des discours de François Hollande où il avait usé de cette tournure. Il avait été vivement critiqué sur la toile. Or, dans ce discours, je suis persuadé que la thématisation avait un but bien précis et était parfaitement justifiée. C'était après un attentat et il répétait à plusieurs reprises : "La France, elle...". Après un attentat, quoi de plus normal et efficace d'un point de vue linguistique que de focaliser sur "la France" ? Je trouvais ça très approprié, mais comme je le disais, il a été fortement critiqué car beaucoup continue de penser que ces thématisations sont "familières".
Cette perception "familière" de cette structure est due à son usage massif à l'oral (à l'oral, on a très peu de sujets nominaux, ils sont la plupart du temps repris par un pronom). Il est probable que dans beaucoup de cas, la thématisation ne soit plus "expressive", c'est-à-dire que la structure n'est plus réellement une focalisation d'un élément, mais qu'elle devient neutre à force d'être utilisée. Mais je pense que ça ne se produit qu'avec la thématisation du sujet (et encore, pas celle de pronoms).
En gros, je pense que :
- "Le facteur, il est passé" peut avoir perdu son côté expressif qui "insiste" sur le thème de la phrase "le facteur".
- "Nous, on l'aime pas trop" garde probablement son côté expressif qui consiste à mettre en avant d'abord les personnes concernées.
- "Marc, on l'aime pas trop" garde clairement son côté expressif : on indique d'abord de qui on parle et ensuite on dit quelque chose à propos de lui : ça modifie complètement la structure de la phrase neutre "on aime pas trop Marc" ou "on" est le "thème" et le reste le prédicat en mettant comme thème de la phrase non plus le sujet mais l'objet.
Je sais que c'est hors sujet par rapport à la question de départ mais bon...